- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 2 octobre 2024
- Publication : 25 mars 2015
SAINT-ÉTIENNE
Jean-Claude SEGUIN
Saint-Étienne, chef lieu du département de la Loire (France), compte 130 000 habitants (1894)
1896
Le Cinématographe Lumière (Société Stéphanoise de Photographie, 25 avril 1896)
C'est sous les auspices de la Société Stéphanoise de Photographie que les Stéphanois vont sans doute découvrir le cinématographe Lumière, dans la salle des fêtes de l'Hôtel-de-Ville, à l'issue d'une conférence sur la photographie :
Société Stéphanoise de photographie. — On nous annonce qu’une grande soirée sera donnée samedi prochain, à 8 h. 1/2, sous les auspices de la Société Stéphanoise de photographie, dans la salle des fêtes de l’Hôtel-de-Ville.
M. le docteur Barral, professeur agrégé de la Faculté de Médecine de Lyon, a bien voulu accepter de venir faire une conférence à la fois populaire et scientifique, sur la photographie et les découvertes les plus récentes dont il doit renouveler les expériences curieuses qui ont eu récemment un si grand retentissement.
A elle seule, cette conférence serait déjà une attraction de premier ordre et incontestable. Le caractère et le savoir du professeur éminent qui doit parler sont un gage certain de succès. Avec le cinématographe lumière, qui doit compléter et animer cette séance, quel spectacle incomparable, et quelle bonne fortune pour nous !
Les quelques rares privilégiés qui ont pu contempler les scènes animées projetées à Lyon et à Paris par le cinématographe, ne tarissent pas d’éloges quand ils racontent ce qu’il leur a été donné de voir et avivent le désir de ceux qui en entendent vanter les merveilles et ne sauvaient s'en rendre compte par un simple récit.
Tout le monde assurément voudra voir le cinématographe ; mais tout le monde ne pourra être admis.
Bien que les places, en effet, soient à la portée de toutes les bourses, la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville ne sera pas assez vaste pour satisfaire la curiosité de tous ceux qui voudront entrer.
Nous sommes persuadés que les billets seront vite enlevés et nous ne saurions trop engager à se hâter pour s’en procurer.
On en trouvera dans les bureaux de l’Agence Fournier, rue Sainte-Catherine, mais il faudra se hâter. Prix : Premières, 5 fr. ; Secondes, 3 fr ; Troisièmes, 2 fr.
Nous publierons ultérieurement le programme de cette soirée qui n’est pas encore entièrement arrêté. Qu’il nous suffise pour le moment de dire qu'il y aura des surprises et que la Musique Militaire sera probablement conviée à rehausser de son concours cette fêle déjà si attrayante.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Etienne, mercredi 22 avril 1896, p. 2
Malgré la longueur de l'article, nous ne disposons pas réellement d'information sur le programme des films proposés. En revanche, nous savons que l'agence Fournier est concessionnaire de la maison Lumière pour plusieurs villes autour de Lyon dont Saint-Étienne. Heureusement quelques jours plus tard, la presse locale propose le programme complet de la soirée du 25 avril :
Société de photographie. — Voici le programme de la soirée que donnera ce soir à 8 heures et demie, la Société de photographie de Saint-Etienne avec le concours de la musique du 38e régiment d'infanterie :
a. La Marseillaise ;
b. Poète et paysan, ouverture, par la musique militaire ;
Conférence par M. le docteur Barral, professeur agrégé de la faculté de médecine de Lyon, sur quelques découvertes de photographie : De la photographie à travers les corps opaque ; de la photographie des couleurs ; de la photographie du mouvement.
L’Etoile du Nord, fantaisie (Meyerbeer), par la musique militaire ;
Projections diverses et photographie totale de la salle par l’éclair magnésique.
Cinématographe Lumière avec scènes animées : Le repas de Bébé ; Bateau parisien ; Le marché à La Ciotat ; Place des Cordeliers, à Lyon ; Le Cantonnier ; La pêche aux sardines ; Une partie d’écarté ; Démolition d’un mur ; Gros temps en mer ; Barque sortant du port.
Fleurs d'automne, suite de valse (Dureau). — Ballets égyptiens, intercalés dans Aïda (A. Luigini). — Carmen, marche (Bizet) par la musique militaire.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, samedi 25 avril 1896, p. 2.
Le compte rendu de la soirée met l'accent plus sur le programme et les projections que sur la conférence qui a été sans doute trop scientifique pour le public :
La cinématographie
Un beau succès pour la Société stéphanoise de photographie que la soirée donnée par elle, hier, dans la grande salle des Fêtes de l'Hôtel de Ville.
Assistance nombreuse et select, aussi M. Gillet et les autres organisateurs étaient-ils rayonnants de satisfaction.
Tout, d'ailleurs, a marché à merveille; la conférence —un peu trop scientifique du docteur Barral — aura bien peut-être paru un peu longue aux jeunes dames et aux demoiselles, que la différence qui existe entre les rayons cathodiques et les rayons X de Rœntgen n'intéresse assurément que d'une façon toute relative. Elles ne doivent aussi que très peu se passionner pour les principes sur lesquels repose la magnifique découverte de Lippman, la photographie des conteurs.
Enfin, cette partie ardue du programme prend fin: quelques projections d'épreuves photographiques à travers les corps opaques commencent à les distraire; l'excellente musique du 38e achève de rendre à leurs beaux yeux tout leur éclat et l'appareil des fils Lumière n'avait plus qu'à les faire sourire.
Il n'y a pas manqué: dès le premier tableau, le Repas de Bébé, toute la salle était conquise. Est-elle gracieuse, d'ailleurs, cette petite scène de famille… et bien vraie !
Le Bateau parisien avec les vagues qu'il soulève, la place des Cordeliers à Lyon, avec son tramway qui arrive et disparaît, le Cantonnier grincheux, qui ne reprend sa lance qu'après avoir corrigé l'intrus; tout a soulevé les éclats de rire de la salle et fait regretter que ce fût déjà fini avec… le cinématographe ! En somme, soirée charmante, nous le répétons, et bonne œuvre aussi, car les pauvres n'y ont pas été oubliés.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, lundi 27 avril 1896, p. 2.
Le Cinématographe Lumière (Passage Sainte-Catherine, 30 avril-20 juillet 1896)
Le Cinématographe Lumière va s'installer pendant presque trois mois dans le passage Sainte-Cathérine. La première séance a lieu le 30 avril :
La photographie Animée par le Cinématographe Lumière.- A partir du 30 avril, tous les jours de 2 heures à 10 heures du soir. Les dimanches et fêtes, de 10 heures du malin à 10 heures du soir. Passage Sainte-Catherine. Prix d'entrée : 50 centimes.
La Loire républicaine, Saint-Étienne, 30 avril 1896.
La presse est globalement assez discrète sur le cinématographe. Si l'on laisse de côté les longs articles à visée plus ou moins scientifiques sur l'appareil et son fonctionnement comme celui que publie La Loire républicaine le 2 mai 1896, on ne trouve que de rares références aux projections stéphanoises
Le Salut public, Lyon, jeudi soir 11 juin 1896, p. 3.
La dernière mention est publiée dans La Loire républicaine le 20 juillet 1896.
