- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 2 octobre 2024
- Publication : 24 mars 2015
- Affichages : 12855
Cyprien LACABANE
(Bougarber, 1865-≥ 1918)
Jean-Claude SEGUIN
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Barthélémy Lacabanne (-Bougarber, 28/06/1855) épouse Elizabeth Lamazou (-Bougarber, 27/12/1849)
- Jean Lacabane (Bougarber, 16/07/1829-) épouse (Bougarber, 03/03/1859) Jeanne Aubagna (Pau, 01/03/1828-Bougarber, 28/07/1889) . Descendance :
- Jean Lacabane (Bougarber, 14/06/1859-) épouse (Bougarber, 05/02/1887) Magdeleine Casimir (Artiguelouve, 18/01/1869-).
- Marie Lacabane (Bougarber, 10/02/1861-)
- Cyprien Lacabane (Bougarber, 24/05/1865-) épouse Marie, Anne, Augusta Bucherie (Saint-Augustin/Les Bassamards, 27/02/1869-Marseille, 11/04/1918). Descendance :
- Marie, Anne, Léontine, Jeanne Lacabane (Bordeaux, 07/01/1892-)
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Né au Pays basque, Cyprien Lacabane est installé à Bordeaux dès 1891 où il exerce la profession d'employé de commerce. C'est en 1899 qu'il va rencontrer Constantin de Daue dans des circonstances inconnues. Ce dernier vient de mettre un terme forcé, suite à un incendie, à sa collaboration avec Edmond Oger.
Le/The Royal Viograph : collaboration avec Cyprien Lacabane (juillet 1899-novembre 1901)
Constantin Daue, qui ne se décourage pas, va continuer l'aventure du cinématographe. Il ne lui faut que quelques semaines pour racheter un nouvel appareil, sans doute avec la participation de Cyprien Lacabane. Limoges est l'une des toutes premières villes - sinon la première - où les deux partenaires présentent le nouveau "Royal Viograph", connu aussi sous le nom de "The Royal Viograph". Le spectacle a désormais partie liée avec la Warwick Trading Company dont le directeur est Charles Urban. L'appareil de projection est d'ailleurs d'origine britannique :
Royal-Viograph
La première représentation qui a eu lieu jeudi a été un triomphe pour les aimables managers du Royal-Viograph.
L'appareil dont ils se servent et qui a été inventé par M. C. Urban est on ne peut plus perfectionné, les images qu'il reproduit sont nettes et précises.
Le public a vivement applaudi les tableaux divers qu'on lui a présentés.
Il a pris plaisir aux paysages américains oui se déroulent sous ses yeux aux épisodes véridiques de la guerre de Cuba, aux scènes poignantes de l'ambulance, aux amusants états d'âme du monsieur qui hérite.
Il s'est intéressé aux passages des rapides, à l'incendie de l'hôtel Windsor, aux remorqueurs luttant contre la tempête, au lancement d'un yacht à Brighton, aux féeries du Châtelet. C'est un succès que tiennent là les managers du Royal-Viograph.
Le Courrier du Centre, Limoges, samedi 15 juillet 1899, p. 3.
Un document exceptionnel permet d'identifier clairement le Royal-Viograph. Il s'agit d'une photographie où une main anonyme a rajouté: "Limoges, France 1899. R. C. de Daue, Mgr." où l'abréviation "Mgr" pourrait signifier "manager". La grande quantité de drapeaux français indique avec une très forte probabilité que nous sommes aux alentours du 14 juillet.
Royal-Viograph, Limoges, 1899
Source: Colin Harding et Simon Popple, In the Kingdom of Shadows (Londres, Cygnus Arts, 1996, p. 10)
Alors que le premier "Royal Viograph" semble avoir limité son territoire à l'Ouest de la France, celui-ci va sillonner tout le pays : Saint-Étienne (septembre-novembre 1899), Dijon (novembre-décembre 1899)... Alors qu'il est à Troyes (décembre 1899-janvier 1900), Rouen (février-mars 1900), Bordeaux (mai-juin 1900)..., Saint-Étienne (juin-juillet 1900), Lyon (juillet-août 1900)... En août 1900, la présence simultanée de deux "Royal Viograph", à Dijon et à Limoges laisse à penser que l'entreprise a prospéré et que deux appareils sont désormais en fonctionnement. Dans cette dernière ville, la presse évoque sa présence :
La grande course de la Petite Gironde, qui nous montre la place de la Comédie par un temps de pluie à Bordeaux, laisse entrevoir au premier plan, à droite, une silhouette bien connue des Limousins.
Un homme, en effet, s'agite pour maintenir l'ordre dans la foule, cet homme au chapeau melon, au teint bronzé et à la longue moustache noire, n'est autre que l'excellent Lacabane, l'imprésario de l'an dernier, celui qui débuta dans notre ville au Royal Viograph.
