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- Creado: 25 Marzo 2015
- Última actualización: 23 Marzo 2024
- Publicado: 25 Marzo 2015
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MONTREAL
Jean-Claude SEGUIN
Montréal est une ville de la province de Québec (Canada).
1894
Le Kinetoscope (The Star Office, <11> décembre 1894)
Un kinestoscope fonctionne dans les bureaux du Star en décembre.
The Montreal Star, Montreal, mardi 11 décembre 1894, p. 4.
Répertoire (autres titres): Caicedo, King of the Wire. Englehart Sisters, broadsword contest. May Lucas, Columbian dance. Annabelle, in the Buttefly dance (The Montreal Star, Montreal, mardi 11 décembre 1894, p. 4).
1896
Le cinématographe Lumière de Louis Minier et Louis Pupier (78 rue Saint-Laurent, 27 juin->10 juillet 1896)
Dès la mi-juin, la presse commence à évoquer l'arrivée du cinématographe Lumière :
UNE MERVEILLE
M. Lumière, de Lyon (France) le célèbre inventeur du cinématographe, a envoyé à Montréal deux délégués, chargés de la mission d'y faire l'installation de ce merveilleux instrument. Ils ont choisi l’édifice de l’Eden Musée, rue St Laurent. M. le maire Smith et la presse ont été invités à voir l’installation lorsqu’elle sera terminée. Cet instrument est le perfectionnement du kynetoscope d’Edison, pour la reproduction du mouvement par la photographie. Joint au phonographe, il est destiné à reproduire d’une manière vivante n’importe quelle scène. C’est ainsi, qu'entre les quatre murs d’une chambre de Montréal, on pourra assister à une revue du champ de Mars à Paris, entendre le clairon, voir défiler les troupes assister à une escarmouche entre espagnols et Cubains entendre le crépitement de la fusillade, voir tomber les morts, etc. Comme on le voit, le spectacle ne manquera pas d’imprévu.
Le Courrier de St-Hyacinthe, 18 juin 1896, p. 2
Peu après, les journaux donnent une description plus détaillée de l'appareil de la maison Lumière :
LE CINEMATOGRAPHE Le cinématographe de MM. Lumière est un ingénieux appareil qui permet non seulement d’enregistrer par la photographie, avec une admirable précision, tontes les scènes animées les pins variées sans omettre aucun des mouvements qu’elles comportent, mais aussi de les reproduire fidèlement, de grandeur naturelle, en les projetant sur un écran et les rendant ainsi visibles pour tonte une assemblée de spectateurs.
Il devient possible, grâce à cette remarquable invention, de développer les scènes de la vie réelle dans ses moindres détails : la vie est surprise là où s’est dirigé l’objectif et tout ce qui s’est passé se produit fidèlement comme, dans le phonographe d’Edison, la parole entendue autrefois se répète avec les moindres inflexions de voix.
Pour se faire une idée du principe sur lequel reposé cet appareil, il faut se reporter aux jouets bien connus désignés sous le nom de zootropes, praxinoscopes, dans lesquels des dessins, représentant assez grossièrement les diverses phases d’un mouvement, sont tracés à Intervalles très rapprochés sur une étroite bande de papier.
Cette bande est placée dans une boîte circulaire tournant rapidement devant une fente éclairée par une bougie en regard de laquelle on place l’œil, et la succession des images donne une illusion rapprochée du mouvement simple que représente le dessin, par exemple un saut, une danse, etc. C’est la persistance des impressions lumineuses sur la rétine qui donne, dans ces appareils, l’illusion au mouvement.
Grâce aux progrès réalisés par la photographie, on a pu arriver à substituer à ces dessins grossiers des photographies d’une fidélité scrupuleuse qui, disposées dans des appareils d’une grande perfection, donnent l’illusion parfaite de la vie.
C’est ce que réalise le cinématographe de MM. A. et L. Lumière. C’est un appareil complet permettant non seulement de prendre les vues, mais de les projeter ; les résultats qu’il donne sont vraiment merveilleux.
Les scènes animées sont photographiées sur une bande pelliculaire se dé roulant verticalement dans une boîte hermétiquement close, munie d’un objectif qui est successivement démasqué et obturé, à intervalles égaux, pendant que la bande pose ou, continue à se dé rouler. Grâce à un mécanisme d’une rigoureuse précision, la bande pelliculaire sur laquelle se photographient les images se déroule par mouvements successifs séparés par des arrêts. C’est le procédé créé par M. Marey pour ses belles études des mouvements des êtres animés.
Cette bande passe donc d’une vitesse maxima à une immobilité absolue et se trouve éclairée pendant tout le temps que l’épreuve est au repos, c’est-à-dire les deux tiers du temps total.
Le nombre des épreuves étant de 16 par seconde, une scène d’une minute comprend donc 900 photographies et tient une bande de 16 m. de long sur 3 cm. de largeur.
Le Prix courant, Montréal, 19 juin 1896, p. 29.
Le samedi 27 juin, une séance privée est organisée pour quelques invités :
LE CINÉMATOGRAPHE
On fera, ce soir, au Nº 78 rue St Laurent, une expérience privée du cinématographe, installé ici par les représentants de M. Lumière, de Lyon. Le maire, les directeurs de nos principales institutions, quelques-uns de nos citoyens les plus en vue ont été invités pour la circonstance, ainsi que les représentants de la presse.
La Presse, Montréal, samedi 27 juin 1896, p. 16.
Deux jours plus, le journaliste de La Presse consacre un article élogieux au Cinématographe de Minier et Pupier, malgré quelques rares réserves :
LE CINEMATOGRAPHE
Une des merveilles de notre siècle.
LA PHOTOGRAPHIE ANIMÉE
Intéressante expérience samedi soir.
Dire que samedi soir a eu lieu, au No 78 de la rue St-Laurent, devant un petit nombre de privilégiés, l'inauguration du cinématographe de M. Lumière de Lyon, c’est annoncer en termes bien peu enthousiastes, une grande chose, un événement des plus intéressants. On est arrivé à rendre la photographie animée. Cette merveilleuse découverte, fruit de savantes expériences, de patientes recherches, est une des plus étonnantes de notre siècle, pourtant si fécond en surprises, en victoires sur les mystères de l’électricité.
Nous avons eu d’abord le télégraphe, puis le téléphone, puis le kynétoscope d’Edison, et, maintenant, nous sommes arrivés au cinématographe. Où s’arrêtera-t-on ?
