BOURGES

Jean-Claude SEGUIN

Bourges, chef-lieu du département du Cher (France), compte 45.000 habitants (1894)

1896

Le Cinétographe (Place Séraucourt, 1896)

bourges seraucourt
B.F., Paris, Bourges-Place Séraucourt, (1904) [D.R.]

Compte tenu de la précocité d'un cinématographe portant le nom de " Cinétographe " on peut penser qu'il s'agit de l'appareil construit par les frères Werner. La première annonce, du 27 juin, n'apporte guère d'informations concrètes :

Le Cinétographe
Nos lecteurs n’ignorent certainement pas le succès énorme remporté par les expériences de photographie animée à Paris où elles passionnent positivement le public. Rien n’est plus merveilleux, plus saisissant que de voir traduits sur la toile et de grandeur naturelle la vie, le mouvement et la nature d’une façon aussi parfaite. Nous sommes donc heureux de pouvoir annoncer que le Cinétographe viendra s’installer sur la place Séraucourt très prochainement et y trouvera des séances appelées à faire courir la foule. A bientôt des détails.


L'Indépendant du Cher, Bourges, 27 juin 1896, p. 2.

Un nouvel article, un peu plus long, n'offre guère d'informations plus précises et se contente, comme cela est souvent le cas, de banalités... dont on peut penser, d'ailleurs, qu'elles ont été envoyées au journal par le propre tourneur :

Le Cinétographe
Nous avons le plaisir d'annoncer que le Cinétographe, la plus grande attraction de notre époque, débutera demain samedi, à 8 heures du soir.
Tout le monde voudra voir la photographie vivante, de grandeur naturelle, dont tout Paris s’occupe présentement à la suite d‘expériences qui provoquent une véritable sensation.
Les photographies animées sont projetées sur la toile à l'aide de la lumière oxy-éthérique par l'appareil américain le Cinétographe.
Rien n’est plus merveilleux, plus saisissant et plus extraordinaire ! C’est la vie, le mouvement, la nature qui sont traduits et reproduits sur l'écran avec une vérité absolue.
Tous les jours, de 2 à 6 h. et de 8 à 11 h., expériences par le Cinétographe toutes les 1/2 heure.
Ne pas aller voir ce spectacle, c'est se priver d’une récréation unique. C’est un véritable Théâtrographe, de véritables scènes animées, qui stupéfient et laissent le public sous le charme d’une merveilleuse innovation.


L'Indépendant du Cher, Bourges, 4 juillet 1896, p. 3.

L'appareil s'est installé à Bourges à l'occasion de la foire de Jacques Cœur qui commence le 24 juin et dure trente jours.. En l'absence de nouveaux articles, difficile de savoir si l'appareil et son opérateur sont restés jusqu'à fin de la foire. 

Le Cinématographe Lumière (Jardin du café Margueritat, rue Moyenne, 8 juillet-30 juillet 1896)

bourges margueritat
Collection E.L., Bourges (Cher).-Rue Moyenne, Cercle Militaire, Café Chanut (c. 1906)
(Le Café Margueritat, 16, rue Moyenne, a été repris par Georges Chanut)

La maison Lumière a mis en place, des le début de l'année 1896, un système de concessions qui est organisé de façon à ne pas laisser n'importe qui observer le fonctionnement de l'appareil, puisque l'opérateur est toujours directement envoyé par l'entreprise lyonnaise. Les noms du concessionnaire et de l'opérateur ne nous sont pas connus. L'inauguration est annoncée pour le mercredi 8 juillet pour une soirée réservée, comme cela est l'usage, aux autorités et à la presse :

LE CINÉMATOGRAPHE LUMIÈRE
AU GRAND CAFÉ, RUE MOYENNE
Nous croyons inutile d’insister sur le succès que va sûrement remporter à Bourges le Cinématographe Lumière. Depuis 6 mois, il est tellement dans nos mœurs d’aller voir ce spectacle, de l’applaudir ou d'en parler, que forcément nous suivront l’impulsion donnée par Paris et les capitales de toute la terre. II ne faut pas nous plaindre, du reste, le Cinématographe est le dernier et le plus surprenant progrès de la science moderne. Donner la vie à quelque chose d’inanimé; c’est un pas de géant accompli tout d’un coup, et qui justifie facilement l’enthousiasme soulevé par cette invention. Désireux d’être agréables à nos lecteurs et à nos lectrices, nous nous empressons de les informer que parmi les vues qui seront projetées, se trouvent : le train. Ce clou prodigieux du cinématographe qui a eu son retentissement jusqu’au Japon et en Australie. La Baignade en mer, dont le succès est aussi grand ; la scène de l'Arroseur qui déride les physionomies les plus graves, l’arrivée en voiture, les bébés si gracieux, si pleins de vie, qu’ils font toujours la joie des spectatrices. Les mauvaises herbes, ce véritable chef-d’œuvre où les effets de vent sont prodigieux, et tant d’autres scènes qui feront vos délices et vous arracheront bon gré mal gré, des applaudissements.
Certains du succès qui sera remporté par ce spectacle, nous conseillons nos lecteurs et nos aimables lectrices de profiter des premiers jours, afin de ne pas manquer les scènes du début qui seront vite changées.
L’Ouverture aura lieu Mercredi prochain à 8 heures pour les autorités et la presse, et à 9 heures pour le public. Les séances qui durent vingt minutes environ se succéderont peut-être jusqu'à 11 heures ou minuit. Les jours suivants, elles auront lieu de 2 h, à 6h. et de 8 h. à 10 h du soir.
Nous pouvons d’ores et déjà annoncer que les prix d’entrée sont fixés à 1 f. pour les premières et 0 f. 50 pour les deuxièmes.
L’Entrée du Cinématographe, et des séances sont indépendantes au Café. L’ouverture coïncidera avec la musique militaire.


