Jean PRINSAC

(Le Pouzin, 1868-Privas, 1955)  

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Jean, Pierre, Victor Prinsac ([1790]-) épouse Alexandrine Lamotte. Descendance :

  • Pierre, Victor, Gustave Prinsac (Privas, 18/06/1818) épouse (Le Pouzin, 25/04/1847) Marie, Charlotte, Catherine, Noémi Lamotte (Le Pouzin, [1828]-). Descendance : 
    • Pierre, Charles, Gaston, Paul Prinsac (Saint-Étienne-de-Boulogne, 03/08/1851-Privas, 02/03/1931) épouse (Montélimar, 29/08/1885) Marie, Adèle, Hélène Mayaud (Aubenas, 26/10/1851-Saint-Étienne-de-Boulogne, 22/12/1919).Descendance:
  • Félicie, Amélie Prinsac (Privas, 31/01/1821-Le Pouzin, 24/05/1851)
  • Jean, Charles, Casimir Prinsac (Saint-Étienne-de-Boulogne, 14/10/1825-Privas, 19/04/1900) épouse (Chomérac, 24/11/1856) Philippine, Joséphine, Paule, Marie Babandy (Aix-en-Provence, 25/11/1834-). Descendance :
    • Marie, Julienne, Félicie, Louise Prinsac (Privas, 28/05/1861-)
    • Casimir, Émile, Maurice Prinsac (Chomérac, 15/06/1862-) épouse (Paris 18e, 31/12/1892) Joséphine Dubreucq (Masnières, 17/01/1860-)
    • Charles, Casimir, Jean, Guillaume Prinsac (Le Pouzin, 19/07/1868-Privas, 02/12/1955)
    • Marie, Anne, Magdeleine Prinsac (Rochemaure, 29/01/1874-)

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Jean Prinsac, fils d'un directeur de la condition des soies (1856), puis juge de paix, effectue son service militaire comme engagé volontaire pour cinq ans (30 mars 1889-20 mars 1892) au 75e de ligne. Cousin de Gaston Prinsac, ils partent, avec Louis Vernet en Algérie et embarquent à bord du bateau La Ville de Tunis. Ils accostent à Oran le 2 octobre après 44 heures de traversée. En février 1897, Gaston Prinsac rentre, tout comme Louis Vernet qui l'a précédé de peu. Si l'on en croit les lettres que Jean Prinsac envoie depuis Boufarik, il est question qu'il revienne assez vite, mais finalement, il renonce à retourner en Algérie contrairement à Vernet qui arrive à Boufarik dans les derniers jours de février 1897. Désormais, Gaston Prinsac continue de suivre l'exploitation du cinématographe grâce aux lettres que lui envoie Jean Prinsac. Parmi les nombreuses informations relatives, en particulier, aux recettes qui ne sont guère florissantes, on apprend également l'existence d'un autre homme, Paris, qui utilise le cinématographe pour tourner des vues : 

Paris a été comme toujours très complaisant le dernier jour j'ai dîné chez eux. Il a très bien cinématographié, pas grand chose qui puisse bien t'intéresser.


Jean Prinsac, À Gaston Prinsac, Boufarik, 27 février 1897.

Cette même lettre nous fournit des informations précieuses sur la situation de concurrence que l'on rencontre à Alger. En effet, le cinématographe Lumière est attendu dans les premiers jours de mars, ce qui inquiète d'ailleurs Louis Vernet 

[...] afin de pouvoir nous installer à Alger ou nous aurons fort affaire pour nous tirer des pattes de Lumière qui d'après les affiches qu'a vu Vernet doit venir s'y installer au 1er mars. La salle qu'il a choisi est celle de la Lyre Algérienne. Les affiches donnent le programme et disent que la date de l'ouverture sera donné ultérieurement. Vernet est allé à la salle de la Lyre, c'est là qu'un garçon lui a dit que c'était pour le 1er mars. L'ouverture devait avoir lieu avant, il n'a pu être prêt, je pense que tu feras tout ce qu'il te sera possible pour régler le plus promptement possible et au mieux les affaires qui peuvent te retenir en France. Vernet a maintenant une peur atroce d'Alger et retardera le plus qu'il le pourra la date de notre départ, il voudrait voir devant nous encore pas mal de localités comme Boufarik, il est atterré de n'avoir pas trouvé plus d'argent.


Jean Prinsac, À Gaston Prinsac, Boufarik, 27 février 1897.