Jusqu’ici, la photographie ne reproduisait les êtres que dans l’immobilité ; aujourd'hui, elle les saisit en quelque sorte au passage, dans leurs mouvements si rapides, si variés qu’ils soient, et en donne l’image vivante, animée.
L'instrument fonctionne avec une rapidité telle que, dans l’espace d’un quinzième de seconde, il peut reproduire 960 mouvements difficiles. C’est ainsi que, dans la salle citée plus haut, l’on a rendu, comme dans une espèce de fantasmagorie étrange, des scènes prises en divers endroits de la France.
Ce fut d’abord l’arrivée d’un train à la gare de Lyon-Perrache. On voyait les voyageurs attendant sur la plateforme. Bientôt apparaît le convoi dans le lointain ; il approche en grossissant ; il vient avec rapidité ; on voit sortir la vapeur et la fumée de la locomotive. Il arrive, s’arrête ; les portières s’ouvrent et l’on assiste à la scène qui se passe pendant le temps d’arrêt ; des voyageurs descendent, d’autres montent : on se presse, on se bouscule : vous distinguez chacun des personnages. Rien de plus vivant : vous êtes vraiment à la gare. Le train part et tout disparaît.
Les invités ont ensuite assisté à une charge de cuirassiers. Au premier plan le général donne des ordres à un officier ; son cheval se cabre, piaffe, s’agite : A l’horizon, un point noir ; c’est le régiment. Il se met en mouvement sur un signal : il avance au grand galop des montures : bientôt, chaque cavalier devient distinct : les drapeaux flottent au vent, les armures étincellent ; cette masse se balance sur la plaine soulève des nuages de poussières. Elle approche, elle approche ; vous voyez chaque homme dans toute sa grandeur; ils sont un millier : ils arrivent à toute vitesse jusque sur le devant de la scène ; vous allez être écrasés ; mais non, tout disparaît à ce moment critique et vous restez là, bouche bée.
Et la mer ? Nous l’avons vue, non pas dans une image immobile, mais roulant ses flots : nous avons vu ses vagues déferlant mollement sur la plage ou se brisant sur les rochers; puis retombant en flots d’écume. Rien de plus frappant.
—Ça rafraîchit, s’est écrié un doux loustic.
Puis ce fut une autre charge de cavalerie : une partie d’écarté entre M. Lumière et des amis dans un jardin : la mimique de deux prêtres ; la démolition d’un mur, un exercice de voltige et autres scènes tout aussi vivantes.
Ces scènes sont reproduites sur un écran, comme on le fait pour les représentations avec la lanterne magique.
MM. Minier et Pupier, qui ont installé l’appareil, ici, n’entendaient pas arriver d’un seul coup à la perfection ; mais simplement faire une expérience toute scientifique ; les trépidations de l’instrument, par exemple, fatiguaient l'œil, nuisaient à la netteté de la perception et parfois, donnaient aux objets cette teinte vague de choses entrevues comme en un rêve : mais, malgré ces légères imperfections inhérentes à tout début et qui peuvent facilement se corriger, on peut dire que le résultat obtenu est vraiment étonnant. Pour rendre l’illusion complète, il ne manquait que les couleurs et le phonographe, reproduisant les sons. On y arrivera sous peu, croit-on.
La Presse, Montréal, lundi 29 juin 1896, p. 1.
Les séances sont encore annoncées en juillet:
Cinématographe ou photographie animée, 78 rue St Laurent. Séances tous les jours de 1 à 12 heures, fêtes et dimanches compris.
La Presse, Montréal, vendredi 10 juillet 1896, p. 1.
1897
Le Cinématographe (The Queen's, <19> janvier 1897)
Dans le spectacle donné au Queen's, un cinématographe projette des vues animées:
AT THE QUEEN'S.
This week’s attraction at the Queen’s Theatre is The Guv’nor, which opened last evening before a fair-sized audience. The play is well-mounted and faithfully produced, and appeared to give much pleasure to those who attended. The plot is too well known to need repetition. It has stood the test of considerable time, and the laugh-provoking charm of its situations has not yet worn away. The company would possibly increase the popularity of their production this week by putting a little more life into their lines. Last night they sometimes permitted the scene to drag, and the situation was once or twice only saved by the advent of Mr. Lytell, whose Theodore Macclesfield was exceedingly well done. The series of Cinematograph views thrown on the drop curtain between the acts were most enjoyable, and evoked hearty applause.
The Herald, Montreal, mardi 19 janvier 1897, p. 4.
Le Cinématographe Lumière (2268 St. Catherine Street, <24 février->1er mars 1897)
Le Cinématographe Lumière fonctionne, en février, au 2268 St. Catherine Street:
An interesting entertainment is now going on at 2268 St. Catherine Street, where Lumiere’s marvellous cinematograph is being operated to the delight of large audiences. The life-like motions depicted on the canvas are very interesting and the views now being given are especially suited to ladies and children, many of whom attend every afternoon and evening. The production of the pictures has been brought to a high state of perfection, and the programme i8 both varied and enjoyable.
The Herald, Montreal, mercredi 24 février 1897, p. 6.
Dans une petite annonce, on remarque que les séances ont besoin d'un pianiste:
ON DEMANDE bon pianiste, cinématographe, 2268 Ste Catherine, à partir 2 heures.
La Presse, Montreal, lundi 1er mars 1897, p. 7.
Le Cinématographe Lumière de Félix Mesguich (Palace Theatre/78 rue Saint-Laurent, 22 mai->1er juin 1897)
Le Cinématographe Lumière, présenté par Félix Mesguich, inaugure ses séances au Palace Theatre à la fin du mois de mai.
La Presse, Montréal, samedi 22 mai 1897, p. 15.
La presse consacre de longs articles à l'invention des Lumière:
LE CINÉMATOGRAPHE LUMIERE
Le succès du Cinématographe Lumière, fait fait chaque jour l’admiration du public, et fréquemment, dans les séances de l’après-midi et de la soirée, la petite salle du Palace Théâtre, 78, rue St. Laurent, se trouve prise d’assaut.
Le secret du succès du Cinématographe Lumière n’est pas seulement dans la machine ni dans l’excellence de ces photographies, mais aussi par les variétés, sans rival de ses programmes, changés chaque semaine; chacune de ces vues est représentée avec une fidélité et une netteté si parfaite que nous ne pouvons que complimenter l’opérateur électricien, M. Félix Mesguick [sic], qui nous représente sur un écran, l’image vivante de ces sujets.
