Gaston PUGINIER

(Le Bouscat, 1866-Vittel, 1924)

Jean-Claude SEGUIN
Antoine GUICHARD

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Auguste, Joseph Puginier (Dourgne, 07/08/1826-Paris 5e, 05/02/1895) épouse (Bordeaux, 18/03/1865)Suzanne, Françoise, Radegonde Ricard (Guîtres, 23/06/1832-Saint-Ouen, 17/07/1903). Descendance :

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Fils d'un militaire, chevalier de la Légion d'honneur, Gaston Puginier passe son enfance et son adolescence dans la région bordelaise. Il effectue son service militaire (matricule militaire) au 123e régiment d'infanterie (École de Médecine Militaire) où il est dirigé le 10 novembre 1888. Il obtient un certificat de bonne conduite, le grade de caporal et est envoyé en congé le 10 septembre 1890. Il se marie peu après et figure alors comme "industriel". Il réside à Paris jusqu'en 1893, date à laquelle il s'installe pour quelques mois à Sidi-bel-Abbès (Algérie) (avril 1893-février 1894). Puis il est de retour en France (Bordeaux et Paris). Il figure alors comme "employé de commerce" (1894), puis "industriel" (1897). Il habite alors au 54, avenue de Clichy.

Le contrat avec la société Gaumont ([octobre] 1896-janvier 1897)

Si l'on ignore dans quelles conditions Gaston Puginier va rentrer en contact avec la société Gaumont, un premier document de ladite entreprise, daté d'octobre 1896, offre une première information. Il s'agit de l'État des redevances à Mr. G. Demenÿ arrêtée le 1er octobre 1896.

Nos Cllients Redevances
Appareils Pellicule Total
[...]
5. Deslandes 144,00 45,00 189,00
[...]
8. Deslandes 0.00 5.00 5.00
[...]
13. Deslandes 0.00 5.00 5.00

Cette liste des premiers appareils mis en vente ou à disposition fait apparaître, par trois fois, le nom "Deslandes" qui semble avoir acquis un premier chronophotographe, avant d'en récupérer deux autres non facturés. Le nom "Deslandes" va de nouveau faire son apparition dans la correspondance de la société Gaumont, en janvier 1897:

[Feuillet 176 (R-111). Copie d'une lettre tapuscrite. Annotation au crayon bleu : « 0 ». Tampon : «GRAND PRIX Exposition de Rouen 1896 »]
[à Deslandes et Pugenier, Paris]
7 janvier 1897
Messieurs Deslandes & Pugenier.
54 avenue de Clichy. Paris
Voici les conditions auxquelles nous vous proposons de prendre pour nos collections. des phototypes négatifs destinés aux projections animées.
Nous vous confierons le matériel chronophotographique nécessaire pour prendre ces vues, et nous vous remettrons en dépôt des bandes pelliculaires négatives perforées. Ce matériel et ces bandes restant notre propriété et pouvant vous être réclamés sans délai si nous le jugions nécessaire. Le tout devant nous être rendu en bon état à notre adresse. Les frais de déplacement et divers. s'il y a nécessité pour ce travail, seront entièrement à votre charge (Mrs Deslandes & Pugenier).
Vous remettrez à notre bureau, 57. rue St Roch, les pellicules à développer qui resteront quoi qu''il arrive la propriété du Comptoir Général de Photographie.
Pour vous dédommager de vos frais et vous créer une source de bénéfices, nous vous réserverons une prime de cinq francs par positifs sur pellicules de 60 mm de largeur que nous vendrons. et qui proviendrait d'un des négatifs que vous aurez obtenus. Le contrôle en sera fourni par notre livre de débit que vous pourrez consulter.
Afin de vous intéresser au choix des sujets et aux soins à donner aux pellicules, vous nous verserez une indemnité de 25 frs par pellicule négative qui ne pourra être utilisée pour le tirage des positifs.
En raison de la fragilité des pellicules. nous ne pouvons vous garantir la bonne conservation indéfinie des originaux pris par vos soins.
Il est bien entendu que nous refusons de tirer tout cliché contraire aux bonnes mœurs.
Il demeure bien établi, et d'une façon absolue, que vous vous engagez pendant que nous serons en relations suivies pour ce travail, à ne pas prendre de vues pour d'autres personnes d'une façon directe ou indirecte, et notamment à ne pas utiliser notre matériel pour cette concurrence qui deviendrait déloyale et vous exposerait à une demande de dommages & intérêts.
Veuillez agréer. Messieurs, nos sincères salutations.
L. Caumont &. Cie
Lu et approuvé, Deslandes                                                                         Lu et approuvé. Pugenier.


