Société Anonyme des Plaques et Papiers Photographiques Antoine Lumière & ses Fils

Historique

Jean-Claude Seguin

Société Antoine Lumière et ses fils (1884)

C’est le 5 janvier 1884 qu’est constituée la première société Lumière entre Antoine Lumière et ses enfants Auguste et Louis. Ce dernier, âgé de dix-neuf, a été émancipé par son père. Il s’agit d’un société en nom collectif qui a pour objet l’« exploitation de la photographie dans tous les genres et la fabrication et la vente des plaques photographiques au gélatino-bromure d’argent. » Le siège de la société est établi à Lyon, au nº 19 rue de Barre. Elle possède également des bâtiments situés aux nº21, 23 et 25 rue Saint-Victor. Seul Antoine Lumière dispose de la signature sociale et le droit d’engager la société. En réalité, la situation financière de ce dernier n’est guère brillante et il est criblé de dettes comme l’indique le document :

Mr Lumière le reconnaît grevé de dettes s’élevant à une somme équivalente de cent-quatre-vingt mille francs ; il s’engage à acquitter lui-même ce passif, mais la société y sera complètement étrangère.

Société Anonyme des Plaques et Papiers Photographiques (1892)

Les statuts de la Société Anonyme des Plaques et Papiers Photographiques, établis par Antoine, Auguste et Louis Lumière, sont déposés auprès de Me Fabre le 2 mai 1892. La 1re assemblée constitutive se tient à Lyon le 21 mai 1892. C’est Louis Pradel (fabricant de produits chimiques) qui la préside et Joseph Victor Pitiot est nommé commissaire rapporteur. 

1892 action
"Action de Cinq Cents Francs au porteur". Lyon. 30 mai 1892.
Société Anonyme des Plaques et Papiers Photographiques A. Lumière & ses fils.

Lors de la 2e assemblée générale constitutive, réunie le 30 mai 1892, Joseph Pitiot donne lecture de son rapport où il dresse un inventaire complet des biens des Lumière rue Saint-Victor :

La valeur de ces constructions est supérieure à celle des constructions industrielles ordinaires à cause des exigences de la fabrication des plaques et papiers photographiques qui nécessitent des locaux très propres, bien enduits, des divisions nombreuses communiquant entre elles par des doubles portes avec fermetures combinées pour éviter les courants d’air et les poussières.

Il estime la valeur des terrains et immeubles à 446.100,00 francs et celle du matériel à 341.000 francs. En ce qui concerne le fonds industriel et commercial, Pitiot donne les chiffres, en particulier, pour 1890 (1.025.936 francs) et 1891 (1.253.399 francs), et estime à 1.500.000 francs celui de l’année 1892 :

Pour satisfaire aux demandes nombreuses qui arrivaient de toutes les parties de l’Europe, MM. A. Lumière père et fils furent obligés de créer un établissement considérable, unique en Europe comme valeur technique d’installation.
Et, ensuite, de placer des agents en Russie, Allemagne, Autriche, Belgique, Hollande, Espagne, Italie, Suisse, etc.
En sorte qu’aujourd’hui la marque A. Lumière père et fils, rayonne dans toutes les parties de l’Europe.

Il finit son rapport par ces mots :

Me voici, Messieurs, arrive à la fin de ma tâche. Je termine en vous engageant de nouveau d’accueillir les apports qui vous sont proposés dans les termes de vos statuts, parce que j’ai acquis la certitude que ces derniers assurent à votre Société le plus brillant avenir et une large rémunération du capital engagé.

Quelques jours plus tard, sont déposées les pièces constitutives. La fin de l’année 1892 va être marquée par une modification sensible. C’est en effet le 5 décembre que le conseil d’administration se réunit afin de déléguer le pouvoir aux enfants Auguste et Louis Lumière. Il s’agit, de facto, d’une mise à l’écart d’Antoine dont les libéralités pourraient être préjudiciables à la bonne marche de la jeune société.

lumiere usines 1903 Dictionnaire illustré des communes du [...]Rolland E bpt6k5820284v 126
Lyon. Usines Lumière.
Dictionnaire illustré des communes du département du Rhône. Tome 2, Lyon, C. Dizain/A. Storck, 1903, p. 116.

En février 1900, Louis et Auguste Lumière déposent les statuts d'une nouvelle société, la S.A. des Produits Chimiques spéciaux (Brevets Lumière). La première assemblée générale (17 février 1900) et la seconde assemblée générale (8 mars 1900).

Assemblée générale (27 octobre 1905).

Assemblée générale (26 octobre 1907).

Le 1er avril 1911, la "Société des Plaques et papiers photographiques A. Lumière et ses fils" fusionne avec la "Société J. Jougla" pour donner L'Union Photographique industrielle, Etablissements Lumière et Jougla réunis.