Décrire ici en détail, occuperait trop d'espace, mais n'est-il pas suffisant de dire que le pouvoir de la fascination est tel que chaque visiteur regrette la fin, trouvant parfois la séance trop courte.
Cette merveilleuse invention, comme tous les journaux du monde l'atteste, est aujourd'hui le triomphe "fin de siècle", de la photographie scientifique.
La Presse, Montréal, vendredi 4 juin 1897, p. 7.
Les programmes sont annoncés au cours du séjour cinématographe :
PALACE THEATRE
La grande attraction du jour c’est le Cinématographe Lumière, de Lyon (France), le plus parfait, bien certainement, de tous les appareils de ce genre, ayant été mis en usage au Canada. Beaucoup connaissent, du reste, pour y avoir assisté, les intéressantes représentations de ce curieux instrument, données à Montréal il y a quelques mois. C’est d’une installation permanente qu’il est question aujourd'hui et le Cinématographe, installé luxueusement à la coquette salle de la rue St- Laurent, numéro 76, nous arrive avec une profusion de vues nouvelles, renouvelées chaque semaine. Citons parmi celles qui défilent cette semaine : La partie de boxe, — Carnaval de Nice, — Danseuses Irlandaises, — Les bains froids à Milan, — Le voyageur mystifié, — Le Roi et la Reine d'Italie, — Les bébés, — La sortie de l'Usine Lumière, — Procession Arabe, — Le 96e Régiment de ligne en marche.
Que toutes les mères de famille emmènent leurs enfants aux matinées du Cinématographe, de 2 heures à 6 heures p. m.
Cela ne coûte que 10 centins.
Le Samedi, Montréal, samedi 5 juin 1897, p. 27.
Le personnel est habituellement engagé sur place comme on peut le déduire grâce à cette petite annonce:
ON DEMANDE une caissière dans la salle du cinématographe, 78 rue St Laurent. S'adresser entre 10 à 12 a.m.
La Presse, Montréal, mercredi 9 juin 1897, p. 6.
Le succès ne se dément pas et de nouvelles vues animées sont proposées au public :
PALACE THEATRE
Le Cinématographe Lumière continue le cours de ses succès, rue St Laurent. Rien de plus charmant, de plus vivant, de plus attrayant que ces tableaux de la vie réelle qui défilent, avec une netteté parfaite, devant les yeux ravis des spectateurs.
C’est le plus joli spectacle où l’on puisse conduire un enfant et il laisse, bien loin derrière lui, ceux auxquels nous sommes ordinairement conviés. La salle du Cinématographe est fréquentée par la meilleure société. Les membres du clergé, ainsi que les plus honorables familles canadiennes, y viennent régulièrement chaque semaine. Citons les vues redemandées : Mauvaises herbes — Danse de Nègres — Défilé des Turcos. Et les nouvelles vues : Jardin des Tuileries, à Paris — Carnaval de Nice — Querelle enfantine — Partie de Tric Trac — Lions — Montagnes Russes nautiques — Charge do Cuirassiers fiançais.
PALLADIO.
Le Samedi, Montréal, samedi 19 juin 1897, p. 27.
Les programmes changent régulièrement :
PALACE THEATRE
Tous les étrangers à la ville venant visiter Montréal à l’occasion des fêtes du jubilé se feront un devoir d’aller visiter le cinématographe-Lumière, la plus parfaite exhibition de photographies animées.
C’est incontestablement la plus grande merveille du siècle que nous présente le cinématographe avec son charmant spectacle, varié chaque semaine, auquel se pressent les grands comme les petits et qui a si bien obtenu le patronage des bonnes familles canadiennes.
Le choix du spectacle, pendant les fêtes jubilaires, a été tout particulièrement soigné par l'habile opérateur, Mr Félix Mescuich [sic]: Les enfants sur la plage — La garde montante — Querelle enfantine — Los pigeons de Venise — Voyageur mystifié — Gros temps en mer — Défilé du Génie — Sortie do l'Usine Lumière — Les joueurs de cartes arrosés — Cuirassiers français.
Un Souvenir sera offert à chacun de ceux qui viendront visiter la coquette petite salle du Palace-Théâtre. Entrée : 10 centins seulement.
Le Samedi, Montréal, samedi 26 juin 1897, p. 26.
Les dernières séances ont lieu jusqu'à la mi-juillet et la fermeture d'été :
PALACE THEATRE
Les habitués du Palace Théâtre ont assisté, cette semaine, à une exhibition de vues vraiment extraordinaires : De magnifiques scènes des fêtes russes ; des tableaux humoristiques et vécus. Voilà le bilan de ce qui a été offert au public par l’administration du Cinématographe, toujours soucieux du plaisir de ceux qui lui font l’honneur d’une visite.
Par ces chaleurs ultra-tropicales, l’établissement est fermé le jour.
Allez aux représentation du soir ; la salle est fraîche et le spectacle change continuellement.
A partir de dimanche, fermeture d’été. L’établissement fera sa réouverture pour l’Exposition Provinciale.
Le Samedi, Montréal, samedi 17 juillet 1897, p . 19.
Répertoire (autres titres): Les autruches au Jardin d'Acclimatation de Paris, Le salut des escrimeurs, Bersagliers Italiens, Le Dentiste, Les lions, La Badoise, Le Jury de peinture, Bassin des Tuileries, à Paris, Montagnes russes nautiques, Le défilé des dragons allemands (Le Samedi, Montréal, samedi 3 juillet 1897, p. 27).
Le motographe d'Allan May (Rue Cotté/Théâtre Royal, 1er->18 juin 1897)
L'acteur Allan May utilise un motographe dans ses spectacles qui commencent dès la fin du mois de mai :
THEATRE ROYAL
Les affiches du Théâtre Royal annonçant "Black Crook" pour cette semaine, nous pourrions nous dispenser de dire que la salle de la rue Cotté était comble hier, en matinée et en soirée. "Black Crook" signifie une foule d'illusions enchanteresses, des beautés de tous genres, de l'esprit à foison, de la bonne musique, etc. Or, hier, on a joué "The Palace in the Moon" et "The Yellow Kid of Hogan's Alley at Vassar College," et, cependant, le public, qui a trouvé ce qu'il cherchait, a été tout aussi satisfait. En dehors de ces deux bouffonneries exhilarantes, quelques numéros méritent d'être mentionnés. Il nous faut parler des chansons illustrées par le cinématographe - on nous a représenté nos pompiers à l'oeuvre et le succès a été énorme - et Emerson et Omega ont droit à des félicitations, ainsi que Gibson et Donnelly.