La situation est incertaine dans la mesure où Jean Prinsac souhaite que Gaston Prinsac revienne en Algérie pour continuer à exploiter le cinématographe : 

[...] Donne-moi la date approximative de ton retour, si tu ne veux pas revenir dis-le-moi je partirai moi aussi.
Vernet me disait que si tu revenais avec Hélène nous pourrions bien continuer tous les deux seuls il aurait presque l'intention de nous quitter, il trouve que 4 nous serions trop cela n'est pas dit en terme catégoriques mais c'est le fond de sa pensée, maintenant si vous voulez continuer tous les 3 toi Hélène et lui, je ne perdrai pas grand chose à vous quitter, car c'est vraiment une dérision de ne pas avoir de quoi m'habiller et jamais un sous dans la poche, ainsi ne te gêne pas si tu crois que moi parti tu pense amener Hélène et continuer avec Vernet.


Jean Prinsac, À Gaston Prinsac, Boufarik, 27 février 1897.

Les propos de Jean Prinsac soulignent combien d'une part les affaires restent très aléatoires et que les recettes ne sont pas à la hauteur des espérances, et d'autre part que les incertitudes liées à la poursuite de la tournée algérienne restent importantes. De Boufarik, les tourneurs se rendent à Bougie. Finalement, Gaston Prinsac ne revient pas et laisse Louis Vernet continuer l'exploitation du cinématographe Joly. Les relations entre les deux hommes ne sont guère faciles si l'on en croit cette remarque de Jean Prinsac qui espère encore que son cousin va revenir :

Vernet est complètement incapable de faire quelque chose, il est pire qu'un enfant, il me rend la vie pénible, insupportable, ce ne sont que gémissements, soupirs, plaintes continuelles du matin au soir. Il se fait un mauvais sang terrible et me coupe bras et jambes. Il se fait un monde, une montagne d'aller à Alger, il craint que nous ne puissions rien faire à nous deux. C'est toujours la guigne, la guigne, la guigne ! Il a des gestes désordonnés, certainement on doit le remarquer. Je te prie bien de croire que si je n'avais l'espoir de te voir bientôt arriver, je le laisserai bien vite, ce n'est pas vivre ce que je fais en ce moment, c'est un supplice.


Jean Prinsac, Mon cher Gaston, Boufarik, mars 97.

Pour sa part Jean Prinsac, qui continue en Algérie, finit par expliquer à Gaston que la situation initiale - la collaboration des trois hommes - n'est plus tenable. Il s'exprime en ces termes :

[...] Maintenant je t'ai écrit qu'à partir de Bougie, je ne voulais plus continuer dans les mêmes conditions. Si j'ai été un imbécile d'attendre aussi longtemps, mieux vaut tard que jamais. Deux cas se présentent, continuer avec toi et Vernet, supposant que tu puisses être encore des nôtres ou marcher seul avec Vernet, . Au premier, je demandais 2 f. de bénéfice par journée de travail, le 2eme de 25 % ou je rentrais.


Jean Prinsac, Mon cher Gaston, Constantine, [mars] 1897.

Il explique par ailleurs que désormais, il faut revoir le partage des bénéfices uniquement entre les deux hommes qui sont sur place :

Ceci t'explique que nous n'avons pas voulu nous démunir de la petite somme qui te revient. Tu verras cela sur le relevé que t'a fait parvenir Vernet. À partir de Bougie, tu ne fais plus parti de la société, si nous faisons des affaires ici nous t'enverrons le plus tôt possible l'argent pour ton voyage. J'ai du regret que tu ne sois ici. Tu pourrais gaspiller des plaques et des plaques. On ne peut se faire une idée des gorges du Rhumel, je suis à côté de ces merveilles sans pouvoir les visiter. Il me faut tout faire, travailler toujours avec le cinémato... la bande du tsar se démolit peu à peu, il faut tous les jours y travailler. Hier j'y ai passé 4 h, aujourd'hui, il faut la revoir, faire du gaz, de la réclame, articles de journaux que Vernet n'est pas à même de faire, cela n'est pas tout.


Jean Prinsac, Mon cher Gaston, Constantine [mars] 1897.

