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De la fiesta de hoy han sacado interesantes fotografías el redactor fotográfico de Nuevo Mundo, Sr. Campúa, y para una película cinematográfica M. Felix Nesgeiech [sic], enviado especial de la casa Erban [sic] Trading y compañía, de París, y Mr. E. Droohs, fotógrafo de un periódico inglés.
La Correspondencia de España, Madrid, 28 de mayo de 1906, p. 3.
AU MARIAGE DU ROI D'ESPAGNE Juin 1906. La haute bienveillance du marquis Quiñonès de Léon, ambassadeur d'Espagne à Paris, facilite ma présence à toutes les fêtes données à Madrid en l'honneur du mariage d'Alphonse XIII avec la princesse de Battenberg. Dans l'église de San Jéronimo, une douce lumière perce imparfaitement les vitraux· au moment de la bénédiction nuptiale; je dois opérer au demi-ralenti et utiliser l'obturateur et le diaphragme à grande ouverture. L'orgue résonne. Un suisse majestueux frappe le sol de sa hallebarde. La cérémonie commence, pendant que brûlent d'innombrables cierges et que, du chœur de la Basilique, des cantiques. mêlés aux fumées de l'encens s'élèvent vers le ciel. Pour saisir le cortège qui doit parcourir la ville, dans un décor bien local, j'ai fait dresser une estrade dans la Calle Mayor, à l'angle de la Capitainerie Générale. Précédés des trompettes dont les appels éclatent à tous les échos, les invités, hauts dignitaires de l'armée et du clergé, membres des Cortès, ambassadeurs étrangers et grands d'Espagne, sont accueillis par les acclamations de la foule. L’enthousiasme augmente encore quand apparaissent les piqueurs qui conduisent l'équipage royal entouré d'une escorte serrée. Je les regarde approcher, à travers le rideau mouvant des cavaliers aux sabres étincelants, lorsqu'un éclair jaillit. Une explosion formidable retentit, le prisme de mon viseur a perdu sa transparence ; la voiture des souverains disparaît dans la fumée. Instant d'épouvante. Que s'est-il passé? En une seconde, une bombe a tout bouleversé. Des morts et des blessés sont rapidement enlevés, des chevaux ensanglantés se débattent sur le sol. Secoué d'un frisson de terreur, le peuple gronde. Singulière réaction d'un événement qui prend dans l’esprit des simples un caractère mystérieux, on me regarde avec suspicion. Je sens toute l'hostilité de cette foule. Les soldats la calment heureusement. Rapidement; l’escorte de cavalerie s'est reformée. Dans un profond silence, Alphonse XIII, dont l'objectif suit les moindres gestes, descend du carrosse le premier; il tend la main à la reine, aussi blanche que son voile. Aidés du service d'ordre et des officiers accourus, le Roi et la Reine prennent place dans une nouvelle voiture attelée de quatre mules harnachées de rubans aux couleurs espagnoles. Un moment disloqué, le cortège se remet en marche aux applaudissements d'un peuple en délire. Et l'on perçoit les accords affaiblis des fanfares militaires qui s'éloignent; les dernières notes s'éteignent vers le Palais Royal.
Félix Mesguich, Tours de manivelle, Paris, Grasset, 1933, p. 108-112.
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