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- Creado: 25 Marzo 2015
- Última actualización: 03 Agosto 2024
- Publicado: 25 Marzo 2015
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CLERMONT-FERRAND
Jean-Claude SEGUIN
Clermont-Ferrand, chef-lieu du département du Puy-de-Dôme (France), compte 48 000 habitants (1894).
1896
Cinématographe Lumière (26 rue Saint-Esprit, 7 juin-26 juillet 1896)
L'Agence Fournier est le concessionnaire du cinématographe Lumière pour plusieurs villes du Sud-Est de la France dont Clermont-Ferrand. Afin de pouvoir s'occuper du nouveau poste, la maison de Monplaisir va envoyer Joseph Camus, un jeune homme de vingt cinq ans qui fait alors ses premières armes d'opérateur. La formule utilisée est pratiquement toujours la même. Après avoir trouvé un local susceptible d'accueillir l'appareil et les spectateurs, les séances s'organisent en une dizaine ou douzaine de vues par session. À Clermont-Ferrand, la presse commence à annoncer l'arrivée prochaine du cinématographe Lumière au début du mois de juin 1896 (Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 3 juin 1896, p. 3). C'est finalement le 7 juin 1896 que Joseph Camus inaugure le salon du cinématographe (Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 8 juin 1896, p. 2). La presse locale se fait l'écho de ces représentations cinématographiques qu'elle évoque sous un jour favorable comme le fait L'Avenir du Puy-de-Dôme :
Le Cinématographe
Le Cinématographe installé rue Saint-Esprit, 26, a ouvert hier, avec un très grand succès. Ç'a été pour les Clermontois une révélation que cette reproduction, par la photographie, de scènes animées sans omission d'aucun des mouvements qu'elles comportent.
Quand nous nous rappelons ces jouets qui ont amusé notre enfance - phénakisticope, zootrope, praxinoscope, - où il fallait regarder par un trou pour apercevoir vaguement une écuyère faisant de la voltige sur un cheval, des moissonneurs battant le blé sur une aire, - et plus tard le kinétoscope d'Edison, d'un progrès déjà merveilleux, mais offrant à l’œil, à travers une lentille, des personnages à peine perceptibles, se mouvant dans une demi-obscurité, et que l'on voit aujourd'hui, dans une vaste salle, au rez-de-chaussée de la rue Saint-Esprit, le cinématographe étaler sur un écran, devant des centaines de spectateurs successifs, des scènes si vivantes, - on ne peut qu'être frappé de ce que la science moderne a réalisé, en tant qu'applications matérielles.
On se croirait dans une chambre obscure où se reflètent les vues du dehors. Trois personnages font une partie d'écarté, fument et boivent des bocks qu'un garçon leur porte sur un plateau. De jeunes plongeurs se jettent dans la mer ; une grosse dame en sort, toute ruisselante d'eau et s'accroche péniblement aux rochers de la grève. Un train entre en gare et l'on voit le va-et-vient des voyageurs et des employés. Un omnibus est attelé ; une dame avec son bébé, deux messieurs y prennent place après avoir dit adieu à leurs hôtes et la voiture se met en marche. Et les scènes se succèdent, toutes plus intéressantes les unes que les autres.
Quand on pense que chacun de ces tableaux - chacune de ces " tranches de vie ", comme disent les romanciers à la mode - suppose de 900 à 1,200 vues photographiques, prises sur une bande pelliculaire de 18 mètres de long sur 3 centimètres de largeur, qui se déroule verticalement dans une boîte hermétiquement close munie d'un objectif, successivement masqué et obturé, suivant que la bande est arrêtée ou en mouvement, on a une idée de l'extrême ingéniosité, comme aussi de la délicatesse de l'appareil.
Tout Clermont voudra voir le cinématographe.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 8 juin 1896, p. 2.
On reconnaît dans les titres évoqués des classiques - déjà - de la maison Lumière. Mais par la suite, au cours des semaines, les informations vont se limiter à de simples entrefilets qui n'évoquent que rarement quelques titres épars. À l'occasion de la présentation des vues animées à l'Élysée, le responsable du poste fait passer un nouvel article :
Le Cinématographe à l’Elysée
Il y a eu dernièrement une soirée au palais de l’Elysée, pour y applaudir le cinématographe représentant les scènes du couronnement du tsar.
Tous les ministres étaient présents, ainsi qu’un certain nombre de membres du corps diplomatique, plusieurs membres de la mission extraordinaire envoyée aux fêtes de Moscou, quelques députés et des invités ; en tout cent cinquante personnes environ.
La séance a eu lieu dans la grande salle des fêtes, très joliment décorée. Les assistants ont été vivement impressionnés par les scènes grandioses et si pleines de mouvement et de vie qui ont défilé devant leurs yeux.
En sa qualité de député du Rhône, M. Fleury-Ravarin a présenté M. Lumière au Président de la République, qui a chaleureusement félicité l’inventeur du cinématographe.
Notre excellent confrère, M. Camille Cerf, qui a apporté à Paris ces vues si curieuses retraçant les cérémonies splendides de Moscou, est parti pour Saint-Pélersbourg afin de les présenter à LL. MM. l’empereur et l’impératrice de Russie.
Nous félicitons l’agence Fournier d’avoir eu l’initiative d’installer à Clermont, 26, rue Saint-Esprit, la photographie animée par le ciménatographe Lumière.
Tous les soins sont apportés pour assurer une exécution parfaite et une variété constante des vues.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 17 juillet 1896, p. 2.
C'est d'ailleurs une façon d'annoncer la prochaine projection des vues en question à Clermond-Ferrand qui doit avoir lieu à la fin du mois comme l'annonce l'article de L'Avenir du Puy-de-Dôme :
Le cinématographe.-Aujourd'hui, le Cinématographe installé rue Saint-Esprit va commencer à représenter, au moyen des photographies animées, les magnifiques fêtes du couronnement du tsar à Moscou.
Des représentations semblables ont été données à Paris avec l'appareil de M. Lumière et ont obtenu un immense succès. Le succès sera au moins aussi considérable à Clermont.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 23 juillet 1896, p. 3.
Pourtant plus aucune information sur les projections à venir. Dans la rubrique " Spectacles et Concerts " de la presse locale, la dernière annonce date du 26 juillet 1896 (Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 26 juillet 1896, p. 2). Quant à Joseph Camus, il part à Marseille pour prendre en charge le poste Lumière.
Cinématographe Joly (21, rue de l'Écu, [19] novembre-[23] décembre 1896)
À la différence du cinématographe Lumière, la plupart des opérateurs sont en réalité des tourneurs qui disposent d'un appareil et qui vont de ville en ville pour offrir des séances de vues animées. Le cinématographe Joly qui arrive à Clermont-Ferrand en novembre vient probablement de Guéret. Outre les similitudes relatives au répertoire, on retrouve des techniques " commerciales " de même nature. Selon les étapes de son parcours, le tourneur - dont on ignore le nom - rebaptise l'arrivée d'un train en gare, en fonction des villes qu'il parcourt. Ainsi à Commentry, en septembre, le même cinématographe Joly propose une " Arrivée de train en gare de Moulins " (Le Journal de Montluçon, Montluçon, 24 septembre 1896), puis à Clermont-Ferrand, une " Arrivée d'un train en gare de Riom " (Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 12 décembre 1896, p. 2).
" À droite le café-glacier "
L'Auvergne illustrée, Clermont-Ferrand-la Rue de l'Ecu (c. 1903)
L'installation se fait à côté du café-glacier de la rue de l'Écu. Dès le début, le tourneur fait passer dans la presse des articles qui nous informe que l'appareil est un Joly et nous offre un premier programme. Ce cinématographe a été imaginé par Henri Joly et sa particularité est que les films ont 5 perforations, ce qui est un élément d'identification tant pour le cinématographe que pour les bandes qu'il utilise. On retrouve d'ailleurs des films classiques soit tournés par l'éditeur Joly-Normandin ou par d'autres comme Eugène Pirou qui utilise l'un de ces appareils pour ses tournages. Voici le programme publié dans la presse clermontoise :
Le Cinématographe
Le Cinématographe qui obtient en ce moment un si grand succès non seulement en France mais à l’Etranger, vient de s’installer dans notre ville au n° 21, rue de l’Ecu, à côté du café Glacier.
