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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

André WENTZEL

(Paris, 1874-Ivry-sur-Seine, 1959)

Jean-Claude SEGUIN

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Nicolas Wentzel épouse Anne-Marie Closs. Descendance:

  • André, Étienne Wentzel (Bliesbruck, 26/12/1834-Paris 18e, 29/07/1890) épouse (Paris 7e 08/01/1870) Marie, Louise Magnan (Die, 30/02/1836-). Descendance:
    • André, Etienne, Benoît Wentzel (Paris 17e, 21/03/1874-Ivry-sur-Seine, 04/03/1959) épouse (Paris 17e, 02/09/1919) Henriette, Jeanne Dumaine (Paris 17e, 02/07/1883-Ivry-sur-Seine, 23/08/1959).

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Garçon de magasin, André Wentzel, quoique dispensé de service militaire ("unique de veuve"), est dirigé (12 novembre 1895) sur le 6e bataillon d'artillerie à pied, puis envoyé (22 novembre 1896) en congé en attendant son passage dans la réserve de l'armée active. Ses  différentes résidences entre 1899 et 1903, à Vincennes, semblent traduire un instabilité professionnelle ou personnelle.

Opérateur du Cinématographe d'Art (1902)

En 1902, il travaille pour la société le Cinématographe d'Art dirigée par Léo Lefebvre. À ce titre, il est l'un des deux opérateurs -le second étant Émile Murat- qui projette les vues du couronnement d'Alphonse XIII, à Madrid, le 1er juillet 1902.

madrid 1902 07 01 palacio real sesion cinematograficaRecuerdo de la Sesión Cinematográfica particular verificada en Palacio Real el 1 de julio de 1902 a las nueve de la noche ante SSMM AARR y Familia Real.
Jordi Pons i Busquet, El cine. Historia de una fascinación, Gerona, Ayuntamiento de Gerona/Museu del Cinema. Col-lecció Tomàs Mallol, 2002, p. 174.

Opérateur chez Pathé Frères ([1903]-[1904]

pourraient indiquer qu'il est arrivé précocement chez Pathé. Le décorateur, Hugues Laurent, qui vient d'arriver, évoque son départ dès 1905 :

Les opérateurs étaient Wentzel et Legrand. Au début Wentzel quitta la maison Charles Pathé pour rejoindre Théophile Pathé et en 1906 parti(t) ouvrir la "Cinès" à Rome.


Cinémathèque Française, Hughes Laurent, souvenirs de la maison Pathé des années 1904 à 1906, CRH105-B4.

Opérateur pour Théophile Pathé (1905-1906)

Théophile Pathé, en délicatesse avec son frère Charles, va constituer sa première société "Th. Pathé frères" dès le 15 mars 1905 et lance sa propre production. C'est à ce moment-là, très probablement, qu'André Wentzel rejoint Théophile et devient l'un de ses collaborateurs. Est-ce lui que Suzanne Pathé évoque dans ses mémoires ? On ne peut l'exclure :

Ce fut au début du printemps de 1905 que nous reçûmes enfin les deux premières bandes de fabrication "Théophile Pathé". Elles étaient si mauvaises cependant, qu'il fut convenu que nous ne dévoilerions pas leur provenance !
-"Mon metteur en scène est un incapable", écrivait  mon père pour nous expliquer la raison de ce mauvais début. "Prenez encore un peu patience, j'apprends tous les jours davantage et j'aurai bientôt surmonté les plus grosses difficultés."


Suzanne Pathé, Souvenirs ensoleillés d'une éducation à l'américaine, mémoires inédites, 1964, p. 230 [collection particulière].

En outre, André Wentzel n'est pas impliqué dans l'affaire de vol (9 avril 1906) qui va donner lieu à un procès où sera condamné, entre autres, Charles Lépine. L'absence de son nom, ni comme accusé, ni comme témoin, dans les minutes du procès, laisse à penser qu'à cette époque-là, il a déjà rejoint Théophile Pathé.  Toujours est-il que la collaboration ne va pas faire long feu, car dans les mois qui suivent, André Wentzel va faire équipe avec d'autres transfuges de chez Pathé pour rejoindre la Cines qui vient de se constituer (1er avril 1906). Toutefois, il ne semble pas être resté longtemps en Italie si l'on en croit ses résidences successives en 1905-1907 : Vincennes 13 rue de Paris (13 avril 1905), Vincennes, 7 rue des Vignerons chez M. Gachot (19 mai 1907).

