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- Creado: 24 Marzo 2015
- Última actualización: 24 Julio 2024
- Publicado: 24 Marzo 2015
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Pierre IUNK
(Kerling-les-Sierck, 1851-Le Kremlin-Bicêtre, 1917)
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Les origines (1851-[1893])
Fils d'un hôtelier lorrain, Pierre Iunk s'installe à Paris, sans doute après la guerre de 70. Sur son acte de mariage (1875) avec Marie Pistelli, une marchande de bonbons, il apparaît comme " artiste ". À la naissance de sa fille Marie Caroline (1878), il est "directeur de tir", puis, dès 1880, le couple apparaît comme " marchands forains ". Le nom de Pierre Iunk apparaît pour l'une des premières fois dans la presse à l'occasion d'une réunion du syndicat des forains :
Le syndicat des forains
Dans une réunion tenue au cirque Corvi, les forains ont voté un ordre du jour Invitant leur bureau à faire toutes les démarchés nécessaires auprès de la municipalité du 18e arrondissement afin d'ouvrir la fête de Montmartre le 9 octobre prochain.
M. Corvi a proposé ensuite d'organiser cet hiver, au jardin des Tuileries, avec le concours de l'Assistance publique, une fôte au profit des pauvres de Paris. "Comme il n'y aura plus une feuille aux arbres, dit-il, on ne pourra nous accuser de détériorer la verdure."
L'assemblée a nommé une commission de six membres chargés de faire les démarches nécessaires.
M. Pierre Junk devait, d'autre part, présenter des observations an sujet de la fermeture des établissements forains. Jusqu'ici, paraît-il, le bon plaisir et l'arbitraire présidaient seuls â cette mesure ; la police faisait fermer généralement entre dix heures et demie et onze heures. "Je ne demande plus la parole sur cette question, a dit M. Junk, la municipalité m'a devancé. Je vous annonce qu'à partir d'aujourd'hui on fermera en semaine à minuit et le dimanche a une heure du matin.
La Justice, Paris, 18 septembre 1887, p. 3.
Grâce à un autre article publié quelques semaines plus tard, toujour au sujet des forains, Pierre Iunk figure comme membre de l'Union mutuelle:
Le Conseil d’administration a pour président le dompteur Bidel et pour vice-présidents MM. Corvi et Revest, directeurs des bateaux tournants (mer sur terre). Le tableau des membres du conseil désigne ainsi les autres fonctionnaires de l’Union mutuelle. Trésorier : M. Laubé, bateaux mer sur terre; secrétaire général ; M. Furgier ; administra teurs : MM. Debrand, balançoires hygiéniques; Drouhin, vélocipèdes; Eugène Denis, tir; Debarbe, vélos rapides; Fardouln, bazar; administrateurs Intérimaires : MM. Pierre Iunk, panorama: Barusseau, vélocipèdes; Adr. Pezon, ménagerie; Lecœur, carrousel à deux étages.
La Petite Gironde, Bordeaux, 30 novembre 1887, p. 1
Il est alors propriétaire d'un panorama.
Les Fantoches Parisiens (>1894-1903)
Dès les années 1880, la presse se fait l'écho de spectacles où l'on imite des acteurs de théâtre ou de music-hall. On parle de "fantoches fin-de-siècle", "fantoches parisiens", "fantoches américains" et les directeurs ont pour nom Forain, Levergeois-Borgniet, M. Pajot... Il est difficile de savoir à partir de quand Pierre Iunk va lui-même monter son spectacle de fantoches. Il pourrait être le propriétaire des "fantôches parisiens" de la fête de Montmartre:
À LA FÊTE DE MONTMARTRE
Sur les boulevards de Rochechouart, de la Chapelle et de Clichy, la fête de Montmartre allonge sa kyrielle de banques.
[...]
Les Fantoches parisiens qui imitent Paulus et font l'apothéose de Jeanne d'Arc...