Ce Cinématographe qui donne par une suite ininterrompue de photographies l’illusion la plus complète de la vie et du mouvement, est du système Joly.
Les séances auront lieu aujourd’hui, de 4 heures à 6 heures 1/2 et de 7 heures à 10 heures du soir ; les jours suivants, de 2 heures à 6 heures 1/2 et de 7 heures 1/2 à 10 heures. Le prix d’entrée est fixé à 50 centimes.
Les scènes représentées aujourd’hui sont les suivantes :
Le Travail des Forgerons ;
La Baignade des Soudanais au Champ-de-Mars, à Paris ; .
La Sortie de l’église de Notre-Dame-des-Victoires, à Paris ;
Assaut de Boxe entre deux champions de Joinville ;
Le Jardinier ou l’Arroseur arrosé ;
Le Bain d’une Parisienne : 1° le Déshabillé ; 2º l’Entrée au bain.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 19 novembre 1896, p. 2.
Comme dans le cas du cinématographe Lumière, le succès est au rendez-vous, tout au moins si l'on en croit les entrefilets que le tourneur fait passer dans la presse clermontoise. Avec une assez grande régularité les programmes sont publiés même si l'on devine que le répertoire est bien restreint puisque les titres se répètent à plusieurs reprises. Face aux vues présentées, ce qui constitue un attrait indiscutable ce sont les films des fêtes franco-russes, à l'occasion de la visite du tsar Nicolas II à Paris que le tourneur annonce dans les premiers jours de décembre :
Le cinématographe. — Le succès du cinématographe ne se dément pas et cela n’a rien de surprenant, car ce spectacle est absolument merveilleux : le cinématographe peut être considéré comme la plus belle invention mise à jour en ces dernières années.
Prochainement l’administration du cinématographe fera paraître des vues représentant la réception du Tsar à Paris et à Châlons.
Elle ménage en outre à ses habitués une surprise des plus originales.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 9 décembre, p. 3.
Finalement quelques jours plus tard, les vues promises sont projetées ainsi que quelques nouvelles vues, ce qui confirme que le tourneur ne dispose sans doute que d'une petite vingtaine de vues, ce qui lui permet, malgré tout de tenir presque un mois :
Le Cinématographe
Sur notre demande, et conformément au voeu de plusieurs de nos lecteurs, M. le directeur du Cinématographe installé rue de l'Ecu, a bien voulu modifier pour huit jours son programme, afin de donner une série de représentations où les parents puissent conduire leurs enfants.
Voici le programme des numéros qui seront exécutés à partir d'aujourd'hui dimanche :
1. La sortie de l'église de N.-D. des Victoires à Paris.
2. Enfants jouant dans un bois avec d'autres personnes
3. Arrivée d'un train en gare de Riom.
4. Baignade des Soudanais au Champ-de-Mars, à Paris.
5. Le Travail des forgerons à Commentry.
6. La Boxe.
7. Le Tzar au Panthéon-Le Tzar aux Champs-Élysées.
Comme on le voit ce programme est des plus attrayants. Le voyage du Tzar, à Paris, est une actualité que tout le monde voudra voir.
Prix d'entrée : 50 centimes.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 13 décembre 1896, p. 2.
L'article mérite que l'on s'y attarde un peu. D'une part, la demande formulée, semble-t-il, par certains spectateurs, s'explique simplement parce que le tourneur a mis au programme, sans doute depuis le début, Le Bain d’une Parisienne, la célèbre vue du photographe Eugène Pirou, un " déshabillé " qui fait courir les publics français et étrangers, mais dont le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas destinée aux enfants... Par ailleurs, on peut observer que le tourneur, sans vergogne, modifie également le titre Le Travail des Forgerons, une astuce courante qui lui permet de faire un peu couleur locale. Pas plus que le train n'a été filmé à Riom, les forgerons ne l'ont été à Commentry. C'est d'ailleurs sur ce programme que prend fin le séjour du tourneur à Clermont-Ferrand. Il va désormais reprendre sa route en direction de Rodez.
1897
*Le Cinématographe-Draneil de M. Rambaud (janvier 1897)
Dans les premiers jours du mois de janvier, la presse clermontoise annonce l'arrivée prochaine du cinématographe-Draneil de M. Rambaud, qui se trouve à Riom, annonce son arrivée prochaine à Clermont-Ferrand :
Cinématographe
On nous annonce comme prochaines, des séances du cinématographe Draneil, projections animées et en couleurs, grandeur naturelle.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, lundi 4 janvier 1897, p. 2.
Pourtant les journaux ne confirment pas cette annonce et M. Rambaud se dirige en fait au Puy-en-Velay.
Cinématographe Lumière (Place de Jaude, [27] octobre-28 novembre 1897)
Lorsque le cinématographe Lumière revient à Clermont-Ferrand c'est sous une modalité différente. Officiellement, à partir du 1er mai 1897, l'appareil a été mis en vente et quiconque peut organiser des séances " indépendantes ". C'est le cas de M. Amblard - il existe alors une pharmacie Amblard-Deschamps à Clermont-Ferrand -, le directeur du cinématographe, qui va lancer les projections, place de Jaude, à côté des galeries de Jaude, à partir du 27 octobre (Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 27 octobre 1897, p. 2) :
Le Cinématographe lumière
Depuis quelques jours le Cinématographe lumière est installé place de Jaude, en face du Café Lyonnais. Eclairé à l'électricité il fonctionne parfaitement et ne présente aucun danger. Ce soir, à sept heures et demie, M. Amblard, directeur, donnera une démonstration gratuite du cinématographe. Il fera entendre une audition de Phonographe haute voix des plus intéressantes.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 29 octobre 1897, p. 3.
Il faut dire que la foire de novembre commence le 27 octobre pour un mois et que l'installation du cinématographe est une attraction pour les Clermontois, mais également pour les populations environnantes comme le rappelle la presse :
Le Cinématographe. — Voilà pour les habitants de la campagne, qui viendront aujourd’hui à la foire de Clermont, une intéressante curiosité à voir :
Non seulement on voit se dérouler une longue série de tableaux particulièrement réussis, mais on entend encore le phonographe, qui reproduit des avis, des chansons, avec une exactitude si frappante.
Le cinématographe, qui est installé sur la place de Jaude, fonctionnera pendant la plus grande partie de la journée.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrrand, 11 novembre 1897, p. 3.
Clermont-Ferrand (P. de D.), Place de Jaude et magasins des nouvelles Galeries, c. 1905
En outre, les spectacles mixtes, cinématographe et phonographe, sont déjà monnaie courante, d'autant plus qu'il s'agit ici de deux attractions différentes et indépendantes. La presse est assez discrète sur le répertoire des films proposés aux Clermontois, mais par chance, un programme complet est publié le 7 novembre :
Le Cinématographe Lumière
Voici le programe des séances qui seront données aujourd'hui dimanche, de 4 heures à 11 heures, au Cinématographe Lumière, place de Jaude, en face du Café Lyonnais :
Phonographe : Marche du régiment, Le chat noir, Marche de Lorraine, La Favorite, Michel Strogoff.
Cinématographe : Arrivée des toreadors espagnols, Bains de Milan (Italie), Entrée du Tzar et de la Tzarine à l'église de l'Assomption (Russie), Un cavalier sur un cheval rétif (Mexique), Dragons traversant la Saône (environs de Lyon), Baignade en mer, Prestidigitateurs, Chapeaux à transformation, Joueurs de cartes arrosés, Arrivée de l'express de Lyon.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 7 novembre 1897, p. 3.
Le plus remarquable, c'est que le répertoire est constitué, de façon homogène, de films Lumière, ce qui montre que plusieurs mois après la vente de l'appareil, les acheteurs se fournissent encore en vues animées de la maison de Monplaisir. Chose plutôt exceptionnelle, le propriétaire, M. Amblard, va annoncer la clôture définitive des représentations le 28 novembre 1897, l'occasion d'organiser des séances exceptionnelles :
Cinématographe Lumière. — Aujourd’hui dimanche, 28 novembre, clôture définitive des représentations du Cinématographe Lumière.