Bref, le Théâtre Royal fera, cette semaine encore, de belles recettes.
La Presse, Montréal, mardi 1er juin 1897, p. 7.
La Presse consacre un très long article où le journaliste donne une description très détaillée de certaines vues prises à Montréal :
THEATRE ROYAL
Le Royal a vu pendant ces deux dernières semaines ses affaires prospérer d'une façon étonnante; il a obtenu un extraordinaire et éclatant succès. La public n'a cessé d'affluer à ses portes et chaque représentation a fait salle comble. C'est là un fait surprenant à cette époque de l'année surtout si l'on songe combien notre population est peu amateur de représentations théâtrales. Il faut donc qu'il y ait eu une attraction très puissante pour attirer ainsi les gens au théâtre et les en faire sortir satisfaits et enthousiasmés. Il est évident pour toute personnes qui a assisté à une représentation pendant ces quinze jours que cette attraction extraordinaire réside dans le merveilleux motographe qui reproduit des images animées des événements de la vie.
M. Allan May, qui a la direction de l'instrument, est un acteur de mérite et un excellent chanteur. Il se sert de son motographe pour illustrer quelques-unes de ses chansons. L'une des plus remarquables est celle du petit vendeur de journaux de Montréal. La scène représente la rue St Jacques, près du bureau de poste. Il est à peu près sept heures, mais les passants sont encore nombreux. Un jeune garçon tenant un gros paquet de journaux sous son bras, les offre en vain aux gens qui passent. Ceux-ci regardent le nom de son journal, puis après un regard de dédain, continuent leur route.
C'est à peine si de loin en loin le malheureux peut placer un misérable numéro à un étranger qui ne connaît pas les journaux de Montréal. Découragé, le jeune garçon s'assied sur les degrés de l'escalier du bureau de poste, songeant aux mauvais traitements qui l'attendent s'il rentre à la maison sans avoir vendu ses journaux. A quelques pas de lui, un de ses compagnons est mieux favorisé. Il n'a eu qu'à annoncer son journal pour voir presque tout son assortiment s'écouler en quelques instants. Les passants l'entendant crier son journal, mettent d'avance la main à la poche et prenant le journal au passage, ils s'en vont en lisant. Le mieux favorisé des deux vendeurs de journaux aperçoit son camarade qui se désespère; il s'approche de lui, lui donne une partie de ses recettes et son collation et lui dit: "Vends "La Presse," demain, et tu ne seras plus dans l'embarras.
Cette scène est très belle et il y a là une petite note attendrissante. Une autre des photographies animées et certainement la plus intéressante est une vue du train rapide de Winnipeg, marchant à une vitesse de 80 milles à l'heure. On voit à côté de la voie ferrée, des jeunes gens qui agitent leurs chapeaux en voyant venir le train. Celui-ci arrive et passe à une vitesse vertigineuse, effrayante. Les voyageurs, au passage, agitent leurs mouchoirs, sympathisant un rapide instant avec ces jeunes gens inconnus.
Ce spectacle est l'un des plus beaux que l'on puisse voir. Les détails sont parfaits. Les montagnes dessinent leurs masses énormes et les arbres de la forêt semblent vous appeler à vous reposer sous leur ombrage. Les vues représentant la brigade du feu de Montréal ont aussi été fort admirées. Le public a redemandé plusieurs scènes qui ont été gracieusement accordées. Le motographe à l'aide duquel sont rendues ces photographies animées se compose d'un cylindre formé d'une espèce de feuille très mince d'un pouce et demi de largeur et d'une bonne longueur enroulée sur elle-même. Cette feuille est recouverte de photographies grandes d'un tiers de pouce environ qui ont été prises à des intervalles très rapprochées. Ces photographies sont ensuite agrandies par divers procédés qu'il serait trop long d'expliquer ici et projetées sur un écran éclairé où les objets apparaissent dans leur grandeur naturelle. L'appareil fonctionne au moyen de l'électricité et les feuilles se déroulent avec rapidité; chaque photographie passant devant une lentille qui l'amplifie et renvoie la figure sur l'écran. Il passe ainsi 3,000 photographies à la minute devant la lentille et le spectateur a ainsi une vue animée d'un spectacle. Les résultats obtenus sont réellement merveilleux. Les objets apparaissent très nets et très distincts et la vacillation que l'on l'on remarque tant dans le cinématographe et plusieurs autres appareils du même genre, est presque nulle ici. Les mouvements des personnes sont aussi aisés et aussi faciles que si les gens eux-mêmes agissaient devant vous.
Le public américain peut ainsi se faire l'illusion qu'il assiste à des événements qui se sont passés en Europe tant le mouvement et la vie sont fidèlement représentés et vice versa pour les Européens.
Ce genre de représentations est certainement celui de l'avenir. Les grands journaux de New-York, le "Journal," le "Herald," le "World" et le "Sun" font les plus grands éloges de M. May et de sa machine, le motographe.
M. Allan May et M. Emerson viennent de se constituer en société pour engager une compagnie qui portera le nom de "The American Motograph Concert and Comedy Company" et qui parcourra toutes les principales villes du Canada, donnant des représentations avec le motographe auquel il ajoutera du chant et de la comédie. Le motographe sera encore au Royal la semaine prochaine, et en outre d'une comédie et d'un bon nombre de variétés qui seront données par des artistes émérites, l'appareil reproduira la grande bataille de Carson City, entre Corbett et Fitzsimmons. Le public verra les deux pugilistes aux prises aussi bien que ceux qui sont allés les voir au Névada. Le combat sera représenté depuis la première ronde jusqu'à la quatorzième inclusivement, y compris le coup qui a mis Corbett hors de combat. Ce sera certainement une attraction qui attirera tout Montréal au Théâtre Royal. Le motographe sera encore cette semaine sous la direction de M. Allan May.
La Presse, Montréal, samedi 12 juin 1897, p. 14.
L'une des dernières annonces est publiée le 18 juin.
The Herald, Montreal, vendredi 18 juin 1897, p. 4.
Le Cinématographe Lumière (Palace Theatre, 14 août->4 septembre 1897)
Au Palace Theatre, un cinématographe Lumière commence à fonctionner à la mi-août :
LE CINEMATOGRAPHE LUMIERE
Le merveilleux cinématographe Lumière, revient prochainement au Palace Théâtre, rue St Laurent, pour la saison 1897-98. La réputation de cet appareil de reproductions photographiques animées n’est plus à faire. C’est le modèle du genre.