Le Radical, Paris, 6 novembre 1894, p. 2.
On le trouve à la fête de Neuilly-sur-Seine en juin 1896 avec son théâtre de Fantoches. Pourtant, il faut attendre 1896 pour voir son nom attaché au "Grand Concert des Fantoches".
Théâtre-Concert des Fantoches Parisiens
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, 9 octobre 1896, p. 3
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| Daniel Rouillé,Théâtre-Concert des Fantoches Parisiens (Foire de Bordeaux) © Collections photographiques du MuCEM |
Les fantoches qui donnent le nom au théâtre sont des marionnettes qui miment, en particulier, les vedettes du music-hall de l'époque. Le spectacle inclut également des panoramas. Dix ans plus tard, la formule reste toujours la même comme on peut le lire dans l'article suivant:
LA FOIRE
[...]
Les Fantoches parisiens
Nous avons déjà, à maintes reprises, constaté le succès qui couronne les efforts de l'intelligente direction du Théâtre-Concert des Fantoches parisiens. C'est merveille de voir les familles se presser en foule aux splendides matinées organisées en leur faveur. Rien d'étonnant à cela, du reste. Depuis la parade, où les demoiselles Iunk donnent, par leurs gracieuses danses, l'illusion des temps chers aux talons rouges, jusqu'au spectacle intérieur, où l'articulateur Emile Iunk fait vivre tous ses pensionnaires par ses savantes manipulations, c'est un spectacle merveilleux.
La salle est bien chauffée et les spectateurs sont assis à toutes les places, ce qui ne gâte rien.
Le Petit Troyen, Troyes, 16 mars 1898, p. 2.
Les Fantoches Parisiennes parcourent de nombreuses foires comme celle des Quinconces à Bordeaux (1899), la foire aux pains d'épices de Paris (1899)... À Nantes, le journaliste va donner une description assez précise du spectacle que propose Pierre Iunk, basé sur l'imitation de figures célèbres du music-hall comme Polin :
Les Fantoches
Avez-vous vu « les Fantoches » ? Telle esl la question qu’on vous adresse dès que l’entretien s'engage sur les curiosités théâtrales de la place Bretagne. Si jamais excellente réputation a été justifiée, c'est bien celle de M. Pierre Junk, le propriétaire-directeur du théâtre des Fantoches.
Les fantoches sont des figures habilement articulées que M. Junk fait manoeuvrer à l'aide de fils invisibles à l'œil nu, avec une adresse qui tient du prodige, il est aisé d’imaginer ce qu’il faut d’habileté consommée pour faire mouvoir, agir, vivre tant de personnages inconscients du rôle qu’ils jouent. Une production des plus drôles, c'est le squelette magnétique, sorte d'araignée aux membres grêles, il fait des grimaces lugubres, se démène comme un vrai diable. Tout à coup la tête se détache, les bras s'en vont d'un côté, les jambes de l'autre: tout se disloque, puis vient se rejoindre comme par enchantement.
Puis vient ensuite la partie de concert, le spectacle breveté de fantoches, alors on entend imiterr dans la perfection nos meilleurs artistes parisiens; ainsi Ion entend Mancel interprétant le chauffeur d’automobiles, Polin. Ça vous fait queq'chose. Marius Richard, la sérénade espagnole ; Mme Paula Brebion, interprétant avec beaucoup d’expression La Pavane, etc., etc.
Nous avons essayé de donner une idée du spectacle qui vous attend aux Fantoches. Seulement, il est impossible de rendre l'impression qu'il produit. Pour cela, il faut voir soi-même c’est ce que nous engageons à faire, tous ceux qui ne dédaignent pas d'être transportés pour quelques heures dans le royaume de Lilliput et Gulliver.
Le Phare de la Loire, Nantes, jeudi 21 décembre 1899, p. 2.
Il est également présent à la Saint-Romain de Rouen (1900)...