Afin de témoigner sa gratitude au public, et désireux de laisser un bon souvenir de son séjour à Clermont, le directeur de cet établissement donnera aujourd’hui pour la clôture une série de séances extraordinaires. A signaler : trois tableaux représentant le monde à l’envers, création du professeur. Séances de 3 h. 1/2 à 11 heures.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 28 novembre 1897, p. 2.
La dernière phrase laisserait entendre que M. Amblard dispose de " tableaux " de son cru, mais nous n'en saurons pas davantage. Le nom du propriétaire est uniquement attaché aux séances organisées en cette fin d'année 1897, ce qui laisse à penser que son rayon d'action a dû être assez limité.
1900
Le Grand Biograma (Place des Salins, 27 octobre->4 novembre 1900)
En provenance de Riom, Le Grand Biorama de Charles Schram offre des projections animées :
Le grand Biorama. — Très prochainement débutera à Riom, un établissement cinématographique de premier ordre, construit tout en tôle, éclairé à la lumière électrique et spécialement agencé pour la projection des photographies animées.
Ce cinématographe du dernier perfectionnement, obtient en ce moment à Vichy un très vif succès, qu’il doit tant à la variété qu’à la moralité de son adorable spectacle. La salle est chaque soir composée d’un public appréciateur, qui prodigue ses applaudissements pour la beauté et la stabilité des scènes animées. Le séjour à Riom, du Biorama sera de courte durée car cet important établissement doit prendre part le 27 octobre à la foire de Clermont. Toutefois nous assisterons tour à tour des reproductions cinématographiques de Cendrillon, de la lune à un mètre, de la guerre du Transvaal, de Chine etc.
Le grand Biorama se rendra le 25 septembres Thiers qu’il quittera pour venir à Riom.
Courrier du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, dimanche 23 septembre 1900, p. 2.
L'inauguration a lieu le 27 octobre ::
GRAND BIORAMA
Place des Salins, à Clermont
Parmi les attractions les plus intéressantes de la foire de la Saint Martin, nous signalerons spécialement le Grand Biorama que dirige M. Ch. Sckramson.
Cet établissement, entièrement éclairé à la lumière électrique, donne des séances de cinématographe perfectionné qui ne laissent rien à désirer sous aucun rapport.
Voici un aperçu des sujets les plus goûtés : Adoration des Rois-Mages; Arrivée à Jérusalem ; Trahison de Judas ; Arrestation de Jésus ; La Flagellation ; Couronnement d'Épines ; Mise en Croix ; Le Calvaire ; Départ d'un Transatlantique; Le Bon Gendarme ; Barres fixes (école militaire) ; Assaut du mur (chasseurs alpins); Charge de cuirassiers ; Soldat passant à la couverture; Arrivée d'un train spécial; Déjeuner de Bébé; Les Plongeurs ; Bataille d’oreillers; Joueurs de cartes arrosés; Remerciements par Trewey.
Ce soir vendredi, représentation de la Passion.
Le spectacle sera terminé à 10 heures.
La Croix d'Auvergne, dimanche 4 novembre 1900, p. 4.
1902
Le Royal Vio ? de Constantin Daue (Place des Salins, 30 avril-18 mai 1902)
Constantin Daue, accompagné de son régisseur Delmare, installe son Royal Vio ?, sur la place des Salins, à Clermont-Ferrand, à l'occasion de la foire de mai. Le nom de l'appareil varie dans la presse surtout dans les premiers jours : " Royal Viograph", "Royal Vio" et finalement "Royal Vio ?" L'arrivée est annoncée quelques jours avant le début des festivités :
The Royat Vio [sic]
Ce sera la grande attraction de la foire de mai que le Royal Vio! Il fera courir toute l’Auvergne au champ des Salins après avoir fait les beaux jours de l’Exposition de 1900. Le Royal Vio est le seul établissement de ce genre qui dispose d’un matériel électrique assez puissant, assez perfectionné pour reproduire sans vibrations des scènes animées de grandeur naturelle.
La première représentation du Royal Vio aura lieu samedi prochain, à huit heures et demie.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 22 avril 1902, p. 3.
Dans un nouvel article, on annonce également quelques vues animées du répertoire :
The royal Viograph
The royal Viograph est un cinématographe des plus remarquables qui vient de s’installer sur la place des Salins pour la foire. La date de l’ouverture n’est pas encore fixée, mais elle le sera incessamment. Ce cinématographe a une série de tableaux superbes à offrir à ses visiteurs. Citons : des épisodes de la guerre de Chine qui feront assister pendant 40 minutes a une grande bataille ; le voyage du Tsar en France ; le départ et l’arrivée du Santos-Dumont. etc.
Les tableaux sont projetés sur un écran de 64 mètres carrés. On n’a jamais vu à Clermont un cinématographe de cette importance. Aussi obtiendra-t-il un grand succès dans notre ville.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, vendredi 25 avril 1902, p. 3.
La dernière information que fournit la presse avec la soirée privée d'inauguration concerne le nom du chef d'orchestre qui accompagne le Royal Vio ? :
Le "Royal Vio ?”
La première représentation du « Royal Vio ? » est définitivement fixée à mercredi soir, 8 h. 1/2 (30 avril 1902).
Cet établissement de tout premier ordre, installé place des Salins, sera certainement le rendez-vous des familles Clermontoises. C’est du reste un théâtre très confortable, éclairé à la lumière électrique. Son spectacle sort de l’ordinaire ; tous les tableaux « Cinématographiques » sont accompagnés d’un brillant orchestre, dirigé par M. Soisson, chef d'orchestre, professeur de musique à Clermont. Une soirée privée aura lieu ce soir pour les autorités et la presse clermontoise
.Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 29 avril 1902, p. 3.
Après la soirée réservée aux autorités et à la presse, la première a lieu le mercredi 30 avril :
Le "Royal Vio ?"
Nous rappelons que c’est ce soir que le « Royal Vio » fait ses débuts. La soirée d’hier a obtenu le plus grand succès. Les tableaux sont superbes et ont provoqué l’admiration de tous les spectateurs.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mercredi 30 avril 1902, p. 2.
Ce n'est finalement que le 1er mai qu'un compte rendu de la soirée de gala du 29 avril est publié dans Le Moniteur du Puy-de-Dôme :
Le "Royal Vio ?"
L’abondance des matières nous a fait remettre à aujourd’hui le compte rendu de la soirée de gala de mardi, offerte aux autorités civiles et militaires, et à la presse de Clermont.
Cette soirée, à laquelle les personnalités les plus en vue de notre ville étaient représentées, a été des mieux réussies.
Parmi les autorités présentes, nous avons remarqué : MM. Ehrhard et Foisset, adjoints au maire; M. de Mourgues, procureur de la République; M. Simon, président du tribunal; M. Izenic, inspecteur d’Académie ; M. Sadourny, juge d’instruction : M. Vatrin, chef du cabinet de M. le préfet ; M. le commissaire central et plusieurs officiers, beaucoup de fonctionnaires et de charmantes dames.
La salle, tendue de draperie rouge décorée avec soin par M. Claudius Valet, tapissier-décorateur à Clermont, présentait un aspect tout particulier, vraiment digne de cette attraction.
Les tableaux représentés ont, ainsi que nous l’avons dit, obtenu le plus grand succès. Nous en reparlerons.
Aujourd’hui jeudi, matinée à 3 heure, le soir, représentation à 8 h. 1/2. (Durée du spectacle, 2 h. 1/2).
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, jeudi 1er mai 1902, p. 1.
L'auteur de l'article s'attache surtout à indiquer le nom des autorités locales qui se sont rendues à l'invitation de Constantin Daue, en revanche, aucune précision sur le contenu du programme. Il faut encore attendre un peu pour que le même journal s'attarde sur les films du répertoire :
Le " Royal Vio ? "
Les tableaux que représente le Royal Vio sont, ainsi que nous l’avons déjà dit, aussi intéressants que d’actualité.
