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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

BOULOGNE-SUR-MER

Jean-Claude SEGUIN

Boulogne-sur-mer, ville du département du Pas-de-Calais (France), compte 44.906 habitants (1894).

1896

Le Cinématographe Lumière (Cirque Municipal, 8 mars 1896)

C'est le collaborateur des frères Lumière, Victor Planchon, qui organise une soirée-conférence pour présenter, entre autres inventions, le cinématographe:

Une soirée de Great Attraction au cirque.- Nous allons dimanche à 8 h 1/2, être conviés à une soirée qui fera sensation dans les annales artistiques et scientifiques de notre ville. Il s'agit, en effet, d'une séance des plus instructives et des plus captivantes, qui nous fera connaître les dernières et merveilleuses applications de la photographie, dont on s'entretient tant depuis quelques mois dans la presse et qui sont en train de révolutionner le monde savant par l'exposé de découvertes dont la réalisation semble éloigner les limites du possible. Les nombreuses démonstrations présentées au cours de la séance seront précédées d'une conférence faite par M. Victor Planchon, président de l'Union photographique qui nous entretiendra successivement avec projections à l'appui : 1. de l'état présent de la photographie en couleurs directe ou indirecte ; 2. de la fameuse lumière cathodique (rayons de Roentgen et leurs applications, photographie de l'invisible) ; 3. de la photographie du mouvement, dont nous avons eu cet été, au Casino, un spécimen en miniature et que grâce aux procédés nouveaux de MM. Auguste et Louis Lumière, les habiles expérimentateurs parisiens, nous verrons fonctionner avec l'illusion la plus entière. Nous reviendrons d'ailleurs sur cette dernière et merveilleuse démonstration qui fait, en ce moment, courir tout Paris à la salle du boulevard de la Madeleine.


La France du Nord, Boulogne-sur-Mer, jeudi 5 mars 1896.

Dans un nouvel article, le programme de films est dévoilé:

Cirque municipal, dimanche 8 mars 1896 à 8 h 1/2 du soir, conférence par M. Victor Planchon. Actualités photographiques : 1. état présent de la photographie en couleur, directe ou indirecte (projections). 2. la lumière cathodique, les rayons X de Roentgen et leurs applications; la photographie de l'invisible (projections et expériences pratiques). 3. la photographie du mouvement.- Présentation du Cinématographe de MM. Auguste et Louis Lumière. Projections électriques de sujets animés ("Sortie d'atelier" ; "Arrivée de train" ; ''Les forgerons" ; "La mer" ; etc., etc.). Prix des places : chaises réservées : 2 f. ; premières 1 f. ; secondes 75 c. ; troisièmes : 50 c. Au profit du laboratoire de bactériologie de Boulogne. Une quête sera faite pendant la conférence en faveur de la Société de Secours aux marins.


La France du Nord, Boulogne-sur-Mer, vendredi 6 mars 1896.

Un nouvel article est publié le jour même de la conférence afin d'inciter le public à s'y rendre:

La conférence de demain au cirque sur les actualités photographiques.- Nous ne saurions trop engager tous ceux de nos concitoyens qui s'intéressent aux questions scientifiques à ne pas manquer l'occasion unique qui s'offre pour eux, demain, d'assister à la démonstration des si curieuses découvertes faites en ces derniers temps dans le domaine des applications photographiques. Nous avons donné hier, d'après un de nos confrères parisiens une idée du merveilleux spectacle qu'offre la projection électrique de sujets animés, ou cinématographie ; les essais de photographie en couleur et l'application de la lumière cathodique pour la photographie de l'intérieur des corps opaques ont fait l'objet de trop nombreux commentaires dans la presse pour que nous ayons à insister ici sur la portée de semblables découvertes. Le nom du conférencier et la notoriété des expérimentateurs ajoutent encore à l'attrait de cette soirée, à laquelle voudra assister le Tout Boulogne des manifestations sensationnelles.