On les retrouve également aux Sables-d'Olonne (1901) où le cinématographe fait partie des nouvelles attractions:
Nous ne saurions trop engager les lecteurs de la Plage à emmener leurs enfants voir sur la place de la Liberté, le théâtre des Fantoches Parisiens où ils passeront une amusante soirée. Ils entendront Polaire, Paulus et autres artistes en vogue, ils assisteront à des scènes fort curieuses de cinématographes, et à l’histoire merveilleuse de Cendrïllon. La représentation se termine par des danses de lumière du plus joli effet. Allez-y, amis lecteurs, et vous serez satisfaits.
La Plage, Les Sables d'Olonne, jeudi 25 juillet 1901, p. 2.
Impr. Nomande, Rouen, Théâtre-Concert des Fantoches Parisiens, "Souvenir", P. Iunk (c. 1900).
Le Théâtre Pierre Iunk (1904-1912)
Théâtre Pierre Junk
À partir de 1904, la baraque foraine prend le nom de son créateur pour devenir Le Théâtre Pierre Iunk, et continue à s'installer à l'occasion des foires. Rouen (1904, 1905), Paris (1905), Fontainebleau (1905)... Il introduit également le cinématographe sonore comme le montre le suivant article:
Le théâtre Pierre Iunk, c'est un cinématographe monté avec un luxe parfait et que beaucoup d'autres doivent lui jalouser.
Iunk ne s'est pas contenté de régler une mise au point et une série de vues impeccables. Il en a fait un spectacle attrayant même pour les aveugles car s'ils ne peuvent voir les projections, ils ont le plaisir d'entendre l'interprétation de différentes pièces et opéras, tels que la visite du major, le papa de Francine, Aïda, Mignon, Carmen, Guillaume Tell, etc. Le cinématographe Iunk, parle et chante.
Le spectacle donné dans cette loge est complété par Orkires et ses chiens mignons dont le dressage est d'une perfection surprenante.
Le Travailleur normand, Rouen, 28 octobre 1906, p. 3.
Habitué de la foire aux pains d'épices, il y installe sa loge à nouveau en 1907, 1908, 1913... Dès 1911, au moins, son fils dispose de son propre établissement:
LES ANGEVINES.
[...]
M. Emile Iunk nous arrive avec un music-hall doublé d'un cinématographe, un music-hall est toujours très agréable et c'est même du nouveau, cet intéressant établissement ne manquera pas d'attirer la foule.
L'Avenir de la Mayenne, Laval, 27 août 1911, p. 1.
Le Cinématographe Pierre Iunk (1913-1917)
C'est vers 1913 que commence à apparaître le nouveau nom "Cinématographe Pierre Iunk" :
Cinématographe Pierre Junk
Samedi prochain, 2 août, place de la Mairie, début à 8 h. 1/2 du Cinéma-Attractions Pierre Junk. Le plus grand établissement du genre. Éclairage électrique fourni par une machine à vapeur de 40 chevaux.
Spectacle Cinéma-Attractions réservant au public Ciersonnais de bonnes soirées à passer.
La Dépêche du Berry, Bourges, 2 août 1913, p. 3.
Théâtre Pierre Junk. Cinématographe (c. 1909)
Son décès, en 1917, est annoncé dans le Ciné-Journal:
NÉCROLOGIE
Nous apprenons avec un sentiment de vif regret la mort de M. Pierre Iunk, décédé à l'âge de 65 ans en son domicile, 65, avec de Fontaineblau, au Kremlin-Bicêtre.
Rappelons que M. Iunk fut un des premiers et des plus sympathiques cinématographistes forains. Il dirigeait encore ces derniers temps un excellent établissement à Bicêtre.
Nous prions sa veuve, ses enfants et sa famille d'accepter les assurances de nos condoléances les plus sincères.
Ciné-journal, Paris, 8 décembre 1917, p. 39.
