- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 23 juillet 2021
- Publication : 24 mars 2015
Arthur et Ivan GRÜNWALDT
(actifs entre 1894 et 1910)
Jean-Claude SEGUIN
1
Herman Günwaldt épouse Figel Friedman. Descendance :
- Michel Grünwaldt épouse Sacha Kalmen [Kalmer]. Descendance :
- Pavel Michailovitch [Paul Michel] Grünwaldt (Mitau, 18/04/1851-Nice, 20/01/1922) épouse Lydia Julievna Stern (Mitau, 14/01/1861-Paris 16e, 27/10/1925). Descendance :
- Wladimir, René, Alexandre Grünwaldt dit René Valfort (Paris 16e, 12/07/1893-Villejuif, 31/07/1959) épouse (Fontenay-aux-Roses, 12/01/1935) Thérèse, Marie Bertolino.
- Wladimir, André, Alexandre Grünwaldt (Paris, 21/03/1895-)
- Marie-Clémence Grünwaldt épouse Ichoua J. Smadja.
- Valérie Grünwaldt (Saint-Pétersbourg, 19/09/1882-1958) épouse (Paris 7e, Raphaël, Rodolphe Grunwald (Mitau, 05/02/1871-Paris, 27/06/1917). Descendance :
- Michel Grünwaldt (Pétrograd, 06/07/1884-Paris14e, 02/04/1940)
- Constantin Grünwaldt.
- Arthur Michailowitch Grunwaldt (Russie, [1869]-)
- Ivan Grunwaldt.
- Edouard Grünwaldt.
- Pavel Michailovitch [Paul Michel] Grünwaldt (Mitau, 18/04/1851-Nice, 20/01/1922) épouse Lydia Julievna Stern (Mitau, 14/01/1861-Paris 16e, 27/10/1925). Descendance :
2
La famille Grünwaldt d'origine russe s'est très tôt spécialisée, au XIXe siècle, dans le commerce de la fourrure. La " maison Grünwaldt, une des plus importantes de Russie dans ce genre d'industrie, a été fondée en 1843 ", et elle s'approvisionne " à la foire de Nijni Novgorod, le premier marché du monde pour la fourrure. Grâce à ces achats faits sur place, elle obtient les plus beaux produits, et il ne lui reste plus qu'à les préparer pour les diverses destinations auxquelles ils se prêtent. " (Le Panthéon de l'industrie, Paris, 26 mai 1878, p. 155). Pavel Michailovitch [Paul, Michel] Grünwaldt, alors âgé de 27 ans, est la figure de proue de la société sous la raison sociale " M. Grunwaldt et fils ".
Catalogue Grunwaldt (Hiver 1906-1907)
Il est installé à Riga (Russie), et participe à l'exposition universelle de Paris, qui s'est tenue du 1er mai au 31 octobre 1878, ce qui lui vaut l'obtention de la Légion d'honneur :
M. Paul Grunwaldt, le grand marchand de fourrures de Riga (Russie), nommé chevalier de la Légion d'honneur après l'Exposition, n'a pas quitté Paris. Il a retenu à l'hôtel Bellevue, avenue de l'Opéra, un grand appartement pour y placer l'immense stock de fourrures, qu'il a conservé et qu'il veut vendre avant de regagner son pays.
Le Figaro, Paris, 5 décembre 1878, p. 2.
Paul Grünwaldt revient à Paris, à l'occasion de la nouvelle Exposition Universelle de 1889. Son stand connaît un très grand succès, en particulier, auprès des nombreux souverains ou chefs d'État qui y passent. Après l'exposition, il va mettre en vente ses collections.
EXPOSITION UNIVERSELLE-Les fourrures russes de la maison Grünwaldt L'Illustration, Paris, 2 novembre 1889, p. 389 |
|
Le Figaro, Paris, 23 décembre 1889, p. 3. | The New York herald, New York, 15 août 1891, p. 4 |
La Vie Parisienne, Paris, 27 novembre 1897, p. 2. |
Au cours de l’Exposition, un certain Édouard Grünwaldt fait partie du jury de la classe 36 (Habillements des deux sexes) et, pour sa part, un A. Grünwaldt fait partie du jury de la classe 43 (Produits de la chasse-Produits, engins et instruments de la pêche et des cueillettes). (Journal officiel de la République française, 30 septembre 1899, p. 4759 et p. 4771. C'est au rez-de-chaussée de l'hôtel Dominici (9, rue Castiglione) que la vente va se poursuivre pendant plusieurs mois. Finalement, au mois d'août 1891, un établissement ouvre au 6, rue de la Paix. Autant P. M. Grünwaldt fait parler de lui, autant le reste de ses frères sont très discrets, sans doute, parce qu'ils sont toujours en Russie. On retrouve la trace d'un voyage d'Arthur M. Grunwaldt, fourreur, (Russie, 1869), aux États-Unis où il débarque, à New York, le 5 décembre 1894.