L'un des courriers les plus intéressants concerne sans doute les problèmes liés au fonctionnement de l'appareil Normandin et les échanges avec Ernest Normandin :

Mon cher Gaston
Je reçoix à l'instant ta lettre, je ne comprends pa que Normandin m'ai pris pour ton fils, en second lieu, il ne répond nullement à ce que je lui demandais. Nous, tu peux lire je, n'ai nullement cassé l'appareil qui fonctionne comme par le passé, il n'y a que moi qui y touche maintenant. Voici le motif de ma lettre à Normandin. J'ai remarqué que les pièces du bas prenaient beaucoup de jeu par suite de l'usure, ce qui doit contribuer à donner beaucoup de trépidation qui semble s'accentuer tous les jours peu à peu. J'ai de plus pu voir que les crampons qui étaient plus petits que les perforations quand l'appareil était neuf s'étaient bien sensiblement rongés par suite du passage répété de la bande, ce qui n'existe pas dans l'appareil à prendre les vues où les crampons des cylindres ont exactement la dimension des perforations.
Je faisais part de ces réflexions à Normandin et lui demandais s'il ne pourrait pas m'envoyer les pièces de rechange suivantes, l'étrier qui conduit le cylindre inférieur, qui a beaucoup de jeu, plusieurs millimètres, le cylindre lui-même avec son axe et les crampons taillés à la dimension des perforations. J'espère qu'avec ces diverses pièces, on arriverait à corriger ce que l'appareil peu avoir de défectueux et supprimer une bonne partie du jeu qu'il a pris et amoindrir la trépidation.
Au lieu de faire ce que je lui demandais, il va te répondre je ne sais où et nous préparer un appareil qui irait peut-être plus mal que le nôtre. Tout cela pour nous faire payer transport et réparation. Je ne lui disais pas que tu fus absent, je lui faisais espérer qu'à Constantine, nous aurions probablement l'occasion de prendre des vues, ce que tu aurais pu faire si tu avais été ici où je n'ai aucun espoir de te voir venir.


Jean Prinsac, Mon cher Gaston, Constantine, 12 avril 1897.

Finalement, au sujet de l'appareil, les choses en restent là. Les courriers révèlent également la situation de concurrence que l'on trouve en Algérie entre les différents appareils cinématographiques :

[...] Nous avons dû plier bagage et venir ici ou nous sommes depuis hier soir 7 h 1/2. Le 1er personnage que nous ayons trouvé est Marga, l'ex-associé d'Antoine, il nous en a appris de belles au sujet des cinémato qui nous ont précédé venant d'Alger et de Tunis. Heureusement Bonne [sic] a été préservé de ce fléau-là. Ils y sont passé sans s'y arrêter. Bonne [sic] est bien la plus jolie ville d'Algérie bien peuplé 22000 européens et peu d'arabes. Nous ne sommes pas encore fixé au sujet du local. Je ne sais pas si nous pourrons occuper avantageusement le théâtre qui ne sera libre que mercredi au théâtre. Nous en avons pour une semaine au plus dans un autre local [illisible]. tu aurais bien dû m'écrire au sujet de l'appareil à prendre les vues, me donner des instructions, j'aurais pu faire de bien jolies choses à Constantine, ici aussi il y a de jolies vues à prendre dimanche prochain si nous sommes encore ici. J'ai bien envie de prendre la Sortie de la grand messe, tout s'y prête d'une façon parfaite, monument, éclairage public...


Jean Prinsac, Mon cher Gaston, Bône, 25 avril 1897.

Au terme de sept mois d'un voyage qui l'a conduit dans de nombreuses villes algériennes, Jean Prinsac rentre en France. Par la suite, il va continuer à résider en Ardèche jusqu'en [1910]. Il est installé en Savoie à partir de [1911] et travaille successivement à l'usine Prémont ([1911] et à l'usine d'aluminium Champ de Mars [1915] à Chambéry. Il s'installe par la suite à Champforgeuil, en Saône-et-Loire. Il décède à Privas en 1955.

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02/10/1896-[18/11/1896] Algérie  Oran  6. bld Charlemagne/Bld. Seguin  cinématographe Joly 
01/12/1896-13/12/1896 Algérie  Sidi Bel Abbès  Théâtre des Nouveautés cinématographe Joly
15/12/1896-[20]/12/896 Algérie Tlemcen Salle du Musée cinématographe Joly
24->24/12/1896 Algérie Mostaganem Théâtre cinématographe Joly
< 06/01/1897 Algérie Mascara Chez M. Azemar cinématographe Joly
[02/1897] Algérie Milianah    
-> 14/02/1897 Algérie Blidah   cinématographe Joly  
28/02-08/03/1897 Algérie Boufarik   cinématographe Joly
 08-11/03/1897 Algérie Alger    
12-21/03/1897 Algérie Bougie   cinématographe Joly 
>21/03-<30/04/1897 Algérie Sétif   cinématographe Joly 
30/04-24/04/1897 Algérie Constantine   cinématographe Joly 
24/04-23/05/1897 Algérie Bône   cinématographe Joly 
>23/05/1897 France Aubagne   cinématographe Joly

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