Théophile MICHAULT

(Villedieu, 1870-Fontenay-sous-Bois, 1940)

Jean-Claude SEGUIN

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François, Pierre Michault (Villedieu, 22/04/1831-) épouse Louise, Octavie Desforges (1843-). Descendance :

  • Louise, Octavie Michault (Villedieu, 06/06/1867-)
  • Théophile, Joseph Michault (Villedieu, 07/04/1870-Fontenay-sous-Bois, 20/01/1940) épouse (Paris 4e, 25/05/1897) Marie, Gilberte Conchon (Chénerailles, 26/02/1867-). Descendance :
  • Camille, Georges Michault (Villedieu, 07/04/1870-Villedieu, 26/04/1870)
  • Pierre Michault (Villedieu, 26/03/1873-)
  • Eugénie Michault (Villedieu, 20/07/1877-Villedieu, 01/09/1877)
  • Léon Michault (Villedieu, 23/12/1880-)

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Fils d'un journalier, Théophile Michault est recensé avec ses parents en 1872. Il est incorporé le 11 novembre 1891 au 90e Régiment d'Infanterie et, après moins d'un il est envoyé en congé. Sur le matricule militaire, il figure comme domestique. Dès le mois de septembre, il réside à Paris où naissent ses deux enfants. Son frère Paul, garçon de café, effectue son service en 1893. En 1897, Théophile exerce la profession d'homme de peine et son épouse est journalière. Du 1er au 23 août 1900, il accomplit une deuxième période d'exercice (obligations militaires).

La collaboration avec Georges Méliès (1901-1904)

Il arrive chez Méliès probablement à la fin de l'année 1900 ou en 1901. Georges Méliès l'évoque dans ses mémoires :

Voici maintenant quelques renseignements concernant les "opérateurs" employés successivement par Méliès. Ses premières vues du début furent tournées par lui-même: le premier opérateur professionnel qu'il forma fut Leclerc, auquel succéda Michaut [sic] qui devait, par la suite, en association avec Lallement et Astaix, également anciens employés de Méliès, ouvrir la première maison de location de films.


MÉLIÈS, 1945: 179.

L'American Kinetograph (1904-1907)

Dès 1904, François Lallement va constituer une société avec Maurice Astaix et Théophile Michault, qu'il avait connus chez Méliès :

L'AMERICAN-KINETOGRAPH qui, fondé en 1904, compta longtemps parmi les premiers offices de location ouverts en France.
MM. ASTAIX, LALLEMENT et MICHAULT qui se partageaient les services de cette importante entreprise, n'étaient pas de nouveaux venus dans la Cinématogrpahie.


"Agence Générale Cinématographique", Le Livre d'or de la cinématographie, Ciné-journal, Paris, 1911

François Lallement évoque la fondation de la société:

[Vous aviez fondé votre propre société]. Oui, qui s'appelait l'American Kinetograph au capital de 1400 francs, juste ce qu'il nous fallait pour acheter un matériel et un quart d'heure de projection, puisque à ce moment-là dans les théâtres ou dans les music-halls, on ne faisait qu'un quart d'heure de reproduction.


François Lallement, 1953.

La Michault et Cie ([1907]-1909)

Théophile Michault fonde sa société la "Michault et Cie" qui figure comme souscripteur de la Compagnie des Cinema-Halls.

La Compagnie des Cinema-Halls (1907-1908)

François LallementMaurice Astaix et Théophile Michault vont céder leur affaire à la Compagnie des Cinéma-Halls (rue Laffitte, nº 9) dont la fondation a lieu le 14 juin 1907 :

Contrat en date du 10 mai 1907, par lequel MM. Michault, Astaix et Lallement font cession de leur affaire d'exploitations cinématographiques portant sur seize établissements environ, sis tant à Paris qu'en province.


Les Assemblées Générales, 1907, p. 170.

La Compagnie après quelques années de succès va vite péricliter :

De l'AMERICAN KINETOGRAPH, les trois associés entrèrent comme chefs de service à la Société des CINEMAS-HALLS qui, déjà à cette époque, prétendait non sans esprit, centraliser sous le même capital, la location et l'exploitation des films.
Le destin de cette vaste entreprise fut précaire pour des raisons de pure finance. Quoique cela, avec son habile direction, sa durée éphémère ne fut pas sans éclat, et elle fit souvent pâlir une autre étoile qui prétendait à cette époque, être seule à briller.


"Agence Générale Cinématographique", Le Livre d'or de la cinématographie, Ciné-journal, Paris, 1911.