Le cinématographe (1896-1897)
Les frères Lumière ont mis en place un système de concession pour la diffusion et l'exploitation de leur cinématographe. En ce qui concerne la Russie, la figure essentielle, dans les premiers mois de l'exploitation, est le Belge Camille Cerf, envoyé semble-t-il par le journal Le Figaro :
Young Doublier was given an itinerary that was made up as fast as Cerf, of Le Figaro, could contact concessionaires.
LEYDA, 1960: 18.
Il est " l'homme orchestre " des vues tournées à l'occasion du Couronnement du tsar Nicolas II à Moscou (mai 1896). Pourtant, ses tentatives pour trouver un concessionnaire pour la Russie n'aboutissent finalement que quelque temps plus tard - sans doute entre juillet et septembre 1896 - d'après Jay Leyda :
But the Cinematographe's success at the Fair and in the Palace had done its work, and in Paris Cerf was approached by the two Grunwald brothers, Ivan and Arthur, who wished to buy the Russian concession.
LEYDA, 1960: 21.
Le lien entre ces deux frères et P.M. Grünwaldt est établi par Félix Mesguich dans les souvenirs que rapporte l'historien Coissac :
Et en septembre 1897, je mettais le cap sur la France.
À peine une semaine s'était-elle écoulée que je fus délégué comme opérateur auprès du concessionnaire pour la Russie, M. Grunwaldt (frère du grand fourreur de la rue de la Paix).
COISSAC, 1925: 425.
L'équipe d'Ivan Grünwaldt
Une première équipe va se mettre en place sous la responsabilité d' Ivan Grünwaldt :
Two mechanics were sent from Lyon to open the Moscow shop, and when Doublier finished in Schwerin, he was sent back in September to take technical charge in the new establishment.
Thus the troupe of Doublier, his assistant Swatton, under the management of Ivan Grünwald, transformed a little store on Kuznetsky Most into the Moscow headquarters of the Cinematographe. There they operated their triple-purpose machine as a camera in the morning, filming Moscow sights and people, as a projector in the afternoon and evening, and as a printing machine, printing the day's newly developed films for the showing the following day. Much of their morning filming was only pretence, merely as ballyhoo for the performance.The store was roomy, and they cooked and slept there too.
LEYDA, 1960 : 21.
Outre le responsable, l'équipe est constituée de Francis Doublier et d'un certain "Swatton", mais il es probable que le nombre et les noms des membres de cette équipe aient varié en fonction des circonstances. L'hiver 1896-1897 n'est guère favorable, d'une part à cause des troubles que connaît le pays., d'autre part par la multiplication de la concurrence. Grâce à la correspondance " Chapuis " nous savons que les relations entre Francis Doublier et Ivan Grünwaldt sont assez orageuses :
Je ne trouve pas étonnant que le fils Doublier ne soit pas heureux à Moscou quand ses prédécesseurs sont partis parce qu'ils ne pouvaient s'entendre avec leur directeur qui est un frère du mien.
Marius Chapuis, Lettre, Kiev, 12 janvier 1897. (Cité dans RITTAUD-HUTINET, 1985 : 159).
En outre, les tensions se multiplient à cause du manque de sérieux et de la légèreté d'Ivan Grünwaldt qui " emprunte " des vues Lumière et oublie de les restituer :
[...] figure-toi qu'il est arrivé une mauvaise blague à M. Doublier. Son directeur, un nommé Grenewaldt [sic], un " juif " qui a deux autres frères qui font aussi son commerce et dont nous supposons le tien un des leurs, aurait demandé à choisir seize bandes et ne les aurait jamais rendues. Ce pauvre Doublier, aux cent coups, écrit immédiatement à la maison pour conter son aventure. Alors les Messieurs [les frères Lumière] ont envoyé une facture à Grenvald [sic] et l'affaire s'est arrangée. Doublier en voit de cruelles avec son juif. Il se tient sur la défensive !