Répertoire (autres titres): Place des Cordeliers à Lyon, Barque sortant du port, Démolition d'un mur, Marché à La Ciotat, Bateau parisien, Pêche aux sardines, Repas de bébé, Arrivé du train en gare, Cantonnier, Partie d'écarté (La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 2 mai 1896), Jeux de boules, Chapeaux, Débarquement, Le photographe, Arrivée d'un train militaire (La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 16 mai 1896), Charcuterie marseillaise (La Loire républicaine, Saint-Étienne, vendredi 29 mai 1896), Bateau parisien, Saut à la couverte (La Loire républicaine, Saint-Étienne, lundi 1er juin 1896), Aquarium, Maréchal-ferrant, Querelle enfantine (La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 6 juin 1896), Maréchal-ferrant, Démolition d'un mur, Querelle enfantine, Aquarium, L'Arrivée du train en gare, la baignade en mer; le débarquement, barque sortant du port; gros temps en mer (Le Salut public, Lyon, jeudi soir 11 juin 1896, p. 3), Concours en voitures automobiles, La vieille garde, Usine Lumière (La Loire républicaine, Saint-Étienne, jeudi 18 juin 1896), Exercice du sabre, Chèvres du parc (La Loire républicaine, Saint-Étienne, vendredi 19 juin 1896), Budapest, rue Andrasy, Cuirassiers: la mêlée, Cuirassiers: au fourrage, Cyclistes et cavaliers, Courses de Lyon, Budapest, pont suspendu (La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 27 juin 1896), Charge de cuirassiers, Cuirassiers: défilé par escadrons, Départ en voiture, Voltige, Hyde Park (La Loire républicaine, Saint-Étienne, mercredi 8 juillet 1896), Fêtes du couronnement du tsar: Empereur et impératrice se rendant au sacre, Tsar et tsarine après le sacre, Mme la comtesse de Montebello et le général de Boisdeffre sortant du Kremlin, Chefs asiatiques, Députations asiatiques, Attelage de gala. Budapest, Danse aux bivouacs, Concours de bébés (La Loire républicaine, Saint-Étienne, dimanche 12 juillet 1896).
Le Cinographoscope (28 rue Gambetta, 18 juillet-3 août 1896)
En juillet, un appareil cinématographique, le Cinographoscope présente des vues animées :
Samedi 18 juillet à 7 h du soir, ouverture du plus grand succès du jour, la photographie animée par le cinographoscope, rue Gambetta, 28. Ouvert tous les jours de 8 h à 10 h du soir, dimanches et fêtes de 8 h du matin à minuit. Changement de vues tous les 8 jours.
La Loire républicaine, Loire, samedi 18 juillet 1896.
Peu après, Le Stéphanois publie un compte rendu :
Photographie animée
Nous avons visité hier le Cinégraphoscope installé rue Gambetta, à l'angle de la rue de la Tour-Varan, et nous en sommes sorti véritablement émerveillé.
Rien de plus extraordinaire que cette reproduction exacte de la vie. On n'est plus en face de l'image unique et immobile d'une scène. Là, les personnages se meuvent, marchent, courent; les voitures défilent avec une rapidité vertigineuse, etc.
Il y a surtout l'arrivée d'un train en gare, qui est une petite merveille. A citer aussi la partie de cartes.
Prochainement la direction de ce curieux spectacle donnera, par le même procédé, des vues stéphanoises.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, lundi 20 juillet 1896, p. 2
La dernière annonce est publiée le 3 août :
Spectacles et Concerts
La photographie animée par le cinographoscope, ouvert tous les jours de 2 heures à 10 heures du soir. Dimanches et fêtes de 8 heures du matin à minuit, rue Gambetta, 28, changement de vues tous les 8 jours.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, lundi 3 août 1896, p. 3.
*L'Aléthorama (13 rue de Paris, 11 août 1896)
Gaston Rousseau et Paul Mortier organisent une séance dans la Salle des Nouveautés artistiques et industrielles pour présenter les rayon X. En revanche, il n'est question de l'aléthorama que comme un appareil encore à perfectionner :
Les rayons X.
M G. Chéri Rousseau, fidèle aux traditions de sa maison, suit avec un soin jaloux tous les progrès de son art : les rayons X qui permettent de photographier l'invisible, et le cinématographe qui reproduit, au moyen d'une série de clichés photographiques, le mouvement des personnages enregistré par l'objectif, ne pouvaient le laisser indifférent.
De concert avec notre savant électricien M. Mortier, M. Chéri-Rousseau a eu l'excellente idée d'organiser au n°13 de la rue de Paris un cabinet de physique, où le public, pour une somme très modique, pourra venir s'initier aux progrès de la science nouvelle.
C'est aux premières expériences de ce cabinet mystérieux que MM. Rousseau et Mortier avaient convié hier un petit comité spécial et auxquelles il nous a été donné d'assister avec nos confrères de la presse stéphanoise.
[...] Quant au cinématographe, on dit merveille du nouveau que vient d'inventer M. Mortier et qu'il a appelé l'Aléthorama, mais auquel il est en train d'apporter un dernier perfectionnement On parle surtout d'un "pêcheur à l'épervier" dont tous les mouvements sont rendus avec une fidélité étonnante. Mais ne le déflorons pas !...
Inutile d'ajouter que l'art ne pouvait être négligé là où M. Chéri-Rousseau mettait la main. Aussi a-t-il justifié le nom de Salle des Nouveautés artistiques et industrielles qu'il a donné à son nouveau salon de la rue de Paris, en y exposant de vrais petits chefs-d'œuvre.
[...]
Tant de science et tant d'art réunis justifient le succès et, sans poser au prophète, nous le prédisons très grand à MM. Gaston Rousseau et Paul Mortier.
Ce ne sera que justice.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, 12 août 1896, p. 2-3.
Le Cinématographe (Passage Sainte-Catherine, 11 novembre-31 décembre 1896) → 1897
Dans les premiers jours de novembre, un cinématographe est annoncé dans la presse :
Demain aura lieu, passage Sainte-Catherine, l'ouverture du nouveau cinématographe perfectionné. On en dit merveille.
La Loire républicaine, samedi 7 novembre 1896.
Un autre journal évoque également l'ouverture imminente du cinématographe :
Le Cenématographe [sic]
On nous annonce pour ce soir samedi, l'ouverture d'un nouveau cenématographe perfectionné, passage Sainte Catherine.
On dit le plus grand bien de cette nouvelle installation, qui sera visible tous les jours de 2 heures à 10 heures du soir.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 8 novembre 1896, , p. 2.
Finalement l'inauguration est repoussée de quelques jours :
Le Cinématographe
L'ouverture du Cinématographe perfectionné (passage Sainte-Catherine) fixée pour le 8 novembre, a été faute d'installation complète retardée de quelques jours. Une affiche spéciale en avertira le public.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, mardi 10 novembre 1896, p. 2.
Le programme est annoncé deux jours plus tard :
Le Cinématographe
L'ouverture définitive est fixée à ce soir, mercredi 11 courant.
Voici à titre de renseignements, les vues projetées :
Le tsar aux Champs-Elysées ; la leçon de bicyclette ; l'arrivée d'un train ; les enfants au Jardin d'acclimatation ; un chargement de décombres ; le forgeron ; le ballet de Li-Hung Tchang ; l'ivrogne au cabaret ; le bain d'une mondaine.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, jeudi 12 novembre 1896, p. 2.
Dans les jours suivants, un programme assez semblable est publié par le même quotidien. Ce journal propose un article un peu plus étoffé sur le cinématographe :
Le Cinématographe
Qu'il est loin le temps où, pour se récréer, tout enfants, on nous conduisait voir la lanterne magique. La photographie a fait des progrès depuis et les vulgaires images que projetait à grand'-peine une lampe fumeuse sont remplacés maintenant par des vues animées de grandeur naturelle, émises par un puissant appareil électrique. L'illusion des sens est complète, et l'on s'attend toujours à entendre parler les sujets, mais cela viendra, n'en doutons pas.