Le Courrier du Centre, Limoges, 8 septembre 1900, p. 3.
On les retrouve à Troyes à l'automne (octobre-novembre 1900), précisément au moment où, en octubre, un Royal Viograph s'installe à Montpellier dirigé par un certain M. Titeux, ce qui semble confirmer que plusieurs appareils circulent alors. Daue et Lacabane poursuivent leur tournée à Reims (novembre 1900-janvier 1901). Alors que Constantin Daue se trouve à Dijon (avril-mai 1901), Cyprien Lacabane présente un "Royal Bioscope" à Saint-Quentin (18 avril-12 mai). L'ambigüité sur le nom des installations cinématographiques laisse à penser que tout n'est pas très clair entre les deux collaborateurs. Le Royal Viograph de Daue poursuit sa route: Rouen (mai-juin 1901), Elbeuf, *Caen (juin-juillet 1901), Brest (juillet-août 1901)... mais on ne connaît pas le nom du responsable des autres occurrences. Que sait-il alors passé ? Toujours est-il que le nom "Royal Viograph" disparaît de la presse...
The Royal Vio (décembre 1901-[avril] 1904)
C'est le 18 décembre 1901 que Constantin Daue va déposer le titre du "Royal Vio" auprès du greffe du Conseil des Prudhommes de Bordeaux sans doute pour mettre fin à son utilisation par d'autres exploitants et, peut-être, en premier lieu, par Cyprien Lacabane. Il en est alors l'unique ou le principal propriétaire. La modification correspond-elle à un changement d'appareil, changement annoncé à Brest, en août 1901 ? Difficile de le savoir. Toujours est-il que l'on ne croise plus ensemble Daue et Lacabane. Dans les mois qui suivent, la presse semble hésiter entre "The Royal Vio", "Royal Vio", "Royal Vio ?", "Royal Bio", mais aussi "The Royal Viograph". La confusion est-elle entretenue par Constantin Daue et/ou Cyprien Lacabane ? La tournée continue : Toulon (mars-avril 1902), Clermont-Ferrand (avril-juin 1902), Orléans (juillet-août 1902)... Le flottement qui perdure va trouver une sorte de dénouement, à la fin de l'année 1902 lorsque Constantin Daue vend son affaire à Cyprien Lacabane. Ce dernier, de collaborateur devient le propriétaire du "Royal Vio". L'acte est passé, en date du 31 décembre 1902, devant Maître Direcks-Dilly, notaire à Bordeaux.
Vente d’un établissement forain de Constantin de Daue à Cyprien Lacabane, déposé aux rangs des minutes de Maître Jean-Edouard Dircks-Dilly, notaire à Bordeaux le 31 décembre 1902.
Source: Archives départementales de la Gironde. cote : 3 E 62550. [D.R.]
La vente a-t-elle entraîné des changements dans les relations entre Constantin Daue et Cyprien Lacabane ? Il reste difficile de vraiment le savoir, mais les deux noms ne sont plus associés dans les villes où The Royal Vio organise des proyections. Le nom de Lacabane est annoncé à Orléans (juin 1903) -sans confirmatión- et à Valence (décembre 1903) Dans d'autres villes, aucun nom de propriétaire n'est cité et la coïncidence de certaines dates laisse penser que deux ou plusieurs appareils circulent sous le même nom. Alors qu'Edmond Oger se trouve en Belgique - pour échapper sans doute à la justice française - et fait touner un Royal Bio dans plusieurs villes, Cyprien Lacabane et Constantin Daue le retrouvent à Viviers.
En Espagne, à Gérone, un Royal Vio est présenté en février 1905, et les responsables -mauvaise transcription phonétique- sont nommés Caula et Sacabana (ou Sacaliana) [sic]. Entre "Sacabana" et "Lacabane", il n'y a qu'un "L" mal transcrit de différence, quant à Caula, il reste plus difficile à identifier, "Daue" semble un peu éloigné malgré tout, d'autant plus qu'un autre "Royal Vio" organise précisément aux mêmes dates des projections à Tours.
Constantin Daue, qui se trouve souvent à l'étranger va être impliqué dans un jugement du tribunal de commerce de Lyon, comme le résume la presse locale :
Cinématographes et Propriété Industrielle
C'est l'ère du cinématographe. La France entière en est envahie. A Lyon, on en voit dans toutes les rues, dans tous les établissements de spectacles. Partout, ils donnent lieu à des procès. Le tribunal des commerce de notre Ville en a jugé de nombreux.
Le plus récent portait sur la propriété d'une marque célèbre en pareille matière : la marque " The Royal Vio " que connaissent bien nos compatriotes car bien souvent les affiches en sont apparues sur nos murs.
