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Dent pour dent, œil pour œil

Nous ne voulons pas apprécier cette maxime, approuvée par les uns, réprouvée par les autres, pour laisser à chacun le soin de juger l'acte qui a fourni l'occasion du film "œil pour œil, dent pour dent."
Un ouvrier cherche du travail dans. tous les chantiers et toujours, il est éconduit. Sa femme est gravement malade et c'est son jeune enfant qui veille à son chevet. Désespéré, il rentre et se trouve en présence du docteur. qui rédige son ordonnance. Le malheureux retourne ses poches, et ne peut rien trouver pour acheter les remèdes. Pour comble, arrive le propriétaire qui exige le paiement des loyers arriérés, et comme on le pense, le pauvre ouvrier qui n'a pu payer le médecin ne pourra régler sa quittance.
Le propriétaire, qui s'en doutait bien un peu, s'était fait accompagner d'un huissier qui saisit et fait enlever les meubles malgré les supplications de la malade qui l'implore les mains jointes. Monsieur Vautour ne se laisse pas attendrir et l'émotion trop forte qui vient de secouer la pauvre femme, l'a tuée d'un coup. Elle expire et le mari et l'enfant tombent à genoux au pied du lit de la morte. Le propriétaire demeure insensible, et se retire dans son automobile, poursuivi des imprécations du malheureux.
Nous revoyons l'ouvrier dans son atelier où un prêtre lui amène son enfant afin qu'il puisse l'embrasser mais aussitôt que ceux-ci sont partis, il faut l'essai d'une poudre explosive et pour la première fois nous le voyons sourire. Sa poudre est bonne.
Il a confectionné un bombe et la pose sur la route que doit suivre l'auto du propriétaire et en effet, celui-ci arrive, la bombe éclate mais n'a atteint personne. Le propriétaire a vu le coupable qui s'enfuit et il se met à sa poursuite. L'homme a pu regagner son atelier et comme il se sent traqué, il pose une nouvelle bombe au milieu de la pièce et après y avoir attaché une mèche, il attend. Le propriétaire arrive, la bombe éclate et cette fois, ce dernier est atteint et son corps réduit en miettes.
L'ouvrier hébété, atterré par l'acte qu'il vient de commettre, se précipite chez le prêtre qui s'est chargé d'élever son enfant et lui explique son crime. Le prêtre l'absout, prend un indicateur pour voir l'heure du départ du premier paquebot, rend l'ouvrier méconnaissable et le faisant changer de vêtements et en route; c'est sans encombre qu'il arrive avec son enfant sur le port et monte avec lui sur un transatlantique en portance pour le nouveau monde.
La situation dramatique qui est exposée dans ce film, émeut, touche, pénètre le spectateur et le tient haletant depuis le commencement jusqu'au dénouement.
Longueur: 159 mètres.-Prix: 318 francs.

Phono-ciné-gazette, 2^e année, nº 34, Paris, 15 août 1906, p.312-313.