Le Cinématographe Lumière (>24 avril 1900)

À la fin du mois d'avril, la presse annonce la prochaine arrivée du Cinématographe Lumière :

SAINT-GEORGES-DE-RENEINS
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Le cinématographe Lumière. — Les habitants de Saint-Georges recevront incessamment le cinématographe Lumière qui a fait, pendant longtemps, les délices de la population Caladoise.
Cet établissement ne s’est pas seulement contenté de représenter sur la toile les sujets plus ou moins clichés que tout le monde a déjà pu voir et qui, à cause de leur banalité, n’attirent plus les spectateurs; il nous fait surtout admirer des tableaux inédits et saisissants d’actualité. On y voit les luttes sanglantes des vaillants Boers contre l’Anglais rapace. Plus n’est besoin de suivre le petit télégraphiste de Philadelphie jusqu’aux confins de l’Afrique, pour contempler les phases de cette illustre guerre; allez au cinématographe, et vous verrez les montagnes africaines, les Boers au grand chapeau et à la longue barbe escaladant au pas de course les rochers, se plaçant en embuscade derrière les mamelons, et écrasant de leurs feux serrés, les bataillons anglais qui se dispersent dans la déroute.
A ce spectacle saisissant, il ne manque qu’une chose pour rendre l’illusion complète, c’est le bruit. On voudrait entendre les cris de victoire et de joie des Boers, et les hurlements rauques des anglais vaincus. Mais on sait bien que Michel-Ange n’a pu faire parler son « Moïse». D’ailleurs les acclamations que font retentir les spectateurs à la gloire des Boers suffisent pour ajouter l’illusion du bruit à celle de la vie.
Les habitants de Saint-Georges pourront aussi contempler un autre spectacle plus émotionnant et plus touchant : la passion de Notre-Seigneur Jesus-Christ. Après les scènes glorieuses de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem au milieu des fleurs, de la Résurrection de Lazare et de l’Institution de l'Eucharistie, ils suivront Jésus depuis le jardin de Jethsemanie jusqu’au Calvaire, la mise au sépulcre et la Résurrection. Il faudrait retracer toutes les scènes de la Passion, et les analyser jusque dans leurs plus petits détails, pour donner une idée des émouvants tableaux que les caladois ont contemplés en foule hier soir. Contentons-nous de noter la scène de la flagellation et celle de la mise en croix, qui ont produit sur les spectateurs une impression profonde et touchante.
Nous ne saurions donc trop engager les habitants de Saint-Georges à visiter le cinématographe Lumière, pour enflammer leur patriotisme au spectacle grandiose de la guerre du Transvaal, et pour raviver leur foi au tableau touchant de la Passion.

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Le Réveil du Beaujolais, Villefranche-sur-Saône, mardi 24 juin 1900, p. 3.