1
Cocher ! À l'heure
Le cheval trottine d’un train si doux qu’il semble danser sur place.Le voyageur, impatienté, agite si fort ses bras qu’il semble accomplir avec eux plus de besogne que Cocotte avec ses jambes, cependant que le cocher, toujours impassible, fume sa pipe en claquant mollement son fouet. Ouf ! il fait chaud. Insensible aux protestations indignées qui s’élèvent du fond de la voiture, il descend de son siège, s’installe à la terrasse d’un café. Puis, légèrement éméché, notre cocher fait subir à son “bourgeois” un martyr aussi long que varié, tant et si bien que le bourgeois obtient de son tyran de conduire lui-même. Il arrive enfin à destination, en gare, juste pour voir le train démarrer, partir et filer sans lui.
PAT 1906-11/12