Une série de ces tableaux est consacrée à la guerre de Chine ; on voit défiler les troupes sur le sol chinois, on assiste à des combats, à des charges et l’illusion est absolument parfaite, puisqu’on a sous les yeux, avec les différents mouvements des troupes, tous les détails de l’action.
Dans le même ordre d’idée, le public a applaudi avec enthousiasme de belles charges de cavalerie exécutées sur un champ de manœuvre français. On voit des cuirassiers massés au loin, puis ils s’ébranlent et s’approchent, rapides comme, la foudre. C’est superbe.
Une autre série de tableaux qui a obtenu également un grand succès et qu’on ne se lassera pas de voir est celle qui est consacrée au voyage du Tsar en France. Oa assiste d’abord au départ du président de la République et des ministres s’embarquant pour aller à la rencontre du Tsar, puis on voit arriver le yacht de l'Empereur et enfin on est transporté à la revue de Bétheny.
Citons également « Une foire à New York », une « Visite à Londres », tableaux du plus haut intérêt.
Le spectacle est agréablement varié et après des scènes authentiques, historiques pourrait-on dire, la fantaisie a sa place. Il y a, dans ce genre, de charmants tableaux qui provoquent les plus gais éclats de rire.
Le Royal Vio permet de constater les progrès accomplis par le cinématographe depuis son invention. Il y a quelques années seulement, le cinématographe était certes intéressant, mais combien imparfait encore et combien courtes étaient les scènes qu’il pouvait représenter ; à peine avaient-elles commencé de paraître sur l’écran qu’elles disparaissaient déjà ; aujourd’hui on prolonge un tableau pendant une demi-heure et même trois quart d’heure, et les visages ont une netteté absolument irréprochable.
C’est une bonne fortune pour les Clermontois d’avoir à leur portée un établissement aussi bien installé que l’est le Royal Vio.
Représentation tous les soirs, à 8 heures et demie ; les jeudis et dimanches, matinée à 3 heures.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, vendredi 2 mai 1902, p. 2.
Si l'on en croit la presse, le succès - comme cela se confirme dans d'autres villes - est bien réel et les spectateurs répondent présent :
Le "Royal Vio ?"
Non seulement le Royal Vio a fait salle comble, à ses deux représentations d’hier, mais il a dû chaque fois, refuser plus de 100 personnes. C’est un succès à peu près sans précédent dans notre ville, mais largement mérité, hâtons-nous de le dire, par l’intérêt que présente le spectacle.
Tout Clermont à peu près a déjà défilé dans la coquette salle. Que ceux qui n’ont pas encore vu la première série de tableaux se hâtent, car une nouvelle série va commencer incessamment.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, lundi 5 mai 1902, p. 2.
Parfois, Le Moniteur du Puy-de-Dôme s'attarde sur les vues projetées pour en donner de brèves descriptions. Si l'article qui suit est anonyme, on y retrouve les tournures et les questions, voire le style que Constantin Daue utilise ailleurs :
Le "Royal Vio ?"
La variété est le secret de plaire. En s'inspirant de ce principe, le Royal Vio a... conquis le succès.
Il n'est pas douteux, en effet, que l'accueil fait par le public à cet établissement est dû pour la plus large part à la composition du programme qui fait tour à tour passer le spectateur de l'intérêt éveillé à l'émotion poignante et au rire.
Nous avons dit déjà que les images cinématographiques étaient d'une netteté parfaite, en même temps que la durée des tableaux est assez longue pour ne pas provoquer ce cri de regret : déjà fini ! " Il faut ajouter que les tableaux sont merveilleusement choisis. Tour à tour on a la note fantaisiste, instructive, émouvante, fantastique.
Voulez-vous des choses originales ? Le Rêve du Radjah, le Prince et le sorcier, le Bon génie, superbes tableaux en couleurs, vous laissent sous une impression de stupeur.
Aimez-vous, au contraire, les impressions vécues ? Voici des épisodes de la guerre de Chine, des explorations à Tien-Tsin, à Pékin, à Hong-Kong.
Voulez-vous maintenant une émotion intense ? Le tableau de Detaille, les Dernières cartouches, mais le tableau vivant, surhumain presque, dans sa poignante grandeur, va vous la donner.
Puis, vous aurez une page d’histoire dans Jeanne d'Arc, dont la vie est reconstituée d'une façon originale ; vous aurez une vue instructive dans une Foire à New York.
Les tableaux se succèdent ainsi, tous aussi intéressants, mais tous avec une note variée. Nous ne les énumérons pas, ils sont trop nombreux.
Qu'on se hâte de voir cette première série, si remarquable, car une nouvelle série va commencer incessamment.
Tous le soirs, représentation à 8 heures et demie. Stalles, 2 fr.; premières, 1 fr., troisièmes, 50 cent.
Durée du spectacle, 2 heures et demie.
On peut prendre ses places en location tous les matins, de 10 heures à midi.
Prendre ses places à l'avance est une bonne précaution; le soir, la salle est littéralement envahie.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 6 mai 1902, p. 2.
Le succès conduit parfois les responsables du Royal Vio ? à organiser des séances spéciales :
Le "Royal Vio ?"
Prévoyant, et à juste titre, que sa salle serait trop étroite pour contenir tous les spectateurs qui se présenteraient aujourd’hui, jour de fête, l’administration du Royal Vio a décidé de donner trois représentations au lieu de deux, afin de satisfaire autant que possible tout le monde.
La première aura lieu de 2 à 4 heures, la seconde de 4 à 6 heures et la troisième enfin commencera à 8 h. 1/2. C’est la représentation habituelle du soir avec ses deux heures et demie de spectacle.
Le bureau de location sera ouvert le matin, de dix heures à midi. Les places en location sont données absolument sans supplément de prix.
L’administration, en délivrant les places à l'avance, a seulement pour but d ’éviter aux spectateurs une trop longue attente aux guichets avant le spectacle.
Il est certain qu’aujourd’hui encore il y aura foule dans ce coquet établissement.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, jeudi 8 mai 1902, p. 2.
Une nouvelle série de vues est proposée la semaine suivante :
Le "Royal Vio ?"
La nouvelle série de tableaux inaugurée hier soir par le Royal Vio ne peut manquer d’accroître encore le succès obtenu par cet établissement vraiment original.
Nous ne dirons pas que cette série éclipse la précédente, mais elle est des plus remarquables. Parmi les tableaux qui nous ont le plus vivement frappé, nous citerons d’abord une promenade en mer qui est d’une vérité et aussi d’une variété tout à fait saisissantes ; puis des épisodes de la guerre de Cuba, dont quelques-uns sont particulièrement impressionnants ; dans ce groupe, on admirera surtout un défilé de marins américains qui donne une sensation de force et de grandeur extraordinaire.
Puis défilent ensuite une chasse au cerf chez la duchesse d'Uzès, qu’on voit dans tous ses détails, des exercices d’acrobatie par les célèbres Kremos, un incendie à New-York, une série d’autres tableaux moins importants, mais très intéressants encore, puis des fantaisies amusantes.
Mais le clou de la représentation, à notre avis, est la course de taureaux, une course à Séville par les toréadors les plus fameux. On assiste à la course entière depuis l’arrivée du taureau jusqu’à sa mise à mort, à tous les incidents tragiques ou non, qu’elle comporte. C’est ainsi qu’on voit un caballero blessé et plusieurs chevaux éventrés par le taureau furieux. Ce tableau, qui dure fort longtemps, suffirait à lui seul à occuper une représentation, mais que d’autres merveilles à côté.
Le Royal Vio tient, en somme, un joli succès qui ne l'abandonnera pas pendant toute la durée de son séjour à Clermont.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 13 mai 1902, p. 2.
Les informations relatives au Royal Vio sont quotidiennes ou presque et le journaliste maintient ainsi l'intérêt du public. Outre les vues proposées, il s'intéresse également au fonctionnement du Royal Vio. L'abondance de détail semble indiquer que l'auteur de ces lignes est probablement en contact étroit avec les responsables de l'appareil :
Le "Royal Vio ?"