Lucie Chapuis, Lettre, Lyon, 28 avril 1897. (Cité dans RITTAUD-HUTINET, 1985 : 159).
Avec le départ de Francis Doublier, en avril, l'équipe initiale d'Ivan Grünwaldt disparaît, mais il est possible qu'elle se soit reconstituée avec d'autres opérateurs.
Les équipes d'Arthur Grünwaldt
Une deuxième équipe, pilotée par Arthur Grünwaldt, est constituée de Marius Chapuis, Paul Decorps et d'autres opérateurs (Mathieu, Charles Klein, [Perruissaud], Pradines...). Même s'il est probable que les relations aient été nouées auparavant, la première trace de la collaboration entre Arthur Grünwaldt et Chapuis date du mois d'octobre 1896, alors que l'équipe est installée à Odessa. Ce dernier signale qu' " Arthur part le 9/27 octobre. Je reste donc seul à Odessa. " Outre Odessa, où des séances vont avoir lieu d'octobre à décembre 1896, l'équipe ou certains de ses membres se déplacent dans des villes de la région : Nicolaïev et Kherson (novembre 1896). À la fin du séjour, l'équipe est quelque peu sur le qui-vive sans doute parce que les trajets se décident à la dernière minute :
Voilà quinze jours que je me prépare à quitter Odessa (cette chic ville), car avec le directeur que nous avons, on ne sait jamais ce qu'on va faire le lendemain. C'est pour ça que, devant partir lundi, nous sommes encore ici".
[...]
Nous n'allons pas à Kitchinev qui pourtant se trouve sur la route de Kiev parce que nous avons reçu une lettre de nos collègues de Pétersbourg sur laquelle ils disaient que les types de Riga s'ennuyaient à ne rien faire et demandaient à partir quelque part. Voilà pourquoi le bel Arthur leur a téléphoné de venir à Kitchinev pour y donner trois ou quatre séances.
Marius Chapuis, Lettre, Odessa 21 décembre 1896.
Le départ est à nouveau différé : " Nous devrions quitter Odessa le 13/25 décembre, vendredi soir, pour se rendre à Kiev. Mais Arthur était parti deux jours à Kitchinev." (CHAPUIS, 1896-1897). Au cours du mois de janvier, des modifications se produisent et les relations avec les Lumière semblent se modifier, en particulier en ce qui concerne la désignation des opérateurs.
Nous ne pouvons plus être imposés comme opérateurs aux directeurs. Si on veut rester, il faut accepter les conditions que feront les directeurs, sinon, retour en France, voyage payé.
Marius Chapuis, Lettre, 21 janvier 1897. (Cité dans RITTAUD-HUTINET, 1985 : 80).
On retrouve l'équipe Grünwaldt, Chapuis et Decorps, dans les premiers jours de février à Chernikov au sein de laquelle les relations semblent bonnes :
Nous sommes au mieux avec Arthur. Nous blaguons toujours avec lui. Rien ne paraît être changé entre nous. Il me paye de temps en temps à dîner comme par le passé. [...] Ce n'est pas avec nos collègues de Kiev, qu'il ferait ça. Il part les voir avec un plein wagon de colère pour eux.
Marius Chapuis, Lettre, mars 1897. (Cité dans RITTAUD-HUTINET, 1985: 80).
En sa qualité de responsable de l'équipe, Arthur Grünwaldt est conduit à se déplacer fréquemment et, parfois, à improviser des circuits en fonction des possibilités du moment. En outre, il dirige ses opérateurs avec une flexibilité qui les conduit à partir, parfois, de façon précipitée. Le grand tour de Russie se poursuit jusqu'en mai 1897, date à partir de laquelle plusieurs changements se font jour. La mise en vente officielle du cinématographe Lumière en est sans doute la cause. Les Lumière abandonnent le système des concessions et les opérateurs sont désormais traités comme des collaborateurs :
Nous sommes toujours ses Messieurs et non ses employés [...] Nous nous amusons bien souvent avec lui, malgré son rang plus élevé que le nôtre.