En attendant, l'aimable directeur du Cinématographe a réalisé, comme perfection, le dernier mot du progrès ; la puissance de l'appareil, l'heureux choix des sujets, et enfin le confortable aménagement de l'ancien Caveau Stéphanois, qu'il occupe, font de ce spectacle le plus agréable passe-temps.
Tous les tableaux mériteraient une description détaillée ; mais alors, où serait la surprise ? Nous signalerons cependant : l'Arrestation de l'Ivrogne, l'Arrivée du Train, et le Bain de Madame, comme particulièrement réussis.
Ajoutons, pour terminer, que l'entrée est fixée, pour le dimanche, à 25 centimes seulement.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, lundi 23 novembre 1896, p. 2.
Les séances se prolongent jusqu'à la fin de l'année.
Répertoire (autres titres): L'Ivrogne, Les Enfants aux Bois, La Sortie de l'Eglise (Le Stéphanois, Saint-Étienne, samedi 14 novembre 1896, p. 3), L'Ivrogne au Cabaret (Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 15 novembre 1896, p. 3), Mondaine au bain (Le Stéphanois, Saint-Étienne, jeudi 26 novembre 1896, p. 3), Les plongeurs soudanais, Le déshabillé de la mariée, La soupe de la caserne, Les trois farceurs, L'arroseur arrosé, Les quadrilles des gommeux (Le Stéphanois, Saint-Étienne, mercredi 23 décembre 1896, p. 3), L'Ivrogne au comptoir (Le Stéphanois, Saint-Étienne, vendredi 25 décembre 1896, p. 2).
→ 1897
1897
← 1896 Le Cinématographe (Passage Sainte-Catherine, 1er-9 janvier 1897)
← 1896
Les séances reprennent dès le début de l'année avec un programme inchangé jusqu'au 9 janvier :
AU CINÉMATOGRAPHE
Vues nouvelle et demandées au cinématographe, passage Sainte-Catherine:
L'ivrogne au comptoir; Arrivée d'un train en gare; La mondaine au bain; Les plongeurs soudanais; Le déshabillé de la mariée; les forgerons; La soupe à la caserne; Les trois farceurs; L'arroseur arrosé; Les quadrilles des gommeux.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, samedi 9 janvier 1897, p. 3.
Le Cinématographe de Pierre Petit (Passage Sainte-Catherine, 6 février-16 mai 1897)
Le Cinématographe de Pierre Petit inaugure ses séances le samedi 6 février au passage Sainte-Catherine :
Un nouveau Cinématographe
On termine l'installation, passage Sainte-Catherine, d'un Cinématographe, perfectionné et complété par une nouvelle découverte d'Edison.
Ce qu'on nous en a dit nous fait prévoir un grand succès. L'ouverture en serait fixée à samedi prochain.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, jeudi 4 février 1897, p. 3.
Le compte rendu de l'inauguration est publié quelques jours plus tard :
On sait qu'un nouveau cinématographe, le cinématographe Pierre Petit, est depuis peu installé passage Sainte-Catherine. Samedi dernier, un public choisi tout spécialement parmi les notabilités scientifiques de notre ville, assistait à une audition de gala donnée en son honneur el qui a été merveilleuse de nouveauté, d'exactitude et d'exécution. Les scènes animées sont, en effet, présentées avec un art tout nouveau et diffèrent absolument de celles déjà vues à Saint-Étienne et même ailleurs. Ce qui double l'intérêt de ce spectacle c'est le «haut parleur». Cet appareil se compose d'un phonographe perfectionné par Edison lui-même, et qui s'entendant de toute la salle au moyen d'un immense pavillon métallique, reproduit, avec une intensité de sons remarquables et une exactitude véritablement étonnante, la parole, la musique et le bruit. Le phonographe, combiné avec le cinématographe, produit un effet magique, en accompagnant sans le moindre contretemps les chants et les danses projetées sur l'écran. Cette combinaison des deux appareils est la plus merveilleuse des inventions dernièrement offertes au public.
La Loire républicaine, Saint-Étienne, mardi 9 février 1897.
Un autre quotidien offre quelques détails supplémentaires et souligne le succès public du cinématographe :
Le CinématographeLe nouveau Cinématographe installé passage Sainte-Catherine, a conquis la faveur du public, heureux de trouverune intelligente distraction.Le phonographe, fait merveille; nous recommandons tout spécialement aux Alsaciens-Lorrains, si nombreux dansnotre ville, d'aller entendre la Marche de Lorraine, dont l'exécution, par cent exécutants, est fidèlement représentée.Étant donné l'affluence, la direction prévient le public qu'à partir de deux heures de l'après-midi les séances commenceront aux heures.De 8 heures à 10 heures, elles commenceront exactement aux heures et demie.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, vendredi 12 février 1897 p. 2.
Le directeur du cinématographe combine les projections animées et les auditions phonographiques :
Nous apprenons que les vues vont être changées cette semaine ce qui ne diminuera pas l'affluence du public, bien au contraire. Le "Défilé des fêtes franco-russes", accompagné de l'hymne national russe, n'est pas un des moindres attraits de ces réunions.
La Loire républicaine, Saint-Étienne, mercredi 17 février 1897.
La salle ne désemplit pas et les horaires doivent être adaptés :
Le CinématographeL'immense succès obtenu par le Cinématographe de Pierre Petit accompagné, du phonographe dit " Haut-Parleur" Edison ne ralentit pas !Pour satisfaire à de nombreuses demandes et éviter l'attente aux visiteurs les séances sont ainsi réglées :De 2 heures à 7 heures, aux heures précises, de 7 heures à 10 heures, aux heures et aux demies très exactement,On délivre aussi des cartes d'avance pour une heure déterminée ; le nombre de places étant limité on n'a pas le désagrément d'être obligé de revenir.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, mercredi 17 février 1897, p. 2.
De façon assez exceptionnelle, la presse propose un programme :
Programme: "Tentation de saint Antoine", sauf le jeudi (seulement de 6 à 10h) car séances réservées aux scolaires ; Scène à la terrasse d'un café : consommateur maladroit ; Boulevard de la Madeleine à Paris ; Quadrille de l' Avenir ; Sauts d'obstacles au camp de Sathonay; La mer et la jetée à Nice ; Fêtes du Carnaval à Nice : Le char de la musique et Le groupe des chanteurs ambulants (les deux scènes ont été prises à Nice le 2 mars courant) ; La voiture du président et celle des souverains russes pendant les fêtes franco-russes à Paris ; On demande un modèle scène dans un atelier de peintre (6 minutes). À toutes les séances 2 chansonnettes variées, 2 marches, 1 quadrille, 1 hymne ou 1 duo de pisto (haut parleur Edison).
La Loire républicaine, Saint-Étienne, lundi 15 mars 1897.
Le renouvellement des vues est assez peu fréquent si l'on en juge par l'article suivant :
On constate avec plaisir que le succès du cinématographe Pierre Petit obtient un succès croissant Les nouvelles vues affichées attirent particulièrement le public. Les Fêtes du Carnaval el l'Effet de la mer auprès de la jetée promenade, vues qui ont été prises le 2 mars courant offrent un spectacle vraiment captivant. La Société des fifres stéphanois assistera ce soir, lundi, à la séance de 8h et ils exécuteront un de leurs meilleurs morceaux.
La Loire républicaine, Saint-Étienne, mardi 23 mars 1897.
