Joseph-Eugène BEAUGRAND

(Paris, 1862-Paris, 1901)

beaugrand

Jean-Claude SEGUIN

1

Léontine Beaugrand (Paris 5e, 26/04/1842-Paris 17e, 27/05/1925)

  • épouse (Paris 9e, 09/03/1887)
    Abraham, Papeu Dreyfus 
    (Paris, 20/06/1847-Paris 17e, 07/11/1926). Descendance :
  • Célestine, Suzanne Dreyfus (Paris 9e, 14/07/1884-Bourg-la-reine, 17/12/1970)
  • et père inconnu. Descendance:
    • Joseph-Eugène Beaugrand (Paris 18e, 23/04/1862-Paris10e, 08/04/1901) épouse (Paris 17e, 18/03/1892) Madeleine, Ernestine, Félicité Ventre (Paris 9e, 24/09/1870-Wignehies, 02/09/1901). Descendance :
      • Daniel, Maurice Beaugrand (Paris 10e, 08/01/1893-Paris 10e, 12/06/1893)
      • Thérèse, Renée Beaugrand (Paris 10e, 19/06/1894-Paris 10e, 25/05/1895)
      • Geneviève, Marie, Louise, Andrée Beaugrand (Paris 10e, 30/12/1895-Paris 10e, 10/04/1969) épouse (Paris 17e, 19/10/1916) Marcel Parin (1890-1951). Descendance:
        • Michel, Marcel Parin (Paris 10e, 08/02/1918-Vesoul, 11/08/1962)
        • Madeleine Parin (Paris, 30/04/1920-13/12/2007)
      • Jean, René, Félix Beaugrand (Paris 10e, 29/10/1899-Chesnay, 17/10/1984) épouse (Villeneuve-Saint-Georges, 15/06/1922) Eugénie, Marguertie Bourquin (Saint-Ouen, 05/12/1901-)

2

Fils de Léontine Beaugrand, danseuse étoile, Joseph Eugène Beaugrand figure comme "employé" au moment de son service militaire qu'il effectue, comme assimilé aux engagés conditionnels, au 130e régiment d'infanterie(1883-1884). Il s'oriente ensuite vers une carrière artistique, celle de peintre-photographe. Le 12 juin 1896, il dépose la marque "Le Mouvographe" pour "un appareil pour la production et la projection des photographies animées, déposée le 12 juin 1896."

beaugrand mouvographe

Bullletin officiel de la propriété industrielle et commerciale (1896)

En revanche, aucun brevet ne semble avoir été déposé sous son nom. Les mentions de cet appareil sont rarissimes et nous en avons simplement relevé une dans un journal de Bourges, La Démocratie :

Les Rayons X
Les attractions scientifiques se succèdent à Bourges avec une rapidité surprenante. Nous avons eu d'abord le Cinétographe, puis le Cinématographe, on annonce le Mouvographe, voici enfin le Fluoroscope.


La démocratie, Bourges, 10 juillet 1896, p. 3.

Mais il ne s'agit que d'une simple annonce... car aucune projection n'est signalée, en France, au-delà de cette date. Les raisons que Joseph Beaugrand peut avoir de se rendre en Espagne restent obscures et pourraient être en relation avec sa famille paternelle dont on soupçonne qu'elle faisait partie de la meilleure société parisienne de l'époque. En octobre, Joseph Beaugrand, qui est alors à Madrid, est en contact avec Amparo Pichardo et Ramón del Río, propriétaire d'une salle située en plein centre ville, au nº 4 de la rue d'Alcala. Si l'on en croit le titre des films locaux qui doivent être projetés, Beaugrand aurait tourné La corrida del 18 de octubre, ce qui semble indiquer qu'il est déjà sur place. Dès le 29 octobre, El liberal annonce las représentations à venir :

En la calle de Alcalá, núm. 4., se ha establecido un "Mouvógrafo" (fotografías animadas), que presenta al pública "La corrida de toros del 18 de Octubre", "La parada de Palacio", "Sevillanas", "Loreto Prado", "Asalto de sable por discípulos del Sr. Carbonel", "Sallda de la misa de doce de Calatravas", "Puerta del Sol", "Entrada del Czar en París" y otras notables vistas.
Estas fotografías ofrecen como novedad el colorido en las figuras.


