César Félix JOSZ

(Trieste, 1834-1902)

Jean-Claude SEGUIN

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Bernard Josz et mère non désignée. Descendance :

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Les origines (1834-1895)

Fils d'un ingénieur, graveur, mécanicien, il est né à Trieste (Autriche-Hongrie). Le Panthéon de l'industrie offre quelques informations sur ses origines :

M. Josz est issu d'une des plus anciennes familles protestantes de France, originaire de Rouen. Cette famille habita très longtemps dans le Midi.
Son nom s'écrivait alors Josse, forme toute française qui se modifia ensuite lorsque la même famille, au moment de la révocation de l'édit de Nantes, alla s'établir en Hongrie, d'où elle passa ensuite en Illyrie, à Trieste, pour revenir à Paris, et s'établir définitivement à Bruxelles il y a une dizaine d'années. M. Josz faisait partie de la raison sociale de Coëtlogon et Cie. Ses procédés et inventions y étaient mis en pratique, et c'est depuis nos fameuses lois protectionnistes "Méline" que la maison de Bruxelles est devenue définitivement sa propriété.


Le Panthéon de l'industrie, nº 961, 20e année, 1894, p. 124.

En 1856, il vit encore à Trieste où il tient une mercerie et vend des objets de fantaisie :

Presso C. F. Josz, Corso 607, secondo plano, sopra il Negozio del sig. Calligarich, trovasi un bellisimo assortimento di oggetti di galanteria di recent proveniente da Vienna o Parigi, per regali del capo d'anno a pressi di fabbrica.


Il Diavoletto, Trieste, mercredi 10 décembre 1856, p. 1360.

Grâce à une annonce portérieure, on sait qu'il proposen des gants, des colliers, des boutons...:

Il sottoscritto si pregia di avvertire sosergli testè giunta da Parigi una forte partita di Guanti Alexandre i più eleganti e recenti, Coiffures per soirée, 200 modelli del tutto nuovi in Bottoni da camicietta, manichetti e gilét, braccialetti, colier e spilloni da testa Eugenie in perle celesti opache, nonchè molti oggetti i piú recenti in bijouterie, profumerie, ecc.
Il maggazzino è sito al Corso, Nro 607, secondo piano , precisamente sopra il negozio del sig. Gorzalini, ed è aperto sino alle 9 di sera.
C.F.JOSZ.


Il Diavoletto, Trieste, 3 février 1857, p. 136.

Dès 1858, on le retrouve en Belgique où il figure au registre des étrangers, puis il réside à Paris, en 1859, où il exerce la profession de fabricant de pipes et dépose un brevet : 

560. Le brevet d'invention de quinze ans, dont la demande a été déposée, le 21 janvier 1859, au secrétariat de la préfecture du département de la Seine, par le sieur Josz (César-Félix), fabricant de pipes, et la société Aublé et Lobrichon aîné, à Paris, le premier rue Bellefond, nº 21, les derniers rue Pernelle, nº 1, pour un procédé dit ali ou nouvelle écume applicable à toutes pipes en terre.


Bulletin des lois de la République française, nº 808, 1er janvier 1860, p. 942.

Parmi les premières activités identifiées, en 1864, on trouve la formation de la société A. Grand et Compagnie où il apparaît comme l'un des trois fondateurs avec son père Bernard Josz et Adrien-Jean-Baptiste Grand :

Suivant acte passé devant Me PERSIL, soussigné, et son collègue, notaires à Paris, le vingt-huit mai mil huit cent soixante quatre, enregistré,
M. Adrien-Jean-Baptiste GRAND, négociant, demeurant à Paris, boulevard e Strasbourg, n. 37,
M. Bernard JOSZ père, ingénieur graveur mécanicien, M. César-Félix JOSZ fils, ingénieur-mécanicien, demeurant tous deux à Paris, rue Bochard de Saron, n. 12,
Tous trois associés en nom collectif,
Et un commanditaire dénommé audit acte,
Ont formé une société en commandite pour la fabrication de timbres secs et humides de toutes grandeurs à pression et avec gravures, d'après le brevet pris à Paris par M. Bernard Josz père, le dix-sept mai mil huit cent soixante-quatre, sous le nº 57,727 et apporté par lui à la société, pour quinze années à compter de ce jour, avec son siège à Paris, boulevard de Strasbourg n. 37, sous la raison et la signature A. GRAND ET COMPAGNIE.
L’associé commanditaire a pris l'engagement de fournir à la société une somme de dix mille francs, dont :
1º Six mille francs à première réquisition de M. Grand pour achats de brevets, outillage et frais d'installation, coût de la libération du brevet de la société compris,
2° Et quatre mille francs au fur et à mesure des besoin» de la société, bien déterminés d’un commun accord entre M. Grand et le commanditaire.
Il a été stipulé audit acte :
Que M Grand aurait seul la gestion et la signature sociales, sans pouvoir toutefois faire usage de la signature sociale que pour les affaires de la société; qu’il ferait seul tous les achats et ventes, mais qu’il ne pourrait régler les fournisseurs ou autres créanciers de la société par des billets à ordre ;
Qu’en cas de perte d'une somme de cinq mille francs sur le capital social, chaque associé aurait la faculté de provoquer et faire prononcer la dissolution de la société.
PERSIL.


