Aléthoscope/Aléthorama

1898 06 02 mortier GB189822713A

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Aléthoscope/Aléthorama

1. Appareil dénommé ALETHOSCOPE, destiné à enregistrer photographiquement les scènes animées et à les reproduire soit par projection, soit par vision directe avec ou sans l'illusion du relief. (17/02/1896).

L'aléthorama
Demain soir, chez M. Chéri-Rousseau, rue de la Paix, auront lien les premières séances de projections animées, dues à un appareil tout nouveau, construit par un ingénieur bien connu à Saint-Etienne, M. Mortier.
L'aléthorama de M. Mortier donne l'illusion absolue de la vie. Contrairement à ce qui se produit avec le cinématogra- phe aucune trépidation ne vient gêner la netteté des images. Voici du reste la description complète de ce très curieux et très original appareil; avec l'indication des progrès qu'il a permis de réaliser :
L'appareil de M. Mortier sert aussi bien à prendre les scènes animées qu'à; les projeter sur un écran. Il est basé sur un principe tout à fait inédit et présente ce caractère unique d'entraîner les bandes pelliculaires avec un mouvement circulaire rigoureusement uniforme et continu, tandis que les cinématographes de toute sorte, simples caricatures du premier appareil construit par le docteur Marey, procèdent par entraînement brutal et arrêt instantané. Le nouveau procédé est par conséquent à l'ancien ce que la turbine est à la machine à vapeur, ce que la presse Marinoni est à la vieille presse à balancier. Dans l'aléthorama les bandes passent en l'entraînant sur la surface d'un tambour fenêtré tout comme une courroie de transmission passe sur la jante de sa poulie.
Chacun des innombrables clichés qui constituent la scène passe successivement dans le cône lumineux de la lanterne et fournit sur l'écran une image agrandie, absolument fixe. Par quel artifice une seule des vues toujours en mouvement peut-elle engendrer une suite de tableaux toujours immobiles ? Il faut demander l'explication de ce paradoxe au jeu optique d'une couronne de miroirs fixée au tambour tournant.
Quand nous disons une série d'images, nous commettons une erreur. En réalité, il n'y a pendant toute la durée de la scène qu'un seul tableau qui se transforme presque invisiblement.
L'écran se trouve rempli sans discontinuité par une image toujours complète, toujours, également et uniformément intense; mais cette image en quelque sorte hybride, est à chaque instant formée de deux parties juxtaposées et complémentaires, de deux vues successives.
L'une des portions s'accroît aux dépens de l'autre jusqu'à remplir l'écran complet, et cède à son tour le terrain conquis à une vue nouvelle qui envahit peu à peu la totalité du tableau.
Les caractères précieux de l'aléthorama sont :
1º Son extrême simplicité et sa rusticité parfaite. Le seul organe mobile se réduit, en effet, à une roue monolithe indérangeable;
2º La possibilité d'aborder les grands formats incompatibles avec les mouvements, alternatifs des cinématographes;
3º La permanence absolue des tableaux projetés sur l'écran, toute différente dans ses effets des éclipses si fatigantes des autres appareils ;
4º La suppression des rouleaux et cadres frotteurs qui rayent impitoyablement les pellicules confiées aux autres cinématographes ;
5º La durée indéfinie des bandes qui n'ont pas à supporter d'entraînement brutal ;
6º L'enroulement immédiat des bandes sur un rouleau récepteur, tandis que les cinématographes les expulsent par saccades dans un panier où elles s'entassent exposées à une détérioration certaine et à une inflammation possible.
7º La suppression de tout cadre fixe directement exposé à la chaleur du faisceau lumineux et susceptible d'enflammer le celluloïde.
Nous avons assisté aujourd'hui à une séance préparatoire, sorte de répétition générale des plus intéressantes. Nous avons admiré les principales scènes qui défileront demain sous les yeux du public les dernières cartouches, l'éléphant, les enfants au bain, la cigale et la fourmi, le charbonnier, chez Arlequin, etc. Tout a été exécuté avec une perfection inconnue jusqu'à ce jour.
Aussi, ne saurions-nous assez engager le public à se rendre demain chez M. Chéri-Rousseau, d'où il reviendra, nous en sommes sûrs, absolument émerveillé.
Pour notre part, nous tenons à féliciter sincèrement la maison Chéri-Rousseau de la part qu'elle a prise dans l'installation de l'aléthorama.
D'ailleurs, ses succès indiscutables dans l'Art subtil et délicat de la reproduction des images, où elle est arrivée à la maîtrise, lui créaient comme une obligation de contribuer à donner à la photographie animée son expression parfaite et en quelque sorte définitive.


Le Stéphanois, Saint-Étienne, samedi 27 novembre 1897, p. 2.

2. Nouvel appareil cinématographique (02/06/1898).

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1 Paul Mortier  
2 17/02/1896. Add. 28/02/1896 02/06/1898
3 France  
4 FR254090 FR278.453 (GB189822713A)

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LONDE Albert, "L'Aléthorama", La Nature

       

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rousseau gaston alethorama affiche
René Péan. Le Monde animé par l'Aléthorama. c. 1898.

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