Jour de guigne

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Jour de guigne


Unlucky Day

Il est des jours dans l'existence, où la malchance vous poursuit, sans qu'il soit possible de rien faire contre la destinée. C'est bien le cas du pauvre Mac Kerson, qui commence sa journée en renversant chez lui le dessus de cheminée et tout ce qu'il supporte. Encore tout abasourdi par les reproches de sa femme, il part pour son bureau, arrive sur le quai de la gare au moment où le train se met en marche. Furieux il s'en va, culbute une vieille femme et au moment de se relever est renversé par un chariot traîné par un employé de la gare. Il arrive enfin à son bureau et s'aperçoit avec douleur qu'il vient d'être cambriolé. Il saute sur le téléphone pour prévenir la police et essaie en vain d'avoir une communication. Sa rage ne connaît plus de bornes ; il saisit l'appareil et le lance par la fenêtre. Celui-ci brise un carreau et vient frapper un passant, qui, furieux, monte auprès de Kerson. Notre malheureux guignard réussit à s'échapper et entre autres péripéties est jeté brutalement à terre par une bicyclette. Dans un état lamentable, il saute dans un cab et donne l'adresse de sa maison où il espère enfin trouver un peu de tranquillité. La voiture le dépose chez lui et vivement il rentre. Ciel !... quelle chose épouvantable... sa maison est en feu.

GAU 1905-04

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1 Gaumont 3047  
2 n.c.  
3 < 18/03/1905 102 m
4 Grande-Bretagne  

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 18/03/1905 Grande-BretagneLondres The Era  An Unlucky Day 
 
AN UNLUCKY DAY

The Era, Londres, 18 mars 1905, p. 29.
06/04/1905 FranceParis. Salon des Abonnés du Figaro Cinématographe Jour de guigne
06/11/1905 FranceParis. Société Française de Photographie   Un jour de guigne
03/02/1906 FranceBourges. Salle des Fêtes The Stinson Bio Un jour de guigne
 

Je recommande à ceux qui nient le guignon d’aller voir Un jour de guigne. Cette vue seule vaut qu’on se dérange pour aller salle Lesage. 
Pour faire une agréable surprise à son mari qu’elle adore, une jeune femme fait l’acquisition d’un superbe parapluie qu'elle lui offre à l’occasion d’un voyage qui le force à partir immédiatement. Il doit prendre le premier train et obligé de couper court à toute folle expansion, il emportera au moins avec lui le précieux gage de leur amour. Il se sauve donc à toutes jambes, non sans avoir reçu force recommandations au sujet du susdit parapluie.
Arrivé à la gare tout en nage, il aperçoit le train qui lui part sous les yeux. Désespéré, il veut le rattraper, mais il s’empêtre dans une brouette de bagages et va s’abattre sur la voie, au milieu des malles et des valises. Il se relève tant bien que mal et, tout en époussetant son pantalon, il donne tête baissée dans une vieille dame qui s’amène en courant à la gare. Nouvelle bousculade et nouvelle chute dans laquelle il arrive difficilement à se dépêtrer des jupes de sa victime. Pendant que, furieux et tout confus, il cherche à s’excuser de sa maladresse, il n’entend pas venir trois cyclistes qui tombent en plein sur lui, l’accrochent par sa redingote à laquelle ils enlèvent la moitié du dos et les deux manches, et le malheureux parapluie auquel il ne reste plus que les baleines.
J’en omets, et des plus abracadabrantes. Mais pour comble de guigne, pendant son absence, les cambrioleurs ont dévalisé sa maison et quand à moitié nu, la figure en sang, sans chapeau, le manche seul de son parapluie à la main, et bien entendu sans être parti, il rentre chez lui, il constate qu’un incendie brûle sa demeure et que les pompiers achèvent d’inonder ce que les flammes voulaient épargner.
On ne peut s’empêcher de plaindre le malheureux tout en se tordant devant tant de déveine.


L'Indépendant du Cher, Bourges, 3 février 1906, p. 3.

02/03/1906 France. Limoges. Cirque Municipal. René Fossembas Un jour de guigne

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