Le Dompteur List, ses fauves et ses chiens danois
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Le Dompteur List, ses Fauves et ses Chiens danois
L'Arche de Noé du Jardin d'Acclimatation
GAU 1901-06
Le Dompteur List, ses Fauves et ses Chiens danois
L'Arche de Noé du Jardin d'Acclimatation
Sur la grande pelouse du Jardin d'Acclimatation, une grande cage munie de forts barreaux renferme toute une ménagerie et le dompteur LIST nous fait assister à des exercices variés et intéressants (Recommandé)
Nous avons cinématographié la représentation et donnons ci-après les divers exercices reproduits.
Après l'entrée des divers animaux, lions, tigres, panthères, ours blancs et noirs et chiens danois qui vont se placer sur leurs tabourets respectifs, le dompteur LIST passe aux exercices suivants :
1º Trois lions et deux tigres sont montés sur des tabourets et un chien danois court entre eux en zigzag.
2º Les mêmes animaux ayant conservé leur position, le chien danois exécute plusieurs sauts au-dessus d'eux.
3º L'ours noir se tient sur une barrière et le tigre royal saute par-dessus.
4º Deux ours blancs s'appuient à une barrière et les chiens danois sautent au-dessus.
5º Le tigre royal saute dans un cerveau tenu par le dompteur.
6º L'ours noir se place à nouveau sur la barrière et le tigre royal saute par-dessus.
7º Une panthère monte sur un tricycle poussé par deux chiens danois.
8º Les lions, tigres et panthères se couchent par terre et le dompteur s'étend sur eux.
9º Un ours et une panthère prennent place dans une voiture traînée par deux danois.
10º Deux tigres se placent aux extrémités d'une barrière, la panthère entre eux et les danois sautent au milieu.
11º Un des tigres refusant de descendre, le dompteur l'enlève et l'emporte sur son dos.
12º Le dompteur fait valser l'ours noir.
13º Le lion prend place dans un char, le dompteur le revêt d'un manteau de pourpre et lui met une couronne sur la tête, deux tigres traînent le char.
14º Le dompteur après avoir groupé les lions, tigres et ours noir, s'asseoit au milieu d'eux.
15º Le dompteur donne de la viande aux animaux avec ses mains.
16º Les deux tigres se dressent debout pour manger dans les mains du dompteur.
17º L'ours noir prend le dompteur entre ses pattes et ne le lâche que quand celui-ci n'a plus rien à lui donner à manger.
GAU 1901-07
El domador List
En el gran prado del Jardín de Aclimatación de París, una gran caja guarnecida de barras de hierro contiene toda una colección de fieras. Después de la entrada de distintos animales, leones, tigres, panteras, osos blancos y negros, perros daneses, que se colocan sobre sus respectivos taburetes, el domador List pasa a ejecutar los siguientes ejercicios 1º Tres leones y dos tigres están colocados sobre taburetes y un perro danés corre entre ellos en zig-zag. 2º Los mismos animales conservan su posición y el perro danés da muchos saltos por encima de ellos. 3º El oso negro se apoya sobre una valla y el tigre real salta por encima. 4º Dos osos blancos se apoyan en una valla y los perros daneses los saltan. 5º El tigre real salta por un aro que iene el domador. 6º El oso negro se apoya ne nuevo en la valla y el tigre real salta por encima. 7º Una pantera monta un triciclo empujado por dos perros daneses. 8º Los leones, tigres y panteras se echan por el suelo y el domador se tiende sobre ellos. 9º Un oso y una pantera se colocan en un coche tirado por dos perros daneses. 10º Dos tigres se colocan en las extremidades de una valla con la pantera entre ellos y los daneses saltan por medio. 11º Como uno de los tigres no quiere bajar, el domador se lo lleva sobre los hombros. 12º El domador hace bailar al oso negro. 13º El león se coloca en un carro, el domador lo viste con un manto de pérpura, le coloca una corona en la cabeza y dos tigres tiran del carro. 14º El domandor, después de haber agrupado a los leones, tigres y osos negros, se sienta entre ellos. 13º El domador da carne a los animales con la mano. 16º Los dos tigres se ponen de pie para comer en las manos del domador. 17º El oso negro toma al domador entre sus patas, y no lo suelta hasta que éste le da de comer.
