LA MANIFESTATION GILLES

Arrivée des délégations du Parti ouvrier, de nos amis Furnemont, Maes, allant à la rencontre du héros de la fête

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Arrivée des délégations du Parti ouvrier, de nos amis Furnemont, Maes, allant à la rencontre du héros de la fête

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1 Étienne Thévenon  
2 Étienne Thévenon
3 31/07/1901  
 

La Manifestation Gilles
Le citoyen Gilles, sorti récemment de prison, a été l'objet, mercredi, d'une manifestation de sympathie, de la part des verriers, nous écrit notre correspondant.
Partout on a chômé. Dans certaines verreries, la direction a usé de condescendance. Ailleurs, le chômage a eu lieu contre le gré des patrons et les souffleurs, 1ers et 2es gamins auront à payer des dommages-intérêts prévus par les contrats d'engagements ; étant donné l'état de la fabrication moyenne actuelle, ces dommages s'éléveront à 100 francs par trois personnes.
Vers 8 h. 1/2 du matin, les verriers s'assemblent en grand nombre à l'Union Verrière, place de Lodelinsart, d'où ils partent en cortège une heure plus tard, précédés d'un fort contingent de cyclistes dont les machines enguirlandées de rouge. Ce cortège, fort de 4000 personnes environ, est précédé des députés Furnemont, Léonard et Lambillotte, du citoyen Libioulle, ex-ñcandidat sénateur socialiste, et des fortes têtes de l'Union Verrière. Cinq drapeaux et sept loques rouges y figurent.
Rue des Piges, à Dampremy, le cortège a attendu le train amenant de Charleroi le citoyen Gilles. À sa descente du train, les acclamations retentissent.
Gilles se mêle aux troupes pendant quelques minutes. Un cinématographe fonctionne et prend la scène.
Puis, le cortège se remet en marche, au son de deux musiques. Les verriers porten des bouquets et des cadeaux ; on remarque un immense bouquet des "Américains" ; ces derniers sont des verriers belges qui chaque année vont faire la campagne verrière en Amérique.
Au haut de la rue des Piges, sept jeunes filles viennent offrir un bouquet à Gilles, qui les remercie, tandis que le citoyen Furnémont se met à fondre en larmes !
Dans les groupes, on chante la Carmagnole, avec ces paroles adaptées ; "Aux jambes de bois la guerre", et d'autres chants socialistes.
À la suite des groupes, un breack et deux carrioles décorés de rouge sont occupés par des pochards qui crient à tue-tête.
Le cortège se dirige vers Jumet, pour revenir ensuite à Lodelinsart, au local de l'Union Verrière, où ont eu lieu un meeting et la remise des cadeaux et des bouquets au "martyr" Gilles.
A Lodelinsart, Dampremy et Jumet, assez bien de maisons étaient pavoisées ou avaient arboré des inscriptions en l'honneur de Gilles.


Le XXe siècle, Bruxelles, 1er août 1901, p. 1-2.

 
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05/08/1901 Belgique, Charleroi
Étienne Thévenon

Arrivée des délégations du Parti ouvrier, de nos amis Furnemont, Maes, allant à la rencontre du héros de la fête

 

Au grand Cinématographe Français.
-Nous avons assisté ainsi qu’un nombreux public, à la représentation donnée hier dans cet établissement, déjà connu et fort apprécié de nos concitoyens.
La salle de spectacle est spacieuse et parfaitement aménagée.  Devant la scène, des plantes ornementales, groupées gentillement [sic], forment un parterre du plus gracieux effet. Les scènes défilent sous les yeux charmés des spectateurs, aux sons de valses, de marches exécutées au piano.
Le programme est bien composé, à la fois instructif et amusant. À noter surtout, « danseuse de ballet, la fête des fleurs, l’agent plongeur, la sortie des verriers de leur local de Lodelinsart, et enfin « Plus fort que Frégoli », qui m’a paru le clou de la soirée.
Je renvoie mes lecteurs au compte rendu que Billy-Young a donné, dans le Journal d’hier, de la manifestation Edmond Gilles. On y lira qu’un cinématographe a pris quelques vues du cortège. En voici les titres : « Formation du cortège devant l’Union Verrière », « Arrivée des délégations du Parti ouvrier, de nos amis Furnemont, Maes, allant à la rencontre du héros de la fête », « La Rencontre », « Défilé du cortège, les cyclistes, les drapeaux », et enfin « Edmond Gilles, les députés Lambillotte, Léonard, Cavrot, et notre excellent camarade Georges des Essarts ».
Ces vues seront données lundi prochain, et nous pouvons dire que tout le monde voudra aller les voir. Les verriers, tous les manifestants, voudront revoir les scènes inoubliables qui se sont produites mercredi, savourer encore les péripéties diverses de cette rentrée triomphale du Président Gilles dans sa bonne commune de Lodelinsart.
Nous félicitons, sans réserves, M. Thévenon de son heureuse idée, et souhaitons à son entreprise le succès le plus vif.
GÉO E.


Journal de Charleroi, Charleroi, 2 août 1901, p. 2.

Au Cinématographe Français.-
Nous avons rendu visite à l’établissement que dirige, devant l’Hôtel-de-Ville, le sympathique M. Thévenon. On a renouvelé entièrement le programme et, si c’est possible, on a trouvé mieux encore à nous offrir. La devise du directeur doit être « Excelsior », n’en doutez point.
Certains numéros sont de toute beauté et, parmi ceux-ci, il convient de citer en première ligne « Les Acrobates » représentant toute une famille gracieuse et nerveuse à souhaits. Le père, couché sur le dos, fait sauter sur les pieds tous ses enfants, les faisant pirouetter dans l’air dans les positions les plus diverses. Puis « Une baignade de chevaux », « Une charge de dragons », et enfin pour la partie comique : « Un dîner infernal », « Vengeance de belle-mère » (le châtiment de la coupable est terrible), « La fête des fleurs », etc.
On annonce enfin « la manifestation Gilles » et l’attention redouble. Les exclamations partent de tous les coins de la salle, quand défilent les personnes connues, les amis, les compagnons de travail. « Waites Colas, on ! » - Là Arthur, la, padri l’blanc Joseph ». On reconnaît tout le monde, sans hésitation. Les verriers sortent de l’Union – se mettent en rangs, précédés des cyclistes aux machines fleuries et enfin, derrière une musique, dans l’enthousiasme général aux bras de camarades, le héros de la fête, Edmond Gilles. La vie déborde de ces tableaux, cela grouille de têtes, de figures où reluit la joie la plus vive.
Nous engageons encore une fois nos amis à aller voir tout ça. C’est curieux et charmant.


Le Journal de Charleroi, Charleroi, 10 août 1901, p. 2.

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