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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

Léopold BERNARD

(Saint-Denis, 1869-Saïgon, 1918)

bernard leopold portrait

Jean-Claude SEGUIN

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Eugénie Bernard. Descendance:

  • Léopoldine Bernard (-<1918). Descendance:
    • Léopold Bernard (Saint-Denis, 15/07/1869-Saïgon, 31/07/1918).
    • Camille Bernard (Saint-Denis, 15/07/1869-)
    • Marie Bernard épouse Marius Didier
    • Léonie "Zezette" Bernard
    • Agathe Bernard épouse Gustave Daspect
    • Berthe, Léopoldine Bernard épouse René, Constant Blot

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Les origines (1869-1896)

Originaire de l'île de la Réunion, Léopold Bernard est appelé sous les drapeaux en 1889,  mais il réside déjà à Saïgon et ne se présente pas aux autorités militaires. Il se fait connaître comme prestidigitateur et organise des spectacles à Hanoi :

Nous rappelons à nos lecteurs que c'est demain dimanche, à 2 heures et demie de l'après-midi, qu'aura lieu le bal travesti d'enfants organisé par la Société philarmonique dans son local du Tour du Lac.
Tenue de Ville pour les grandes personnes.
Pour offrir un attrait de plus à nos enfants, M. Leopold Bernard, le prestidigitateur dont notre population s'est plus depuis 15 jours à apprécier les talents, a promis de prêter gracieusement son concours à cette fête de la jeunesse.
Mais, comme les préparatifs des séances de M. Léopold sont assez onéreuses pour lui, il se propose, nous dit-on, de faire une petite quête à son bénéfice. Personne n'y trouvera à redire. L'obole de chacun le dédommagera de la peine qu'il s'est donnée pour nous faire passer de si agréables instants.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, samedi 3 mars 1894, p. 2.

Quelques mois plus tard, il est de nouveau de passage à Hanoi où il donner quelques tours de prestidigitation:

M. le Professeur Léopold vient d'arriver à Hanoi où il compte donner plusieurs représentations avant de se rendre en Chine.
L'habile prestidigitateur a apporté avec lui tout un matériel qui lui permettra de donner des séances tout à fait à l'instar du théâtre de Robert-Houdin.
Comme il ne lui faut plus songer à installer ses trucs et son personnel dans un café, il a fait une demande afin d'obtenir pour quelques soirées la salle du Théâtre chinois.
Nous ne doutons pas que sa requête ne soit accueillie favorablement; M. Léopold Bernard ayant laissé à Hanoi, comme partout ou il a passé, les meilleurs souvenirs.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, samedi, 24 novembre 1894, p. 2

Dès le mois de septembre 1896, Léopold Bernard agrémente son spectacle de projections lumineuses :

M. Bernard, l'habile prestidigitateur que nous avons déjà applaudi l'année dernière, est de retour au Tonkin. Il a donné hier soir, dans la salle de la Philharmonique sa première soirée. Le spectacle s'est terminé par des projections lumineuses.
M. Bernard donne un programme entièrement nouveau.
Le prix des places est ainsi fixé : Loges et fauteils, une piastre; le parquet $0.50; les places militaires $ 0.25 et les enfants moitiés prix.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 30 septembre 1896, p. 2.

Le Cinématographe (1897-1906)

Léopold Bernard organise à Hanoi des séances cinématographiques à partir du mois de septembre :

Les personnes qui n'ont pas encore entendu le phonographe Edison installé rue Paul-Bert, dans la maison Bédier, feront bien de se hâter; car c'est la dernière semaine.
Samedi prochain pour la première fois au Tonkin le Cinématographe.
Voir aux annonces le programme de la soirée et du spectacle extraordinaire donnés par M. Léopold Bernard, dans la Salle de la Philharmonique.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 1er septembre 1897, p. 2.

hanaoi 1897 08 cinematographe
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 1er septembre 1897, p. 3.

Quelques jours plus tard, Léopold Bernard organise une nouvelle séance dans la salle de la société du Chat d'Or. À cette occasion, certaines vues animées dont on connaît le thème sont projetées :  Le Pont de NeuillyL'Arrivée du trainLe Menuet, Les Danseuses du Moulin RougeLe Bain de la Parisienne. L'origine de ces films reste incertaine, mais plusieurs titres permettent d'exclure le corpus Lumière. Ses multiples déplacements semblent indiquer qu'il présente son cinématographe dans d'autres villes du Viet Nam comme Saigon et Haiphong :

Liste des passagers partis par Tamise le 6 octobre 1898 :
[...]
Pour Saigon: [...] MM. Léopold Bernard, accompagné d'un employé européen.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 12 octobre 1898, p. 2.