Le succès du cinématographe conduit Pierre Petit à retarder son départ :
Nous apprenons avec plaisir que la direction du cinématographe Pierre Petit et du Haut-Parleur Edison, dont le départ définitif est irrévocablement fixé au 16 mai, afin de remercier la population stéphanoise de son accueil empressé, a décidé, pour la dernière séance, de réduire de moitié le prix des places. Nous sommes assurés que cette mesure bienveillante fera la joie de nos familles ouvrières que le prix relativement élevé avait tenu jusque là à l'écart de ce spectacle amusant et excessivement instructif. Aussi les retardataires ne manqueront pas d'affluer pour profiter de cette faveur. Le nouveau prix d'entrée 25c. aura cours à partir d'aujourd'hui vendredi.
La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 15 mai 1897.
Répertoire (autres titres): Arrivée d'un train en gare de Vincennes, Promenade des enfants au jardin d'Acclimatation à Paris, Concours de cycles et automobiles, Arrivée du yacht impérial russe "L'Étoile polaire" à Cherbourg, Clowns sans tabouter, Quai de New York et déchargement de bateaux (La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 1er mai 1897), Mer à Nice, Fêtes du Carnaval à Nice, Scènes comiques de clowns sans tabouret, Famille stéphanoise au Bois-Noir ((La Loire républicaine, Saint-Étienne, samedi 15 mai 1897).
Le Cinématographe des Fifres Stéphanois (22 mars 1897)
Les Fifres Stéphanois organisent une séance récréative avec cinématographe :
Fifres Stéphanois.-Lundi prochain, 22 mars, à 8 heures du soir, séance récréative; cinématographe. Tenue d'hiver.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, jeudi 18 mars 1897, p. 3.
L'Aléthorama de Paul Mortier et Gaston Rousseau (3 rue de la Paix, 27 novembre-31 décembre 1897) → 1898
Gaston Rousseau et Paul Mortier inaugurent leur aléthorama dans la salle située au 3 rue de la Paix à la fin du mois de novembre :
L'aléthorama
Demain soir, chez M. Chéri-Rousseau, rue de la Paix, auront lien les premières séances de projections animées, dues à un appareil tout nouveau, construit par un ingénieur bien connu à Saint-Etienne, M. Mortier.
L'aléthorama de M. Mortier donne l'illusion absolue de la vie. Contrairement à ce qui se produit avec le cinématogra- phe aucune trépidation ne vient gêner la netteté des images. Voici du reste la description complète de ce très curieux et très original appareil; avec l'indication des progrès qu'il a permis de réaliser :
L'appareil de M. Mortier sert aussi bien à prendre les scènes animées qu'à; les projeter sur un écran. Il est basé sur un principe tout à fait inédit et présente ce caractère unique d'entraîner les bandes pelliculaires avec un mouvement circulaire rigoureusement uniforme et continu, tandis que les cinématographes de toute sorte, simples caricatures du premier appareil construit par le docteur Marey, procèdent par entraînement brutal et arrêt instantané. Le nouveau procédé est par conséquent à l'ancien ce que la turbine est à la machine à vapeur, ce que la presse Marinoni est à la vieille presse à balancier. Dans l'aléthorama les bandes passent en l'entraînant sur la surface d'un tambour fenêtré tout comme une courroie de transmission passe sur la jante de sa poulie.
Chacun des innombrables clichés qui constituent la scène passe successivement dans le cône lumineux de la lanterne et fournit sur l'écran une image agrandie, absolument fixe. Par quel artifice une seule des vues toujours en mouvement peut-elle engendrer une suite de tableaux toujours immobiles ? Il faut demander l'explication de ce paradoxe au jeu optique d'une couronne de miroirs fixée au tambour tournant.
Quand nous disons une série d'images, nous commettons une erreur. En réalité, il n'y a pendant toute la durée de la scène qu'un seul tableau qui se transforme presque invisiblement.
L'écran se trouve rempli sans discontinuité par une image toujours complète, toujours, également et uniformément intense; mais cette image en quelque sorte hybride, est à chaque instant formée de deux parties juxtaposées et complémentaires, de deux vues successives.
L'une des portions s'accroît aux dépens de l'autre jusqu'à remplir l'écran complet, et cède à son tour le terrain conquis à une vue nouvelle qui envahit peu à peu la totalité du tableau.
Les caractères précieux de l'aléthorama sont :
1º Son extrême simplicité et sa rusticité parfaite. Le seul organe mobile se réduit, en effet, à une roue monolithe indérangeable;
2º La possibilité d'aborder les grands formats incompatibles avec les mouvements, alternatifs des cinématographes;
3º La permanence absolue des tableaux projetés sur l'écran, toute différente dans ses effets des éclipses si fatigantes des autres appareils ;
4º La suppression des rouleaux et cadres frotteurs qui rayent impitoyablement les pellicules confiées aux autres cinématographes ;
5º La durée indéfinie des bandes qui n'ont pas à supporter d'entraînement brutal ;
6º L'enroulement immédiat des bandes sur un rouleau récepteur, tandis que les cinématographes les expulsent par saccades dans un panier où elles s'entassent exposées à une détérioration certaine et à une inflammation possible.
7º La suppression de tout cadre fixe directement exposé à la chaleur du faisceau lumineux et susceptible d'enflammer le celluloïde.
Nous avons assisté aujourd'hui à une séance préparatoire, sorte de répétition générale des plus intéressantes. Nous avons admiré les principales scènes qui défileront demain sous les yeux du public les dernières cartouches, l'éléphant, les enfants au bain, la cigale et la fourmi, le charbonnier, chez Arlequin, etc. Tout a été exécuté avec une perfection inconnue jusqu'à ce jour.
Aussi, ne saurions-nous assez engager le public à se rendre demain chez M. Chéri-Rousseau, d'où il reviendra, nous en sommes sûrs, absolument émerveillé.
Pour notre part, nous tenons à féliciter sincèrement la maison Chéri-Rousseau de la part qu'elle a prise dans l'installation de l'aléthorama.
D'ailleurs, ses succès indiscutables dans l'Art subtil et délicat de la reproduction des images, où elle est arrivée à la maîtrise, lui créaient comme une obligation de contribuer à donner à la photographie animée son expression parfaite et en quelque sorte définitive.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, samedi 27 novembre 1897, p. 2.
L'Aléthorama a un certain retentissement puisque Camille Flammarion, lui-même, est séduit par ce cinématographe :
L’aléthorama. — La Cosmographie apprise par le cinématographe. — Une curieuse application du cinématographe a été faite, à la dernière séance de la Société astronomique, par M. Camille Flammarion, qui à fait voir, grâce à ce procédé, la Terré tournant sur elle-même au milieu dit ciel étoilé.
Le succès a été tel que M. Flammarion se propose de faire reproduire par le même système, à l'une des séances les plus prochaines, le mouvement de translation de la Terre dans l’espace, la rotation du soleil avec ses taches, de Jupiter avec ses bandes, de Mars avec ses mers et ses canaux, etc...
Béni soit le savant qui, en nous faisant faire ainsi connaissance avec les autres planètes, nous permet d’oublier un instant tout ce qui présentement se passe sur la nôtre !
Voilà une belle application pour l’aléthorama de notre ingénieux compatriote M. Mortier.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, mercredi 8 décembre 1897, p. 2.
Les fêtes de fin d'année sont l'occasion de renouveler le programme :
Aléthorama.-Fêtes de Noël et du jour de l'an.-Les samedis et dimanches de 2 à 9 heures du soir, l'Aléthorama reprendra ses séances avec une série de vues entièrement nouvelles et spécialement faites pour l'appareil.
Liste des vues:
1. Montagne russe nautique.
2. Arroseur maladroit.
3. Dragons prussiens sautant les obstacles.
5. Arrivée d'un train express.
6. Bataille de femmes séparées par un chien.
7. Plongeurs aux bains de Milan.
8. Courses de taureaux à Madrid.
Auditions du phonographe pendant les séances.
