Alfred Claude BROMHEAD

(Portsea Island, 1876-Surrey, 1963)

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Alfred Claude Bromhead
London and Provincial Entr'acte, 4 February 1905, p. 9

Jean-Claude SEGUIN

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Samuel Sidney Bromhead (Bristol, 29/12/1835-Croydon, 28/03/1907) épouse (Axbridge, 22/08/1867) Jane Watts (Mark, 1846-Camberwell, 03/01/1893). Enfants :

  • Harold Watts Bromhead (Bristol, 23/07/1868-Londres, 14/041943)
  • Mabel Watts Bromhead (Bristol, 1871-1942)
  • Walter Sidney Bromhead (Bristol, 08/12/1872-Cammeray, 24/07/1944)
  • Herbert Leigh Bromhead (Southsea, 27/04/1875-1944)
  • Alfred, Claude Bromhead (Portsea Island, 25/07/1876-Surrey, 05/03/1963)
    • épouse (Londres, 07/1906) Olive Guest ([1885]-Staines, 15/07/1911)
    • épouse (Hackney, 18/06/1914) Gertrude Carmela Comer (11/06/1881-Basingstoke, 27/09/1947).
    • épouse (12/1950) Margaret Eileen Eaton
  • Daisy Bromhead (1879-)
  • Reginald Charles Bromhead (Londres, 01/10/1883-St Johns Wood, 15/12/1956)
  • Bernard Henry Bromhead (Londres, 15/09/1885-Golders Green, 06/03/1945)

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Fils d'un " patent agent " (conseiller en propriété industrielle), Alfred Claude Bromhead passe son enfance et sa jeunesse à Londres. Il rejoint le 4th Queen's Regiment (4e Régiment de la Reine) en 1889.

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London Evening Standard, 28 juin 1900, p. 9

C'est vers l'âge de 20 ans qu'il va rentrer en contact avec le monde naissant du cinématographe. Il est employé par William John Le Couteur, le représentant du Comptoir Général de Photographie pour le Royaume-Uni et il fait partie, très problablement, de l'équipe qui filme le Jubilée de la Reine Victoria (22 juin 1897). Lorsque les relations entre Léon Gaumont et Le Couteur vont se dégrader, à l'automne 1898, c'est Alfred Claude Bromhead qui va devenir le nouvel homme clé. Dès l'été, il est chargé par l'industriel de trouver un local pour installer une agence en bonne et due forme :

[à Alfred Claude Bromhead, Londres]
5 août 1898
K. 14 105
Monsieur A. C. Bromhead
Coniston Hawke Road Upper Norwood, London S.E.
Nous apprenons avec plaisir par votre lettre du 3 courant que nous sommes d'accord en vue du contrat.
Avant de régler définitivement cette question de l'Agence à Londres il reste un point important à terminer, c'est celui du local à occuper ; vous conviendrez que nous ne pouvons pas arrêter un employé sans avoir un local à lui offrir. Peut-être voulez-vous nous rendre le service de nous renseigner à ce propos ?
Ainsi que nous vous l'avons dit à notre dernier entret[ien] à Londres, nous voudrions une petite boutique dans le voisinage de Charing Cross ou de Leicester Square ou entre les deux. Prix de 1800 à 2000 frs (par an). Si les affaires marchent très bien nous aurons toujours la possibilité de prendre plus grand et mieux placé : allons d'abord doucement & sûrement. Dès que vous aurez trouvé 2 ou 3 locaux j'irai à Londres & nous pourrons vous [mots effacés].
Bien entendu nous ne voudrions pas aller là-bas sans trouver un local approprié. Nous nous en rapportons à votre expérience & à votre jugement pour notre affaire.
A vous lire agréez nos salutations empressées.
L. Gaumont & Cie.


Corcy, 349-350

Alfred Claude Bromhead, qui oublie les conditions qui l'ont conduit à occuper la place de représentant, explique de son côté cet épisode :

In 1897 [sic], I already had some little knowledge of photography, and, seeing the possibilities over here, suggested to Mr Gaumont the establishment of an English house. This was done, and I was made manager, which position I have held ever since.


"Chats with Trade Leaders. nº 3-Mr. A. C. Bromhead (or Gaumont &Co)", The Optical Lantern and Cinematograph Journal, February 1905, p. 85-86.

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The Era, Londres, 10 novembre 1900, p. 30.

Le poste Gaumont de la capitale britannique se met alors en place et à la fin de l'année 1898, un employé, Mr. Regnault, est embauché pour seconder Bromhead (Léon Gaumont, Lettre à Monsieur Bromhead, Paris, 29 décembre 1898. CORCY, 374). Son jeune frère Reginald Bromhead le rejoint quelque temps après.  Afin de pouvoir satisfaire les demandes de Gaumont, Bromhead ne se limite pas à vendre des produits et des appareils, il devient vite cinématographiste. Dans un premier temps, il loue un terrain à Loughborough Junction, non loin de Londres :

I had also constructed a small open air platform in 1899, and taken one or two short pictures, but our efforts did not meet with the approval of Mr. Gaumont at that time, and it was abandoned. Whe then directed our energies to taking topical and new films.


