Victor PLANCHON

(Paris, 1863-Lyon, 1935)

planchon victor

Jean-Claude SEGUIN

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Joseph Planchon (Vincennes, 02/11/1829-1871) épouse (Paris 6e, 22/02/1862) Olympe, Joséphine Merlin (Paucourt, 20/08/1837-). Descendance:

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Les origines (1863-1890)

Fils d'un typographe, Victor Planchon perd son père alors qu'il n'est âgé que de huit ans. Il obtient une bourse pour l'école Lavoisier et il obtient, à quinze ans, le diplôme d'études secondaires.Il entre alors au Laboratoire des Contributions indirectes dont le chef est le chimiste Bardy. Avec ce dernier, il apprend la chimie et la photographie. Nommé chimiste à Arras (1884), puis à Boulogne-sur-Mer (1887), il y fonde une société, l’Union photographique de Boulogne ainsi qu’un journal de photographie. Il s’intéresse aux plaques au gélatino-bromure, mais il délaisse les plaques en verre pour s’orienter vers le celluloïd. Afin d’obtenir une surface totalement plane, il imagine les plaques auto-tendues qui s’utilisent comme des plaques et dans les mêmes châssis. Il dépose un premier brevet en 1890 (CH2606. 09/09/1890). Elles sont présentées en août 1891 à la S.F.P.C. avec un tel succès qu’il fonde cette même année la première usine de pellicules photographiques de France et d’Europe:

Parmi les récentes découvertes qui nous ont été signalées, nous citerons les Pellicules auto-tendues. Ces pellicules, recouvertes d'une émulsion au gélatino-bromure d'argent, sont destinées à remplacer le verre en photographie. Elles sont d'une transparence parfaite, d'une extrême légèreté et de plus incassables. Ce sont là des qualités de premier ordre et qui ne peuvent manquer d'assurer aux pellicules auto-tendues, lorsqu'elles seront vulgarisées, une des premières places dans les laboratoires de photographie.


Le Petit Journal, Paris, 7 février 1892, p. 5.

planchon victor 1892 publiciteLe Moniteur de la photographie, Paris, 1er juillet 1894, p. 18.

Le succès des pellicules auto-tendues attire l'attention de la maison Lumière qui va proposer une collaboration à Victor Planchon:

Peu après l'apparition des auto-tendues [...] la société Lumière, de Lyon, me demanda d'émulsionner elle-même mes films encadrés et ce fut là le début des précieuses relations que je nouai avec Auguste et Louis Lumière, et de l'amitié, j'ose dire presque fraternelle qu'ils m'ont, depuis, toujours témoignée.


POTONNIÉE, 1951: 6.

Le cinématographe (1894)

Dès lors les relations se nouent et il est l’un des premiers, à la fin de l’année, à voir fonctionner le cinématographe:

J’eus alors l’occasion de voir plusieurs fois à Paris Louis Lumière et c’est ainsi qu’un beau jour, j’ai pu deviner, sans qu’un mot fut échangé, la naissance, dans son merveilleux esprit, de l’idée géniale du Cinématographe. Je me rappelle toujours avec émotion son partage, au sortir d’une certaine boutique du Boulevard Saint-Martin, d’un fragment de bande du Kinetoscope d’Edison dont nous venions de constater l’imperfection technique et l’insuffisance totale à susciter, chez l’observateur unique que comportait l’appareil, autre chose qu’un intérêt sommaire et sans lendemain... Tenez, me dit Louis, vous qui faites des pellicules tendues, ne pourriez-vous fabriquer des bandes épaisses et souples comme celle-ci, qu’on trouve si difficilement en Amérique et en Angleterre... Cela pourrait devenir intéressant pour vous et pour nous !… Nous nous séparâmes, je regagnai Boulogne, où je fis tout pour réaliser ce désir. Il fallut 2 mois pour recevoir de St-Gobain la première grande table de glace (6 mètres) indispensable, créer un premier matériel de coulage, séchage, etc. dans ces dimensions ; bref, ce fut 3 mois après notre entrevue que j’emportai à Lyon le premier rouleau de Film de 6 mètre 55 cm. de largeur, dans lequel il était facile de découper des bandes de toute largueur. A Lyon, immense surprise… le cinématographe était né, projetant la vie sur une feuille de papier à dessin en guise d’écran… et avec toute la perfection des images que nous admirons de nos jours…

 

Pellicules auto-tendues à bordures métalliques
La maison A. Lumière, de Lyon, s'est entendue avec M. Planchon pour coucher avec ses émulsions les pellicules auto-tendues à bordures métalliques.
Les premiers échantillons de cette intéressante préparation viennent d'être présentées. L'avantage de cette combinaison consiste principalement dans la réunion en un seul tout de deux choses excellentes: la pellicule tendue, dont on connaît la légèreté et le maniement facile au cours des diverses opérations, et l'émulsion Lumière, si rapide et si généralement appréciée.
Ces pellicules que leur armature métallique permet d'adapter à toutes les chambres à magasin, aux diverses jumelles photogrpahiques, rendront de grands services à cause de leur faible épaisseur et de leur poids vraiment négligeable.Le Moniteur de la photographie, 2e série, Tome II,Toulouse, nº 8, 15 avril 1895, p. 121.

La Société Anonyme des Pellicules Françaises est fondée par Victor Planchon aux termes d'un acte sous signatures privées en date, à Boulogne-sur-Mer, du 27 février 1896. 

Victor Planchon se transporte à Lyon et crée en 1895/1896 la Société anonyme des Pellicules françaises qui va fournir jusqu’en 1914 des millions de mètres de bandes cinématographiques sensibilisées au gélatino-bromure d’argent.

L’usine de Lyon étant devenue insuffisante, il édifie à Feyzin trois groupes d’usines permettant la fabrication de 40.000 mètre de films par jour et de toutes les matières premières nécessaires à cette fabrication. De ses usines sortent la célèbre marque Plavic et la soie artifielle, dite soie de Feyzin. Après la guerre, il crée (1920) la société de la Soie de Feyzin. Il s’éteint à Lyon (8e) le 1er février 1935.

Sources

G. POTONNIÉE, "Victor Planchon", Bulletin de la Société Française de Photographie, 1936.

M. G. POTONNIÉE, "Victor Planchon 1863-1935", Art Photographie, nº 5, Lyon, mars 1951, p. 5-11.

G.M., "Une visite à l'usine de M. Victor Planchon & Cie, à Boulogne-sur-Mer", Bulletin de la Société Photographique du Nord de la France, octobre 1891, p. 121-125.

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08/03/1896 France Boulogne-sur-Mer Cirque Municipal Cinématographe Lumière

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