Après avoir parlé des beaux spectacles que donne le Royal Vio — avec tant de succès, d’ailleurs — il serait peut-être intéressant pour nos lecteurs de visiter les coulisses de ce curieux établissement.
Pour beaucoup, il y a du merveilleux dans ces projections animées qui se déroulent sur l’écran avec une intensité de vie qui donne absolument l’illusion la réalité. Que de spectateurs ont dû se creuser longuement le cerveau sans arriver à découvrir la clef du mystère !
Pourtant il n’y a point de mystère, ni de merveilleux, mais seulement un outillage puissant qui permet de réaliser ce tour de force de reproduire sur un écran absolument exactes, absolument vivantes, des scènes, qui se sont passées, il y a plusieurs années, à des milliers de lieues.
Ce tour de force,c’est le cinématographe qui l’accomplit. Le cinématographe, tout le monde le connaît de nom, bien peu pourraient dire exactement ce que c’est.Nous ne voulons pas en faire ici la démonstration ; qu'il nous suffise de dire que c'est un appareil photographique qui prend, sur un long rouleau de pellicule impressionnable, une série de vues d’objets en mouvement. Les clichés se succèdent à des intervalles de temps si rapprochés qu’en les faisant défiler ensuite, projetés sur un écran, ils reproduisent exactement les mouvements des objets photographiés.
Pour se faire une idée à peu près exacte de leur nombre et de la rapidité avec laquelle ils défilent derrière la lentille du projecteur, il faut savoir que chacun d’eux à 25 millimètres de large sur 18 millimètres de haut ; il en entre donc un peu plus de 50 par mètre de pellicule. Or, à chaque séance du Royal Vio, on déroule de 1,800 à 2,000 mètres de pellicule.
Pour reproduire les images sur un écran éloigné, avec autant de netteté que possible il faut une source lumineuse puissante. On emploie de préférence l'électricité. Le Royal Vio produit lui-même son électricité avec une élégante machine à vapeur, de la maison Aubert, de Paris, d’une force de 12 chevaux. Une dynamo reçoit l’énergie mécanique et la transforme en énergie électrique. Un courant de 75 ampères, sous tension de 110 volts, traverse les fils et donne la lumière nécessaire pour le projecteur et pour l'éclairage de la salle.
Il faut donc, on le voit, un outillage important pour donner l’intéressant spectacle que les Clermontois vont applaudir chaque soir.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, jeudi 15 mai 1902, p. 2.
Constantin Daue réussit à se procurer des vues de la Martinique, mais bien entendu, avant la terrible catastrophe qui a détruit la ville de Saint-Pierre, le 8 mai 1902 :
Le "Royal Vio ?"
Le Royal Vio, poursuit avec succès, la série de séances ; los nouveaux tableaux sont absolument remarquables et attirent chaque soir la foule dans le bel établissement des Salins.
Aujourd’hui, matinée à trois heures et représentation à huit heures et demie du soir. Aux deux séances, sera donné un tableau, d’une vérité saisissante et d'une douloureuse actualité Saint-Pierre et la Montagne Pelée quelques jours avant la catastrophe.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, dimanche 18 mai 1902, p. 2.
Alors que les séances se déroulent avec le succès que l'on connaît, le Royal Vio, victime d'une violente bourrasque, est totalement inutilisable :
LA PENTECOTE
Le mauvais temps persiste. Hier, jour de Pentecôte, le vent a soufflé en tempête, déchaînant parfois un véritable ouragan sur notre ville, causant çà et là de nombreux dégâts. Quantité de tuiles, ardoises, briques, plaques de tôle, tuyaux de descente des eaux, enseignes, tentes, ont été enlevés et promenés de façon inquiétante au-dessus de la tête des passants.
[...]
A 10 heures et demie, une sorte de cyclone s’est abattu sur les Salins où les théâtres forains ont eu beaucoup à souffrir ; presque tous ont été plus ou moins endommagés : les dégâts sont importants.
Nous avons surtout à déplorer la démolition partielle du bel établissement le Royal Vio, qui, depuis son arrivée à Clermont avait obtenu le plus grand et le plus légitime succès. Le vent s'est engouffré dans la salle, arrachant les toiles, brisant les beaux panneaux décoratifs de l’entrée et la superbe glace placée au-dessus du contrôle, déchirant les tentures, déchiquetant les bâches de la voûte, emportant au loin d’énormes montants, cassant les lampes, détruisant les fils électriques, causant des avaries sérieuses aux appareils à projection : les pertes dépassent 10,000 fr.
Et maintenant il faudra plusieurs semaines avant que l’établissement soit reconstruit avec tout le confortable, toute l’élégance, qui existaient auparavant ; il ne faut pas songer voir réédifier la coquette salle avant la fin de la foire. Or, une foule de personnes seraient heureuses d’assister encore à l’intéressant spectacle donné par le Royal Vio ; beaucoup n’ont pas encore applaudi la nouvelle série de tableaux ; un programme entièrement composé de tableaux inédits allait être offert au public clermontois.
Dans ces conditions, pourquoi le Royal Vio ne s'installerait-il pas pour quelques jours au théâtre ? La grandeur du cadre de la scène lui permettrait de donner des projections de dix mètres au moins. C’est là que le Royal Vio serait vraiment apprécié. La municipalité de Clermont ne s’opposerait probablement pas à cette installation. Maintenant que la saison théâtrale est terminée, nous aurions ainsi un nouvel élément de distraction, ce qui n’est point à dédaigner...
F'lix.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, lundi 19 mai 1902, p. 2.
Le journaliste du Moniteur du Puy-de--Dôme suggère que les séances pourraient continuer au théâtre municipal qui n'est pas occupé à ce moment-là :
LUNDI DE PENTECOTE
[...]
Les forains installés sur la place des Salins sont navrés. L’aspect du champ de foire offrait hier un aspect désolant. Presque tous les théâtres ont enlevé leurs toiles de peur de les voir arrachés par la bourrasque.
[...]
Ainsi que nous l’avons indiqué, l'établissement du Royal Vio est en partie démoli, et ses ruines sont d’une mélancolie profonde; durant toute Ia journée, la fouIe a circulé autour de ce qui fut le Royal Vio, et chacun exprimait l’espoir de voir bientôt défiler au Théâtre municipal la si remarquable série de tableaux inédits qui avait été annoncée et dont le succès serait assurément très grand : le passé ne répond-il pas de l'avenir ?
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 20 mai 1902, p. 2.
Répertoire (autres titres) : Excelsior, le fameux ballet du Cristal-Palace de New York, Les Transformations de Fregoli (Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, lundi 12 mai 1902, p. 3).
Le Royal Vio ? de Constantin Daue (Théâtre municipal, 24 mai-8 juin 1902)
À la suite de la bourrasque qui a touché les forains et, en particulier, le Royal Vio, la municipalité accepte, comme l'a suggéré le journaliste, d'accueillir pour quelques représentations l'appareil cinématographique :
Théâtre
Grâce à l’activité infatigable de son aimable et sympathique régisseur général, M. Delmare, le Royal Vio va s'installer au théâtre de Clermont où il est sûr de retrouver le succès qui accueillit ses débuts aux Salins.
La première séance du Royal Vio, au théâtre aura lieu demain jeudi, à huit heures et demie du soir.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mercredi 21 mai 1902, p. 2.
Contrairement à d'autres pionniers, Constantin Daue ne fait que rarement parler de lui dans la presse. Nous apprenons qu'il fait équipe avec M. Delmare :
Théâtre
Afin de donner des tableaux d’une exécution absolument parfaite, la direction du Royal Vio a décidé que la première séance de début, au théâtre, de cet intéressant spectacle aurait lieu samedi prochain seulement.
Durant toute la journée d’hier, on a procédé à l’installation des appareils qui sont d’une si remarquable précision. L'organisation sera complétée aujourd’hui. M. le directeur de Daoe [sic], si bien secondé par son régisseur général, M. Delmare, veut offrir, dès samedi, au public clermontois, un programme contenant de nombreux tableaux inédits et des scènes nouvelles qui obtiendront assurément le plus grand succès.