La Démocratie, Bourges, 7 juilllet 1896, p. 3.

L'article passe en revue les vues animées, déjà devenues des classiques de la maison Lumière, pour attirer le public. Le responsable comprend également l'importance de sensibiliser les spectateurs dès les premières séances pour ne pas perdre de temps et profiter du bouche-à-oreille :

Le Cinématographe
Le Cinématographe Lumière établi au Grand Café, rue Moyenne, a remporté dès le début, le succès auquel on s'attendait.
Les résultats obtenus sont merveilleux, et mieux que toutes les autres découvertes, celle-là est à même de satisfaire pleinement la curiosité des spectateurs.
Nous apprenons du reste, que de nouvelles vues très intéressantes vont être projetées à partir d’aujourd’hui. Nous nous empressons d’en informer nos lecteurs, et nous leur conseillons vivement de profiter de cette occasion pour se rendre compte de ce que le Cinématographe réserve de surprise agréable aux spectateurs.
Entre autres vues projetées, se trouve le défilé des Cosaques de l’escorte du Czar au moment où ces derniers se rendaient au sacre.
Nous rappelons aux amateurs que les séances durent un quart d’heure environ et qu’elles se succèdent de 2 h. à 6 h. et de 8 h. à 10 h. du soir.


La Démocratie, Bourges, 12 juillet 1896, p. 2.

Plusieurs articles permettent de connaître le répertoire de films, qui ne semblent guère se renouveler. Les conditions estivales conduisent le responsable à indiquer que " la salle est aérée ". Sans doute pour relancer son spectacle, il précise également que le départ est proche afin d'attirer les spectateurs :

Le Cinématographe Lumière
Grand-Café Margueritat, rue Moyenne.
(Salle dans le jardin.)
Nous apprenons que le directeur du Cinématographe Lumière, cédant aux demandes qui lui sont faites de différents côtés va abréger son séjour dans notre ville.
La fermeture aura lieu incessamment.
Nous engageons fortement les personnes qui n’ont pas encore vu le Cinématographe à se hâter, afin de ne pas manquer cette occasion unique à Bourges de voir le plus intéressant et le plus extraordinaire des spectacles.
Nous rappelons que chaque jour des séances ont lieu toutes les 20 minutes de 2 h. à 6 h. et de 8 h. à 10 h du soir, et que les prix d’entrée sont de 1 fr. aux premières et 0.50 aux secondes.
Nos lecteurs feront bien de profiter des derniers jours de représentation, le Cinématographe ne devant plus revenir dans nos régions.


L'Indépendant du Cher, Bourges, 18 juillet 1896, p. 2.

En réalité les demandes ne sont sans doute pas trop pressentes puisque le départ est finalement repoussé au dimanche 26 juillet (La Démocratie, Bourges, 30 juillet 1896, p. 3) : 

Cinématographe Lumière.
La Clôture aura lieu Dimanche 26 juillet à 11 heures du soir. Nous engageons encore les personnes qui n’ont pas vu ce spectacle, à s’y rendre sans tarder. La Salle est située rue Moyenne, dans la cour du Grand Café Margueritat. Les séances ont lieu toutes les 20 minutes de 2 h. à 6 h. et de 8 h. à 10 h. du soir.


La Démocratie, Bourges, 25 juillet 1896, p. 3.

Répertoire (autres vues) : La sortie de l'usineLa querelle, L’écroulement du murLe gros temps, Les cosaques de l’escorte du Czar se rendant au sacre (L’Indépendant du Cher, Bourges, 12 juillet 1896, p. 3), Baignade de nègres (La Démocratie, Bourges, 13 juillet 1896, p. 2), Charge de cuirassiers (L'Indépendant du Cher, Bourges, 14 juillet 1896, p. 3), Les petites fillesLes Chevaux de boisLes poissonsMilitaires à chevalLe SalutL’Assaut (La Démocratie, Bourges, 15 juillet 1896, p. 2), Chargement d'un bateauLa Sortie du CzarEmbarquement de filetsCortège royalLa Députation asiatiqueLe Jury de peinture (L'Indépendant du Cher, Bourges, 21 juillet 1896, p. 3), Bataille de femmesLe Repas de bébéDanse sur la scèneEntrée du Ciné à LondresLe Cortège de la couronneLes Champs-ÉlyséesLes Bains de Diane à Milan (L'Indépendant du Cher, Bourges, 30 juillet 1896, p. 3).

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