Gazette nationale ou le Moniteur universel, vendredi 3 juin 1864, p. [812].

La société est dissoute le 25 octobre 1864.. César Félix Josz est un inventeur qui tout au long de son existence va tenter de proposer des nouveautés qui donnent lieu ou pas à des brevets. Ainsi cette méthode pour recycler le papier :

Une proposition utile
Si elle est praticable, la proposition de M.C. F. Josz, ingénieur, serait un grand bienfait pour les journaux qui risquent de ne pouvoir bientôt plus paraître faute de papier.
M. Josz se charge en effet, à l'aide d'un procédé chimique, de faire servir le papier de journaux déjà imprimé à de nouvelels impression, de telle sorte qu'une même feuille de papier puisse passer quarante fois sous la presse.
M. Josz s'engage à prouver l'efficacité de son invetion. Comme elle ne peut manquer d'être d'une grande utilité à tous les journaux à Paris, nous ne craignons pas de lui faire la réclame et nous donnons son adresse: 98 bis, avenur des Ternes.


Paris-journal, Paris, jeudi 22 septembre 1870, p. 3.

Vers 1884, il s'installe à Bruxelles et ouvre une usine au 92, boulevard Leopold II destinée à produire des plaques ornementales en métal. C'est dans le cadre de ses activités professionnelles qu'il présente plusieurs inventions: "producing printing-plates" (USA 334.234. 12/01/1886), "Verfahren zur Herstellung von Placaten, Adresskarten und sonstigen Drucksorten auf Metall und sonstigen harten Flächen durch litho-, typo- und chalkographischen Druck und Sandgebläse (Allemagne. 05/04/1889),  "method of ornamenting plates" (USA 439.160. 28/10/1890)... On lui en doit encore une (FR 231.245. 01/07/1893) pour le "photo-métallo-émail et photo-ivoire-émail ou nouveau procédé pour obtenir sur tous métaux, ivoire, celluloid, bois, étoffes et toute autre surface, des épreuves photographiques." :

LE PHOTO-ÉMAIL
En combinant adroitement et artistement la photographie avec la chimie, on peut reporter les épreuves photographiques sur le métal, l'ivoire, le celluloïd, le bois, les étoffes, et obtenir ainsi des effets décoratifs très satisfaisants. Le procédé, dû à M. Josz, et dont le Moniteur de Quesneville donne l'indication, consiste à transporter les épreuves photographiques sur les surfaces à décorer par l'emploi d'un vernis gras à base de résine et de bains ramollissant le papier.


Le Petit Temps, Paris, 19 novembre 1895, p. 4.

À l'occasion de l'exposition universelle, qui se tient à Anvers (1894), l'entreprise Josz et fils est représentée dans différentes classe: Cartes d'itinéraires pour chemins de fer et compagnies de navigation à vapeur (classe 8), portraits, vues et reproductions d'art par la photographie sur métaux, ivoire, nacre, satin, marbre (classe 10), pancartes chromos et noires pour l'industrie, cartes d'adresse métallochromes, impressions sur celluloid (classe 11), plaques décoratives métalliques (classe 40). 

Le cinématographe (1896)

César Félix Josz profite de la vogue du cinématographe pour se lancer lui aussi dans les affaires des projections animées. Il est en pourparlers avec les frères Isola afin de faire l'acquisition d'un appareil de projection destiné à une exploitation à Vienne (Autriche-Hongrie).

isola freres 1896 04 22 courrier

Théâtre Isola
39 Boulevard des Capucines
DIRECTION

Paris, le 22 avril 1896

Monsieur C. F. Josz
Ingénieur

Comme suite à nos pourparlers, jusqu'à ce jour, nous vous cédons un appareil de projections animées au prix net de quinze mille francs consistant en
La Machine.
La lanterne avec son arc.
La cuvette.
Plus une série de dix bandes dont cinq en couleur, le dit appareil devant fonctionner à Vienne Autriche.
Nous nous engageons à livrer cet appareil dans la huitaine et a envoyé un de nos employés qui sera [...]  