La France du Nord, Boulogne-sur-Mer, 8 mars 1896

Un autre journal confirme l'information:

LA CONFÉRENCE DE DEMAIN SUR LES Actualité Photographiques
Cette conférence promet d’être excessivement intéressante et brillante. M.V Planchon, l’un des hommes de France les plus compétents en photographie, exposera avec son talent et sa clarté de parole habituels, les extraordinaires et récentes découvertes qui ont stupéfié le monde savant et bouleversé les données actuelles de la science, sur la vision.
Le conférencier exposera les principes, les applications et la marche des merveilleux rayons Roentgen ; il montrera l’état présent de la photographie des couleurs, si longtemps cherchée, et enfin théoriquement découverte.
A l’aide de projections et d’expériences pratiques, il nous dévoilera les mystères de la photographie de l'invisible et le côté amusant de la'photographie du mouvement.
La séance sera terminée par la présentation et les expériences du cinématographe, projections étonnantes de sujets animés, qui font actuellement, courir tout Paris.
La conférence est donnée au profit de deux bonnes œuvres, la « Société de Secours aux Marins » et le Laboratoire de Bactériologie; c'est dire qu’il y aura foule. M...


L'Express du Nord et du Pas-de-Calais, p. 2.

Le 9 mars est finalement publié un compte rendu de la séance:

C'est devant une assistance aussi nombreuse qu'attentive que M. Planchon a fait hier soir, au cirque, la conférence annoncée dans nos derniers numéros sur les récentes découvertes photographiques. Toute la partie démonstrative du sujet a été exposée par l'orateur avec la clarté et l'élégance d'expressions dont M. Planchon n'avait plus à faire preuve chez nous. Quant à la projection des vues animées, elle a dépassé tout ce qu'on pouvait attendre par la vérité du rendu et la complète illusion du mouvement. Le succès a été tel que, sur la demande du conférencier, le représentant de MM. Lumière chargé de l'organisation des projections a dû faire repasser devant les spectateurs celles d'entre les vues qui avaient provoqué le plus d'enthousiasme. Entre les deux parties, une quête a été faite au profit des familles victimes de la catastrophe maritime de mardi dernier. Nous en publierons le résultat, en même temps que le compte rendu moins sommaire de cette soirée, pour laquelle nous souhaitons adresser nos trop vifs remerciements à M. Planchon ainsi qu'à tous ses collaborateurs.


La France du Nord, Boiulogne-sur-Mer, 9 mars 1896.

La presse locale va consacrer de longs comptes rendus de cette séance exceptionnelle:

