HÉRICOURT

Jean-Claude SEGUIN

Héricourt, ville du département de Haute-Saône (France), compte 4.720 habitants (1894).

1896

Le Cinématographe [Joly] (18 octobre 1896)

Un Cinématographe, probablement, Joly, présente des vues de la collection Pirou en octobre :

HÉRICOURT
Simple causerie. — Le cinématographe a Héricourt. — Nous voici donc en possession d’une bande pelliculaire représentant à 1/1000 de seconde près la suite des mouvements d’un homme portant les armes. Il est facile de conclure que, en opérant à la façon d’une lanterne magique, on pourra faire passer successivement, sur un écran, les projections de ces mouvements photographiés et de produire sur l’œil du spectateur l’illusion complète du mouvement réel et ininterrompu, à la condition que le ruban des images passe devant la lentille avec  une vitesse constante et égale à celle qui a été nécessaire à son impression.
Ici, une objection peut se présenter.
Comment se fait-il, me dira-t-on, que ces images apparaissant successivement sur l’écran puissent donner à l'œil l'illusion d’une image unique et mouvementée. A cette objection, nous pourrions répondre par une foule d’exemples de la vie courante : Tout le monde a pu remarquer, en regardant passer une voiture à une allure un peu vive, qu'il devenait impossible à l’œil de se rendre compte du mouvement successif des raies et que les roues apparaissaient alors comme formées d’une surface pleine.
Cette illusion repose sur une propriété physiologique de notre rétine, laquelle ne se laisse impressionner par les images perçues que pendant environ 1/10 de seconde.
Si, par conséquent, on fait apparaître à notre œil, dix fois par seconde une même image, nous perdons totalement la notion de la discontinué, et si ces images sont les positions successivement photographiées d’un même mouvement, nous aurons alors l'impression complète du sujet animé et apparaissant en une seule image.
Voilà, en quelques mots, l'explication des chargeurs de décombres, de l'assaut de boxe, du bain de la Parisienne, et si la reproduction de ces scènes a pu laisser à désirer dans la représentation de dimanche, nous ne pouvons que l'attribuer à une insuffisance d’organisation de la part de l’opérateur.
Le cinématographe peut donner des résultats étonnants et nous ne surprendrons personne en annonçant le succès énorme qu’obtient actuellement l’appareil du célèbre Pirou. La plupart de ces scènes représentent des tableaux, grandeur nature, des fêtes russes à Paris, et la projection de l’une d’elles dure à elle seule six minutes. Espérons que la soirée de dimanche n’aura été, pour nous, que l'avant-coureur de représentations qu’il nous sera permis, plus d'une fois encore, d’applaudir ces résultats merveilleux de la photographie moderne. F.G.


Le Ralliement, Belfort, dimanche 25 octobre et lundi 26 octobre 1896, p. 2.

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