Cette marque a été créée par un gentilhomme russe, M. Constantin de Daue. Celui-ci avait ensuite cédé son établissement à un sieur Lacabane, et il s'agissait de savoir si le négociant était devenu en même temps propriétaire du titre " The Royal vio ", ou si cette propriété était restée au vendeur. D'ailleurs le procès ne s'engageait pas directement entre M. Lacabane et M. de Daue : il existait entre Lacabane et un nommé Rebière, qui avait obtenu de de Daue l'autorisation d'user de la marque " The Royal Vio ". Le baron russe y figurait comme appelé en garantie. Le tribunal a jugé que M. Lacabane, en achetant l'établissement de M. de Daue était devenu propriétaire du titre litigieux. Il a condamné M. Rebière à payer au demandeur à titre de dommages-intérêts, une somme de deux mille francs, dont l'industriel russe devra le garantir.
Mes Damiron, Breuillac et Condomine plaidaient en cette affaire.
Le Salut Public, Lyon, mercredi 16 avril 1908, p. 2.
Affaire assez bien résumée par Le Salut public et dont on peut consulter le détail dans le jugement complet ci-après.
Tribunal de Commerce de Lyon. Affaire Lacabane. 10 avril 1908.
Archives Départementales du Rhône. 6 up 1/849 à 859
A partir de 1908, Cyprien Lacabane semble mettre un terme à sa vie itinérante en s'installant dans la Loire, à Roanne :
The Royal-Vio-Théâtre.
Prochainement. Nous recevons la note que voici, qui fera plaisir au public, surtout aux enfants.
" M. Lacabane, propriétaire du Royal-Vio, a l’honneur d'apprendre aux familles dont il s’est toujours appliqué à mériter la confiance, qu’il va inaugurer à Roanne un genre tout nouveau de spectacle : Chant, Cinéma et Opérette. "
" M. Lacabane s’appliquera comme par le passé à ne donner que des ouvrages et des vues irréprochables. "
" Décors neufs brossés par M. Imbert, décorateur du théâtre de Bordeaux.
Journal de Roanne, Roanne, 28 novembre 1909, p. 3.
Ses affaires vont péricliter et Cyprien Lacabane est déclaré en faillitte:
TRIBUNAL DE COMMERCE DE ROANNE
Faillite Lacabanne.
Par jugement du tribunal de commerce de Roanne du 26 janvier 1910, le sieur Lacabanne. directeur de l'établissement du Royal-Vio, à Roanne, rue Georges Ducarre, n*5 a été déclaré en état de faillite à compter provisoirement du même jour.
Journal de Roanne, Roanne, 30 janvier 1910, p. 4.
Un syndic est nommé pour s'occuper de la liquidation:
TRIBUNAL DE COMMERCE DE ROANNE
Faillite Lacabanne.
Par jugement du tribunal de commerce de Roanne du 9 février 1910.
M. Coste, comptable à Roanne, a été nommé syndic définitif de la faillite du sieur Lacabanne, forain à Roanne.
MM. les créanciers sont avertis : 1º qu’ils doivent, dans le délai de vingt jours, se présenter en personne ou par un fondé de pouvoirs.au greffe dudit tribunal, à l’effet de déposer leurs titres, avec bordereau indicatif des sommes par eux réclamées.
2º Ils sont prévenus que, passé ce délai de vingt jours, ils ne seront plus admis à se faire vérifier qu’en vertu d'un jugement obtenu à leurs frais, conformément à l’article 503 du code de commerce;
3º Que les vérifications de leurs créances commenceront le 23 février 1910, à dix heures et demie du matin.
Journal de Roanne, Roanne, 13 février 1910, p. 4.
Les comptes du syndic sont présentés quelques mois plus tard:
Faillite Lacabanne.
MM. les créanciers de la faillite Lacabanne, ancien directeur de Cinématographe à Roanne, sont invités à se réunir au tribunal de commerce de Roanne, le 14 décembre 1910, à 11 h. 1/2 du matin, à l’effet d’assister à la reddition des comptes du syndic, conformément à l’article 537 du code de commerce.Journal de Roanne, Roanne, 4 décembre 1910, p. 4.
Par la suite, Cyprien Lacabane s'installe à Marseille où il figure comme représentant à la mort de son épouse. On ignore ce qu'il devient par la suite.
Source
CONVENTS Guido, Van kinetoscoop toto café-ciné. De eerste jaren van de film in België 1894-1908, Louvain, Universitaire Pers Leuven, 2000, 484 p.