La Conférence du Cirque
Dans sa conférence de dimanche sur les ACTUALITES PHOTOGRAPHIQUES, M. Victor Planchon s’est occupé de trois questions que des découvertes récentes ont mises aujourd’hui à l’ordre du jour : 1° de l’état présent de la photographie en couleurs ; 2° de la lumière cathodique, des rayons X de Roentgen et de leur application ou de la photographie de l’invisible ; 3° de la photographie du mouvement.
Il a commencé par rappeler les difficultés que présente la solution du problème de la photographie en couleurs, problème poursuivi depuis tant d’années et qui semblait insoluble comme la quadrature du cercle.
Ce problème a été résolu, théoriquement du moins, par la découverte du savant français, M. Lippman. C’est directement, par suite d'irradiations et d’interférences, qu’il parvient à obtenir les couleurs, mais, jusqu’ici, la pratique est restée entourée de certaines difficultés ; les couleurs ne peuvent être bien vues qu’en tenant le cliché sous un certain angle ; il se produit alors une sorte de miroitement, comme sur les anciennes plaques du daguerréotype.
Le temps de pose, quoique très diminué, est trop long pour qu’on puisse obtenir des instantanés ou des portraits d’après nature. Comme il faut placer derrière la plaque une sorte de cuvette contenant du mercure, on n’a encore obtenu que de petites photographies. D’autre part, voilà plusieurs années que le procédé Lippmann est inventé et les perfectionnements qu’on attendait ne se sont pas encore produits.
Par suite d’une sorte de déception ou d’impatience, dans ces derniers temps, on est revenu à certains procédés déjà anciens qui donnent les couleurs d’une façon indirecte. Le conférencier ne fait pas ici allusion aux diverses méthodes de coloriage des photographies, mais a un procédé qui permet, à l’aide de diverses plaques ou pellicules sensibles, les unes, aux rayons rouges, les autres, aux rayons jaunes, et les dernières aux rayons bleus, d’obtenir, par leur superposition, à l’aide d’un repérage précis, l’image des objets colorés avec leurs nuances les plus délicates et les plus variées. On a recours également, comme adjuvant, aux couleurs d’aniline, extraites de la houille et du goudron. Malheureusement, jusqu’ici, on n’a pas encore découvert de bleu assez stable. Sous l’influence de la lumière, il pâlit ou passe, comme l’on dit vulgairement.
M. Victor Planchon a fait défiler sur l’écran, sous les yeux des spectateurs étonnés et ravis, des photographies de vitraux, de bouquets de fleurs, de tapisserie, de tableaux, obtenues, soit avec le procédé direct, soit avec le procédé indirect. Le coloris est d’une fraîcheur, d’un brillant, d’une vivacité, d’une réalité qui, défient les palettes des plus habiles peintres de fleurs, de fruits et de nature morte.
Quel dommage que ces lumineuses images soient fugitives et ne puissent encore être fixées sur la toile ou les murs de nos appartements ! Ne désespérons pas : le temps est proche où le problème sera entièrement résolu.
M. Planchon a fait circuler dans la salle une magnifique photographie en couleurs sur papier obtenue par la superposition de trois pellicules détachées de leur support, à l’aide d’une couche de gélatine, et reportée sur carton.
Nous avons à tant de reprises entretenu nos lecteurs des fameux rayons X de Roentgen et de la lumière cathodique que cela nous dispense, pour éviter des redites, d’entrer dans le détail des explications très intéressantes, très savantes, données par le conférencier. A l’aide du tube de Geissler, actionné par l’électricité et la bobine de Rumhkorf, il a fait luire à nos yeux la lumière cathodique d’un ton verdâtre, a montré la manière dont elle fonctionne et la marche employée par les savants pour obtenir des photographies de l’invisible.
Il eût été facile au conférencier de prendre des photographies, devant le public, mais comme la pose est un peu longue, il n’a pas voulu le faire attendre ; il s’est contenté, à l’aide de projections, de montrer les plus curieuses photographies obtenues par ce procédé : squelettes de mains, de pieds humains, de grenouilles, de compas, etc.; il a fait voir comment on avait pu déterminer les endroits où se trouvaient soit des balles de revolver, soit des fragments de verre. Tout en déclarant que la photographie de l’invisible est appelée à rendre de grands services à la chirurgie, M. Planchon ne croit pas qu’elle permette de voir distinctement et d’étudier les organes internes à travers la poitrine, par exemple, Il y a trop d’épaisseur et de substances diverses à traverser ; l’image ne donnerait qu’un fouillis.
Certains des clichés projetés sur l’écran étaient d’une netteté extraordinaire ; la main paraissait avoir été complètement disséquée et il ne restait, que les os desséchés du squelette.
C’était stupéfiant.
Simple réflexion de carême : si chacun pouvait avoir ainsi devant les yeux sa photographie, il n’oublierait pas ses fins dernières.
Le conférencier a donné d’utiles renseignements sur le degré de perméabilité des différents corps : parmi les métaux, l’aluminium l’est le plus ; le platine le moins : le rapport semble être en proportion de la densité.
La dernière partie de la conférence, qui en a été le clou, a mis en bonne humeur la fraction de l'assistance que les savantes explications techniques et la vue de sujets macabres avaient pu rendre pensive.
De l’image de la mort nous passons à celle du mouvement, de la vie. Et quelle vie I ’intense, fiévreuse. Comme tous ces personnages affairés se démènent, marchent, trottent, saluent, courent, sortent de l’usine, montent en chemin de fer, piquent des têtes dans la mer !
Nous sommes loin de l’instantané qui fige le mouvement et les attitudes. Avec le cinématographe, les sujets s’animent, le mouvement commence, se continue, dure.
C’est un merveilleux instrument que ce cinématographe, qui laisse bien loin derrière lui, par ses perfectionnements, la machine primitive d’Edison.
En 15 secondes, cet appareil, chef- d’œuvre de mécanisme et de précision, prend sur un ruban de pellicule, long de 15 mètres, près de 900 poses toutes différentes, mais se rapprochant les unes des autres, comme les images dans le zootrope, et donnant, par suite de la rapidité du mouvement avec lequel elles défilent devant l’oculaire de la lanterne magique ou de projection, l'illusion du mouvement et de la vie.
Les sujets sont grossis six mille fois !
Le public enthousiasmé a crié bis et il a fallu faire défiler une seconde fois devant ses yeux les scènes pittoresques.
M. Planchon a remercié tous ceux qui l’avaient aidé dans l’organisation de sa Conférence et particulièrement MM. Lumière qui avaient prêté gracieusement leurs instruments.
Avec sa modestie accoutumée, il n’a oublié qu’une personne, lui-même. C’est l’usine Planchon qui fournit à la maison Lumière ces longs rubans de pellicules sensibles qui lui permettent d’arriver à de si surprenants résultats. MUTINOT.