Marius Chapuis, Lettre, 8 mai 1897.
Par ailleurs, [Perruissaud] et Charles Klein se séparent de l'équipe d'Arthur Grünwaldt :
Jusqu'au 23 avril/5 mai nous sommes restés les trois sans nous ennuyer. Mais voilà que [Perruissaud] et Klein font leur blague, ne veulent plus travailler, alors Decorps est obligé de partir à Ekaterinoslav puis à Poltava.
CHAPUIS, 1896-1897
Ils vont désormais exploiter leur propre appareil cinématographique :
Le 5/17 juillet à midi nous arrivons à Kazan. Là il y avait déjà un autre appareil qui y travaillait. C'était [Perruissaud] et Klein. Nous faisons bon ménage ensemble. Nous ne pouvions pas partir d'ici, ne sachant pas où aller, nous attendions les ordres d'Arthur. Nous attendions impatiemment même. Le dimanche en allant souper après le théâtre avec les types, Decorps m'appelle dans la rue. Il venait d'arriver avec Arthur et ils nous cherchaient (réception d'Arthur me voyant avec ses ennemis). Decorps et moi passons la nuit avec nos copains, car nous devions partir le lendemain sans savoir où. Le lundi 7/19 juillet je devais partir avec [Kamareku] par le bateau de midi, mais les bagages arrivent en retard et j'attends le soir pour m'embarquer à 6 heures 1/2 avec Arthur et Decorps sur un parakhode de 2e classe.
CHAPUIS, 1896-1897.
Ces changements sont dûs également aux exigences des opérateurs qui ont du mal à poursuivre une telle vie à des conditions peu satisfaisantes, au moins, d'un point de vue financier :
Je vais profiter de la première occasion que je trouve pour dire à Arthur que j'en ai assez de cette vie. Nous en sommes aux mêmes idées, Decorps et moi, même le type qui est avec moi attend impatiemment le 5 juillet russe pour retourner chez lui; le temps lui dure de sa femme et de son enfant. Ça fera juste un mois qu'il sera au service d'Arthur et il en est complètement dégoûté; il le déteste affreusement
Marius Chapuis, Lettre, 9 juillet 1897, Nijni Taguil.
Marius Chapuis n'hésite pas à faire pression sur Arthur Grünwaldt afin d'arriver à ses fins et, en imaginant, que les opérateurs aguerris comme lui, lui sont indispensables :
Ça doit bien l'ennuyer un peu, Arthur, d'être obligé de changer de types, maintenant qu'il nous connaît, qu'il peut se dégager de beaucoup d'embarras sur nous qui nous débrouillons assez en russe pour ce qu'il nous faut, tandis que nos remplaçants ne sauront dire.
Marius Chapuis, Lettre, 9 août 1897, Kiev.
Dans une autre lettre, l'opérateur est encore plus explicite :
Il fait tout ce qu'il peut pour que je reste encore six mois ... mais je lui fait pousser la pomme de terre : s'il veut que je reste, qu'il me paye davantage.
Marius Chapuis, Lettre, septembre 1897.
Les deux hommes ne parviennent pas, semble-t-il, à un accord, et Marius Chapuis va rentrer à Lyon. Le départ de l'opérateur - et aussi de son camarade Paul Decorps - met sans doute à mal l'organisation d'une nouvelle équipe. Arthur Grünwaldt va donc faire appel à deux hommes d'expérience : Félix Mesguich et Francis Doublier. Le premier, qui rentre des États-Unis, explique comment il est engagé :
Un message urgent m'appelle à Monplaisir. Le journal le Figaro, qui avait acquis l'exploitation des brevets Lumière pour la Russie, vient de la céder à M. Arthur Grunwaldt, et ce dernier m'offre, à partir du 25 octobre 1897, un contrat de deux années.
MESGUICH, 1933: 18.
C'est sans doute vers la même époque que Francis Doublier accepte lui aussi de repartir pour la Russie. Les deux hommes vont à nouveau organiser des séances cinématographiques dans le Nord, mais aussi le Sud - l'Ukraine en particulier - :
However, just to be on the safe side, he persuaded Griinwald to start south on another tour.
LEYDA, 1960: 22.