Théâtre Isola, Monsieur C. F. Josz, Paris, 22 avril 1896.
REMOND, 1929: 427.

Il est probable que le courrier ait été envoyé depuis Bruxelles là où réside habituellement César Félix Josz.

josz cesar 1896 facture
Joz Ing. & Fils & Cie, B. Simons & Co, Bruxelles, 30 avril 1896.

Si l'on en croit les frères Isola, qui en parlent dans leur souvenirs, il a bien eu vente et peut-être aussi exploitation de l'appareil :

Les Isola firent ce que l'on pourrait appeler " une publicité monstre ", toutes proportions gardées. De petites voitures circulaient dans les rues de Paris, annonçant sur de grands panneaux, la présentation de " films en couleurs " au Théâtre Isola.
La fabrication de leur premier appareil ayant réussi, malgré quelques imperfections techniques, tel un petit sautillement des images, ils décidèrent d'en fabriquer un certain nombre pour les vendre à des amateurs. Le prix était de dix mille francs et ils eurent des clients, non seulement en France, mais à Berlin, Vienne, Bruxelles, etc.
Un an après cependant, ils abandonnaient cette branche de leur activité car, fait assez curieux, le cinéma qui avait engendré à sa parution le plus grand enthousiasme, périclitait et subit pendant quelque temps une éclipse.


ANDRIEU, 1943, 54.

Ces déclarations laissent à penser que César Félix Josz, qui réside à Bruxelles, pourrait aussi avoir commandé un exemplaire pour la Belgique.

Et après (1897-1902)

Après cette brève parenthèse cinématographique, César Félix Josz continue de s'occuper de son usine et de la fabrication d'objets en métal-émail avec un réel succès :

CARNET DE L'AMATEUR
ART DÉCORATIF
Il est assez à propos, par ce temps humide, de parler du revêtement en métal-émail de MM. Josz de fils et Cie, produit en usage pour préserver de l'humidité les habitations, rez-de-chaussée et sous-sol. Nous avons visité l'usine, boulevard Léopold II, 92, où règne la plus grande activité, voire un certain encombrement. Les locaux étant devenus trop exigus, la société a installé une seconde usine qui n'occupe pas moins de 2000 mètres, rue des Archers, à Koekelberg et la fabrication annuelle dépasse déjà 100,000 mètres carrés.
C'est M. l'ingénieur Josz lui-même qui nous reçoit très cordialement.
Il nous fait traverser les ateliers où fonctionnent d'immenses machines actionnées par force motrice, et nous conduit dans ses bureaux. Là il nous fait voir différents panneaux en métal-émail, dont deux représentent des paysages d'une belle perspective, et d'autres, des décors d'un beau coloris approprié aux divers styles.
-Ce sont, dit-il, les décorations extérieures de notre compartiment à l'Exposition, compartiment qui comprendra un chalet avec colonnades, balustrades, portes et frises ouvragées d'après les plus élégants modèles.
-Le métal-émail est donc applicable aux façades ? lui demandons-nous.
-Evidemment ! Il coûte 50 à 75 p. o. moins chez que la faïence; son application facile peut s'adapter à tous les genres de constructions; de plus nous le garantissons inaltérable pour de très longues années.
M. Josz nous montre ensuite des lettres élogieuses de grandes Sociétés de chemins de fer, de construction navale et autres qui, après expériences concluantes des revêtements en métal-émail malléable, en ont adopté l'usage; d'autres lettres encore des services d'hygiène qui en constatent les bons effets au point de vue de l'assainissement et de la propreté de l'habitation, supportant comme tel tout genre de lavage.
Les revêtements en métal-émail malléable constituent une de nos industries les plus florissantes, connue et appliquée déjà tant en Europe que dans les pays d'outre-mer.
Ce nouveau produit malléable de l'industrie d'art est en feuilles métalliques minces, revêtues d'un émail plastique et souple qui, en tous styles, représente les faïences et panneaux les plus artistiques, les frises les plus harmonieuses en couleur, et des imitations de marbres faites à s'y méprendre.


Le soir, Bruxelles, 15 février 1897, p. p. 3.

Il décède et est inhumé, en juillet 1902, au cimetière du Père-Lachaize.

Les activités de la société commerciale se poursuivent et en 1909 est fondée la société anonyme "Revêtements Josz".

josz 1909 societe anonyme
Revêtements Josz, Société Anonyme, Action de Jouissance. 1909. 

Source

REMOND Jean, "Les Frères Isola", Vu, nº 63, mai 1929, p. 426-427.

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