L'Express du Nord et du Pas-de-Calais, mercredi 11 mars 1896, p. 2.

 

Quelques jours plus tard, un autre périodique offre égament une description détaillée de la soirée-conférence de Victor Planchon:

Conférence de M. Planchon sur les nouveautés photographiques (suite et fin).
La plupart de nos lecteurs savent déjà, par le kinétoscope, visible l'été dernier, au casino, à quel degré on est arrivé dans la reconstitution des diverses scènes qu'il s'agit de rendre avec l'animation de la vie réelle. Toutefois, les images ainsi obtenues sont d'une si petite dimension qu'elles ne peuvent être vues que par une personne à la fois. Le problème n'avait donc pas, jusqu'ici, reçu sa réalisation pratique, les appareils destinés à la confection des clichés étant d'une complication telle que l'inventeur seul pouvait les employer. Enfin leur mode de fonctionnement ne permettait de représenter que des sujets très simples et brillamment éclairés. Il était réservé au génie de deux Français, MM. Auguste et Louis Lumière, d'apporter une révolution complète dans cette nouvelle branche de l'art photographique. A eux revient le mérite incontestable d'avoir, les premiers, rendu simple, pratique et mis à la portée de tous la solution du captivant problème de la photographie du mouvement. En construisant le cinématographe, MM. Lumière ont créé - le conférencier tient à insister sur ce point - non seulement un moyen très puissant de simple distraction mais encore une méthode nouvelle, à laquelle on peut, dès maintenant, prédire de multiples applications. Toutes les branches de la science demanderont en effet au cinématographe d'enregistrer d'une façon plus parfaite une foule de phénomènes qui échappent par la rapidité à l'oeil le plus attentif ; l'enseignement lui sera redevable d'un moyen de divulgation nouveau et efficace ; enfin le voyageur pourra, grâce à ce système, rapporter de ses explorations des documents du plus grand intérêt. Avant de passer à la partie purement amusante de la soirée, c'est-à-dire de projeter les diverses scènes animées dont l'obligeance de MM. Lumière lui permettait d'offrir la primeur au public boulonnais, M. Planchon expliqua le mode de fonctionnement de l'appareil imaginé par ces messieurs ; entrant à ce sujet dans une foule de détails techniques où, bien entendu, nous ne pouvons suivre le conférencier. Qu'il nous suffise de dire que les scènes qu'il s'agit de faire revivre avec la merveilleuse intensité dont ont pu se rendre compte les personnes assistant à cette séance, sont reproduites en suivant les diverses phases du mouvement jusqu'à 900 fois, formant autant d'épreuves disposées sur une bande en pellicule de 15 m. que, cela soit dit en passant, l'usine de M. Planchon se charge de livrer au commerce. Grâce au jeu d'un disque, qui laisse passer ou obstrue la lumière à la volonté de l'expérimentateur, les diverses phases du mouvement se trouvent enregistrées sans confusion possible, ce qui permet ensuite à l'aide d'un simple mouvement de rotation, de reconstituer la scène photographiée dans l'exactitude de ses moindres détails. Nous avons déjà signalé le succès considérable obtenu par cette démonstration de la merveilleuse découverte due à nos deux compatriotes. Signalons, parmi ces tableaux animés qui soulevèrent le plus d'applaudissements : "La sortie des ateliers de MM. Lumière", où l'on vit défiler plus d'une centaine d ouvrières, des vélocipédistes sautant sur leur machine et disparaissant avec la rapidité de l'éclair, un landau attelé de deux chevaux, etc., etc., :'L'entrée en gare d'un train de voyageurs", avec tout le mouvement qui en résulte, ''Le débarquement d'un paquebot", "Une scène comique de jardin", "La bataille des fleurs à Nice", "Le déjeuner de bébé", "La chute d'un arbre" sapé à sa base et qui soulève, en touchant le sol, des nuages de poussière; "Une partie de natation" dont les acteurs piquent force tête du haut d'une estacade contre laquelle les flots viennent successivement se briser en aigrettes d'écumes, etc. etc. L'enthousiasme du public fut tel, en ce moment, qu'à la demande générale l'expérimentateur dut refaire passer une seconde fois la plupart des vues. En terminant, le conférencier se fit l'interprète reconnaissant de l'auditoire auprès de M. Moisson, pour le remercier d'avoir bien voulu, en s'arrêtant à Boulogne, nous faire profiter d'un spectacle à la réédition duquel nous ne serons probablement pas conviés d'ici longtemps. Nous avons essayé, dans ce compte rendu, de donner à nos lecteurs une idée aussi exacte que possible des merveilleuses découvertes si bien décrites par M. Planchon ; il ne nous reste donc qu'à remercier à notre tour ce savant aussi modeste que distingué, en lui exprimant nos unanimes regrets de le voir quitter notre ville, ou il avait su conquérir tant de vives et profondes sympathies.