Installé à Nijni Novgorod, en juillet 1898, à l'occasion de la célèbre foire annuelle, le pavillon du cinématographe est détruit par un incendie - peut-être criminel - et les deux hommes se rendent alors à Saint-Pétersbourg pour organiser de nouvelles séances de projections animées. C'est à l'occasion du tournage d'une vue, Caroline Otero, dont la vedette est la célèbre danseuse espagnole, qu'un incident grave conduit les deux cinématographistes à quitter précipitamment le pays :
I traveled all over Russia. At one city I witnessed a pogrom. At another, the police destroyed a film I had made of the Prince Napoléon, a member of the Russian royal family, because he had been photographed dancing with the lady of his affections, a professional dancer, and because no picture of a member of the royal family could be shown on a screen without special permission from the authorities.
DOUBLIER, 1956: 135.
Et de son côté Félix Mesguich précise :
Par le train de 8 heures du soir, le 27 septembre 1898, je quitte Saint-Pétersbourg, sans bagages, sans argent, pour gagner la frontière, en compagnie de deux policiers russes.
MESGUICH, 1933, 23-25.
Cet épisode semble également marquer la fin des activités d'Arthur Grünwaldt. Pendant quelque temps, ce dernier vit à Paris :
Arthur Michailowitch Grunwaldt (16 bis, rue Molitor, 16e arrondissement) [Passy, Auteuil].
Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administation, 1900.
Il mène alors une vie mondaine et familiale comme l'indique la note suivante :
Hier, dîner de famille chez M. et Mme Arthur M. Grunwaldt, dans leur jolie villa, à Auteuil.
Parmi les convives:
M. et Mme A. S. Melikoff, M. et Mme Th. Melikoff, M. et Mme P. Makaroff, M. et Mme C. Bardsky, M. et Mme P. M. Grunwaldt, M. et Mme C. M. Grunwaldt, M. et Mme Clark-Grunwaldt.
Le Figaro, Paris, 14 septembre 1900, p. 2.
Du côté professionnel Arthur Grünwaldt va participer à la constitution de la société anonyme " Fourrures Grunwaldt " (16 janvier 1900) dont il est l'un des administrateurs avec Paul-Michel Grünwaldt et Edouard Clark (Cote de la bourse et de la banque et le messager de la bourse réunis, 2 août 1900, p. 3).
L'année suivante, le nom d'Arthur Grünwaldt apparaît à la rubrique des successions. Julius Friedman, un millionnaire américain, décède en 1900 sans héritier direct. Il laisse sa fortune à des oeuvres de charité, mais les très nombreux successeurs potentiels vont vite se manifester. Parmi ces derniers, se trouvent les frères Grünwald :
MORE CLAIMANTS FOR THE FRIEDMAN ESTATE.
Five Brothers Well Known in European Capitals Declare They Are the Rightful Heirs.
One more set of claimants has arisen in the intricate contest over the valuable estate of the late Julius Friedman who died at the Palace Hotel in January of last year Already over thirty alleged heirs have appeared in the case asserting various degress of relationship, and voluminous depositions have been introduced in support of some of the claims Most If not all, of them are obscure peasants scattered all over Europe. The new claimants, however are of a different class. They are five brothers Paul M., Constantine, John, Arthur and Edward Grunwaldt and they are described as men of wealth and prominence well known in the capitals of Europe and the recipients of many distinctions. They assert that both of their parents were first cousins of Julius Friedman, and they believe themselves to be the only legal heirs that have thus far appeared.
The appearance of the Grunwaldt brothers will be filed in the Superior Court to-day by their attorneys ex-Judge Sanderson and Colonel H I Kowalsky.
In speaking of these new claimants Colonel Kowalsky said last night: “The Grunwaldt brothers are wealthy and titled people. Two of them live in Paris, two in St Petersburg and one in Moscow Paul M. Grunwaldt the eldest of the five is prominently identified with the Russian Sealskin Company, which succeeded to the Alaskan Sealing Company. He was vice-president of the jury of awards at the Paris Exposition, and has been decorated by the King of Belgium and by the Czar of Russia. He also wears the cross of the legion of Honor They were well acquainted with Julius Friedman, who visited them at the time of the Philadelphia Exposition in 1876, and they have since been in San Francisco, where they were entertained by Friedman All of the brothers are wealthy, and they probably would not have presented their claim - to Friedman’s estate, but for the belief that false claimants were coming in, and they therefore deemed it their duty to assert their rights. It is my judgment that if the Grunwaldt brothers establish their heirship they will dispose of the estate substantially as Friedman endeavored to do in his will. They do not need money but they propose to see that It does not go to persons whose claims are fraudulent.