François Lallement se souvient de l'inauguration de l'Hippodrome :

[à propos du cinéma parlant] Gaumont s'en occupait beaucoup. J'étais son concessionaire, en 1907, et nous avons justement ouvert l'Hippodrome avec l'air comprimé. C'était Laudet, l'ingénieur Laudet, qui s'en occupait à ce moment-là.


François Lallement, 1953.

paris 1908 Hippodrome Le plus grand [...] bpt6k69641775 1
Compagnie des Cinéma-Halls, Hippodrome, 15 janvier 1908.

La faillite de la Compagnie conduit les trois collègues à reprendre leur indépendance.

L'American kinetograph (1908-1910)

Dès le mois d'avril 1908, l'American Kinetograph (installé au 3, rue de Larochette Projetée, 14e arrondissement de Paris) reprend ses activités. En 1909, on retrouve "MICHAUT [sic], ASSAIX [sic], LALLEMENT" au 57, rue St-Anne. :

Lorsqu'ils quittèrent les CINEMAS-HALLS, Messieurs ASTAIX, LALLEMENT et MICHAULT étaient admirablement préparés pour de hautes affaires. Ils créèrent alors l'AMERICAN-KINETOGRAPH avec l'autorité de leur triple concours et en firent une des plus grosses agences du moment.
Tous ceux qui se rappellent la fiévreuses activité des bureaux de la rue Sainte-Anne peuvent en témoigner ! Mais les besoins de la location augmentaient avec le nombre des Etablissements Cinématographiques qui s'installaient en France. Les grands producteurs de films se faisaient loueurs de leurs propres produits; il convenait d'apporter sur le marché des marques nouvelles susceptibles de donner aux programmes plus de variété: en un mot de servir les Cinémas "Indépendants". C'est ce que comprirent fort bien les Directeurs de l'AMERICAN KINETOGRAPH.


"Agence Générale Cinématographique", Le Livre d'or de la cinématographie, Ciné-journal, Paris, 1911

american kinetograph 1908 Le Rideau artistique et littéraire [...] bpt6k54658836 8
Le Rideau artistique, 11e année, numéro 557, Paris, 1908.

En avril 1910, Théophile Michault, souhaitant se consacrer à ses exploitations, quitte l'American Kinetograph qui est alors dissoute:

Paris.-Dissolution-5 avril 1910-Soc. Michault et Cie et Michault Astaix et Lallement, Américain Kinetograph, 161, Montmartre.- L.MM. Michault, Altaly et Lallement-5 avril 1910-P.A.


Archives commerciales de la France, 37e année, nº 32, mercredi 20 avril 1910, p. 719.

Cinématographes Le Lion (1908-1912)

La Compagnie des Cinématographes "Le Lion", société anonyme, établit ses statuts, sous seing privé, les 20 et 22 juillet 1908. Le capital s'élève à 1.000.000 francs et son siège social se trouve au nº 15 de la rue Grange-Batelière (Paris). La présidence est assurée par Pierre de Froberville, Roger de Beaulaincourt est directeur commercial et Théophile Michault, directeur technique. Ce dernier va confier à Georges Hatot la direction du théâtre situé, comme l'usine, au Pré-St-Germain. La situation instable de la société produit des tensions vives en décembre 1909 lors de la première Assemblée générale et conduit Théophile Michault à démissionner le 5 janvier 1910, même s'il reste directeur technique et actionnaire de la société. Les choses s'enveniment et va se régler devant les tribunaux. L'affaire va durer de longs mois et c'est finalement Théophile Michault qui a gain de cause, le 10 mai 1912, et la société sera condamnée à régler 11.893,15 francs.

Du Cinéma de l'Univers à l'Univers Cinéma-Music-Hall (1909-1916)

Théophile Michault voit-il la situation se compliquer à la société Le Lion ? Toujours est-il qu'avec son associé Georges Hatot ils fondent, avec Ernest Kahn, la société en nom collectif "Michault, Hatot et Kahn", le 14 septembre 1909. Elle a pour objet l'exploitation d'un cinématographe :

14 septembre 1909: Société en nom collectif Michault, Hatot et Kahn. Cinématographe. 53, boul. de Ménilmontant, Paris.


Revue industrielle, 1909, p. 554.