La France du Nord, Boulogne-sur-Mer, 14 mars 1896.

Le Cinématographe (25, rue Victor-Hugo, 29 juin-5 août 1896)

 Un cinématographe s'installe rue Victor-Hugo dans les derniers jours de juin:

La Dernière Nouveauté
LA PHOTOGRAPHIE ANIMÉE
Le grand succès du jour est la photographie animée, perfectionnée par M. A. Lumière et les derniers inventeurs ; elle attire les foules à Londres, à Paris et dans toutes les capitales.
Il faut avoir assisté à une de ces séances pour en comprendre tout l’intérêt. C’est la vie prise sur le vif. On y voit se dérouler les scènes les plus diverses, les plus mouvementées, c’est le cas de le dire, Boulogne a la chance d’être traitée comme les plus grandes villes et possède un de ces merveilleux appareils. Que les plus sceptiques s’informent auprès des personnes qui ont vu et tous voudront à leur tour jouir de cette attraction qui laisse en arrière tout ce qui a été imaginé et rêvé.
Les personnes de grandeur naturelle se meuvent comme si elles étaient vivantes ; il ne leur manque que la parole. Mais cela viendra en combinant le phonographe avec le cinématographe.
Séances tous les jours, de 10 heures du matin à 10 heures du soir.
Prix d’entrée : Premières, 1 franc ; Secondes : 50 cent.
25, Rue Victor-Hugo, 25, au centre de la ville.
Sur demande, séances particulières pour familles et institutions.


L'Express du Nord et du Pas-de-Calais, lundi-mardi 29-30 juin 1896, p. 2. 

Un autre journal reprend brièvement l'information:

Pour quelques jours seulement les photographies animéees, merveiIle d'actualité, la plus intéressante attraction existante. Séances à partir de 3 h 25 rue Victor-Hugo. Prix d'entrée : première 1 f., deuxièmes 50 c.