De fait, le cinématographe Lumière, est le seul appareil qui supprime presque complètement le tremblotement des vues sur l'écran. L’ouverture de la saison au Palace Theatre est fixée à samedi, le 14 courant. Les vues les plus belles, les plus originales, les plus comiques seront présentées au public à chaque séance, l'après-midi et le soir, dimanche compris. Signalons les vues suivantes : Le géant et le nain, la danse russe, la course en sac, artillerie espagnole, les dragons allemands et le jardinier arrosé.
La Presse, Montréal, vendredi 13 août 1897, p. 5.
La Presse, Montréal, samedi 14 août 1897, p. 15.
The Herald, Montréal, lundi 16 août 1897, p. 6.
Une annonce est publiée le 17 août:
LE CINEMATOGRAPHE
Toujours merveilleux, le cinématographe-lumière continue à attirer la foule au Palace Théâtre, rue St Laurent. Les vues y sont presque toutes nouvelles et d'une moralité impeccable.
L’administration a résolu de ne rien négliger pour plaire à ses clients et a conclu des arrangements pour se procurer les vues du jubilé de la reine, à Londres.
Le cinématographe est ouvert tous les après-midis et soirs de la semaine, dimanche compris.
Cette semaine, le programme attrayant au possible, comprend comme “clou” le “Géant et le nain”, une vue désopilante, comique et dont la reproduction sur l’écran est presque effectuée sans tremblement.
La Presse, Montréal, mardi 17 août 1897, p. 8.
Les projections se prolongent jusqu'en début septembre.
The Herald, Montréal, samedi 4 septembre 1897, p. 4.
Le cinématographe Lumière de M. Prosper (Exposition de Montréal, 20-28 août 1897)
Alors que l'exposition de Montréal comme le 19 août, ce n'est que le lendemain que le cinématographe commence à fonctionner :
Le cinématographe ne sera installé que demain.
La Presse, Montréal, jeudi 19 août 1897, p. 8.
Le cinématographe ne constitue toutefois qu'un spectacle parmi tant d'autres :
EXPOSITION DE MONTRÉAL
L’Exposition Provinciale, à Montréal, est dans son plein, et tout concourre à en faire, cette année, la principale attraction de la saison.
En dehors des exhibitions commerciales et manufacturières, particulièrement brillantes cette année ; des expositions de matériel agricole, de laiterie et fromagerie ; de celles horticoles, très remarquables ; de la magnifique exhibition d’animaux, il nous faut citer les attractions en tous genres qu’on a accumulé sur le terrain de l’Exposition pour le plus grand émerveillement des visiteurs.
Et d’abord les féeriques illuminations (10,000 verres électriques). Les ascensions pour le championnat du monde, Léo Stevens, Chs La Strange, Nina Madison, descente de 3,000 pieds en parachute ; les courses d’automobiles électriques ; les nains de Rossow, pesant à eux deux 64 livres seulement ; les 3 Moyossas et leur voiture mystérieuse ; poses plastiques par les Asbeys ; le cirque de chiens du professeur Burton ; Orocco et son globe ; les contorsionistes Sexton ; le petit cheval Babelte ; Shannon frères et leur éléphant comique ; la troupe bouffonne et excentrique de Naddle; le cheval Marquis, la merveille californienne, valant 8100,000 ; courses de chevaux toutes les après-midis ; parade des Dragons Royaux ; le Cinématographe Lumière (de France) et les tableaux animés du jubilé de la Reine; le Musée de cire de Mr Beullac, tous groupes, grandeur nature des quatre générations de la famille royale d’Angleterre, réception de sir Wilfrid Laurier au château de Windsor, couronnement de S. M, la Reine, etc. Une merveille.
Tous les jours du 19 au 28 août. 25 cts d'entrée.
PALLADIO.
Le Samedi, Montréal, samedi 28 août 1897,p. 19.
On connaît le nom du responsable, M. Prosper, grâce à un article publié quelques semaines plus tard:
Nous savons que M. Prosper a donné des représentations avec le cinématographe Lumière à New York, à Jersey City, puis aux terrains de l'exposition de Montréal, pendant les fêtes jubilaires et que partout il a fait valoir l'incontestable supériorité de l'appareil Lumière. Les vues annoncées attireront la foule au Palace Theatre où les représentations commencent dès ce soir.
La Presse, Montréal, mardi 21 septembre 1897, p. 2.
Le Vériscope de Dan Stuart (Queen's, 28 août->4 septembre 1897)
C'est à l'occasion de son ouverture en août le Queen's annonce des projections de vues animées avec le Vériscope de Dan Stuart :
Le Queen’s a eu une brillante ouverture, hier soir, qui fait présager d'un grand succès pour la saison. La salle était bondée et avant huit heures les seules places disponibles étalent dans les allées. Le vestibule présentait un coup d'œil agréable, décoré comme il était de fleurs de toutes espèces. L'intérieur de la salle était aussi très propre et très coquet.
[...]
La merveille de la photographie moderne, la représentation au vériscope de la bataille Corbett-Fitzsimmons qui a eu lieu à Carson City, viendra au Queen's, la semaine prochaine. Les seules véritables photographies de ce combat sont données par le vériscope qui est la propriété de la compagnie dont Dan Stuart, le promoteur de la rencontre, est le directeur. Ces photographies sont les échantillons les plus merveilleux de l'art photographique et la presse des Etats-Unis en a fait un éloge unanime. Les images de ces photographies sont reproduites en un vaste écran-plan à 90 pieds de la machine et l'on peut suivre tous les plus petits détails du combat.
La Presse, Montréal, jeudi 26 août 1897, p. 1.
La Presse, Montréal, samedi 28 août 1897, p. 15.
Mais la présentation du Vériscope au Queen's est loin d'être satisfaisante :
Le Vériscope du Queen's a été un four à peu près complet. Nous savions déjà que les photographies animées telles que reproduites sur l'écran par le Vériscope étaient loin, très loin d'avoir la netteté caractéristique d'appareils plus perfectionnés. Nous en avons eu la preuve à la représentations donnée au Queen's de la bataille entre Corbett et Fitzsimmons.
Le Passe-Temps, Montréal, v. 3, nº 64, 4 septembre 1897, p 268.