AC. Bromhead, "Reminiscences of the British Film Trade", Proceedings of the British Kinematographe Society, nº 21, London, British Kinematographe Society,  11 december 1933, 8.

L'échec de cette première tentative va le conduire à collaborer avec Cecil M. Hepworth, fondateur de la société Hepworth & Co, qui possède un studio à Walton-on-Thames, dans la seconde moitié de l'année 1900 :  

“You must have a very large staff of workmen to cope with the demands you have.”
“That’s so, and we have. But we are exceptionally well off. Besides our Lyons house we have large works in Paris. Besides these we have, through our connection with Hepworth, a complete factory and studio in England for the manufacture of films.”
“Oh, so you make films as well.”
“Yes, we make our own both abroad and at Walton-on-Thames. The produce of the former is known as the Elge collection, and, of course the latter are the well-known Hepwix films, for which we are the sole wholesale agents. We also carry a continually changing stock of Lumière films. Where we have the pull over other makers, though, is in the methods employed at Walton-on-Thames. Mr Hepworth has invented and patented a most ingenious arrangement by which the film is automatically developed-not upon a drum, as is usually the case-but in a long trough.”
“Have you done anything of the lightning-result style? You know what I mean. Photographed at 4 0 p.m., developed in a hansom cab at 4 30 p.m., printed on the top or a ‘bus at 5 0, and shown somewhere to crowded audiences at six o’clock.”


The Era, London, January 12, 1901, p. 22.

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The Era, Londres, 3 novembre 1900, p. 31  
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The Era, Londres, 13 août 1904, p. 31
The Era, Londres,
18 octobre 1902, p. 32
 

La collaboration avec Cecil M. Hepworth va se prolonger pendant plusieurs mois jusqu'à la fin de l'année 1901, mais Alfred Claude Bromhead revient à son idée première et décide de construire son propre studio de prise de vues et c'est ainsi qu'il va revenir à Loughborough Junction où il va tourner des films à partir de l'automne 1902 et jusqu'à début du printemps 1904. À l'été, c'est à Champion Hill que s'installent les nouveaux studios de la L. Gaumont and Company. C'est en avril de cette même année que les premières présentations du chronophone ont lieu. Une séance exceptionnelle et privée est ainsi organisée le 14 avril 1904 :

TALKING PICTURES
Perfect synchronism with isochronism is the secret of the success of the chronophone, or speaking animated pictures apparatus, privately exhibited yesterday at the Grand Theatre, Fulham [...]


London Daily News, London, 15 April 1904, p. 9.

Il faut attendre pourtant le 21 novembre pour que nouvelles séances publiques soient organisées à l'Hippodrome de Londres :

A combination of the cinematograph and the gramphone was to be looked for. In fact more than one attempt to work these two modern inventions together has been made, but with little success. At the Hippodrome, however, the difficulties have been overcome, and mechanical music and animated photographs have been blended in a wonderful manner. Of the pictures thrown on the screen laste night one of the finest was that of a negro, who sings a laughing ditty of the weel-known type. The movements of the darkie's mouths and the expression of his face, with the "singing machine" keeping perfect time, prove contagious, and compel the audience to join in the mirth. Mr. Moss has undoubtedly scored a success with the chronophone.


St James's Gazette, 22 November 1904, p. 15.

Au cours des années suivantes, des phonoscènes vont être réalisées à Londres, et les diverses présentations sont couronnées de succès.

La succursale londonienne du Comptoir Général de Photographie fait montre d'une incontestable vitalité qui pourrait même parfois faire pâlir la maison mère. En mai 1904, elle va s'occuper de la distribution des films de la toute nouvelle Clarendon Film Co :

This series may be seen at the Show-rooms of our London Agents, Messrs L. GAUMONT and Co., 25, Cecil-court, Charing-cross, London, W.O.


The Era, Saturday 9 July 1904, p. 32.

Sous la houlette efficace d'Alfred, Claude Bromhead les tournages se multiplient à un rythme soutenu et le manager ne peut plus prendre en charge la totalité des tournages. C'est d'ailleurs ce qu'il laisse entendre en 1905 :

"Do you use the camera yourself, Mr. Bromhead?
"Well, I love the work, but with increasing business find little opportunity for indulging. There is an air of excitement and bustle which few professions possess, and on finds oneself in curious situations.


"Chats with Trade Leaders. nº 3-Mr. A. C. Bromhead (or Gaumont &Co)", The Optical Lantern and Cinematograph Journal, February 1905, p. 87.