Prix d'entrée: 0.50 centimes.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, samedi 25 décembre 1897, p. 2.
Mais si le suivant article précise que les vues ont été spécialement créées pour l'aléthorama, le répertoire est, pour l'essentiel, composé de bandes Lumière :
L'Aléthorama. — Pendant ces jours de fête, il y avait foule au théâtre, une foule encore plus grande à l’Aléthorama. Les derniers perfectionnements apportés à l’appareil en font un instrument incomparable pour ce genre de spectacle, et il va sans dire que le choix des vues spécialement créées pour cet appareil ne contribue pas peu à lui assurer le succès.
Dès maintenant, et grâce aux recherches patientes de ses inventeurs, MM. Mortier et Chéri-Rousseau, cet appareil a atteint le summum de la perfection.
Nous n’en sommes plus à compter les inventions d'origine stéphanoise ; mais nous considérons l'Aléthorama comme l’une de celles qui resteront : mieux qu’avec cet appareil, il est impossible de rendre le mouvement animé.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, mardi 28 décembre 1897, p. 3.
Les séances se prolongent jusqu'à la fin de l'année.
Répertoire (autres titres): Jardinier brûlant des herbes, Baignade d'enfants en mer, La cigale et la fourmi (effets de neige), Défense héroïque de Bazeilles, Charge de régiment de dragons, Danse de nègres, Tribulations d'un charbonnier, Le repas de l'éléphant (Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, samedi 27 novembre 1897, p. 3.
→ 1898
1898
← 1897 L'Aléthorama de Paul Mortier et Gaston Rousseau (3 rue de la Paix, 1er janvier-19 juin 1898)
← 1897
Dès le début de la nouvelle année, les séances de l'aléthorama reprennent avec succès :
Aléthorama. — La coquette salle de la rue de la Paix était trop petite pour contenir les nombreux visiteurs de l'Aléthorama, pendant les jours de fête. Les vues ont comme toujours, obtenu un grand succès, tant elles reproduisent avec fidélité les scènes de la vie réelle.
Une surprise attendait les visiteurs de dimanche, c’était la première audition du nouveau phonographe de Lioret, une merveille du genre, qui laisse loin derrière elle tout ce qu’on a entendu jusqu’à ce jour.
Sonorité, douceur des sons, toutes les modulations de la voix sont reproduites par l’appareil avec une telle perfection que l’illusion est absolue.
Aussi, la chansonnette de Paulus, l’air du Toréador, de Carmen, la chanson du Printemps, de Gounod, ont-ils été applaudis comme on aurait applaudi les chanteurs eux-mêmes tant l’illusion était saisissante.
Demain soir, auront lieu de nouvelles séances et tous les jeudi, samedi et dimanche de chaque semaine, de 2 heures à 9 heures du soir.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, mercredi 5 janvier 1898, p. 2.
Une vue locale - de la maison Lumière - attire particulièrement l'attention. Elle représente le transport d'une tourelle de cuirassé par un attelage de chevaux :
Aléthorama. — Cinématographe nouveau. — Jeudi prochain, séances, de 2 heures à 10 heures.
Au programme, plusieurs vues nouvelles. dont une vue locale : Transport de la tourelle cuirassée de Saint-Chamond par un attelage de 80 chevaux.
Audition du merveilleux phonographe Lioret.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, mardi 18 janvier 1898, p. 2.
La presse de temps à autre publie un article sans doute inspiré par les propriétaires de l'aléthorama :
Aléthorama
Une des plus agréables façons d'occuper un dimanche, c'est d'assister à une scène du nouveau cinématographe de nos compatriotes, MM. Mortier et Chéri-Rousseau. Le spectacle se compose d'une série de douze vues et d'un concert donné par le merveilleux phonographe Lioret.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 30 janvier 1898, p. 2.
De nouveau, une vue locale est projetée au début du mois de février :
Aléthorama.-Dimanche prochain, changement de spectacle à l'Aléthorama. Une série de vues nouvelles et un nouveau concert par le phonographe Lioret.
Au programme, une vue locale prise aux houillères de Saint-Étienne.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, samedi 5 février 1898, p. 2.
À la fin du mois de mars, à l'occasion des fêtes de Pâques, l'aléthorama suspend ses séances :
Aléthorama.-Les séances de l'Aléthorama sont suspendues jusqu'au dimanche de Pâques.
Ce jour-là et les suivants elles recommenceront avec une attraction absolument inédite.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, jeudi 24 mars 1898, p. 2.
On ne sait en réalité pendant combien de temps les séances sont suspendues. Les annonces suivantes datent du mois de juin :
ALÉTHORAMA.-Les mardi, jeudi, samedi et dimanche de chaque semaine, de 8 h à 11 h. du soir : Le voyage du Président de la République à Saint-Étienne.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, vendredi 10 juin, 2. (idem le 19 juin, p. 4)
Cette même annonce est publiée jusqu'au 19 juin, puis la presse n'évoque plus les projections de l'aléthorama.
Répertoire (autres titres): L'Homme-chien, La Bataille d'enfants à coups d'oreillers (Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, dimanche 13 février 1898, p. 3), Courses de taureaux, Dans la neige, Arrivée d'un train express, Bataille de femmes, Débarquement d'un bateau à vapeur, Les Champs-Élysées, Chapeaux à transformations, Pigeons sur la place St-Marc, Charge de cuirassiers, Bataille d'enfants à coups d'oreillers, L'homme-chien et le clown, Plongeur au bain de Diane (cette dernière vue projetée en sens inverse) (Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, mardi 1er mars 1898, p. 3), Sauts périlleux, Danseuses dans les rues de Londres, Le faux cul-de-jatte, Plongeurs nègres, Pigeons sur la place Saint-Marc, à Venise (Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, dimanche 6 mars 1898, p. 3), Acrobates anglais, Sauts d'obstacles, Danses japonaises, Repas de famille au Japon (Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 20 mars 1898, p. 2), Voyage du Président de la République à Saint-Étienne-Série de vues représentant les visites de M. Félix Faure aux divers établissements de notre ville (Le Stéphanois, Saint-Étienne, jeudi 16 juin 1898, p. 2).
1899
Le Royal Viograph (Cours Victor-Hugo, < 19 septembre-> 3 novembre 1899)
Le Royal Viograph arrive à Saint-Etienne à la mi-septembre. On ignore le nom des responsables de l'appareil - peut-être Edmond Oger, Constantin Daue et/ou Cyprien Lacabane - qui installe l'appareil sur le cours Victor-Hugo pour plusieurs semaines de projections :
The Royal Viograph.— C’est le nom d’un établissement qui, chaque soir, cours Victor-Hugo, est littéralement envahi. Rien de plus juste, au reste, que cet empressement du public. Le spectacle offert constitue en effet quelque chose de merveilleux : une saisissante reproduction de la vie des individus et des foules.
Engageons donc les retardataires à se hâter d’aller voir et conseillons aux visiteurs d'hier d'y retourner : le spectacle vient d’être renouvelé et l'on annonce, entre autres numéros sensationnels, une vue de la fameuse lutte d’un lion contre un taureau, à Roubaix.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 19 septembre 1899, p. 3.
Les exploitants n'hésitent pas à varier les programmes afin d'attirer les spectateurs stéphanois :
The royal Viograph. — Le royal Viograh, le coquet établissement du cours Victor-Hugo donne des représentations extrêmement suivies.
De plus hier soir le spectacle a été changé, et ce sont des vues nouvelles qui sont projetées devant le public.
A citer spécialement une vue toute d’actualité, après la malheureuse corrida d’Enghien, avec course complète de taureaux à Madrid, par le célèbre toréador Mazantini [sic], en douze tableaux.