Les projections auront dix mètres de largeur sur huit mètres de hauteur, c’est-à-dire qu’elles occuperont tout le cadre de la scène ; le spectacle ne sera point banal et attirera, nous en sommes persuadé, une affluence considérable au théâtre.
Les prix des places reste fixé, à 2 fr., 1 fr. et 50 centimes.
Les personnes qui désireraient assister à la représentation d’ouverture, feront bien de retenir leurs places à l’avance ; un grand nombre de demandes ont été adressées déjà à la direction.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, jeudi 22 mai 1902, p. 2.
Finalement, l'inauguration des séances du Royal Vio au Théâtre municipal a lieu le samedi 24 mai :
Le "Royal Vio ?"
Nous rappelons que c’est ce soir, à huit heures et demie, que le Royal-Vio reprendra ses représentations au théâtre.
Le programme sera le même que celui qui était exécuté place des Salins avant l’accident qui força d’interrompre les représentations.
Dans ce programme figurent notamment les épisodes de la guerre de Cuba et les courses de taureaux qui ont obtenu déjà tant de succès.
Au théâtre, les spectateurs auront l’avantage d être placés dans les meilleures conditions pour voir défiler les images cinématographiques.
On peut retenir ses places à l’avance au bureau de location. C’est même une précaution bonne à prendre, car il n’est pas douteux qu’il y aura foule à chaque représentation.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, samedi 24 mai 1902, p. 3.
Le compte rendu de la séance s'attarde surtout sur les nouvelles conditions de projection. ainsi que des films dont certains sont déjà connus du public clermontois :
Le "Royal Vio ?"
La représentation donnée hier soir au théâtre a été très brillante. La salle d’ailleurs, était fort bien garnie, ce qui prouve que le Royal Vio n’a rien perdu de la faveur dont il jouissait place des Salins.
L’écran se trouvant dans le plan du rideau de la scène, tous les spectateurs ont pu voir admirablement défiler les tableaux et ne leur ont pas ménagé les applaudissements. La série qu’on représente actuellement est, du reste, tout à fait remarquable. Il suffit de citer les épisodes de la guerre de Cuba et la course de taureaux, qui sont de véritables merveilles de vie, de force et de grandeur, et les sept péchés capitaux, scènes d’une troublante fantaisie, pour faire comprendre que la représentation est du plus haut intérêt.
Une musique appropriée accompagne chaque tableau. Le piano est tenu avec distinction par Mme Boissy.
Ce soir, nouvelle représentation avec le même programme. On peut retenir ses places au bureau de location.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, samedi 24 mai 1902, p. 2.
De nouvelles vues sont annoncées dans les jours suivants :
Théâtre
Ce soir, troisième représentation, au théâtre, du Royal Vio ? dont le succès va croissant. Parmi les tableaux les plus saisissants, citons les épisodes de la guerre de Cuba ; la grande course de taureaux, avec son défilé de picadors ,chulos, banderilleros, toreros et la mise à mort ; l’incendie des Docks à New-York. Citons encore les gracieuses fantaisies, Meunier et Charbonnier; l’homme aux têtes ; bataille de femmes ; ce que je vois dans mon télescope ; le livre magique ; grande pantomime italienne, etc. N’oublions pas la belle cavalcade du cirque Sanger, à Londres ; la grande chasse aux cerfs chez la duchesse d’Uzès ; Fregoli, dans ses transformations, à l’Olympia; la féerie du Châtelet ; Méphistophélès et le ballet des sept péchés capitaux.
Rappelons que le prix des places reste fixé à 2 fr.; 1 fr. et 50 centimes. Moitié prix pour les étudiants.
Le bureau de location est ouvert dans la journée aux heures habituelles.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 27 mai 1902, p. 2.
Cédant en cela à une pratique habituelle, le Royal Vio s'apprête à organiser une séance réservée aux écoliers de Clermont-Ferrand :
Théâtre
Ce soir, au Royal Vio ? changement complet des tableaux.
126 kilomètres à l’heure, voyage entre New-York et Chicago. L’illusion est complète.
Une ascension à la Tour Eiffel, qui produira, sur le public, une impression profonde.
Les miracles du Brahmine, grande féerie en couleurs, dont l’originalité obtiendra le plus grand succès, ainsi, d’ailleurs, que toute une série de scènes de vues remarquables.
Le Royal Vio ? donnera prochainement une séance absolument réservée aux écoles de la ville ; tous les établissements d’enseignement de Clermont assisteront, nous en sommes persuadé, à cette représentation unique, où les plus intéressants tableaux défileront devant les yeux des jeunes spectateurs.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, jeudi 29 mai 1902, p. 2.
Dans les premiers jours de juin, le Royal Vio annonce son prochain départ :
Théâtre
Le Royal Vio continuera aujourd’hui, à la demande générale, l’intéressante série de ses remarquables tableaux. Encore quatre représentations et le Royal Vio nous quittera définitivement. Avis donc à ceux qui n’ont pas encore applaudi le nouveau programme.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 3 juin 1902, p. 2.
C'est l'occasion pour donner une représentation exceptionnelle :
Le "Royal Vio ?"
Ce soir, à 8 h. 1/2, au théâtre, grande représentation du Royal Vio, qui va très prochainement nous quitter. Au programme : À travers les Indes ; la fête des fleurs à l’Exposition de 1900 ; Bébés et Chats (en couleurs) ; sport à bord d’un navire américain ; le président Kruger à Marseille et à Paris ; le coucher de la Mariée (en couleurs) ; une ascension sur la Tour Eiffel ; le Derby d’Epsom ; la Belle et la Bête (en couleurs) ; la danse des Nègres, à Fachoda ; une promenade au Jardin d’acclimatation ; une émouvante scène de la guerre de 1870 ; Neptune et Amphitrite, superbe tableaux- en couleurs ; le dressage des chevaux au Transvaal ; les Flying-Scoost, acrobates ; les chevaux plongeurs ; les Pyramides humaines ; le Diable au Couvent, amusante féerie en couleurs ; l’Homme-Orchestre ; la Danse serpentine ; les Scaphandriers ; entrée et sortie d’un Collège ; les miracles du Brahmine, féerie à grand spectacle ; enfin, et surtout, le prestigieux voyage entre New-York et Chicago (126 kilomètres à l’heure).
Le bureau de location est ouvert comme d’habitude.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, jeudi 5 juin 1902, p. 2.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, jeudi 5 juin 1902, p. 3.
Pour les dernières séances, les billets sont à moitié prix. La clôture a lieu le dimanche 8 juin :
Le "Royal Vio ?" au Théâtre municipal
Ravissante soirée au "Royal Vio", hier. La salle était archi-comble.
Samedi et dimanche auront lieu les deux dernières représentations.
Retardataires, ne l’oubliez pas.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, vendredi 6 juin 1902, p. 3.
Répertoire (autres titres) : L’Arrivée du Président Krüger, à Marseille et à Paris, La Fête des fleurs à l’exposition, Une promenade au Jardin d’Acclimatation, Le Derby d’Epsom, L’entrée et la sortie d’un collège, Les Scaphandriers, Coucher de la Mariée, Mari surpris, Bébés et Chats, Illusionnistes toqué, Concierge et Facteur, l’Homme-Orchestre, Mangeur de sandwichs, Chico, dentiste américain, La Danse serpentine (en couleurs) (Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, vendredi 30 mai 1902, p. 2), Le Derby d’Epsom (Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, dimanche 1er juin, p. 2), Le voyage entre New-York et Chicago (126 kilomètres) (avec des panoramas éblouissants de clarté, des effets de neige, des scènes si amusantes sous les tunnels, les arrivées des voyageurs aux gares principales, notamment à Philadelphie, la promenade vertigineuse au bord du Niagara, — suffirait à lui seul à attirer la foule au théâtre) (Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mercredi 4 juin 1902, p. 2).