Le cinématographe de M. Prosper (Fêtes jubilaires, 13-18 septembre 1897)
À l'occasion des Fêtes jubilaires, un cinématographe présente des vues animées :
Fêtes organisées par les employés
Les membres du comité des fêtes jubilaires, organisées par les employée des tramways, au bénéfice de l’Oeuvre des Etrennes, des hôpitaux et du Fresh Air Fund, nous assurent que ces fêtes dépasseront en splendeur tout ce qui a été vu dans le genre, au Canada, jusqu’ à présent.
Plusieurs amusements, tels que carrousels, promenade à dos de mulets, vues animées au moyen du cinématographe, phonographe, etc., seront donnés gratis au public. Le prix des billets d'entrées pour ces fêtes, n’est que de dix cents. Chaque billet donne le droit d’entrée sur le terrain à un adulte et à deux enfants âgés de moins de quinze ans.
Ces fêtes, auxquelles tout Montréal devra prendre part, dureront une semaine. du 13 au 18 courant.
La Presse, Montréal, vendredi 3 septembre 1897, p. 1.
The Herald, Montréal, mardi 7 septembre 1897, p. 4.
On connaît le nom du responsable, M. Prosper, grâce à un article publié quelques semaines plus tard:
Nous savons que M. Prosper a donné des représentations avec le cinématographe Lumière à New York, à Jersey City, puis aux terrains de l'exposition de Montréal, pendant les fêtes jubilaires et que partout il a fait valoir l'incontestable supériorité de l'appareil Lumière. Les vues annoncées attireront la foule au Palace Theatre où les représentations commencent dès ce soir.
La Presse, Montréal, mardi 21 septembre 1897, p. 2.
Le Cinématographe Lumière de M. Prosper (Rue St-Laurent/Palace Theatre, [21] septembre->9 octobre 1897)
Le Français M. Prosper va organiser des séances au Palace Theatre avec son cinématographe Lumière :
LE CINEMATOGRAPHE
C'est M. Prosper, un électricien français de talent, qui est maintenant chargé de la manipulation du cinématographe Lumière au Palace Theatre, rue St Laurant.
M. Prosper a apporté d'Europe, de nouvelles vues, notamment, "Les fêtes russes à Paris", six vues, "Défilé d'artillerie", "Pont de Londres", "Descente du pont de Brooklyn", "Bataille de neige", "Charcuterie mécanique de Marseille", etc.
Nous savons que M. Prosper a donné des représentations avec le cinématographe Lumière à New York, à Jersey City, puis aux terrains de l'exposition de Montréal, pendant les fêtes jubilaires et que partout il a fait valoir l'incontestable supériorité de l'appareil Lumière. Les vues annoncées attireront la foule au Palace Theatre où les représentations commencent dès ce soir.
La Presse, Montréal, mardi 21 septembre 1897, p. 2.
Un article confirme que l'appareil est bien celui qui a fonctionné lors de l'Exposition:
LE CINÉMATOGRAPHE
Le plus parfait instrument qui ait encore été vu à Montréal, le même qui a fonctionné toute une semaine sur les terrains de l’Exposition lors du pique-nique des Employés des Tramways, est, pour quelques jours seulement, au Palace Théâtre, 78 rue St-Laurent. Allez le voir : Nouvelles vues ; éclairage parfait ; pas le moindre tremblement. C'est magnifique.
PALLADIO.
Le Samedi, Montréal, samedi 2 octobre 1897, p. 19.
En octobre, Le Samedi évoque toujours les projections du Palace Theatre:
LE CINÉMATOGRAPHELUMIÈRE
Etonnant le Cinématographe de la rue St Laurent, au Palace Théâtre. Mr Prosper, l’habile opérateur qui le manœuvre, a remporté, cette semaine, un bien joli succès avec les Fêtes Russes, de Cherbourg et de Paris, les Danses Acrobates, le Repas du Bébé, etc.
Tout le monde veut voir ces si curieuses vues animées et cela ne coûte que 10 centins.
PALLADIO.
Le Samedi, Montréal, samedi 9 octobre 1897, p. 19.
Le Cinématographe (Notre Dame St./The S. Carsley Co. Limited, 12->12 novembre 1897)
C'est en novembre qu'un appareil cinématographique fonctionne dans le magasin de la Cie S. Carsley.
The Herald, Montreal, vendredi 12 novembre 1897, p. 5. | La Presse, Montreal, samedi 13 novembre 1897, p. 8. |
Le Vériscope de Dan Stuart (Monument National, 23-29 novembre 1897)
Dan Stuart est de retour à Montréal, en novembre, pour de nouvelles représentations du veriscope :
LE VERISCOPE
Le Monument National a été retenu pour une nouvelle représentation de la lutte de Corbett-Fitzsimmons, au moyen du vériscope. C'est sur demande spéciale des amateurs de cette ville que les propriétaires de cette merveilleuse machine reproduisant la célèbre lutte dans tous ses détaisl, reviennent à Montréal.
Les pix sont fixés à 23 et 50 cents. La vente des sièges commencera lundi prochain au Monument National.
La Patrie, Montréal, vendredi 19 novembre 1897, p. 1.
Le compte rendu de cette nouvelle présentation est plus favorable et il semble bien que des projets aient été faits dans la projections des vues animées :
LE VERISCOPE AU MONUMENT NATIONAL
On pourrait douter que les spectateurs qui s'étaient réunis, hier soir, au Monument National pour assister à la représentation du vériscope de la rencontre Corbett-Fitzsimmons, à Carson City, n'oubliaient pas par moments qu'ils n'avaient devant eux qu'un portrait de la bataille. L'enthousiasme qu'ils manifestaient aurait pu faire croire le contraire. Aucune lutte pugilistique ou athlétique n'a été suivie avec' autant d'intérêt ni avec autant d’attention. Les vues sont meilleures que celles que nous avons eu occasion de voir il y a quelque temps, elles sont plus claires et plus distinctes. Cela résulte ainsi qu'on nous l'a expliqué, que le courant électrique est plus fort. Outre ce grand avantage. Il y a un certain nombre de vues suivant le coup fatal, qui n'avaient jamais été montrées auparavant, et que l'on exhibe actuellement au Monument National. Ces nouvelles photographies montrent la foule qui se précipite vers l'arène, et elles ont été montrées pour la première fois, hier soir. Il y avait beaucoup de dames, hier soir, et elles ont paru attacher un intérêt extraordinaire à la représentation. Il y aura matinées jeudi et samedi.
La Presse, Montréal, mardi 23 novembre 1897, p. 7.
Les dernières annonces datent des derniers jours du mois de novembre.