Correspondance (1885-1904)

1885

 
11/01/1885 Antoine Lumière (Lyon)→Pierre Petit

1893

 
10/10/1893 Lumière (Lyon)→Georges Demeny (Paris)
27/10/1893 Lumière (Lyon)→Georges Demeny (Paris)

1894

 
05/11/1894 Lumière (Lyon)→Georges Demeny (Levallois-Perret)
21/11/1894 Lumiere (Lyon)→Georges Demeny (Paris)
26/11/1894 Lumière (Lyon)→Georges Demeny (Paris)

1895

 
28/03/1895 Louis Lumière (Lyon)→Georges Demeny (Maurice Bessy et Lo Ducca, Louis Lumière inventeur, Paris, Prisma, 1948, p. 101)
28/03/1895 Louis Lumière (Lyon)→Jacques Ducom (© Le Grimh)
25/07/1895 Louis Lumière (Lyon)→Tessandier
04/11/1895 Lumière (Lyon)→Association Belge de Photographie (Bruxelles)
02/11/1895-06/02/1896 Lumière (Lyon)→Carpentier (Paris) (@ Famille Trarieux)
10/11/1895 Moisson (Bruxelles)→Lumière (Lyon)
18/11/1895 Lumière (Lyon)→Clément & Gilmer
20/11/1895 Service de S.A.R. Le Comte de Flandre (Bruxelles)→Auguste et Louis Lumière (Bruxelles)
04/12/1895 Louis Lumière (Lyon)→Carpentier (Paris)
06/12/1895 Louis Lumière (Lyon)→Victor Planchon (Boulogne)
30/12/1895 Lumière (Lyon)→Clément & Gilmer

1896

 
15/01/1896 Lumière (Lyon)→Clément & Gilmer
23/01/1896 Lumière (Lyon)→Charles Schram (Saint-Gilles)
30/01/1896 Lumière (Lyon) → Lavanchy-Clarke
06/02/1896 Lumière (Lyon) → Boivin (Bordeaux)
12/02/1896 Lumière (Lyon) → J. Ferrero
16/06/1896 Lumière (Lyon)→Delelos (Perpignan)
06/07/1896 Lumière (Lyon)→Pérez (Carmaux)
21/07/1896 Chancellerie du Maréchal de la Cour (Belgrade)→Lumière
16/09/1896 Lumière (Lyon) → Fernand Bernard
18/12/1896 Société Impériale Polytechnique de Russie (Saint-Petersbourg)→Lumière (Lyon)

1897

 
[01/05/1897] Lumière (Lyon)
09/07/1897 Lumière (Lyon)→Gimeno (Burgos) (© Filmoteca Española)
21/07/1897 Lumière (Lyon)→Gimeno (Santander) (© Filmoteca Española)

1898

 
05/07/1898 Lumière (Lyon)→Edison Manufacturing Co. (New York) (source: Edison Papers)
01/09/1898 Lumière (Lyon)→Edison Manufacturing Co. (New York) (source: Edison Papers)
23/11/1898 Lumière (Lyon)→Gimeno (Zaragosse) (© Filmoteca Española)

1899

 
13/01/1899 Lumière (Lyon)→Jacques Ducom (source: collection privée)
26/02/1899 Lumière (Lyon)→Jacques Ducom (source: collection privée)
11/09/1899 Lumière (Lyon)→Mairie (Nîmes) (source: collection privée)
16/09/1899 Lumière (Lyon)→Mairie (Nîmes) (source: collection privée)

1900

 
05/04/1900 Lumière (Lyon)→Jacques Ducom (source: collectrion privée)

1904

 
27/05/1904 Lumière (Lyon)→Edison Manufacturing Co. (Londres) (source: Edison Papers)

Contacts

Charles Urban et la Warwick Trading Company (1898)

Alors que Charles Urban est en train de constituer sa société The Warwick Trading Company, il envisage de collaborer avec les frères Lumière et pour ce faire, il se rend à Lyon avec Joseph Baucus

The Lumière company of Lyons France could not be induced to sell their cameras, projectors or films. This Lumière product was the best shown. The firm was one of long standing in the photographic world and made a very special negative and positive film. Their photographic quality and selection of subjects were superior to any of the others obtainable. To make progress to warrant the operating of the anticipated scope of the Warwick Company, required more variety of film subjects, improved accessories and machinery for sale offering. Edison would not sell their cameras either, so it simply meant that cameras must be created for our use. I believed that perhaps Messrs. Lumière could be persuaded to our point of view by personal interview. Arriving at Lyons by appointment, we were shown over the extensive plant, at that time larger than the Eastman Kodak works at Rochester, New York.
Mr. Baucus, who conversed in French took Mr. Louis Lumière in hand, while I made our proposal in German to Mr. Auguste Lumière. We tried to convince them that as their machines and films were the best before the public, these exhibits were limited owing to their policy of leasing only. We told them that if they sold their product there would be few Edison and other type machines in use and the four hole gauge films would disappear in a short time. Their single round hole per picture assured greater accuracy of dealing with the film in the perforating machine, the camera, the printing and projecting machines. Much of the jumping, flicker and unsteadiness of the pictures on the screen in the early years was due to greater inaccuracy occurring in the various above mentioned machinery in their manufacture for the four hole Edison gauge. The whole business would have been simplified from the manufacture to the exhibition, had the Lumière brothers decided to act upon our suggestions. They did however agree to adapt their film subjects to the four hole Edison gauge and appointed the Warwick Trading Company Limited distributing agents exclusively in Britain and colonies, while we secured the American agency for Maguire and Baucus of New York. Fuerst Brothers of London, wholesale dealers in chemicals and photographic supplies, retained the leasing rights of the Lumière gauge or one hole picture film. These films were supplied in uniform lengths of sixteen metres per subject (about fifty-three feet) each in its little round tin box and stacked on our shelves like so much canned milk or metal polish.


URB, 1899, p. 48.

Sources

MCKERNAN Luke, A Yank in Britain. The Lost Memoirs of Charles Urban, The Projection Box, 1999, 96 p.

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