Il s'agit s'exploiter une nouvelle salle, le "Cinéma de l'Univers". La société est modifiée quelques mois plus tard au départ d'Ernest Kahn :

Suivant acte en date du 11 juin 1910, M. Ernest KAHN, demeurant à Paris, rue de l'Echiquier, nº 16, a cédé à M. Gustave BADER, demeurant à Paris, rue Thimonnier, nº 2, tous ses droits, soit un tiers, dans la société en nom collectif MICHAULT, HATOT et KAHN, exploitant, nº 53, à Paris, un établissement cinématographique dénommé "Cinéma de l'Univers".


L'Information photographique, 1900, p. 300.

La société "Michault, Hatot et Kahn" connaît des modifications en juin 1910 :

Modifications de sociétés
[...]
MICHAULT, HATOT et KAHN, 53, boulevard Ménilmontant-P.A.A 15 juin.


Le Courrier, Paris, 29 juin 1910, p. 7.

Une nouvelle société est créée au départ de M. Kahn remplacé par M. Bader qui quitte à son tour la société qui devient "Michault Frères" en 1911 :

Paris-Modifications aux statuts-Société MICHAULT, HATOT et BADER, établissement cinématographique, 53, b. Ménilmontant.-Par suite de la cession par MM. Bader et Hatot à MM. Michault de tous les droits leur appartenant dans ladite soc. la raison sociale devient MICHAULT frères.-2 oct. 1911-A.P.


Archives commerciales de la France, 28 octobre 1911, p. 1427.

La nouvelle société est toujours en activité en 1913 :

MICHAULT Frères, cinématographe, 53, boulevard de Ménilmontant.-A.P. 1er octobre.


Le Courrier, Paris, 17 octobre 1913, p. 5.

Peu après, une nouvelle société est constituée entre Théophile Michault et Berthe Gloker :

Cinématographe-rue Ordener, 134-Gloker et Berthe-Théophile Michault, Glorker et Cie.
Cinématographe (moitié d'un fonds de)-boulevard Ménilmontant, 53-Michault (Pierre)-Théophile Michault, Gloker et Cie-23 septembre.
Cinématographe (moitié d'un fonds de)-boulevard Ménilmontant, 53-Michault (Théophile)-Théophile Michault, Gloker et Cie.
Bail d'un terrain avec constructions-rue d'Alésia, 42-Michault (Théophile), Gloker Berthe et Gloekler-théophile Michault, Gloker et Cie.


Le Courrier, 13 octobre 1913, p. 8.

Dès l'année suivante, la société ouvre le cinéma "L'Univers-Cinéma-Music-Hall" de 1500 places, situé au 42 rue d'Alésia :

MM. Michault, Gloker et Cie viennent d'ouvrir au 42, rue d'Alésia un cinéma «L'Univers-Cinéma-Music-Hall», 1.500 places, installation modèle, à la fois pratique et luxueux. Orchestre de 1er ordre.
M. Michault est un des doyens de l'exploitation.


Le Film, 1re année, nº 7, 10 avril 1914, p. 9.

La société est transférée au 42, rue d'Alésias :

Modifications de sociétés. Théophile Michault, Gloker et Cie, cinématographe, 53 boulevard de Ménilmontant-Transfert du siège, 42, rue d'Alésias-G.P. 16 mai.


Le Courrier, 8 juin 1914, p. 7.

Il semble que les activités de la société et du cinématographe s'interrompe en 1916 :

M. Paul Henry, directeur d'Excelsior Cinéma-Music-Hall, le vaste établissement de l'avenue de la République, vient de prendre également la direction de l'ex-cinéma de l' "Univers", boulevard Ménilmontant. M. P. Henry n'est point pour nous un inconnu ; il est le sympathique fondateur du "Contrôle" (Association professionnelle des chefs de contrôle des Théâtres et Concerts de Paris).


La Rampe, 16 mars 1916, p. 2.

Son fils, Léon Michault figure comme opérateur sur son matricule militaire. Théophile Michault est recensé, en 1931, à Fontenay-sous-Bois où il décède en 1940.

Sources

BERNARD Youen, "L'absence d'organisation industrielle des petites sociétés cinématographiques. L'exemple de la Compagnie des cinématographes Le Lion (1908-1912)", 1895, revue d'histoire du cinéma, n°20, 1996. p. 5-23.

MÉLIÈS Georges, "Mes mémoires par Georges Méliès" dans Maurice BESSY et LO DUCA, Georges Méliès Mage, Paris, Prisma, 1945, 206 p.

MEUSY Jean-Jacques, Paris-Palaces ou le temps des cinémas (1894-1918), Paris, CNRS Éditions, 1995, 564 p.

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