Le Pendu

1592

 

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Le Pendu

Comme on lui refusait la main de sa bien aimée, un jeune homme résolut de se pendre. Il choisit une branche bien solide, avec des mains qui tremblent, forme un noeud coulant ; une sorte de fièvre le transporte. Adieu Sidonie, adieu vains espoirs, adieu ! Un jeune garçon, passant par là quelques secondes plus tard, aperçut tout à coup deux pieds, deux pieds d’homme qui pendaient à la hauteur de son visage. En levant les yeux, il vit un corps qui se balançait dans les feuilles avec des mouvements effarés, des gigotements au bout d’une corde, des bras jetés, des mains qui tâtent, cherchent un appui. Épouvanté, il s’enfuit prévenir le garde-champêtre. Celui-ci accourut et constata l’état des lieux. Puis il alla prévenir les gendarmes. Ceux-ci procédèrent administrativement et s’en furent prévenir leur brigadier, qui s’en fut prévenir le commissaire, qui accourut en hâte sur les lieux du drame. Quand il fut bien au courant des faits, quand toutes les constatations furent terminées, enregistrées et commentées, on dépendit le pendu. Il était déjà froid et tirait la langue horriblement avec une affreuse grimace. Un cycliste alors offre sa pompe et l’air sauveur se met à circuler dans les poumons du pauvre suicidé ; il frétille, il reprend pied. Ses oreilles tintent, ses yeux voient Sidonie. Car c’est bien elle et elle tombe dans ses bras ! Les grands chênes de la forêt furent alors témoins d’une scène pathétique : pleurs, embrassades, transports, à l’issue desquelles manifestations on se partagea la corde.

PAT 1906-11/12

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1 Pathé 1592  
2 n.c. Max Linder
3 ≤11/1906 155m
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16/12/1906 France, Paris, Théâtre du Cinématographe Pathé    
 
L'image représente un jeune homme, désespéré par des parents qui lui refusent la main de leur fille : le pauvre garçon s'en va vers la forêt voisine, et alors...
Un jeune homm' venait de se pendre...
entonne une voix gouailleuse, et, pendant qu'un artiste chante Le Pendu, et Mac Nab, nous voyons le petit drame se dérouler sous nos yeux :
Le brigadier, sans perdre haleine,
Enfourche son grand cheval blanc.
Et puis... et puis... il faut aller voir vous-même, car il y a des choses qui ne se racontent pas !
Le Journal, Paris, 17 décembre 1906, p. 5.

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