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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

AIX-LES-BAINS

Jean-Claude SEGUIN

Aix-les bains, commune du département de la Savoie (France), compte 6.249 habitants (1894).

1896

Le cinématographe Lumière (Théâtre du Cercle d'Aix-les-Bains, 29 juin-2 août 1896)

Le cinématographe Lumière inaugure des séances au Cercle à la fin du mois de juin:

Cercle d'Aix-les-Bains.
Aujourd'hui, au Cercle d'Aix-les-Bains, première exhibition du cinématographe Lumière.
C'est une attraction qui a eu le plus vif succès à Lyon et à Paris.
Grâce à l'invention de M. Lumière, on obtient des photographies animées du plus pittoresque effet. On voit circuler des voitures et des omnibus sur une place et l'impression est telle que le spectateur 
fait un mouvement pour se garer des véhicules qui paraissent se diriger vers lui. On aperçoit des baigneurs en pleine mer qui effectuent tous les mouvements de la natation au milieu des vagues dont on distingue l'écume. On assiste au travail d'un forgeron qui frappe une barre de fer rougie et l'illusion est si parfaite qu'on saisit la transformation du métal à chaque coup de marteau.
Nous ne pouvons citer que quelques-unes des merveilles qui seront offertes aujourd'hui au public étonné. Ce spectacle, d'un rare intérêt, attirera au Cercle de nombreux curieux.


Le Patriote républicain de la Savoie, Chambéry, lundi 29 et mardi 30 juin 1896, p. 3.

Peu après, le même journal consacre un long article au cinématographe Lumière et détaille les vues présentées:

Théâtre du Cercle d'Aix-Ies-Bains
LE CINÉMATOGRAPHE LUMIÈRE
Dans un dialogue entre Bordelais et Marseillais, je me rappelle avoir entendu le premier des deux bons méridionaux vanter un appareil dans lequel on met un lapin vivant ; le lapin sort par l'autre côté à l'état de gibelotte. "Té, dit le Marseillais ! Nouz [sic] avons plus fort que ça à Marseille. Lorsque la gibelotte n'a pas assez de goût (et l'on sait qu'il en faut, des épices, pour contenter ces fanatiques de l'aïoli) on remet la gibelotte à l'endroit par lequel elle est sortie, et wu ! un tour de machine, et le lapin ressort vivant par la porte d'entrée".
Les prophéties de Robida, dans son "Vingtième Siècle", nous avaient déjà habitués à la perspective d'appareils aussi fantastiques. Edison en a mis certains en pratique. Le Cinématographe en a fait une réalité tangible... du moins pour notre rétine. Grâce à M Numa Blanc, le Cercle d'Aix-les-Bains en a déroulé, hier, devant nos yeux quelques déroutantes productions.
Tous les journaux depuis deux ou trois mois ont parlé de ce cinématographe. On était même tenté, devant les choses étonnantes qu'ils racontaient, de croire ces échos pondus par quelque canard, je veux dire quelque cane américaine. Et bien non ! Et si vous voulez avoir la sensation exacte, vous n'avez qu'à vous convaincre par vous-mêmes en allant assister à Aix aux exhibitions de M. Numa Blanc.
Vous verrez se dérouler devant vos yeux des scènes les plus compliquées à la fois et les plus naturelles. Vous observerez les plus petits détails pris sur le vif.
Vous verrez deux gosses se battre pour de bon, de leurs petites menottes embarrassées ; des anguilles et des grenouilles prendre leurs ébats dans un aquarium ; des murs tomber au milieu d'un nuage de poussière ; un excellent papa donner la becquée à sa progéniture pendant que madame fait le thé ; une famille arriver en voiture au milieu des embrassades, des shakehands, et du remue-ménage obligatoire. Vous verrez surtout quatre numéros exceptionnels : le départ d'un régiment de cuirassiers, avec les piétinements des chevaux, les remuements de queue en chasse-mouches ; on s'attend à entendre les hennissements.
La charge, qui peu à peu s'ébranle, arrive à fond de train, et vous fait presque instinctivement vous garer.
L'arrivée d'un train à La Ciotat avec le frétillement des employés, les gestes autoritaires du chef de gare, le claquement des portières, la cohue des voyageurs pressés, etc.
Le plus joli tableau est sans contredit la baignade de toute une famille sur les bords de la mer (les Lumière ont paraît-il une magnifique propriété à La Ciotat), des jeunes garçons ou jeunes filles (la simplicité du costume de bain ne trahissant guère les formes chez de trop jeunes éphèbes) courant sur une planche, exécutant les saut périlleux les plus rapides et se lançant dans les successions de vagues qui arrivent, se contournant au milieu des dentelles d'écume, etc., etc.
C'est absolument féerique. Et si quelque jour, on pouvait donner à ces tableaux la seule chose qui leur manque : le coloris, et si en outre un phonographe agissait parallèlement avec l'objectif du négatif et la lentille d'agrandissement des positifs (telle la marche parallèle du brave général), alors, alors... Mais nous n'en sommes pas encore là.
Inutile de dire que le public a fort applaudi, et qu'à chaque petite scène prise sur le vif, ce n'était que des oh ! et des ah ! partis de chaque coin de la salle. Les gosses, et surtout certaine grenouille de l'aquarium ont eu un vrai succès de sympathie.
F. RIBES.


Le Patriote républicain de la Savoie, Chambéry, jeudi 2 juillet 1896, p. 3.

Un nouvel article évoque l'initiative d'un ingénieur local:

Le Cinématographe
Notre collaborateur F. Ribes a rendu compte ici même de l'exhibition du cinématographe au Cercle d'Aix-les-Bains.
Le Cinématographe, qui produit des photographies animées, est visible actuellement dans la journée et la soirée, en face de la Villa des Fleurs, chez M. Numa Blanc, photographe, qui est concessionnaire des appareils de MM. Lumière, pour notre région.
La saison d'Aix sera, si nos renseignements sont exacts, aussi favorable au cinématographe qu'aux nombreux visiteurs de cette agréable station balnéaire. Un ingénieur d'Aix serait à la veille de soumettre aux frères Lumière d'intéressantes améliorations du mécanisme qui augmenteraient l'illusion des spectateurs.


Le Patriote républicain de la Savoie, Chambéry, dimanche 5 juillet 1896, p. 3.

Des séances ont encore lieu en août:

Cercle d'Aix-les-Bains
Ce soir dimanche 2 août, à l'occasion de la bataille de fleurs et du Rallye-paper, spectacle-concert:
1° Au printemps, comédie en un acte et en vers, de M. Laluyé;
2° Le Cinématographe Lumière:
3° Audition de morceaux anciens et de bergerettes, avec le concours de Mlle Marcelle Dartoy,de l'Opéra, et de Mlle Boine, danseuse-étoile du grand théâtre de Marseille.
A l'issue du concert, dans la salle des fêtes:
Bal et cotillon.


Le Patriote républicain de la Savoie, Chambéry, dimanche 2 août 1896, p. 3.

 

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