Cinématographiste globe-trotter (1907-[1919])

À partir du mois d'août 1907, André Wentzel va se consacrer à parcourir le monde avec sa caméra. Pour le compte de qui ? La consultation du répertoire de la maison Pathé laisse apparaître un certain nombre de films provenant de pays où se trouve l'opérateur: Départ pour la Chine (20 août 1907), voyage de Hong Kong (8 août 1908) à Honolulu (28 août 1908), Shanghai à San Francisco (3 septembre 1908), Mexique à Laredo-Texas (21 octobre 1908) 

Après un retour en France, en 1909, André Wentzel va repartir pour un nouveau voyage. Il quitte Le Havre pour les États-Unis où il arrive le 22 mai 1910. On le retrouve au Mexique (Veracruz) en juillet 1910... Pourtant, c'est son voyage avec le duc de Montpensier, en Indochine, qui va attirer sur lui l'intérêt des journalistes. Il quitte Marseille à bord de l'Australien : 

Mgr le Duc de Montpensier en INDO-CHINE
Chez les Moïs
par M. Louis de Meurville
Nous avons eu, à diverses reprises, des nouvelles du voyage de S. A. R. Monseigneur le Duc de Montpensier en Indo-Chine, et noua avons eu l'honneur - on s'en souvient - d'avoir de lui-même ses projets d'exploration pour les transmettre à nos lecteurs.
[...]
Revenant un instant sur le départ de Mgr le Duc de Montpensier, en octobre dernier, nous rappellerons à nos lecteurs qu'il s'est embarque à Marseille, sur l'Australien, des Messageries Maritimes, avec le prince Albert Ghika, chef de la maison Ghika dont les ancêtres ont régné sur la Moldavie, et M. Louis Hervier, écrivain de talent qui a publié d'intéressantes études sur Dickens et Shakespeare. Le Prince emmenait aussi de nombreux serviteurs et son intrépide chauffeur Guérin qui a aidé le Prince à réaliser ce problème, insoluble à première vue, de conduire une automobile, de Saigon aux ruines d'Angkor, sur un parcours de deux cent cinquante kilomètres, à travers un pays sans routes et des rivières sans ponts.
Un cinématographiste, M. André Wentzel, accompagne aussi le Prince et nous lui devrons sans doute, au printemps, de suivre sans fatigue le rude et pittoresque voyage que Mgr le Duc de Montpensier accomplit en ce moment.


Le gaulois, Paris, 12 février 1912, p. 1.

De ce long voyage le duc de Montpensier va ramener un grand nombre de souvenirs qu'il va publier, illustrés par les photographies d'André Wentzel :

Pour l'instant le duc de Montpensier travaille à classer ses notes et documents en vue de faire paraître prochainement un livre pittoresque et vécu que compléteront excellemment les films pris chez les Moïs, à travers la brousse, par l'opérateur cinématographique André Wentzel, dont le prince s'était assuré le concurs. Ces films constituent de très riches documents ethnographiques.
Le nouvelliste des Vosges, Épinal, dimanche 16 juin 1912, p. 2.

L'ouvrage porte le titre de En Indo-Chine - Mes Chasses - Mes Voyages. On doit à Ciné-journal, un long portrait d'André Wentzel où l'on peut le suivre dans ses différents voyages :