Puis encore, les Crémaux, les plus célèbres acrobates du monde, dans leurs exercices, présentés en cinq tableaux, d’une réalité et d’une vie frappantes.
Et enfin les exercices de cavalerie française, en cinq tableaux, précédés d'une scène de chambrée (passage à la couverte, etc.)
On ne peut que recommander à nos compatriotes une visite à ce spectacle, qui a tout l’attrait d’une nouveauté pour les Stéphanois, car le cinématographe d’autrefois, avec ses rapides projections, ses réductions par trop minimes des scènes de la vie et le peu de durée de la représentation n’était qu’un acheminement vers la découverte dernière, que chacun voudra voir, the royal viograph.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 10 octobre 1899, p. 2
L'article le plus personnel est sans doute celui publié par "Le Domino Noir" intitulé Billets du Soir :
BILLETS DU SOIR
" THE ROYAL VIOGRAPH "
C'est un spectacle qui n'est pas banal, que celui offert actuellement, sous cette enseigne, aux stéphanois émerveillés. Le " The royal Viograph " n'est autre chose qu'un agrandissement considérable du primitif cinématographe.
Ici, tous les personnages sont de grandeur naturelle, et quelques-uns des tableaux représentés sont véritablement surprenants de réalisme. Ils ont une puissance évocatrice des milieux qui, véritablement, émeut, passionne, éblouit.
Allez-y voir, lecteurs, sans croire qu'il s'agit ici d'une réclame dont le spectacle n'a nul besoin, et vous en reviendrez comme nous, en vous faisant la promesse d'y retourner.
Il y a là, pour ne citer que quelques tableaux, la reproduction de l'incendie de l'hôtel Windsor à New-York, le voyage en rapide de cette dernière ville à Chicago, où les paysages se succèdent en un Kaléidoscope prestigieux de variété et d'imprévue... Suit une série de tableaux burlesques, comme la tentation de Saint-Antoine, puis des voyages en mer, des manœuvres de cavalerie, des embarquements de marins, qui se déroulent dans des panoramas immenses, tels que la vue semble embrasser toute l'étendue d'une vaste plaine de plusieurs lieues de superficie...
C'est un véritable résultat obtenu, un effort créateur, couronné d'un plein succès, et l'imagination, la curiosité, la raison du public sont irrésistiblement attirées, fascinées. Aussi ne nous reste-t-il qu'à remercier l'aimable impressario qui nous offre d'aussi complets sujets d'admiration...
LE DOMINO NOIR.Le Stéphanois, Saint-Étienne, mardi 10 octobre 1899, p. 1.
Avec le Royal Viograph, les projections se font sur un très grand écran qui est ce qui impressionne le plus le journaliste. Il souligne en outre le succès que les projections rencontrent. Selon une technique déjà bien éprouvée, la fin des séances est annoncée dans le but d'attirer le public :
The royal viograph. — Cette semaine verra la clôture de l’intéressant spectacle : le Royal Viograph qui depuis plusieurs semaines était installé cours Victor Hugo et attirait une foule incessante de visiteurs.
Les Stéphanois profiteront du répit qui leur est donné pour aller voir les vues nouvelles qui seront projetées et feront un spectacle absolument nouveau.
Demain mercredi, il y aura soirée de gala et un spectacle absolument inusité : la foire de Séville, faisant partie des scènes d'Espagne, à elle seule ne comprendra pas moins de 30 tableaux !
Il faut aller voir çà !
Rappelons qu’une seule représentation est donnée chaque soir à 8 heures ct demie, le jeudi et dimanche à 2 heures et demie une matinée avec programme identique à celui du soir permettra à tous les amateurs d’aller voir avant son départ le Royal Viograph.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 17 octobre 1899, p. 2.
On s'en doute, il ne s'agit que d'une fausse sortie puisque peu après la presse précise que les séances vont se prolonger quelque peu :
The royal Viograph, — A la demande générale et pour satisfaire aux réclamations des personnes qui n'ont pas encore vu les vues animées du Royal Viograph, la Direction a décidé de rester encore 8 jours à St-Etienne.
C’est donc la dernière semaine, irrévocablement, où l'on pourra voir dans notre ville cet intéressant spectacle.
Parmi les tableaux nouveaux, il y aura plusieurs scènes en couleurs et, à la demande unanime du public le voyage entre New-York et Chicago avec le Diamond Express.
Ces vues de trains en marche sont stupéfiantes de vérité et arrachent des cris d’admiration aux spectateurs.
La direction a été bien inspirée en les donnant à nouveau, car c’était vraiment la meilleure et la plus impressionnante des projections.
Tout Saint-Etienne passera cours Victor Hugo les voir... et les revoir.
Les représentations du Royal Viograph ont lieu le soir à 8 heures et demie ; dimanche et jeudi il y aura de plus une matinée à 2 heures 1/2.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 21 octobre 1899, p. 3.
Intéressant le court article publié dans Le Stéphanois où le journaliste signale la concurrence que le Royal Viograph fait au théâtre :
Le " Royal Viograph "
Cette semaine est bien définitivement, la semaine de clôture du Royal Viograph ;aussi chaque soir la foule est grande qui se presse aux abords du coquet établissement et vient jouir du spectacle vraiment merveilleux qui lui est offert.
Nos compatriotes semblent même délaisser le théâtre pour le Royal Viograph et celui-ci fait vraiment une concurrence désastreuse à celui-là.
Le public a de ces préférences, et à tout prendre, en la circonstance, ses préférences s'expliquent : il nous faut du nouveau, n'en fût-il plus au monde.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, mercredi 25 octobre 1899, p. 3.
Finalement, les dernières séances ont lieu dans les premiers jours de novembre, preuve sans doute du succès remporté par le Royal Viograph :
The " Royal Viograph ". — Cédant à la demande générale, la direction du " Royal Viograph " a consenti à rester une semaine encore à Saint-Etienne.
Pour cette dernière semaine toutes les vues et projections seront renouvelées, cc qui permettra aux personnes qui sont déjà allées voir le " Royal Viograph " d’y retourner et d'assister à un spectacle absolument nouveau.
Aujourd’hui' et toute la semaine, trois nouveautés en couleur : Les dernières Cartouches, le Spectre, le Bombardement de la Flotte américaine par les forts devant Santiago-de-Cuba, et les grands succès : Automaboulisme et Autorité, Napoléon et la Sentinelle, etc., etc.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 1er novembre 1899, p. 2.
Le dernier avis est publié le 3 novembre 1899. Le nom de l'appareil est orthographié différemment :
THE ROYAL WIOGRAPH.-Semaine de clôture. Tous les soirs, à 8 h 1/2, projections sensationnelles. Jeudi et dimanche, matinée à 3 heures.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 3 novembre 1899, p. 3.
Répertoire (autres titres) : Les Dernières cartouches, Le Spectre, Le Bombardement de la flotte américaine par les forts devant Santiago (Le Stéphanois, Saint-Étienne, mardi 31 octobre 1899, p. 3).
Le Cosmographe Faraud (Eden-Théâtre-Concert, [15]-[28] décembre 1899)
Le cosmographe Faraud, un appareil qui connaît un succès certain à l'époque, va présenter des vues cinématographiques, à Saint-Étienne, dans le cadre d'un spectacle varié où intervient Nita Darbel, une diseuse à la renommée limitée. Lorsque le premier article retrouvé paraît, le cosmographe a déjà donné des séances :
EDEN-THÊÂTRE-CONCERT. — Aujourd'hui. — Soirée de gala. — La direction prévient le public que son nouvel appareil de chauffage fonctionne, donnant une température de 15º au-dessus de zéro. Représentations de Nita Darbel dans son répertoire ; Cosmograph Faraud, nouvelles vues : Le Président de la République à Saint-Étienne, La guerre au Transvaal ; Succès de toute la troupe.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 15 décembre 1899, p. 3.