L'impartial de Boulogne, Boulogne-sur-Mer, 4 juillet 1896.

Dans un autre article, sont annoncés quelques titres du répertoire:

La séance donnée au cirque par M. Planchon avec le cinématographe Lumière a été pour tous une révélation mais les personnes qui n'ont pu y assister ont beaucoup regretté. Le cinématographe de la rue Victor-Hugo leur donnera pleine et entière satisfaction. Les vues de "La place de l'Opéra", d'"Une sortie d'usine", des "Soudanais au Champ-de-Mars", "Un bébé avec ses chiens", etc., donnent la plus complète illusion.


L'impartial de Boulogne, Boulogne-sur-Mer, 4 juillet 1896.

Un dernier article est publié quelques jours plus tarde:

Tous ceux qui ont le souci des découvertes nouvelles visiteront le cinématographe. [...] Ceux de nos lecteurs qui se rendront au local de la rue Victor-Hugo ne regretteront ni leur dérangement ni la modeste redevance que réclame à ses visiteurs cet impresario d'un nouveau genre.


L'impartial de Boulogne, Boulogne-sur-Mer, 22 juillet 1896.

Les Photographies animées (Champ de Foire, <8> août 1896)

Sur le Champ de Foire, une baraque propose des photographies animées:

Les photographies animées, merveille d'actualité la plus intéressante attraction existante. Séances à partir de 3 h, sur le champ de foire.


L'Impartial de Boulogne, Boulogne-sur-Mer, 8 août 1896.

Le Cinématographe Lumière (Place Frédéric Sauvage/Cirque Municipal, 25-26 octobre 1896)

Un cinématographe Lumière s'installe vers la fin du mois d'octobre sur la place Frédéric Sauvage:

Le Cinématographe Lumière de Lyon à Boulogne.- Qui ne se rappelle la belle séance scientifique donnée au début de l'année par notre savant et habile concitoyen M. Planchon. La conférence avec vues a été une véritable révélation. Les spectateurs ont quitté le cirque émerveillés. Eh bien tous ceux de nos lecteurs qui n'ont pas eu la bonne fortune d'y assister et qui l'ont beaucoup regretté pourront combler cette lacune. Demain dimanche à 8h du soir le représentant de la célèbre maison Lumière de Lyon donnera une nouvelle et unique séance au cirque municipal de la place Frédéric Sauvage. Le cinématographe développera non 5 ou 6 vues, comme dans la soirée précitée, mais 40 parmi lesquels on distingue les Fêtes russes à Paris et à Cherbourg, et beaucoup d'autres. Les personnes qui n'ont pas eu l'heur de voir le tsar et la foule qui l'acclamait pourront facilement dimanche se procurer ce plaisir. Place réservée 1 f., premières 75 c., secondes 50 c., troisièmes 25 c.


L'impartial de Boulogne, Boulogne-sur-mer, 24 octobre 1896.

Grâce à un autre article, on connaît une partie du programme proposé:

Le franc succès obtenu dimanche au cirque oblige à donner une seconde séance lundi soir. On a refusé du monde le dimanche. La séance a duré deux heures et nous a paru bien courte ; le temps passé dans le plaisir s'envole toujours trop vite ! Les tremblements qui souvent dans les appareils moins perfectionnés fatiguent tant la vue avaient cette fois disparu ou à peu près ce qui rendait la photographie plus nette. La plupart des tableaux ont été bissés tels que : "Le passage d'un régiment", "La charge des cuirassiers", "L'arrivée d'un train", et, principalement, les Fêtes russes à Cherbourg. On a surtout bien ri avec "L'arroseur", "La course au sac", "La danse russe", "Les joueurs de cartes". Non,
j'allais oublier "L'admission au salon de peinture" qui nous a montré un rapin fin de-siècle comme on en voit-peu. Les personnes garderont de ce spectacle longtemps le souvenir.


L'impartial de Boulogne, Boulogne-sur-mer, 28 octobre 1896.

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