Il y a donc autour de lui une équipe qui le seconde. Nous n'en savons pas grand-chose, mais il semble que le responsable des tournages soit Mr Blackie :

Mr. Blackie, chief of the operating staff of Messrs. Gaumont and Co., the well-known animated picture specialists, had un amusing experience on Friday afternoon last during the taking of the Grand National series of pictures at Aintree.


London and Provincial Entr'acte, London, 8 april 1905, p. 10.

Nous savons également par Alice Guy qu'Herbert Blaché travaille pour la succursale londonienne, mais sans trop savoir quel peut être son rôle : " À mon arrivée aux studios, je fis la connaissance d'Herbert Blaché, arrivant d'Angleterre (où il secondait Bromhead, le directeur de l'agence de Londres) (Guy, 96). Il faut également citer Alfred Collins, une figure importante des origines du cinéma et qui tourne également pour le compte de Gaumont :

It was in 1902 that the first studio was open. It was an out-of-doors affair on Freeman's cricket ground, Champion Hill, Dulwich, and the first director was Alfred Collins, then associated with Kate Carney.


The Sphere, 10 March 1934, p. 24.

Cela n'empêche pas Alfred, Claude Bromhead de continuer à filmer, en Grande-Bretagne, mais aussi à l'étranger :

Mr. Bromhead, the manager of Messrs. L. Gaumont and Co., the cinématographers, was in Naples a few days ago, and made the ascent of Mount Vesuvius. He had with him a cinematograph camera and obtained pictures of the volcano, chich was then in violent eruption.... 


The Era, London, 14 april 1906, p. 11.

L'année 1906 se termine sur une note tragique pour la succursale puisque le local où sont entreposés le matériel et les négatifs est la proie des flammes, mais les conséquences semblent avoir été assez mineures :

In reference to the fire at Messrs. L. Gaumont and Co.'s works at 15b, James-street, Haymarket, S. W., we are asked to state that in spite of the extensive damage there will be no interference with the ordinary course of their business, the manufacture of films having been immediately transferred to another of the firm's laboratories. With the exception of one or two negatives. With the exception of one or two negatives the whole of their stock was recovered intact.


London Daily News, 20 septembre 1906, p. 9

La succursale de la capitale anglaise a un rôle essentiel dans la stratégie Gaumont. Si les débuts ont été quelque peu chaotiques, sous la direction de William John Le Couteur, á partir de l'été 1898, les choses s'améliorent et Bromhead va commencer à fournir en films le Comptoir Général de Photographie. Dans le catalogue général Gaumont de septembre 1901, nous trouvons une série identifiée comme : Collection " HEPWIX " (Vues anglaises), évidemment attribuables à l'équipe d'Alfred Claude Bromhead. Il faut y ajouter les vues tournées directement pour le Comptoir Général de Photographie qui se trouvent parmi celles qui figurent entre 1898 et 1900, mais qui restent difficilement identifiables. Il faudrait sans doute y ajouter des vues de 1901 et 1902 qui figurent également dans le catalogue de janvier 1903. Au-delà, à partir de 1902, sous la houlette d'Alice Guy, le Comptoir Général de Photographie peut commencer à avoir, à Paris, une production plus conséquente et régulière.

Et après... (1907-1963)

C'est à partir de 1908 que la succursale britannique prend son autonomie, toujours sous la responsabilité d'Alfred, Claude Bromhead, mais ses relations personnelles avec Léon Gaumont n'en pâtissent pas et ce dernier est même témoin au mariage de Bromead, en 1914. Il parcourt le monde (Austalie, Canada, Malte, New York...) pour le compte de la maison Gaumont. Au début de la 1re guerre mondiale, il rejoint le 24th London Regiment (24e Régiment de Londres) et il est envoyé en Russie (février 1916-janvier 1917) afin de montrer et de distribuer des films de propagande. Lieutenant Colonel en 1917, il est à la tête d'une mission spéciale auprès des armées italiennes (1918-1919). À partir de 1922, les Bromhead deviennent totalement indépendants et ont leur propre studio. Alfred devient, en 1927, le Président de la Gaumont British Picture Corporation. Il est conseiller du Département du Film (Film Division) du Ministère de l'Information de 1939 à 1945. Il décède en 1963.

Bibliographie

CORCY Marie-Sophie, Jacques Malthête, Laurent Mannoni, Jean-Jacques Meusy, Les Premières années de la société L. Gaumont et Cie, París, AFRHC, 1998, 496 p.

BARNES John, The Biginnings of the Cinema in England 1894-1901, vol. 4 1899, University of Exeter Press, 1992, 340 p. 

GUY Alice, Autobiographie d'une pionnière du cinéma (1873-1968), Paris, Denoël/Gonthier, 1976, 238 p.

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