The Friedman estate is valued at $500.000. The testator bequeathed about $120.000 to personal friends, and the remainder was given to various charitable institutions. In explanation of these large bequests to charity, Friedman stated in his will that he had no living kinsfolk.
San Francisco Chronicle, San Francisco, 27 May 1901, Monday, p. 2.
Cet interminable procès va opposer, jusqu'en 1918, l'Hebrew home for aged disabled et al. de San Francisco - qui est l'héritier désigné par Julius Friedman - aux plaidants dont les frères Grünwaldt. En ce qui concerne ces derniers, nous connaissons leur localisation en 1908 :
Arthur Grunwaldt, whose address is Paris, France; Constantin Grunwaldt, whose address is Paris, France; Edward M. Grunwaldt whose address is St. Petersburg, Russia; John M. Grunwaldt, whose address is Paris, France; Paul M. Grunwaldt, whose adress is Paris, France.
Town Talk, San Francisco, 1er février 1908, p. 31.
Le nom d'Arthur Grünwaldt comme celui de son frère Ivan disparaît ensuite de la presse. En revanche, dès la fin de la guerre, le fils de Paul Grünwaldt, Wladimir Grünwaldt va devenir un actif militant de la cause pacificiste et il fréquente les milieux socialistes, intervenant à de très nombreuses reprises sous le pseudonyme de " René Valfort ". Non sans ironie, le journal L'Intrasigeant dresse son portrait :
C’est un singulier personnage que ce M. Grunwaldt, dit René Valfort, chez lequel M. Bamaud, juge d’instruction, a perquisitionné avant-hier en raison des menées communistes.
M. Grunwaldt, qui demeure avec sa mère, Mme veuve Pawel Milkailovitch Grunwaldt, avait pour père le fondateur de la grande maison de fourrures de la rue de la Paix, qui porte son nom et qui, depuis la mort de M. Grunwaldt père, est gérée par la mère et par le fils. La maison s’est intitulée, d'ailleurs non sans fierté : " Fournisseur de la Cour impériale de Russie ".
Mais la Cour impériale de Russie s'en est allée finir atrocement au fond des geôles bolcheviques ; ses membres ont été décimés l’un après l’autre et suppliciés par les soldats ivres, et M. Grunwaldt a tourné aujourd'hui au communisme.
N’empêche qu’il est assez piquant de penser que la maison, si elle ne fournit plus la Cour de Russie, est heureuse d'approvisionner d’autres maisons princières et toute une clientèle de luxe et de choix à qui elle donne pour de l’argent des manteaux de zibeline de 3 à 400.000 francs. Si ces pelleteries de haut prix n’étaient vendues qu’aux dames de l’ambassade de Russie, on excuserait le zèle communiste de M. Grunwaldt, mais la clientèle aristocratique et bourgeoise qui est la sienne ne serait-elle pas fort étonnée si on lui disait que les bénéfices qu’elle apporte à cette maison vont alimenter les fonds do la propagande soviétique ?
L'Intransigeant, Paris, 10 mai 1925, p. 2.
Ce portrait est complété par celui du Petit Parisien :
Un autre commissaire à la police judiciaire, M. Caron, est allé perquisitionner chez M. Grunwald, dit René Valford, âgé de trente ans, administrateur de la maison de fourrures Grunwald du 6, de la rue do la Paix. M. Grunwald occupe, avec sa mère, un superbe appartement dans un important immeuble, dont il est le propriétaire, situé i, avenue Ingres, près du bois de Boulogne. M. Grunwald, que certains appellent le " millionnaire anarchiste ", est assez répandu dans les milieux d'extrême gauche, où il prend volontiers la parole. Désirant le " bonheur du genre humain ", cet idéaliste aide volontiers les « compagnons » dans le besoin.
Le Petit Parisien, Paris, 8 mai 1925, p. 2.
Bibliographie
CHAPUIS Marius, Souvenir de voyages en Russie commencés le 24 mai 1896 terminés le octobre 1897 (manuscrit).