La Minerve, Montréal, lundi 29 novembre 1897, p. 7.
L'Historiographe d'Henry de Grandsaignes d'Hauterives (2064 rue Saint-Laurent/Eden Musée, 27 octobre-25 décembre 1897)
Henry de Grandsaignes d'Hauterives et sa mère Marie, Anne, Joséphine, Charlotte Tréouret de Kerstrat inaugurent des séances cinématographiques avec un appareil qu'ils nomment l'historiographe. Une première séance privée a lieu le mercredi 27 octobre:
L'HISTORIOGRAPHE
L'histoire reconstituée en tableaux animés
M. le vicomte H. d'Hauterives, avocat à la Cour d'Appel de Paris, licencié en droit, bachelier ès-lettres, directeur-fondateur de l'Historiographe, vient d'installer à Montréal, pour quelque temps, son ingénieuse production.
L'Historiographe n'est qu'une forme perfectionnée du Cinématographe, que tout le monde connaît aujourd'hui, et appliquée à la reconstitution de l'histoire universelle, dans ses scènes les plus marquantes, au moyen de tableaux animés, d'une fidélité parfaite et d'une scrupuleuse exactitude.
Pour la réalisation de cette heureuse idée, si intéressante et instructive à la fois, on comprendra aisément toutes les difficultés qu'il a fallu vaincre. Chacun des tableaux représentés, pour donner l'impression du mouvement et de la vie, comporte une moyenne de sept à huit cents photographies combinées.
Hier soir, en présence d'une cinquantaine d'invités, M. d'Hauterive a bien voulu donner un avant-goût de ce que seront les représentations qu'il va offrir au public montréalais, et qui commencent aujourd'hui même, à l'Eden Musée, pour durer une quinzaine de jours.
Dans un local tout à fait défavorable du soubassement, et qui ne donne qu'un pâle aperçu de ce que sera le spectacle dans une salle convenable, au théâtre du Musée, on a fait défiler sous nos yeux vingt-deux tableaux divers: douze illustrant quelques-uns des principaux incidents de la vie de N. S. J. C.; deux, l'histoire d'Angleterre; cinq, la révolution française, et le premier empire; trois, la guerre franco-prussienne. Tous les personnages sont fort ressemblants avec les types qu'en a créés l'histoire, et les tableaux sont saisissants de vie et de précision. Avec les explications qu'y ajoute le directeur, ils constituent un véritable cours d'histoire, attrayant et instructif à la fois.
On a particulièrement remarqué les scènes suivants de la vie du Sauveur: Noël, les Rameaux, Jésus et les petits enfants, résurrection du fils de la veuve Gerhsémani (200 pieds de long, 8,000 photographies), la marche au Calvaire, le Golgotha: les adieux de Charles Ier, histoire d'Angleterre; assassinat de Marat, Napoléon au pont d'Arcole, défense du drapeau histoire de France.
Nous croyons appelée à un grand succès la production cinématographo-historique de M. d'Hauterives, et ne pouvons qu'encourager nos lecteurs à se payer ce quart d'heure de pratique et intellectuelle récréation.
La Minerve, Montréal, jeudi 28 octobre 1897, p. 5.
Quelques jours plus tard la revue Le Samedi donne à son tour un compte rendu des séances :
L’HISTORIOGRAPHE
L’Historiographe, qu’a présenté à la presse, à l’Eden Musée, M. d’Hauterives, est un appareil pour la production de scènes historiques animées qui sont bien la chose la plus intéressante qu’on puisse voir. Les spectateurs qui assistaient à cette si remarquable représentation ont pu admirer, pendant une heure qu’a duré le spectacle, les 22 tableaux le composant, tous plus attachants les uns que les autres et représentant les épisodes principaux de vie de N.-S. Jésus Christ : Noël, les Bergers, les Mages, Jésus dans le Temple, Le fils de Naïm, Laissez venir à moi les petits enfants, les Rameaux, La Cène, Gethsémani, Le tribunal de Pilate, La marche au Calvaire, Le Golgotha, La descente de croix, la Résurrection. Toutes ces scènes sont posées par des personnages vivants, d’une étonnante ressemblance physique avec ceux qu’ils représentent, et les costumes et décors sont des reconstitutions archéologiques de tout premier ordre.
Dans la seconde partie du spectacle nous voyons successivement défiler : Les adieux de Charles Ier, Combat naval de Trafalgar, Assassinat de Marat, Mlle de Sombreuil devant le tribunal révolutionnaire, Napoléon Ier au Pont d’Arcole, Napoléon et la sentinelle endormie, Le Pape Pie VII et l’Empereur. Puis des épisodes dramatiques de la guerre franco-prussienne de 1870 : La défense du drapeau, Surprise au petit jour, Combat de Formerie.
L’Historiographe est, bien certainement, ce qui a été présenté de plus parfait jusqu’à ce jour à Montréal, et justifie pleinement l'engouement qu’il a provoqué à Paris depuis plusieurs semaines.
Nous invitons tous nos lecteurs à l’aller admirer.
PALLADIO.
Le Samedi, Montréal, 6 novembre 1897, p. 27.
Des séances vont avoir lieu jusqu'en décembre, mais à un rythme, semble-t-il, irrégulier. Ainsi, l'on sait que l'appareil organise des projections dans d'autres lieux de la ville, mais aussi dans d'autres communes comme Saint-Jérôme. Un article vient corroborer l'itinérance de l'appareil :
POUR LES FÊTES
Pour les fêtes de Noël, un joli spec tacle à offrir aux enfants, c’est celui de l'Historiographe, installé au Théâtre de l’Eden-Musée.
Toutes les maisons d’éducation, les communautés religieuses et un grand nombre de particuliers ont déjà retenu les services de Mr d ’ Hauterives, le directeur de ce magnifique spectacle.
On nous promet pour les fêtes, vers le 15 décembre, une ou plusieurs représentations au Monument National, avec toute une série de tableaux nouveaux : La vie de Jeanne d’Arc, les chefs d’œuvres des maîtres-peintres contemporains, Féeries enfantines, etc.
Chaque famille ne devra pas manquer d’aller voir cela.
Le Samedi, Montréal, samedi 18 décembre 1897, p. 29.
L'Eden Musée propose encore des projections pour la Noël, puis les informations se tarissent :
Historiographe
Etablis à L'EDEN MUSEE
Donnera la VIE DE JESUS toute la veillée de Noël, et ses séances ordinaires samedi toute la journée et la soirée.