LEP 1902
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07/07/1901 | France. Paris. | Grands Magasins Dufayel | Le Dompteur du Jardin d'acclimatation et ses fauves |
06/12/1901 | France. Paris | Société Française de Photographie | Le Dompteur Litz dans ses exercices au Jardin d'Acclimatation. |
23/04/1902 | France, Nancy, Salle Poirel | Société Lorraine de Photographie | Le Dompteur List |
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23/06/1902 | Espagne, Madrid, Jardín del Buen Retiro | Gran Biograph | El domador Liszt |
29/04/1903 | Cuba, La Havane | Hervet |
El célebre domador Mr List y los trabajos que realiza |
12/09/1903 | Espagne, Alicante | Salón Novedades/Oscar Vaillard | El arca de Noé o la casa de fieras del domado Sitz |
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Richard List, Dompteur
Arrêtons-nous, s'il vous plaît, devant cette vaste pelouse si connue du monde entier et si aimée des Parisiens.
C'est là la grande attraction de ces fêtes du quaternaire du Jardin d'Acclimatation. C'est là que le fameux, dompteur. List donne ses émouvantes représentations de fauves savants.
Sur cette immense pelouse où l'on a vu défiler les plus étranges spécimens de la race humaine se dressé une énorme cage, renfermant une vingtaine de fauves, Ours, Pumas, Léopards, Tigres, Lions, Panthères, Chèvres et Chiens, troupeau monstrueux et bigarré dont le berger est M. Richard List.
Et tous ces fauves, de races et de pays divers, vont, viennent, se promènent, s'amusent, se coudoient, fraternisent, jouent, sans paraître aucunement étonnés de se trouver ensemble. On dirait qu'ils ont le même berceau, la même mère, le même sang. C'est l’Asie, c'est l'Afrique, c'est l'Amérique, c'est le Pôle et l'Equateur vivant en toute liberté, en toute paix, dans une sorte de camaraderie de nature.
Ni haine ni bataille, nul rugissement de menace ou de colère. Des dents pour jouer, des luttes pour plaisanter, des combats pour rire, des coups de tête de mouton en gaîté et des coups de griffes comme des tapes, sur la joue.
Si ce Lionceau agite sa crinière c'est pour affirmer sa royauté et si cette Panthère montre la blancheur de ses crocs, ce ne peut être que par coquetterie. Enfin si le joyeux Dick, Ours des cocottiers et comique de la troupe se dresse sur ses pattes velues c'est pour montrer certainement qu'il sait danser la bourrée.
En voyant cette entente universelle et cette douceur imprévue chez des animaux qui manquent généralement de bonhomie et dont le caractère un peu vif n'a rien de commun avec celui de l'Agneau, on croit assister à quelque merveilleuse reconstitution au paradis perdu, à je ne sais quel tableau d'un éden retrouvé.
Mais trêve de réflexion. Les exercices vont commencer : au milieu de ces pensionnaires à crocs et à griffes apparaît tout à couple jeune et élégant belluaire, Richard List, grand, souple, vigoureux, à la figure à la fois énergique et douce, plein de désinvolture familière...
Les fauves aussitôt l'entourent et pour chacun d'eux il a un mot d'amitié, une caresse, un morceau de sucre ou… un léger coup de cravache qui n’est qu'un avertissement affectueux.
Cette cravache là, dans les mains de List, a l'air d'une baguette enchantée qui charme au lieu de châtier. Elle se lève et tout se tait. Elle touche et tout se rend.
On le voit c'est une vraie révolution dans l'art du dompteur. Mais que dis-je ? Richard List ne dompte pas, il charme. Il ne se fait pas craindre, il se fait aimer. Avec cet ingénieux-et patient artiste, nous sommes bien loin du vieux jeu des dompteurs forains aux spectacles bruyants et barbares, ponctués de fanfares et de rugissements, de coups de revolver et de fusées, de fureur et de cruauté. Chez Richard List tout se passe comme en famille. Ses Lions, ses Tigres, ses Ours sont pour lui mieux que des élèves. Ce sont des compagnons, des amis et il en fait des artistes !
Pour List les prodigieux exercices de sa troupe fourrée semblent une distraction, un passe-temps, comme pour es fauves c'est un jeu et pour le public un étonnement !
Dans la vaste cage apparaissent tout-à-coup, sortant de leur dortoir, Ours, Tigres, Lions, Panthères, Léopards. Sur un geste souverain de List, chaque fauve s'élance d'un bond sur l'un des tabourets qui s'alignent d'un côté de la cage. Immobile, attentif, le regard fixé sur son maître, il a l'air d'un animal héraldique, d'une bête pétrifiée.