Très peu d'informations, centrée surtout sur les conditions climatiques... nous sommes le 15 décembre à Saint-Étienne. Dans les jours suivants, des entrefilets pratiquement identiques sont publiés sans apporter de nouvelles informations, si ce n'est sur quelques éléments du répertoire:
EDEN-THÉATRE-CONCEP.T Mercredi 20 décembre, représentation , Gala. Première à Saint-Etienne de la Demoiselle de chez Maxim parodie en 1 acte et 8 tableaux le légendaire succès parisien par Gardel-Herve. Immense succès de Nila Darbel la fine diseuse des grands concerts de Paris et de toute la troupe. Représentations du Cosmograph Faraud dans ses scènes d'actualité : Félix Faure à Saint-Etienne Commandant Marchand, Kruger. La guerre au Transvaal [...].
Le Stéphanois, Saint-Étienne, 21 décembre 1899, p. 3.
. Le dernier article est publié le 28 décembre 1899.
1900
Le Royal-Viograph (Grand Théâtre, 22 juin-> 14 juillet 1900)
Collection ND. Phot., Saint-Étienne-Le Théâtre (c. 1900)
En provenance de Bordeaux, le Royal Viograph, dont on ignore le nom des responsables - peut-être Edmond Oger, Constantin Daue et/ou Cyprien Lacabane - se rend à Saint-Étienne. Sa prochaine venue est annoncée dans les premiers jours de juin :
"Le Royal Viograph ". — Sous peu de jours le Royal Viograph qui a obtenu l'année dernière un si vif succès revient nous donner une brillante série de représentations.
Chaque spectacle durera de 8 h. 1/2 à 11 heures et comprendra trois parties consacrées à la fantaisie, à l’actualité, à la féerie,, entre autres : divers épisodes de la guerre du Transvaal pris sur le champ de bataille, qui intéresseront le public au plus haut degré. Nul doute qu’il n’obtienne la même faveur que l’année dernière auprès de la population stéphanoise.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 11 juin 1900, p. 2.
L'inauguration est finalement annoncée pour le samedi 23 juin :
Théâtre municipal Le Royal Viograph qui l'année dernière a obtenu un si vif succès sur le cours Victor-Hugo, va donner une série de représentations au théâtre ; les débuts auront lieu samedi soir à 8 h. 1/2. Ce spectacle, si intéressant déjà, nous revient avec une série extraordinaire de tableaux nouveaux. Les épisodes de la guerre du Transvaal seront le clou de cette attraction unique, car pendant 45 minutes vous êtes transportés au Sud de l'Afrique ; nous ne citerons que quelques scènes, — la série en serait trop longue—entre autres : la défense de Ladysmith par l'artillerie anglaise, un avant-poste boer attaqué à trois reprises différentes par les Basutos insurgés, et dans le dernier engagement, la mort de tous ces braves commandés par le major Wilson.
Le passage d'un gué par l'artillerie, un train blindé, ramenant une partie des troupes de Buller après son écrasement, traversant la Moder River sur un pont provisoire ; les lanciers en déroute passant la même rivière ; les ambulances après la bataille, la cavalerie du général French essayant de prendre position et de mettre leurs Maxims en batterie, repoussée par les Boers etc. etc. Ce ne sera plus à des séances de trois quarts d'heure que l'en assistera, mais à de vraies représentations en trois parties, qui commenceront à 8 heures 1/2 pour finir entre 11 heures et 11 heures 1/4. Les prix seront les mêmes que l'année dernière malgré cela.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, jeudi 21 juin 1900, p. 2.
Le même quotidien va offrir un article très long sur la soirée réservée aux autorités et à la presse stéphanoise où se mêlent les réflexions sur le public et les descriptions de certaines vues du programme :
Au théâtre
Noblesse oblige...
La direction du Royal Viograph fait royalement les choses. Elle avait hier, fort aimablement convié les autorités et la presse stéphanoise à la représentation de gala spécialement donnée à leur intention et qui était en quelque sorte comme la préface avant la lettre ou mieux la répétition générale d'une partie d'un programme on ne peut plus intersting qui sera servi chaque soir au public à partir d'aujourd'hui samedi.
Et si hier, la chambrée était complète, car journalistes et autorités qui connaissaient l'amabilité du directeur, en avaient profité pour se faire escorter de toute la nichée, des pères et des sœurs, des cousins et des cousines, des neveux et des nièces, des oncles et des tantes, des papas et des grands mamans, des amis et des amies, en un mot de toute la smalah patriarchale et amicale, nul doute que les pièces blanchent [sic] ne tombent désormais dru comme grêle dans les caisses directoriales.
Et le spectacle mérite d'être couru,d'abord parce qu'un réel progrès a été réalisé dans cet art, arrivé aujourd'hui à la perfection, ensuite parce qu'il apporte le charme d'une nouveauté superlativement attrayante, n'ayant d'égale que sa belle variété, et qui je n'en doute pas, fera courir tous les Stéphanois qui, dès qu'ils l'auront vu, ne regretteront ni leur temps, ni leur argent.
Mais des éloges et des généralités passons aux détails des principales attractions du programme. Assurément, tous les tableaux seraient à citer ; toutefois nous nous bornerons à ne rappeler que ceux qui excitèrent le mieux notre hilarité, ou frappèrent le plus notre imagination.
Dans la première partie, où des intermèdes des plus comiques alternaient avec des tableaux tragiques ou des scènes de famille, nous avons surtout remarqué une chasse au cerf, qui accompagnait, pour rendre l'illusion complète, une sonnerie de cors de chasse. Le tableau suivant —3 minutes à Londres — montrait au public les principaux monuments de cette capitale. Un grand ballet, du Palais de Cristal de New-York, Exelsior, nous initie à la mise en scène luxueuse des concerts d'Amérique, aux entrechats et pirouettes légères des danseuses américaines.
Les spectateurs étaient sous le coup d'une folie gaieté, lorsqu'un naufrage de pêcheurs, isolés au milieu de l'Océan luttant contre les flots furieux, fait frissonner le public, d'ailleurs vite rappelé à la plus franche humour par une scène très drolatique, " le fiacre diabolique " dans lequel on entasse le père,la mère, la nourrice, jusqu'à la belle-mère,— gendres I voilez-vous la face — qui reçoit les bourrades d'un cocher peu galant,— gendres ! applaudissez. — Enfin, pour terminer, on nous fait voir l'incomparable Frégoli, de l'Olympia, dans ses transformations successives, réellement extraordinaires.
Le meilleur de la soirée était consacré aux épisodes de la guerre du Transvaal et-nous avons assisté au départ de lord Roberts pour Le Cap sur le Roslin Castle. L'écran reproduit tous les exercices d'embarquement et de débarquement, les manœuvres et les passe-temps des marins anglais à bord, et nous conduit sur le théâtre des opérations. Défilé des Higlanders [sic], revue des troupes par lord Roberts, passage d'un gué, attaque des Anglais, portraits des principaux acteurs, tout cela défile sous nos yeux. Puis c'est le passage d'un train blindé ramenant des blessés, une attaque des Basutos contre les Boers, la mort du major Wilson, le passage de la Modder-River par un régiment de lanciers et par toute la cavalerie anglaise. Bref, tous les principaux épisodes de la guerre sont reproduits devant nous et attirent des applaudissements mérités.