1903
Le Royal Vio (Place Gambetta, 4 mai-7 juin 1903)
En provenance de Bordeaux, le Royal Vio - qui semble avoir perdu son point d'interrogation -, déjà présent l'année précédente, revient à Clermont-Ferrand à l'occasion de la foire de mai. Il est annoncé dans les derniers jours du mois d'avril :
La place Gambetta
Depuis que le champ de foire a passé de Jaude à la place Gambetta, les baraques foraines avaient été rarement aussi nombreuses qu’elles promettent de l’être pour lat foire du 9 mai.
Les tentes se dressent nombreuses aux Salins et elles promettent d'abriter d’intéressantes attractions, dont quelques unes ont déjà fait et referont la joie des Clermontois..C’est ainsi que nous pourrons, comme l'an dernier, aller admirer, le merveilleux cinématographe qu’est le Royal Vio ? sans parler du Palais de l'Electricité qui l’avoisine...
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, samedi 25 avril 1903, p. 3.
L'autre journal local annonce à son tour l'arrivée du Royal Vio :
"The Royal-Vio"
The Royal Vio qui fit courir tout Clermont et ses environs à la foire de mai l’année dernière, s’installe à nouveau sur la place Gambetta.
On so souvient des nombreuses attractions données par cet établissement, seul dans son genre.
Le Royal Vio, retardé dans son installation par suite du mauvais temps, n’ouvrira ses portes que jeudi soir à huit heures, par une représentation offerte à la municipalité, aux autorités et à la presse.
La direction, avec de nombreux sacrifices, s’est procuré les tableaux les plus récents, qui viennent de faire l’admiration des habitants de la ville de Bordeaux, où un succès très mérité a été donné au Royal Vio.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, lundi 27 avril 1903, p. 2.
Dans un premier temps, l'inauguration est prévue pour le vendredi 1er mai 1903 :
Le "Royal-Vio"
Afin de donner des représentations ne laissant rien à désirer et présentant un intérêt tout spécial, l’administration du « Royal Vio » a décidé d’ajourner à vendredi l’ouverture de son bel établissement.
Ce jour-là sera offerte, par invitation, une soirée exceptionnelle, aux personnalités clermontoises.
On sait combien fut grand le succès obtenu l’an dernier par le « Royal Vio » ; il en sera de même cette année. Le programme est d’ailleurs entièrement renouvelé ; des tableaux cinématographiques inédits sont la propriété exclusive du « Royal Vio ». La direction n’a rien négligé pour donner pleine satisfaction au public.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, jeudi 30 avril 1903, p. 2.
Pourtant, les conditions climatiques obligent les responsables à repousser à nouveau la première du Royal Vio :
Le "Royal-Vio"
Le mauvais temps, particulièrement la bourrasque de jeudi, a encore retardé l'ouverture du bel établissement "Le Royal Vio". Les représentations ne pourront probablement commencer que dans les premiers jours de la semaine prochaine.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, samedi 2 mai 1903, p. 2.
C'est finalement le lundi 4 mai que les Clermontois peuvent enfin se rendre au Royal Vio :
Le "Royal-Vio"
Le Royal Vio, dont les débuts étaient attendus avec tant d’impatience, a ouvert ses portes hier soir. Il a offert aux autorités de la ville — qui avaient répondu en grand nombre à son invitation — une superbe soirée.
Le Royal Vio, si bien aménagé, et dont le spectacle est si intéressant, sera, comme l’année dernière, le clou de la foire.
Il nous revient avec une série de tableaux, curieux, variés, dramatiques, qui obtiendront, cela n’est pas douteux, un très gros succès. C’est un véritable voyage à travers le monde qu’il fait faire aux spectateurs ; on visite tour à tour l’Amérique, la Chine, la Sibérie et les scènes les plus pittoresques défilent sous les yeux, puis ce sont des scènes amusantes, séances de prestidigitation, de magie, séances amusantes et gaies. Il y a même un Cake-Walk tout à fait divertissant.
Les habitués de la foire vont prendre avec empressement le chemin du Royal Vio qui leur offre, en une représentation qui dure près de trois heures, un spectacle qu’ils ne trouveront nulle part ailleurs.
Le Royal Vio donne une représentation tous les soirs, à huit heures et demie, et des matinées tous les jeudis et dimanches, à trois heures.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 5 mai 1903, p. 2.
E.D., Clermont-Ferrand-Place Gambetta (jour de Foire) (début XXe siècle)
Dans une édition postérieure du Moniteur du Puy-de-Dôme, quelques titres sont annoncés :
Le "Royal-Vio"
Malgré le mauvais temps, le Royal-Vio a donné samedi et dimanche de superbes représentations avec des salles combles.
Dès ce soir lundi, le programme est entièrement renouvelé. Nous ne voulons pas faire connaître tous les tableaux merveilleux qui seront représentés, mais citons notamment: Le Looping The Loop, succès de l'Olympia à Paris ; L'Amphitrite; L'Amour volé ; Les Omers, pantomime américaine, représentée dernièrement au Casino de Paris; et enfin, comme clou, Le Voyage de M. Loubet en Algérie.
La direction, toujours soucieuse de faire plaisir au public, vient d'acquérir une machine perfectionnée qui a pour but de supprimer les trépidations et scintillements.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, lundi 11 mai 1903, p. 2.
Un nouvel article permet de connaître d'autres vues du répertoire :
Le Royal-Vio
Ainsi que nous l’avons annoncé, le Royal Vio vient de renouveler presque entièrement son programme, et les nouveaux tableaux sont encore plus intéressants, plus saisissants de vérité que ceux qui se sont déroulés aux représentations précédentes.
En première ligne, il faut citer le Voyage de M. Loubet en Algérie, qui attirera certainement tout Clermont au bel établissement des Salins ; citons encore : Une promenade au Jardin d’acclimatation ; Little-Litch, remarquable de netteté et de précision ; l'Aubade à la lune, charmante fantaisie qui a été particulièrement applaudie ; des scènes de la vie des pêcheurs bretons ; Frégoli, dans ses abracadabrantes transformations ; les Orner’s, clowns-cambrioleurs dont les exercices, qui tiennent du prodige, mettent la salle en joie; les Scaphandriers, la Chasse au cerf, le Voyage au Mexique, etc.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 12 mai 1903, p. 2.
La nouveauté est, sans aucun doute, l'annonce de la projection prochaine de vues locales :
Le Royal-Vio
La salle assez vaste de ce bel établissement n’a pu contenir hier les nombreux spectateurs venus de tous côtés pour admirer les magnifiques tableaux qui sont représentés chaque jour.
Le programme est absolument renouvelé.
Les tableaux qui y figurent sont tous de la plus récente actualité.
La direction, toujours infatigable, nous donnera prochainement un spectacle absolument local composé de tableaux représentant divers événements qui se sont passés récemment dans notre ville.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 19 mai 1903, p. 2.
En attendant la présentation de ces films, un nouvel article s'attarde sur le voyage du président Loubet en Algérie. Malgré des descriptions assez précises, il est délicat de savoir à quel catalogue appartiennent ceux-ci dans la mesure où plusieurs éditeurs proposent des séries de ce déplacement présidentiel
Le Royal-Vio
C’est toujours avec succès que le « Royal Vio », si luxueusement installé aux Salins, poursuit le cours de ses représentations. Actuellement le programme est particulièrement attrayant. Que tous ceux qui n’ont point admiré les divers tableaux du voyage de M. Loubet en Algérie, se hâtent, car, très prochainement, des scènes locales viendront remplacer l’admirable série des scènes algériennes. Chaque soir, on applaudit particulièrement la grande revue de Mustapha : c’est d’abord l’arrivée du Président de la République au champ de manœuvres, précédé des cavaliers arabes, superbement drapés dans leurs burnous, l'infanterie, l’artillerie passant devant les tribunes ; puis c’est le défilé de l’équipage de la flotte, la charge des chasseurs et des spahis, soulevant des tourbillons de poussière, etc. Les tableaux représentant le cortège présidentiel sur les boulevards d’Alger, au jardin public de Bel-Abbès, dans les rues de Constantine ou devant le palais du Bey à Tunis, sont d’une exactitude remarquable. N’oublions pas la fameuse danse des écharpes par trois ravissantes Ouled Naïls.