Puis, tour à tour, chaque fauve, quittant son tabouret vient offrir au public une représentation de son savoir et de son talent. Réintégrant ensuite son siège sur une amicale invitation de List l'animal applaudi cède à un camarade les honneurs de la scène…
Enfin, voici tous les artistes qui se groupent, se mêlent, se détachent, s'assemblent, se confondent en une masse chatoyante et bigarrée, exécutant des tours prodigieux' avec une impeccable docilité.
Nul ne bronche, ne proteste, c'est avec un plaisir évident et une évidente fierté qu'ils jouent leur rôle d'ensemble aux grands applaudissements du public étonné.
Voici maintenant qu'une Victoria mignonne apparaît sur la scène, traînée par deux Tigres superbement harnachés. Sur le siège, un fouet à la patte, un Léopard vêtu en cocher, dirige le merveilleux équipage.
Deux Chiens juchés derrière la voiture font l'office de valets de pied. Déguisé en gentleman, Dick, le joyeux Ours- des cocotiers aux oreilles énormes, s'étend sur les coussins ; de la Victoria dans l'attitude somnolente et fière d'une bête qui ne va pas à pied.
Il ne lui manque qu'un monocle à l'oeil et un régalia aux lèvres.
Après la Victoria de l'Ours noir, voici le tricycle d'un Ours blanc de Sibérie, un pédaleux de première force à, qui un amateur ne saurait disputer le record de l'originalité.
Ce plantigrade se tient fort bien, il a la patte légère et sûre, les mouvements rapides, l'allure empreinte d'une certaine majesté polaire. Pour le décor sans doute, deux Chiens poussent le tricycle en tirant la langue, désopilant tableau d'un haut comique.
Après avoir si bien travaillé n'est-ce pas assez naturel que l'on se repose ?C'est le moment de la sieste, scène émouvante et pittoresque qui soulève les bravos de la foule.
Tigres, Ours, Panthères, Léopards, Lions, que sais-je, tous les fauves arrivent à pas lents et rythmés, se couchent les uns sur les autres avec je ne sais quelle grâce paresseuse et sommeillante, un fouillis monstrueux de griffes et de queues, de muffles, de crinières, de pattes veloutées, de manteaux éclatants et de gueules formidables…
Rien ne bouge, tout dort. C'est à peine si, dans celte masse géante, on aperçoit une queue qui frissonne, un flanc qui palpite, un grand oeil vert qui brille, une mâchoire qui s'entrouve aux brises du Jardin.
Et maintenant, je vous le demande pourquoi l'admirable dresseur ne prendrait-il pas lui-même un instant de repos?
A son tour, il s'allonge comme il le ferait sur son lit, sur ce divan immense et vivant, sorte de matelas formidable étrangement capitonné de griffes meurtrières et de gueules béantes…
Quels rêves singuliers ne doit-on pas faire, bercé ainsi ?
La sieste n'est pas longue. List fait un bond comme réveillé en sursaut et toute la ménagerie est debout. Sur un geste du belluaire, chaque fauve va se camper sur son tabouret, immobile, attentif dans son attitude de bête héraldique, d'animal pétrifié.
Seul, un Tigre merveilleusement dressé, feint de résister. List aussitôt, simulant un sentiment de colère, saisit le fauve avec une audace et une vigueur peu communes l'empoigne, l'enlève dans ses bras, l'emporte et le place sur son escabeau tandis que le fauve ébauche un rugissement familier en guise de satisfaction.
Le spectacle se termine par le repas des fauves à l'appétit formidable. Avec une impartialité des plus équitables, Richard List distribue la pâture à ses aimables convives.
Sa majesté le Lion est d'abord servie. A tout seigneur, tout honneur : Ego nominor Leo. Puis tout le monde à table. En avant les griffes et les mâchoires ! Ah ! quels beaux coups de fourchette !
Leibnitz a dit : « L'éducation peut tout ; elle fait danser les ours ! »
Je serais curieux de savoir ce que penserait le grand Leibnitz s'il lui était donné d'assister aux stupéfiants exercices des fauves du Jardin d'Acclimatation.
Dans notre précédente chronique nous avons dit les beautés attirantes et les charmes variés, les travaux, les progrès, le but et les services du Jardin d'Acclimatation. Nous ne saurions mieux faire en terminant que de répéter ces paroles du Président de la République répondant au Directeur : « Votre œuvre n'est pas une œuvre « commerciale, c'est une œuvre d'enseignement qui « mérite d'être encouragée ». FULBERT-DUMONTEIL.
Le Chenil, Paris, 30 mai 1901, p. 255.