La Fille du sonneur

1508 

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La Fille du sonneur

Le vieux sonne à toute volée emplissant l’église de la gaieté des cloches. Il regarde à sa montre et fait un geste joyeux. Sa fille l’attend, sa fille ! toute sa raison et sa joie de vivre. Il la trouve prête à sortir : une course pressée explique-t-elle. La voilà dans la rue.Un jeune homme élégant l’attend en automobile. Ils partent. La scène se déroule ensuite au Bois, dans l’enchantement des allées ensoleillées. L’heure passe. Du haut des tours, le vieux attend. Il attend éperdu, tressaillant au moindre bruit, sentant grandir en son coeur une épouvante inconnue. Paris, la grande ville, où s’agitent tant de misères et tant de passions, s’étend au-dessous de lui. Il fouille de son regard anxieux la foule silencieuse des toits aigus et innombrables. Où est sa fille, son enfant ? Vers quel point de cette immensité ! Peu à peu, la silhouette de la ville s’efface dans la nuit. Le vieillard seul en face des énormes gargouilles, semblables à des monstres impassibles, retombe accablé, la tête entre ses mains. Un tripot. L’amant joue. Poursuivi par l’inexorable fatalité, il perd. Il perd jusqu’à son dernier louis. Dans une mansarde, sa maîtresse l’attend en berçant son enfant. L’homme rentre, l’œil hagard, nouvelle recrue de la sombre et dolente armée du vice pauvre et de la détresse sans espoir. En proie aux lâchetés auxquelles l’argent plie les âmes et malgré les supplications apeurées de sa femme, il lui arrache les clefs des tours et dévalise le sonneur. Le vieillard, à son retour, trouve la pièce en désordre, le coffre-fort vide. Un objet par terre ayant appartenu à sa fille lui révèle le crime. Il la maudit. La scène se transporte de nouveau dans la mansarde. La femme, chassée par son amant, fuit avec son enfant. Elle fuit dans la nuit, le souffle brisé, le coeur vide d’espoir et sa marche affolée la conduit vers la Seine. Un marinier la retient au moment où elle va se suicider. L’instinct la ramène alors vers le lieu de son enfance. Notre Dame, énorme et mystérieuse, dort son sommeil de pierre et de longs souvenirs dans son îlot loin du Paris agité et grouillant. Elle dépose son enfant sur le parvis où il est recueilli par le vieux sonneur. Dix ans après. Le grand-père et la petite fille se promènent dans les allées d’un jardin public. Une mendiante leur tend la main. C’est la mère. Elle reconnaît son enfant, l’étreint et lui glisse dans un baiser quelques mots qu’elle ne devait pas oublier. Son enfantine confiance désarme le vieillard et fait subitement crouler tout son ressentiment au choc d’un sentiment très simple de pitié paternelle.

PAT 1906-09

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1 Pathé 1508  
2 (r) Albert Capellani. (s) André Heuzé  
3 ≤ 09/1906 235 m. 470 fr.
4 France  

3

30/10/1906
Diorama La hija del campanero
03/11/1906
La hija del campanero
12/12/1906
Salón Escudé La hija del campanero
29/06/1907
FranceParis, Théâtre des Gobelins
Pathé Frères 
La Fille du sonneur

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