CORCY, 1998 :193-194.

Ici "Deslandes" est associé au nom "Pugenier" et à l'adresse "54, avenue de Clichy. Paris". Or, nous savons que Gaston Puginier habite précisément à cette adresse à ce moment-là. Ce dernier est alors marié à Marguerite, Julie Perrotte dit Deslandes ce qui laisse à penser que soit sa propre épouse, soit l'un de ses parents (père, frère...) s'est associé à Gaston Puginier pour assurer les prises de vues destinées à la maison Gaumont. Ce dernier et son collaborateur "Perrotte dit Deslandes"  disposent du modèle 60 mm.

La tournée méditerranéenne (janvier-février 1897)

De cette "tournée" méditerranéenne, il ne reste que d'infimes traces ne permettant pas, à elles seules, d'en reconstituer les étapes. Les premières listes des productions cinématographiques Gaumont font apparaître, entre les numéros 84 et 107, une série de vues (60 mm) tournées dans le sud de la France (Toulon, Marseille), en Espagne et en Algérie. À celles-ci, il faut ajouter les vues non cataloguées Arrivée et Débarquement d'un navire au vieux port de MarseilleUn épisode de la guerre aux Philippines et Une fête sur l'Auvergne. Le titre de cette dernière vue fait référence au navire "L'Auvergne" de la Société Générale des Transports Maritimes qui assure la ligne entre Marseille et Alger. On peut penser que l'opérateur, dans un premier temps, se rend en Espagne pour y tourner quelques vues avant de rejoindre le continent africain. On sait en effet qu'un "Puginier" quitte Alger, le 2 février 1897 pour Marseille :

LISTE DES PASSAGERS
Départs.-Sont partis, hier lundi, par le paquebot Tafna, à destination de Marseille:
Mmes Fauquet et Maret.-Mlle Douin de Rosière.-MM. le colonel Gros; le lieutenant de vaisseau Drouin de Rosière; Hemsel; Latour; Ambrossetti; de Bouyn; Ayre; Régis; Lequefellec; Puginier; Debono; Leperrier; Troitsky; Coutillet; Baron; Mion; Hubaux.-M. et Mme Mrozowicki.


La Vigie algérienne, Alger, mercredi 3 février 1897, p. 4.

Le Tafna arrive à Marseille le 3 février. Sur le paquebot, Puginier n'est pas accompagné de  "Perrote dit Deslandes". Malgré les faibles traces, on peut raisonnablement penser qu'il est le cinématographiste des différentes vues Gaumont tournées sur les bords de la Méditerranée. Il est de retour à Paris pour la naissance de son fils Pierre

Le séjour en Belgique (avril 1897)

Il déclare aux autorités militaires qu'il réside à Bruxelles à partir du 28 avril 1897.  Or il se trouve qu'à la fin du mois d'avril une séance de vues animées est organisée, à Liège, avec un chronophotographe Demenÿ. Peu après, c'est à Bruxelles que l'on retrouve l'appareil. On est donc tenté de faire le lien entre ce séjour et ces séances cinématographiques.

Et après (1897-1924)

L'intérêt de Gaston Puginier pour le chronophotographe - ou plus généralement le cinématographe - semble avoir été de courte durée. Il continue de résider à Paris (mai 1897-avril 1900), avant de s'installer en Algérie. Il arrive à Alger, le 8 juin 1903, à bord du paquebot Duc-de-Bragance. Il séjourne par la suite (mars 1904) à Oran avec de revenir à Paris (août 1907). Son fils Pierre Puginier est incorporé en 1916 (matricule militaire) pendant la première guerre mondiale. Gaston Puginier décède à Vittel. Il est inhumé au cimetière de Saint-Ouen.

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