 

Haiphong.-Liste des passagers partis par Haiphong, le 14 octobre 1899.
[...]
Pour Saigon: MM. Robert, vicomte de Cholet; Voyre, représentant la maison Linossier; Léopold Bernard.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, samedi 7 octobre 1899, p. 2.

En 1904, il est l'un des membres actifs du Bulletin de la Société des Études indo-chinoises (1904, p. 110) où il figure comme "cinématographiste". En 1905, il s'intéresse à l'Exposition Colonial de Marseille où il offre ses services :

SAIGON,
De notre correspondant:
Saigon, 28 Février
Le comité local de l'Exposition de Marseille a accepté l'offre faite par M. Leopold Bernard d'installer à l'Exposition un cinématographe perfectionné qui représente des cérémonies indigènes et des scènes de la vie indo-chinoise.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 1er mars 1905, p. 1.

La proposition de Léopold Bernard ne fait pas l'unanimité comme le rapporte Le Courrier Saïgonnais :

SUR
L'Exposition de Marseille
Deux fonctionnaires tonkinois malmenés par le Comité de Cochinchine.
On lit dans le Courrier Saïgonnais:
Le projet de contrat à passer par le Comité Local avec M. Léopold Bernard, pour l'établissement de représentations cinématographiques ayant été communiqué par M. Baille et sous forme de consultation à domicile aux membres du Comité Central Consultatif, le texte de ce contrat était revenu depuis plusieurs jours à Saigon, revêtu d'annotations non pas seulement désapprobatives mais - de la part de deux des signataires du moins - rédigées en termes d'une parfaite incorrection.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, vendredi 28 avril 1905, p. 3.

Finalement, Léopold Bernard est bien présent et offre au public des vues animées :

A Marseille
II
Autour du Palais central de l'Indochine, la longue série des pavillons, pagodes et pagodons.
[...]
De l'autre côté du Grand Palais Indochinois [...] le cinématographe Léopold.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, jeudi 5 juillet 1906, p. 1.

Les films lui ont été commandés par le Gouvernement :

Laissons de côté les établissements de moindre importance, pour essayer d'esquisser les installations cinématographiques de l'Exposition Coloniale.
En tout honneur, la première place revient à M. Léopold Bernard, commissaire spécial chargé par le gouvernement d'apporter, si je puis m'exprimer ainsi, l'Indo-Chine à Marseille. A peine est-on, entré dans ce hall annamite, qu'inondent des flots de lumière, que tout s'éteint et que, sur un vaste miroir écran, nous voyons défiler sous nos yeux les mœurs et les coutumes, les usages des annamites, des cambodgiens, des tonkinois ; c'est merveilleux et j'avoue n'avoir jamais rien vu d'aussi beau.
Toutes ces vues prises par M. Léopold Bernard lui-même pour l'Exposition Coloniale sont projetées par de jeunes opérateurs annamites d'une dextérité étonnante.
Les vues d'une netteté et d'un fini remarquables ont été tirées par la maison Pathé ; elles mériteront, nous n'en doutons pas, pour celui qui les a prises avec tant de talent, une distinction spéciale et une récompense particulière.
Le soin d'organiser un enseignement aussi attractif que celui des vues animées, a été confié a M. Outrey, commissaire général de la Cochinchine à l'Exposition Coloniale de Marseille.
Quoique placé en arrière du théâtre Indo-Chinois, le cinématographe est constamment visité par les amateurs des scènes vécues, car les vues de Cochinchine, d'Annam, du Tonkin, du Laos, et du Cambodge, donnent l'illusion de la réalité en même temps qu'une idée juste de la richesse et de la beauté de nos grandes colonies d'Extrême-Orient.
Après les ruines d'Angkor, une des merveilles du monde, Pnom-Penh, la capitale du Cambodge, et son Pnom, à l'escalier fantastique, sur lequel se dressent des géants et des monstres, nous retrouvons les petites danseuses de Sisowath, qui ont charmé les Parisiennes au Pré-Catelan et attiré tout Marseille à l'Exposition.
Puis, le long défilé des éléphants du roi. Les paysages cochinchinois avec leur végétation exubérante et leur grouillante population ; il y a là particulièrement des foules d'enfants chinois, birmans, indiens, annamites, cambodgiens, jouant dans la cour d'une école, c'est une vraie fourmilière humaine; en un mot, tout ce qui peut renseigner absolument sur la vie et les mœurs de ces curieux pays, se déroule animé, pendant une demi-heure, sous les yeux du public sans cesse se renouvelant.
Toutes les vues ont été prises sur place par le professionnel de talent, doublé d'un véritable artiste, qu'est Léopold Bernard, et pour le compte du gouvernement de l'Indo-Chine. Un personnel exclusivement annamite est chargé de la manœuvre des appareils perfectionnés de la Maison Pathé, pendant que le jeune et intelligent Toï explique successivement les vues au spectateur et cela avec une pureté de langage étonnante ; la langue annamite étant surtout phonétique, la prononciation étant douce et chantante, on éprouve un véritable charme a écouter ses courtes énonciations.
La fabrication des bandes cinématographiques, malgré la chaleur et l'humidité de la colonie, n'a pas été un travail facile, les professionnels doivent s'en douter, mais M. Léopold Bernard est un travailleur obstiné que rien n'arrête. Depuis dix-huit ans en Indo-Chine, il s'est des premiers occupé du cinématographe, et, le premier, il a fait connaître dans ces curieux pays, cette merveilleuse invention, avec laquelle il a passionné les populations indigènes. Là-bas, on l'appelle "Léopold" tout court : c'est un familier, un sympathique, qui amuse et qui instruit. Tous les coloniaux le revoient avec plaisir au théâtre Indo-Chinois ; toute l'Indo-Chine le connaît. Je suis heureux d'ajouter ces quelques lignes à celles que M. Gaspard Galy  a publiées dans le Petit Marseillais et de constater cambien il a réussi en mettant le cinématographe à la hauteur d'une méthode pédagogique.
(A suivre)
F. MEUNIER.