LES EXPLORATEURS IGNORÉS
Un Cinématographiste fait le tour du monde
La presse aux cent mille bouches annonce toujours complaisamment les départs pour des voyages lointains des explorateurs riches et des hauts personnages; par contre, elle demeure muette au sujet des exploits des modestes qui vont de par le monde accomplissant mille prouesses curieuses et qui mériteraient d’être contées.
J’ai eu la bonne fortune de voir au Cambodge un entreprenant cinématographiste qui pourrait chanter la phrase célèbre de l’opérette. « J’ai plusieurs fois fait le tour du monde. »
Il y a quelques années, il se trouvait à Pékin au moment de troubles graves : il se mêle à la foule, prend des clichés et des films intéressants. Les poudrières sautent, les ambassades sont menacées, il demeure; quand la révolution cesse et que l’ordre se rétablit, il va visiter l'Indo-Chine. L’année suivante, après un séjour sur les côtes du Maroc, pendant la guerre hispano-africaine, il part faire un tour du monde complet. Le voilà en Amérique, l’œil aux aguets, la main toujours prête à faire manœuvrer la manivelle de son appareil, il visite les Montagnes-Rocheuses, quelques grandes villes, descend jusqu’au Mexique où, cinématographiant une bizarre course de taureaux, il est chargé par un animal furieux. Il ne dut son salut qu’à son sang-froid et non à une fuite rapide.
M. André Wentzel — car tel est le nom de notre cinématographiste — se rend ensuite au Japon, puis en Chine, puis en Indo-Chine.l accomplit des merveilles. Il suit des chasses et, sans frayeur, sans même une arme il s’approche des bêtes sauvages. Après un retour en France, il repart une fois encore. Le voilà à Suez, il visite la côte des Samolis, l'île de Ceylan, la presqu’île malaise et retourne pour y demeurer quelque temps en Indo-Chine. Il parcourt la Cochinchine, le sud de l’Annam, le Cambodge, il monte jusqu’aux ruines d’Angkor chantées par Pierre Loti. Il peut se vanter d’avoir été le premier opérateur cinématographiste opérant sur les fantastiques ruines kmères. A Phnom-Penh, où je le rencontre, il se procure des vignettes indigènes illustrant le Ramayana et les reproduit. Il est la cause d’une fête absolument extraordinaire dans la capitale cambodgienne. Le roi Préa Bat Samdach Préa Sisowath lui demande d’organiser une soirée pour ses femmes. Plus de trois cents vinrent admirer les images mouvantes. Jamais, même à l’occasion des grandes fêtes, on n’avait une telle réunion. Il fallait entendre les cris de surprise et d’admiration, les spectatrices enthousiasmées reconnaissaient les rives du Mékong, les toits aux angles retournées des pagodes. Pour récompenser M. André Wentzel, S. M. Sisowath le nomma mandarin et lui décerna la médaille d’or du Mérite royal.
Ce fut à ce voyage que M. André Wentzel donna la juste mesure de son intrépidité et de son courage. Il se trouvait dans la brousse indochinoise, suivant une expédition de chasse. Il voulut un matin cinématographier rembarquement des chasseurs qui devaient traverser une rivière. M. André Wentzel prépare son appareil, braque l’objectif, tourne la manivelle, et tandis que les barques fragiles s’éloignaient de la rive, il marchait pour conserver dans un angle favorable la scène qu’il prenait. Tout en marchant, l’opérateur pénétra dans le fleuve, un pas, puis deux, puis trois. Il était à ce point absorbé qu’il ne se rendait pas compte du danger, instinctivement il tenait l’appareil levé au-dessus du niveau de l’eau... Des cris furent poussés ; on rappelait M. Wentzel mais il n’entendait ni les cris ni les appels. Quand il eut terminé de prendre la scène, il revint très tranquillement. C’est alors qu’on lui dit que le fleuve était plein de caïmans. En effet une tête longue sortait de l’eau. M. Wentzel haussa les épaules, — il en avait vu bien d’autres — et il se remit à son travail. M. André Wentzel repartira sans doute prochainement pour un très long voyage.
Paul Hugault.


Ciné-journal, Paris, 6e année, nº 260, 16 août 1913, p. 42-43.

En 1919, sans doute après de nouveaux voyages, André Wentzel réside à Neuilly (7 février 1919: Neuilly, 8 place du Château). On sait par ailleurs, que dans les années qui suivent, il va s'intéresser à divers perfectionnements pour des appareils de projections:
- 01/04/1920: Brevet FR501054A (Perfectionnement aux appareils de projections et de prise de vues cinematographiques.
- 01/07/1924: BrevetFR27425E Perfectionnement aux appareils photographiques et cinématographiques de prise de vues, destinés à la reproduction de tous objets, paysages, animaux fixes ou animés, avec leurs couleurs naturelles par l'obtention pratique de trois clichés générateur de positif d'un même sujet sans différence stéréoscopique.

Il décède en 1959.

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