- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 16 novembre 2025
- Publication : 25 mars 2015
LOUVIERS
Jean-Claude SEGUIN
Louviers, ville du département de l'Eure (France), compte 10.000 habitants (1894).
1896
Le Cinématographe d'A. F. Parnaland (Foire, <3 octobre 1896)
À l'occasion de la foire, un cinématographe d'A. F. Parnaland est présenté. La presse locale donne quelques explications sur le fonctionnement de l'appareil :
Louviers. — Le cinématographe. — Le cinématographe, un instrument inventé tout réce mment, vient de faire son apparition dans le département de l’Eure. C'est à la foire de Louviers qu’il a été exhibé pour la première fois, mais il est certain qu’Evreux, Bernay, etc., le posséderont d’ici peu. MM. Parnaland et Trosley sont les barnums de ce nouveau spectacle scientifique.
Sur un écran, on voit se présenter des scènes animées, par exemple une rue de Paris avec le mouvement de ses voitures et de ses passants, l’arrivée d’un train en gare, la sortie des ouvriers de M. Paul Breton à Louviers.
Comme nos lecteurs le savent sans doute, le cinématographe est une modification du kinétoscope inventé, il y a deux ans, par Edison.
Ces deux instruments reposent sur la propriété que possède l’œil de conserver pendant un vingtième de seconde environ l’image d’un objet après que cet objet a disparu. La photographie instantanée permettant de prendre en une seconde de 15 à 20 vues successives d’un objet en mouvement, il suffit ensuite de faire passer sous les yeux en une seconde ces 15 ou 20 photographies pour avoir l’illusion du mouvement sans solution de continuité.
Nos lecteurs ont peut-être vu ces vieux jouets dans lesquels des silhouettes tournent dans un cylindre percé de petites ouvertures. Par la combinaison de ces silhouettes on voit un enfant sauter à la corde, un cheval galoper, etc. G’est l’application du même principe d’optique qui est utilisé pour ce jouet et pour le kinétoscope ou le cinématographe.
Le kinétoscope est pour l’œil ce que le phonographe est pour l’oreille. Le premier grave le mouvement, tandis que le second grave le son. Edison cherche même en ce moment le moyen de combiner les deux appareils de telle sorte que lorsqu’on entendra par exemple un acteur déclamer une comédie, on puisse en même temps voir son image faire les gestes correspondants.
Le kinétoscope diffère peu du cinématographe. Dans le kinétoscope on voit les photographies grossies par le stéréoscope ; dans le cinématographe, inventé par M. Lumière, photographe lyonnais, on voit les photographies par projection sur écran comme dans la lanterne magique. Les photographies dans les deux cas sont alignées sur une longue bande de gélatine transparente comme du verre. La bande constituant la sortie des ateliers de M. Breton à Louviers a une longueur de 22 mètres et elle contient environ 1,000 photographies ayant chacune 3 centimètres de largeur et 2 centimètres de hauteur.
Chaque photographie est naturellement fort peu différente de ses voisines puisqu’elles reproduisent chacune une phase du mouvement qui n’est séparée de la suivante que par un quinzième de seconde.
La bande de gélatine est entraînée non pas d’un mouvement continu, mais avec des arrêts correspondants au passage de chaque photographie devant l’objectif. Un obturateur ferme tous les instants intermédiaires. L’appareil qu’a construit M. Parnaland diffère de l’appareil Lumière dans le mécanisme qui produit ce mouvement interrompu 15 ou 20 fois par seconde. Il nous faudrait trop d’explications pour donner une idée même imparfaite de la modification ingénieuse de M. Parnaland.
Les projections sont éclairées à la lumière Drummond ; cette lumière aussi vive que la lumière électrique mais moins fixe est produite par la flamme d’un mélange d’oxygène et de gaz d’éclairage projetée sur un morceau de craie.
L’appareil de MM. Parnaland et Trosley fonctionne très bien ; malheureusement les projections ne sont pas parfaites pour une foule de causes oui tiennent presque toutes à une installation sommaire destinée à être transportée de ville en ville.
Journal d'Évreux et du département de l'Eure, Évreux, 3 octobre 1896, p. 3.
1897
Le Cinématographe (Place du Champ-de-Ville, 26-29 septembre 1897)
C'est à l'occasion de la foire Saint-Michel que s'installe un cinématographe sur la place du Champ-de-Ville:
C'est demain mercredi que doit s'ouvrir officiellement à Louviers la foire Saint-Michel. Mais déjà dimanche la place du Champ-de-Ville était garnie de nombreuses baraques foraines qui, ayant terminé leur installation, ont ouvert. Citons au hasard : [...] un musée de cire, un cinématographe, des tirs nombreux,[...].
Le Journal d'Evreux, du département de l'Eure, écho des Andelys et de la plaine du Vexin, Evreux, mercredi 29 septembre 1897.