Enfin, parmi les autres scènes du Royal Vio, qui intéresse vivement le public, citons encore : Les Omers, clowns excentriques ; l’Enterrement du Chien, le Ballet Excelsior, les Brothers, acrobates ; les Walton’s, acrobates chinois ; entre Calais et Douvres, le chevalier Mystère, la belle Otéro, l’incendie des Docks de New-York, etc., etc.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mercredi 20 mai 1903, p. 2.
C'est finalement le 25 mai que les films clermontois sont présentés au public. Le Moniteur du Puy-de-Dôme détaille les titres :
Le Royal-Vio
Le Royal-Vio donnera ce soir, une représentation absolument exceptionnelle. indépendamment des tableaux qui figurent au programme actuel et dont le succès est loin d ’être épuisé, la direction donnera des tableaux essentiellement locaux, pris les 17 et 18 mai dans notre ville. En voici la nomenclature :
Sortie du théâtre, après la conférence de M. Delpech, sénateur.
Aspect de la place de Jaude, après la conférence.
Arrivée des évêques à l'église du Port.
Bénédiction donnée par le cardinal archevêque de Lyon, sur la terrasse du presbytère de Notre-Dame-du-Port.
Sortie des ouvriers de l’usine Michelin.
Sortie des élèves du lycée Blaise-Pascal, à 4 heures du soir.
La soirée sera terminée par des tableaux inédits représentant un voyage en chemin de fer de New-York à San-Francisco.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, lundi 25 mai 1903, p. 2.
Le programme ainsi présenté reflète la situation de tension que connaît alors Clermont-Ferrand. En effet, la procession de Notre-dame-du-Port a été interdite par la municipalité alors que d'autre part une conférence aux accents anti-cléricaux est prononcée par le sénateur ariégeois Auguste Delpech (Bonnac, 22/12/1846-Toulouse, 11/03/1935). Intéressant par conséquent ces tournages qui font alterner les vues relatives à la conférence, mais aussi aux ouvriers et celles de la cérémonie religieuse. Le lendemain, grâce au compte rendu publié par Le Moniteur du Puy-de-Dôme, des informations complémentaires sont fournies sur les vues locales :
Un spectacle intéressant
Les tableaux locaux, d’une netteté parfaite, avaient attiré, hier soir, un nombreux public au Royal-Vio, et l’on a très vivement applaudi ; la sortie du théâtre le jour de la manifestation républicaine, après la conférence de M. le sénateur Delpech ; un panorama saisissant de la place de Jaude, sur laquelle on voit passer des figures bien connues ; l’entrée des évêques à l’église du Port ; la bénédiction du cardinal-archevêque de Lyon, sur la terrasse du presbytère ; la sortie des externes du lycée Blaise-Pascal ; la sortie des ouvriers et ouvrières de l’usine Michelin ; tout cela est admirable de précision, de vérité, de pittoresque.
Parmi les autres tableaux qui font grand effet, citons encore : Un voyage en chemin de fer de New-York à San-Francisco ; le Cake-Walk des Nains, le livre magique, les chevaux plongeurs, etc., etc.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, mardi 26 mai 1903, p. 3.
Pour sa part, L'Avenir du Puy-de-Dôme, aux orientations cléricales, s'attache davantage aux figures religieuses :
Le Royal Vio
Le Royal Vio, qui avait pris ses mesures pour cynématographier toute la procession du Port, a pu prendre l’arrivée des Evêques à la Basilique et la bénédiction donnée par le Cardinal et tous les Evêques sur le balcon de la cure du Port.
Les clichés sont parfaits, très vivants et d’une réalité vraiment curieuse.
Pour permettre à tout le monde d’aller les voir, le directeur a consenti à donner aujourd’hui, à 5 heures après-midi, un spectacle-matinée à des prix plus que raisonnables. Places réservées, 1 fr. ; premières, 50 c.; secondes, 25 c.
Le programme comprendra en outre la sortie au lycée, un voyage à San Francisco, et plusieurs vues en couleur très intéressantes.
Les pensionnats qui désireraient y venir en nombre, sont priés de s’y rendre quelques instants avant l'heure.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, jeudi 28 mai 1903, p. 3.
Un nouvel article souligne le succès de la Bénédiction et d'une manière plus générale du Royal Vio :
Le Royal Vio
En présence du succès de ses représentations, le Royal Vio, sur la demande qui lui en a été faite, donnera demain deux matinées, l’une à 3 heures, l’autre à 5 heures. Ces représentations, destinées aux maisons d’éducation et aux personnes qui n'aiment pas à sortir le soir, seront composées de façon très attrayante et le programme sera particulièrement surveillé. On verra le beau voyage de New-York à San-Francisco, qui donne l’impression parfaite de ce que voit le voyageur par la portière du wagon ; puis, quelques scènes amusantes de cinématographie en couleurs, et le grand succès, la Bénédiction donnée par Son Eminence le cardinal Coullié et les évêques, du balcon de N.-D. du Port ; la sortie du Lycée ; panorama de Jaude, etc.
Prix des places très réduits : 1 fr. les stalles ; 0 fr. 50 les premières ; 0 fr. 25 les secondes.
La représentation du soir, à 8 heures et demie, aura lieu comme à l’ordinaire.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, dimanche 31 mai 1903, p. 3.
Finalement, les dernières séances sont annoncées pour le dimanche 7 juin :
Le Royal Vio
Le Royal Vio qui a obtenu à Clermont un si vif et si légitime succès, terminera ses représentations dimanche soir, irrévocablement. C’est dire que les personnes qui n’ont pas vu ou qui désirent revoir le coquet établissement de la place des Salins, feront bien de se hâter.
Aujourd’hui le Royal Vio donnera deux matinées a 3 heures et à 5 heures. A ces deux représentations, ainsi qu’à la représentation du soir, dont le programme est cependant très chargé, les spectateurs pourront admirer une nouvelle scène : Jeanne d'Arc, en dix-sept tableaux.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, jeudi 4 juin 1903, p. 2.
C'est à nouveau L'Avenir du Puy-de-Dôme qui souligne l'impact que les vues locales ont sur le public qui répond très favorablement à ces films :
Le Royal-Vio
Beaucoup de monde hier au Royal-Vio dont les divers tableaux, principalement les tableaux locaux (les fêtes de Notre-Dame-du-Port, la sortie du théâtre le jour de la conférence de M. le sénateur Delpech, la sortie de l’usine Michelin et du lycée Blaise-Pascal) obtiennent toujours un si vif succès.
Le Royal-Vio va nous quitter. Encore deux ou trois représentations, et le bel établissement des Salins se transportera dans une autre ville où il sera accueilli avec enthousiasme, comme à Clermont, d’ailleurs.
Aujourd’hui, à 8 heures et demie, soirée exceptionnelle, réservée aux familles. Attractions inédites.
Le Moniteur du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, vendredi 5 juin 1903, p. 2.
La clôture est confirmée pour le dimanche 7 juin :
Le Royal Vio
La coquette salle du Royal Vio était hier absolument comble. Le public a vivement applaudi les tableaux si nets et si originaux qui ont passé sous ses yeux et spécialement les scènes comiques. Mais le succès de la soirée a, sans nul doute, été pour la vie de Jeanne d'Arc dont les principaux épisodes sont particulièrement bien rendus.
C’est aujourd’hui que le Royal Vio clot irrévocablement la série de ses représentations à Clermont. Il donnera deux matinées dans l’après-midi, à 3 heures et à 5 heures. La dernière représentation aura lieu à 8 heures du soir.
L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 7 juin 1903, p. 2.
Répertoire (autres titres) : La Vie d'un Joueur, Danse du Cake Wall (L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 5 mai 1903, p. 3), La Soeur de charité (L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 12 mai 1903, p. 3), Les Brothers, acrobates, Le Ballet du Cristal-Palace de New -York, Un défilé de 3.000 marins suivi d’un exercice naval, Les Watton’s, acrobates chinois, Les Omers, Les Godard's, clowns excentriques, Luttes terribles, Château hanté (L'Avenir du Puy-de-Dôme, Clermont-Ferrand, 20 mai 1903, p. 3).