La época, Madrid, jueves 29 de octubre de 1896, p. 3.

Et l'inauguration, devant un parterre choisi, a lieu le lundi 30 octobre :

El Monvógrafo (fotografías animadas).- Anoche, a las diez, en fiesta íntima dedicada á la prensa principalmente, se verificó la inauguración del Monvógrafo que en el número 4 de la calle de Alcalá ha instalado el Sr. D. Ramón del Río.
El Monvógrafo inaugurado, semejante al cinematógrafo que en un local de la Carrera de San Jerónimo tuvo ocasión de ver todo Madrid, tiene sobre aquel la ventaja de que las fotografías que se exhiben, algunas de ellas por lo menos, son de color, innovación que entonces se echaba de menos, para que la ilusión del espectador, entre lo que ve y la realidad misma, fuera completa.
Anoche admiramos todo el programa que el Monvógrafo empezará a servir hoy al público. Es excelente: habiendo vistas en él como las tituladas artillería francesa, una mala noche, la entrada del Zar en París, la plaza de la República, llegada al puerto y jugando al paso, verdaderamente interesantes.
La entrada al Monvógrafo costará una peseta, y podrá efectuarse de diez á doce de la mañana, de cuatro á siete de la tarde y de ocho y media á doce de la noche.
La empresa del Monvógrafo prepara para incluirlas pronto en sus programas, las vistas españolas la corrida de toros del 18 de Octubre, la parada de Palacio, sevillanas, Loreto Prado, asalto de sable por discípulos del Sr. Carbonell, salida de la misa de doce de Calatravas, Puerta del Sol y otras.


El Heraldo de Madrid, Madrid, 31 de octubre de 1896, p. 3.

La singularité de ces projections c'est que les vues présentées sont en couleur et qu'elles sont accompagnées d'une audition de graphophone. Il y a là un effect d'accompagnement musical qui ne s'apparente pas toutefois à une "sonorisation" des films. Un article de presse est plus explicite sur ce point :

Cada día está más concurrido el Mouvógrafo de la calle de Alcalá, núm. 4, Entre las notables vistas que allí se exhiben, llama poderosamente la atención la Artillería francesa con su banda de cornetas, un matrimonio en el campo con marcha nupcial, un baile infantil con su orquesta, el Tío Vivo con marcha rápida y otras muchas, todas ellas en colores y que resultan de un efecto sorprendente.


La época, Madrid, 14 de noviembre de 1896, p. 3.

On remarquera ainsi l'association entre la vue animée et l'accompagnement musical ("con..."). Ce n'est qu'en décembre que nous disposons d'une trace de la projections des vues locales, alors que s'annoncent par ailleurs des auditions :

Una innovación se ha introducido en el espectáculo Mouvográfico. Sabido es que la novedad del mismo consiste en la combinación del grafófono en las vistas cuyo asunto lo requiera.
A más de esta combinación en cada sección, se dan audiciones de este último aparato que contienen trozos de ópera, marchas, cantos populares, etc. Unido a la exhibición de vistas locales que hacen de este espectáculo uno de los más bonitos de su género.


La correspondencia de España, Madrid, lunes 14 de diciembre de 1896, p. 2.

Par la suite, les annonces, beaucoup plus brèves, se font plus rares jusqu'au 28 janvier où El correo español  publie semble-t-il le dernier entrefilet :

MOUVOGRAFO.- Alcalá, 4.—Fotografías animadas en colores y combinadas con el grafófono.—Secciones cada media hora.
—De 3 1/2 á 7 de la tarde y de 8 1/2 á 11 1/2 de la noche.
El correo español, Madrid, jueves 28 de enero de 1897, p. 4.

Il est probable que Beaugrand ait vendu son matériel et ses films à Enrique del Olmo. On imagine qu'il revient chez lui, à Paris après ces représentations. Par la suite, on ne connaît plus aucune autre projection avec son mouvographe. On suppose qu'il se consacre à la peinture et à la photographie, il figure ainsi comme "peintre" au 155 Boulevard Saint-Denis (Paris 10e) dans l'annuaire Paris-Hachette (1901). Il disparaît en avril 1901.

Bibliographie

Fourcaud, Léontine Beaugrand,  Paris, Paul Ollendorf Ed., 1881.

4

         
         

Contacts