PROVINS

Jean-Claude SEGUIN

Provins, ville du département de la Seine-et-Marne (France), compte 8.340 habitants (1894).

1896

Le Cinématographe (Théâtre, 7-8 novembre 1896)

provins theatre
Provins. Théâtre. c. 1902.

Au théâtre de Provins, des projections cinématographies ont lieu dans des conditions non optimales. Le journaliste du Briard écrit un long article consacré, surtout, au fonctionnement de l'appareil. Ses explications sont, parfois, assez confuses :

LE CINÉMATOGRAPHE.-Beaucoup de nos lecteurs ont pu voir, samedi et dimanche, fonctionner le cinématographe au théâtre de Provins.
Bien que présenté d'une manière défectueuse en raison de l'obscurité incomplète de la salle qu'on n'a pu obtenir comme il l'aurait fallu, il est inutile d'insister sur le vif intérêt excité par cette exhibition. Mieux vaut donner une description sommaire de cette merveilleuse invention si curieuse, et si intéressante en expliquant en quelques mots l'appareil qui projecte [sic] sur un écran des scènes animées saisies par la photographie.
La façon dont est réglé le dispositif de l'appareil est pour beaucoup dans la valeur de la synthèse du mouvement et dans l'effet du saisissement qui s'empare des spectateurs quand on voit sur l'écran l'Arrivée en gare d'un train de voyageurs, la Sortie des ouvriers d'une usine, la place de la Concorde, aux mouvements complexes de la rue: passants allant et venant, vélocipèdes, tramways, voitures diverses; les Lutteurs, le Cortège du Tsar et la Loîe Fuller, exécutant sa danse avec effets de couleurs changeantes.
Le cinématographe se divise en deux parties: l'arrière qui porte le mécanisme et l'avant qui porte les oculaires.
Les bandes en celluloïd, sur lesquelles se trouvent les images, sont réunies bout à bout et peuvent permettre de voir successivement toutes ces images; les oculaires sont montés sur une glissière verticale. Un moteur électrique commande à volonté au moyen d'un engrenage, l'une ou l'autre bande; la manœuvre des oculaires par un levier agit du reste en même temps sur un commutateur qui distribue le courant de telle sorte que c'est toujours la bande, en face de laquelle se trouvent les oculaires, qui le met en marche.
Toutes les manœuvres se font au moyen d'un petit tableau placé sur l'arrière de la caisse qui porte le mécanisme, à portée de la main de la personne qui exploite l'appareil et hors de la vue du public; il suffit de fermer un commutatateur [sic] et de pousser ensuite un bouton en présentant successivement toutes ces images aux quatre oculaires.
Pour représenter une scène durant une minute, il faut environ neuf cents photographies. Mais le déroulement n'est pas uniforme. Afin d'obtenir des images plus nettes et un grand éclat dans les projections, le mécanisme est construit de telle sorte que la pellicule reste immobile pendant les deux tiers de chaque quinzième de seconde et se déplace pendant le troisième tiers; pendant qu'elle se meut, un écran intercepte les rayons.
En résumé, avec le cinématographe, on est arrivé à l'obtention la plus parfaite qui se puisse rêver de la synthèse d'une série continue d'images prises en mouvement et donnant la plus complète illusion à tout un auditoire, de tous les jeux de physionomie, de toutes les attitudes, de tous les mouvements quels qu'ils soient, d'une série animée.
L'exhibition faite à Provins pour la première fois, de la cinématographie a pu laisser à désirer aux amateurs, mais il est certain que les moyens d'installation de ces sortes de spectacles vont se simplifier et qu'avant peu nous verrons des projections parfaites de cette surprenante invention.


Le Briard, Provins, mardi 10 novembre 1896, p. 2.

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