Phono-ciné-gazette, 2e année, nº 37, Paris, 1er octobre 1906, p. 372.

C'est la maison Pathé qui s'est occupé du traitement des copies et qui prête son matériel pour l'Exposition. Il semble cependant que le cinématographe ne rencontre pas le succès escompté :

Les Annexes de l'Indo-Chine
à l'Exposition Coloniales
II
[...]
Dans le même local, c'est à dire dans le rez-de-chaussée du Théâtre Indo-Chinois, un colonial, Léopold Bernard, faisait défiler sous les yeux du public une jolie série de vues cinématographiques prises dans les divers pays de l'Indo-Chine. Presque toutes étaient de belle venue et quelques-unes même, comme le travail des éléphants remuant les billes de bois, se montraient tout à fait remarquables.
Malheureusement, le Cinématographe était lui aussi mal placé, en dehors des allées suivies par le gros public et il ne reçut pas autant de visiteurs que ne l'aurait mérité la très intéressante collection de ses rouleaux.
Léopold est un philosophie, il restait impassible à son poste.
A. RAQUEZ.


L'Avenir du Tonkin, Hanoi, vendredi 25 janvier 1907, p. 2.

Et après... (1907-1918)

En 1911, il est propriétaire du Casino, un cinématographe qui fonctionne sur la rue Pellerin.

bernard leopold casino
Baudouin. photo. Marseille, Saïgon-Le CasinoLéopold Bernard, Directeur.

En 1916, le casino va s'agrandir comme le rapporte l'article suivante:

Au Casino de Saigon.-Mercredi soir, à neuf heures, à l'angle du Boulevard Bonnard et de la rue Pellerin, grand animation à l'occasion de la nouvelle installation du Casino; l'établissement de M. Léopold Bernard, complètement remis à neuf et agrandi en de notables proportions avait excité la curiosité des Saigonnais, qui s'y rendirent en foule; il y fit très chaud et les personnes placées dans les extrêmes loges ne purent jouir entièrement du spectacle qui se composa presque exclusivement de scénettes, de chants et monologues; la voix de certains artistes n'arrivait toujours pas jusqu'aux oreilles des spectateurs; est-ce à cause de l'acoustique de la salle ou du manque de voix de certains artistes, nous ne suarions le dire, au juste; mais, ce fut bien regrettable, car on perdit ainsi une excellente occasion de se divertir.
La seule vue cinématographique offerte au public, était peut-être un peu trop vieille, bien qu'elle fut cependant d'actualité, à part les courses à Auteuil qui ont pris fin en 1914.
Néanmoins, ce fut une belle soirée dont les Saigonnais sauront se souvenir.


Saïgon sportif, Saïgon, samedi 7 octobre 1916, p. 6.

bernard leopold casino 02
Saïgon. Le Casino. Boulevard Bonnard.

À la suite, il va constituer un réseau de salles: le Casino de Mytho (Mytho-ville, boulevard des Tirailleurs), le Casino de Cantho (Cantho-Ville) et le Casino de Bentré (Bentré-ville).

Léopold Bernard décède en 1918. Ses héritiers vont constituer, en 1923, la Société Anonyme pour l'exploitation des cinémas Léopold Bernard 

Sources

"Société Anonyme pour l'exploitation des cinémas Léopold Bernard", Les Affiches saïgonnaises, Saïgon, vendredi 20 avril 1923, p. 4-6.

"Le Casino (cinéma), Saïgon". https://www.entreprises-coloniales.fr/inde-indochine/Casino_de_Saigon.pdf

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[03]-[07]/03/1894 Viet-Nam Hanoi    
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