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13/07-22/08/1899 | France | Limoges | Place de la République | Royal Viograph | Lacabane/¿Daue? |
<19/09->03/11/1899 | France | Saint-Étienne | Cours Victor-Hugo | Royal Viograph | inconnu |
17/11->05/12/1899 | France | Dijon | Cirque du Tivoli | Royal Viograph | *Daue |
<06>/12/1899 | France | Troyes | Café de l'Harmonie | Royal Viographe | Daue |
<11-25/12/1899 | France | Dijon | Cirque du Tivoli | Royal Viograph | *Daue |
30/12/1899-21/01/1900 | France | Troyes | Cirque Troyen | Royal Viographe | Daue |
02/02-07/03/1900 | France | Rouen | Cirque | Royal Viograph | Daue/Lacabane |
21/05-03/06/1900 | France | Bordeaux | Théâtre des Arts | Royal Viograph | Lacabane |
22/06->14/07/1900 | France | Saint-Étienne | Grand Théâtre | Royal Viograph | inconnu |
<29/07->13/08/1900 | France | Lyon | Casino | Royal Viograph | inconnu |
11->20/08/1900 | France | Dijon | Cirque du Tivoli | Royal Viograph | inconnu |
19/08-23/09/1900 | France | Limoges | Cirque | Royal Viograph | Daue/Lacabane |
10-[23]/10/1900 | France | Montpellier | Cirque Plège | Royal Viograph | Titeux |
13/10-04/11/1900 | France | Troyes | Cirque | Royal Viograph | Lacabane |
17/11/1900-01/01/1901 | France | Reims | Cirque | Royal Viograph | *Lacabane/Alphonse Moreau |
<07>/12/1900 | France | Béziers | Salle Ste-Ursule | Royal Viograph | inconnu |
<14->21/12/1900 | France | Béziers | Place de la Citadelle | Royal Viograph | inconnu |
01/02-17/03/1901 | France | Perpignan | Cirque Ancillotti-Plège | Royal Viograph | inconnu |
18/04-12/05/1901 | France | Saint-Quentin | Théâtre Municipal | Royal Bioscope | Lacabane |
22/06-07/07/1901 | France | Caen | Théâtre | Royal Viograph | inconnu |
06/1901 | France | Bordeaux | Imperator Viograph | ||
04/12/1901-12/01/1902 | France | Reims | Cirque | Royal Vio | inconnu |
15-16/03/1902 | France | Toulon | Grand Théâtre | Royal Vio ? | inconnu |
23/03-[06]/04/1902 | France | Toulon | Salle Marchetti | Royal Vio ? | inconnu |
24/07-15/08/1902 | France | Orléans | Nouveau Cirque | Royal Vio ? | inconnu |
28/02->09/03/ 1903 | France | Bordeaux | Place des Quinconces | Royal Vio | inconnu |
04/05-07/06/1903 | France | Clermont-Ferrand | Place Gambetta | Royal Vio | inconnu |
*06/1903 | France | Orléans | Foire | Royal Vio | Lacabane (juste annonce, car ne figure pas pendant la foire) |
29/08-11/10/1903 | France | Saint-Étienne | Cours Victor-Hugo | The Royal Vio | inconnu |
<30>/12/1903 | France | Valence | Champ-de-Mars | Royal Vio | Lacabane |
02/1904 | France | Dijon | |||
04/1904 | France | Chalon | |||
05-07/1904 | France | Lille | Royal Vio | ||
07/1904 | France | Tourcoing | Royal Vio | ||
09/1904 | France | Saint-Étienne | |||
fin 1904 | Belgique | Viviers | Le Manège | The Royal Vio | Oger/Daue/Lacabane |
18-19/02/1905 | Espagne | Gérone | Teatro Principal | The Royal Vio | Lacabane/[Daue] |
04/1905 | France | Limoges | Royal Vio | ||
05-06/1905 | France | Lille | Royal Vio | ||
07/1905 | France | Saint--Quentin | Royal Vio | ||
14->29/07/1905 | France | Saint-Étienne | Place Gambetta | Royal Vio | |
30->30/09/1905 | France | Roanne | Royal Vio | Lacabane | |
02/1906 | France | Carcassonne | |||
28/04-27/05/1906 | France | Dijon | Cirque du Tivoli | Royal Vio | Lacabane |
05-07/1906 | France | Lille | Hippodrome | Royal Vio | |
06/1906 | France | Nîmes | Royal Vio | ||
07-08/1906 | France | Saint-Etienne | Royal Vio | ||
08/1906 | France | Limoges | Royal Vio | Lacabane | |
<04-18/11/1906 | France | Roanne | Royal Vio | Lacabane | |
12/1906 | France | Nantes | |||
12/1906 | France | Bordeaux | |||
1909 | France | Roanne | The Royal-Vio-Théâtre | Lacabane |