- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 22 septembre 2024
- Publication : 24 mars 2015
- Affichages : 2833
fleMarie PIGNATELLI dite MICHELINE
(Marseille, 1873-)
phot. C. Maurice
Jean-Claude SEGUIN
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[Marie Pignatelli], dite Mme ou Mlle Micheline (Marseille, 01/11/1873-) épouse ([Paris, septembre 1896]) M.
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Élève du Conservatoire de Marseille. Leçons de Mme Marie Laurent. Débute, à l'âge de sept ans, au théâtre des Célestins de Lyon, en décembre 1879, dans les Pirates de la Savane : rôle d'Éva. A joué le drame, la comédie, le vaudeville, l'opérette à Marseille, Lyon (La Scala), Bordeaux. Puis passée au Concert à Lyon, Nancy, Bordeaux, Rouen, Dijon, Bruxelles (Alcazar royal). Engagée ensuite à Paris: Eden-Concert, Eldorado (1891-1894), Folies-Bergère (création de Fleur-de-Lotus), Trianon (1894) et le Nouveau-Théâtre où elle crée Le Dragon vert en février 1895, à la Cigale, en août pour la revue Paris en bateau :
Elle est aguichante et pimpante, mademoiselle Micheline, avec ses cheveux ébouriffés, son petit nez au vent, son minois chiffonné de trottin à vingt-cinq louis le brin ! ET quel costume mes amis ! Corsage en velours gris souris à grands revers de piqué blanc, vaste chapeau de feutre gris, très courte jupe plisées et d'un ton approchant du nankin, bas de soie gris et longs gants rouges, rouges, rouges... Bien amusante, cette tache rouge tranchant sur ces tons atténués.
[...] Théodore Massiac.
Gil Blas, 7 août 1895, p. 3
C'est en mars 1896 qu'elle apparaît, semble-t-il, pour la première fois, sur les planches de l'Olympia où elle crée une zarzuela espagnole, La Gran Vía.
Louis Galice. Olympia, La Gran Vía, 1896.
On doit à Catulle Mendès, le poète et écrivain bordelais, un superbe portrait de l'artiste plein de sensualité :
Mademoiselle Micheline
C'est une toute petite personne. Elle n'est pas jolie. Non, elle n'est pas jolie. Mais qu'elle est blanche et grasse. Oui, elle a cela pour elle : elle est grasse et blanche. D'autres chanteuses d'opérette sont blanches et sont grasses. Mais, voilà, elles ne sont pas grasses et blanches comme elle. Elle a une façon d'être grasse et d'être blanche qui, jusqu'à ce jour, n'avait été réalisée par aucune chanteresse (ou enchanteresse) grasse et blanche. Elle ne refuse pas, en ses rôles, de se dévêtir (oh ! tant, tant, tant, disons-le : trop !) mais, chose abominable, on affirme que, hors de ses robes, elles ne se dévêt pas du tout. Moi qui vous parle, j'ai vu, comme vous, ses épaules nues, ses bras nus, ses jambes jusqu'au tutu, son tutu jusqu'à l'espérance du camée ombilical, mais, tous ces délices, je les vis de mon avant-scène ; et, dans sa loge sur le théâtre, elle n'apparaît que vêtue d'un opaque peignoir qui n'autorise qu'à l'illusion du souvenir. Si Mademoiselle Micheline, hors de corsages impudents, n'avouait pas l'irréprochable beauté de sa jeune gorge mûre (oh ! pas trop mûre !), on pourrait croire que quelque pudeur de se révéler moins belle qu'on la crut, l'incite à des réticences de ne rien nous montrer après nous avoir presque tout fait voir. Mais non, il est incontestable, qu'en son menu corps gras, blanc et ferme, elle serait, plus déshabillée encore, l'extase attendrie de nos yeux qui donneraient à nos mains de violents et immédiats conseils. Hélas ! l'opaque peignoir. Quoi ! donc ! attend-elle le voyage à Paris du nouveau shah de Perse, ou conserve-t-elle l'illusion d'être épousée par un jeune négociant de qui le père vend des pièces de soieries, rue du Sentier ? Toutes les soieries ne vaudraient pas la soie lisse et joliment plissée qu'elle a près de l'épaule, un peu plus bas que l'épaule, vers le mystère roux et noir de la défendue aisselle ! On peut croire aussi qu'elle est pleine du dédain de la virilité contemporaine. Elle a tort de conclure, du particulier au général ; d'autant plus que je crois qu'elle est bien capable d'inspirer de bons sentiments à Narcisse lui-même. Alors, pourquoi le peignoir si épais, si strictement noué ? À quoi bon nier, mademoiselle, le sourire qui éclot dans la fossette grasse de votre épaule gauche, tout près du bras ? La vérité, c'est qu'une fierté des trésors que l'on offrira incline à les refuser le plus longtemps possible ; de là tant de cruelles pudeurs, dans la loge et chez soi, après tant de hasardeuse impudeur sur la scène ; mais tout a une fin, même la vertu faite exprès ; et, à moins que quelque éleveur de porcs ne rue dans Paris, dans les lits de Paris, des niagaras de pierreries, Mlle Micheline (ah ! qu'elle aura raison !) avouera son chagrin d'une inutilité trop prolongée, entre les brusques bras de quelque amant imprévu ! Car on a, quand on est est si grasse et si blanche, des devoirs à accomplir.
CATULLE MENDÈS.
Le Journal, Paris, 23 juin 1896, p. 1.
Cette même année, en septembre, le bruit court que Micheline va se marier... la rumeur n'est pas tout à fait fausse, mais il est vrai qu'elle renonce à convoler en justes noces comme elle s'en explique dans une lettre envoyée au journal Gil Blas :
Monsieur,
Vous êtes un vilain indiscret, et je vous garderais rancune d'avoir annoncé mon mariage si vous n'aviez écrit d'aussi aimables choses sur mon compte. D'autan plus... d'autant plus que je ne me marie plus ! Non, monsieur, j'ai changé d'avis ce matin même.
La raison de ce brusque revirement ? Ne la cherchez pas, je vous en prie : veuillez seulement vous souvenir du vieux dicton que chantonnait si souvent François Ier :
Souvent femme varie ;
Bien fol qui s'y fie.
Mille fois merci, monsieur, et croyez aux meilleurs sentiments de
MICHELINE.
Gil Blas, Paris, 24 septembre 1896, p. 1.
Elle reste encore à l'affiche dans quelques spectacles. On la retrouve ainsi, en 1898-1900, aux Bouffes-Parisiens. Puis, son nom disparaît de la presse...
Bibliographie
MARTIN Jules, Nos artistes, théâtre et concerts, Paris, Librairie de l'annuaire universel, 1895, p. 396.
Gil Blas, Paris, 21 septembre 1896, p. 2.