La Presse, Montréal, vendredi 24 décembre 1897, p. 17.
L'Historiographe d'Henry de Grandsaignes d'Hauterives (39 rue Cathcart/L'Harmory Hall, 1er décembre 1897)
La Minerve, Montréal, lundi 29 novembre 1897, p. 7.
Vente de deux cinématographes (24 décembre 1897)
Dans les derniers jours de l'année, une petite annonce indique la vente ou la location de deux appareils cinématographiques :
SPLENDIDE OCCASION-A vendre ou à louer, deux magnifiques cinématographes français dans d'excellentes conditions avec vues et accessoires. S'adresser par lettre, au journal, Z.Z. 46.
La Presse, Montreal, vendredi 24 décembre 1897, p. 8.
1898
L'Historiographe d'Henry de Grandsaignes d'Hauterives (Sainte Cunégonde/Salle du collège février 1898)
Henry de Grandsaignes d'Hauterives et sa mère Marie, Anne, Joséphine, Charlotte Tréouret de Kerstrat organisent un séance dans la salle du collège de Sainte Cunégonde :
SAINTE-CUNEGONDE
Le chœur de la paroisse a donné hier, à l’occasion de la Chandeleur, la messe de la Ste Vierge. Le curé, M. Ecrément, officiait. Au cours de son instruction, il a annoncé pour jeudi prochain, une belle soirée qui sera donnée dans la salle du Collège au profit, de l’oeuvre de la St Vincent de Paul. L’historiographe de Paris, cette merveilleuse invention qui reproduit avec fidélité, des photographies animées fera tous les frais de cette soirée. La vie de Notre Seigneur Jésus-Christ, de sa Naissance à sa Résurrection, sera représentée, dit-on, de manière à émerveiller tout le monde. Il y aura une séance particulière pour les enfants, dans l’après-midi, vers 2 heures.
A 7.30 heures, hier soir, les membres de la ligue du Sacré-Cœur ont assisté à une courte instruction de la part de leur chapelain. Des prières, du chant et la bénédiction du T. S. Sarement terminèrent la pieuse réunion.
La Presse, Montréal, lundi 7 février 1898, p. 6.
L'Historiographe d'Henry de Grandsaignes d'Hauterives (Salle Sainte-Brigide, 3-5 avril 1898)
Henry de Grandsaignes d'Hauterives et sa mère Marie, Anne, Joséphine, Charlotte Tréouret de Kerstrat organisent des séances dans la salle Sainte-Brigide dans les premiers jours d'avril :
SALLE STE-BRIGIDE
Dimanche, lundi et mardi il y aura à la salle Ste-Brigide, coin des rues Maisonneuve et Ste-Rose, deux représentations chaque jour à 4.30 hrs et à 8 hrs p. m . des tableaux de la vie, la passion, la mort et la résurrection du Christ. Les recettes seront pour les pauvres.
Le vicomte H. d'Hauterives avocat à la cour d'Appel de Paris, licencié en droit, bachelier ès-lettres, directeur fondateur de l'Historiographe, donnera lui-même une explication de chaque tableau.
La Patrie, Montréal, vendredi 1er avril 1898, p. 3.
Vente d'un cinématographe par M. Gaston (20 août 1898)
En août, un cinématographe Lumière est mis en vente pour cause de décès. Le vendeur est M. Gaston.
L'Evénement, Québec, samedi 20 août 1898, p. 8.
Le Cinématographe Lumière de Gabriel Veyre (4, Philips Square/Caméra Club, 24 septembre 1898)
Gabriel Veyre de passage à Montréal donne une conférence au Camér Club :
AU CAMERA CLUB
Intéressante séance sur la photographie en couleurs
Salle comble et enthousiasmée, samedi soir, au Camera Club, 4, Philips Square. M. G. Veyre, représentant de la maison A. Lumière et ses fils de Lyon, les fameux inventeurs du cinématographe et de la photographie en couleurs, avant de quitter Montréal et le Canada, où il laisse l'agence de vente des plaques, papiers et produits photographiques Lumière aux soins de M. F. Cordon, 1835 rue Notre-Dame, avant bien voulu se mettre gracieusement à la disposition des membres du Camera Club, pour leur faire connaître ainsi qu'à leurs invités et aux représentants de la presse montréalaise les derniers et si intéressants perfectionnements apportés par MM. Lumière, tant dans la reproduction des épreuves cinématographiques que dans la fabrication des plaques, papiers, films, et la photographie des couleurs.
Les assistantes elles-mêmes se sont montrées des plus vivement intéressées par les explications techniques que M. G. Veyre a eu l'amabilité de leur donner, tant sur le mécanisme du cinématographe même que sur les avantages inestimables de la substitution que MM. Lumière viennent d'opérer, de films de "vitrose" préparation nouvelle absolument translucide et beaucoup plus résistante aux anciennes pellicules de celluloid utilisées jusqu'à ce jour en cinématographie.
M. G. Veyre ne s'en est pas tenu là, d'ailleurs et pendant plus de 2 heures, il a tenu son public sous le charme en faisant défiler sous ses yeux des séries alternées de projections cinématographiques entièrement nouvelles et gaies et de photographies en couleurs.
Les applaudissements et les bis n'ont d'ailleurs pas fait défaut à M. G. Veyre et l'un des membres du club M. Evans, s'est fait l'interprète de ses collègues et de l'assistance entière en remerciant vivement M. G. Veyre et MM. Lumière de la délicieuse soirée qu'ils leur avaient ainsi procurée lui souhaitant une heureuse continuation de son voyage.
M. G. Veyre quitte en effet Montréal mercredi, par le Pacifique Canadien, en route pour le Japon, la Chine, l'Australie et les Indes.
La Minerve, Montréal, mardi 27 septembre 1898, p. 4.
L'Historiographe d'Henry de Grandsaignes d'Hauterives (Salle du Corps de Musique de Tempérance, 16 décembre 1898)
Henry de Grandsaignes d'Hauterives et sa mère Marie, Anne, Joséphine, Charlotte Tréouret de Kerstrat organisent une séance dans la salle du Corps de Musique de Tempérance à la mi-décembre :
On a donné hier soir à la salle du corps de musique de tempérance de Montréal, une très intéressante séance au moyen du merveilleux historiographe. Il y avait salle comble ce qui ne manquera pas de causer une très vive joie aux pauvres du quartier au bénéfice desquels la séance était donnée.
La Minerve, Montréal, samedi 17 décembre 1898,m p. 8.