DOUBLIER Francis, "Reminiscences of an Early Motion Picture Operator", Image, Journal of Photography and Motion Pictures of the George Eastman House, vol. 5, nº 6, juin 1956, p. 134-135.
GILSON Paul , "J'ai tourné la manivelle ce 28 décembre 1895 au Grand Café", L'Écran français, Paris, nº 25, Noël 1945. p. 5 et 42.
GRASSET Christine, Frédéric DESCOUTURELLE et Olivier PONS, " La Sépulture Grunwaldt au cimetière nouveau de Neuilly-sur-Seine ", Le Cercle Guimard, (http://www.lecercleguimard.fr/fr/hector-guimard-architecte/loeuvre-de-guimard/sepultures-2/sepulture-grunwaldt-cimetiere-nouveau-de-neuilly-seine/)
LEYDA Jay, Kino A History of Russian and Soviet Film, Liverpool/London/Prescot, Cl Tinling & Co, 1960, 494 p.
MESGUICH Félix, Tours de manivelle, Paris, Grasset, 1933, 304 p.
PARIS Marie-Claude, " Sépulture Grundwaldt : l'énigme de la consonne muette ", Le Cercle Guimard, (https://www.lecercleguimard.fr/fr/sepulture-grundwaldt-lenigme-de-consonne-muette/)
RITTAUD-HUTINET Jacques, Le Cinéma des origines, Seyssel, Champ Vallon, 254 p.
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<21/10/1896 | Russie | Odessa | 46, Perspective Newsky | Cinématographe Lumière |
>21/10/1896 | Russie | Nicolaïev | Cinématographe Lumière | |
05/11/1896 | Russie | Odessa | Cinématographe Lumière | |
06¦24/11/1896 | Russie | Kherson | Cinématographe Lumière | |
>24/11/1896 | Russie | Nicolaïev | Cinématographe Lumière | |
<25/12/1896 | Russie | Kitchinev | Cinématographe Lumière | |
05-11/02/1897 | Russie | Chernikov | Théâtre | Cinématographe Lumière |
12->12/02/1897 | Russie | Kiev | Cinématographe Lumière | |
17/02-07/03/1897 | Russie | Rostov | Théâtre Asmolov | Cinématographe Lumière |
>04/03-<10/03-1897 | Russie | Kiev | Cinématographe Lumière | |
10->10/03/1897 | Russie | Rostov | Théâtre Asmolov | Cinématographe Lumière |
11/03/1897-11/03/1897 | Russie | Novotcherkassk | Cinématographe Lumière | |
11/03/1897-15/03/1897 | Russie | Rostov | Théâtre Asmolov | Cinématographe Lumière |
15/03/1897-16/03/1897 | Russie | Novotcherkassk | Cinématographe Lumière | |
16->16/03/1897 | Russie | Rostov | Théâtre Asmolov | Cinématographe Lumière |
29-30/03/1897 | Russie | Novotcherkassk | Cinématographe Lumière | |
06/04-21/05/1897 | Russie | Tiflis | Cinématographe Lumière | |
>21/05-<09/06/1897 | Russie | Kitchinev | Cinématographe Lumière | |
>21/05-<09/06/1897 | Russie | Nicolaïev | Cinématographe Lumière | |
>21/05-<09/06/1897 | Russie | Odessa | Cinématographe Lumière | |
09-13/06/1897 | Russie | Simféropol |
Théâtre | Cinématographe Lumière |
>13/06/1897 | Russie | Sébastopol | Cinématographe Lumière | |
>14-<05/06/1897 | Russie | Odessa | Cinématographe Lumière | |
05->05/06/1897 | Russie | Sébastopol | Cinématographe Lumière | |
27->27/06/1897 | Russie | Ekaterinbourg | Cinématographe Lumière | |
09-10/07/1897 | Russie | Nijni Taguil | Cinématographe Lumière | |
>10-<18/07/1897 | Russie | Perm |
Cinématographe Lumière | |
23/07-06/08/1897 | Russie | Kharkov | Bavaria Cirque | Cinématographe Lumière |
07-19/08/1897 | Russie |
Kiev | Cinématographe Lumière | |
>19/08/1897 | Russie | Saint-Pétersbourg | Cinématographe Lumière |