Dans la troisième partie, apparaît d'abord la grande cavalcade du plus grand cirque du monde, celui de lord Sanger : des éléphants, des dromadaires, toute une suite d'animaux exotiques ; des chars majestueusement luxueux attirent les les regards. Une petite scène comique, qui mérite d'être signalée, dilate alors la rate des assistants : ce sont deux tourtereaux qui se becquètent dans un train, sous un tunnel, et je gage que ce tableau a dû suggérer à d'aucuns d'en faire autant, car il faisait nuit. Puis, vint Cendrillon, la grande féerie qui eut un succès si considérable au Châtelet ; les seize tableaux sont coloriés avec goût ; très jolie la scène du bal à la Cour, et très applaudie. Le triomphe et l'apothéose ont eu aussi leur part de succès. Les spectateurs sont transportés ensuite au Nouveau Monde et font de leur place le voyage de Chicago à San- Francisco. On traverse avec le train des ponts, des viaducs ; on grimpe des rampes très dures ; on passe sous un tunnel où un couple de jeunes mariés profite de l'obscurité pour s'embrasser et se parler à l'oreille. Il est vrai que cette fois l'illusion est complète, et que dans la salle les amoureux peuvent en faire de même, et ils ne gênent pas, à mon humble avis.
Erifm, la direction, par l'organe d'un clown très adroit, adresse ses meilleurs remercîments aux spectateurs, dont les applaudissements se sont succédé ininterrompus, et qui ne lui manqueront pas plus aujourd'hui qu 'ils ne lui ont manqué hier, car c'est aujourd'hui, à 8 heures 1/2, qu'aura lieu la première. Allez voir, et vous m'en direz des nouvelles.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 24 juin 1900, p. 3.
The Royal Viograph est particulièrement bien reçu par le public stéphanois et le succès est au rendez-vous :
The " Royal Viograph " au Grand Théâtre. — Comme nous le prévoyions dans notre compte-rendu de la première représentation, le succès n’a fait que s'accentuer et chaque soir. C’est devant des salles fort bien garnies que se développe le programme si agréable de cette attraction.
Hier soir encore, malgré le vide qui se produit généralement le lundi dans les salles de spectacle, un public nombreux s’y était donné rendez-vous.
La Guerre au Transvaal obtient toujours le même succès. Pendant les quelques instants nécessités par le changement des séries de tableaux, la photographie de divers généraux ou personnages Anglais est projetée sur le tableau, ce qui a le don de provoquer une bordée de sifflets à leur adresse. Mais le moment où la salle éclatait surtout en applaudissements, c’est à l’apparition sur l’écran des traits du colonel de Villebois-Mareuil, mort au Transvaal.
Nous recommandons également le grand Ballet Excelsior, la cavalcade et Cendrillon. une merveille.
La location est ouverte tous les jours au Théâtre. La direction nous informe que le nombre des représentations est limité, elle ne restera donc que peu de jours parmi nous.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 27 juin 1900, p. 2.
Le Royal Viograph apparaît comme un appareil de bonne qualité qui obtient le succès du public :
Le Royal Viograph.— Le Royal Viograph qui obtient en ce moment un si brillant succès au théâtre et qui, malgré le beau temps dont nous jouissons, voit chaque soir toutes les places prises ; vient de renouveler entièrement son programme.
Citons d’abord une splendide course aux taureaux prise à Bordeaux avec mise à mort du taureau par le célèbre matador Bambita Chico.
Nous citerons enfin l'Exposition universelle dont tous les monuments et toutes les attractions défilent devant nos yeux avec une telle exactitude que l’on se croit transporté en plein Champ-de-Mars et qu’il devient superflu de faire le voyage de Paris pour admirer toutes les merveilles qu'elle contient.
Jeudi, vendredi et samedi, le Royal Viograph fera relâche.
Memorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, mardi 3 juillet 1900, p. 2.
La vue tournée à Bordeaux (A Spanish Bull-Fight) est proposée aux spectateurs stéphanois :
Le Royal Viograph au Théâtre. — Salle archicomble hier soir au Royal Viograph, succès sans précédent. Les tableaux si artistiques de l’Exposition universelle de Paris et la sensationnelle mise à mort du taureau dans la grandiose course de Bordeaux, ont porté l’enthousiasme du public à son paroxysme.
Demain et samedi relâche, pour les représentations de l'Aiglon.
Dimanche reprise des représentations du Royal Viograph, grande matinée et soirée. La location est ouverte dès aujourd’hui au Théâtre.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 6 juillet 1900, p. 2.
Comme d'habitue, on annonce la fin prochaine des séances pour stimuler l'intérêt des spectateurs :
Le "Royal Viograph".-Encore salle comble hier au Théâtre, en matinée et en soirée.
Le Royal Viograph y obtient un succès qui n’est pas près de s’éteindre. On ne saurait en effet rêver un spectacle plus beau, plus instructif et récréatif tout à la fois.
La population stéphanoise dont le bon goût est connu ne voudra pas laisser partir cette intéressante attraction sans être allée l’admirer encore une fois.
Nous conseillons de se hâter, car d'après nos informations particulières, le Royal Viograph vient de contracter un brillant engagement à Lyon.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, mardi 10 juillet 1900, p. 2.
Annoncé comme un événement exceptionnel, le Royal Viograph propose une Passion du Christ :
Le « Royal Vlograph » au Théâtre. — Outre le programme actuel qui obtient, un succès de plus en plus grand et mérité : le « Royal Viograph », afin de donner satisfaction à un grand nombre de personnes qui en ont fait la demande ; donnera jeudi en matinée la Vie et la Passion de Jésus-Christ, vrai chef-d'œuvre d’art et de coloration.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, jeudi 12 juillet 1900, p. 2.
Peu avant son départ, le Royal Viograph, sollicité par la mairie de Saint-Étienne, va offrir des séances pour les enfants de la ville à l'occasion du 14 juillet :
La Mairie nous communique les notes que voici :
[...]
La municipalité offre aux enfants des écoles communales, à l’occasion de la fête du 14 juillet, deux représentations de "Royal Viograph" au Théâtre.
La première de ces représentations aura lieu, vendredi, à une heure pour les filles, à quatre heures pour les garçons.
Mëmorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, vendredi 13 juillet 1900, p. 3.
Les séances durent sans doute encore quelques jours avant le départ du Royal Viograph pour Lyon.
L'American Electric Palace d'Étienne Sabatier (Place Gambetta, 25 octobre-[17] novembre 1900)
Edit. Nouvelles Galeries. Saint-Étienne.-Place Gambetta (c. 1900)
Le tourneur Étienne Sabatier, qui parcourt la France avec son American Electric Palace doit s'installer à Saint-Étienne, sur la place Saint-Louis, à partir du 25 octobre :
American Electric Palace. — C’est demain soir, jeudi, qu’auront lieu les débuts de l’American Electric Palace, installé place Saint-Louis.
L’American Electric Palace sera le plus grand théâtre de vues animées que nous ayons eu dans notre ville. Nous avons vu son programme, il est des plus complets, il est des plus variés, il sera des plus goûtés.
Dès à présent, le succès s’annonce certain : ce sera justice.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 24 octobre 1900, p. 3.
Le cinématographe est censé rester un mois à Saint-Étienne :
Saint-Étienne.
[...]
American Electric Palace.-L'ouverture du cinématographe connu sous ce nom et installé place Gambetta, aura lieu demain soir jeudi. Cet établissement restera un mois à Saint-Etienne.
Le Progrès, Lyon, jeudi 25 octobre 1900, p. 2.
Des difficultés semblent s'être produites puisque l'inauguration est repoussée de quelques jours :
Américan Electric Palace.-C'est à demain soir, qu'a été définitivement fixée l'ouverture, place Saint-Louis, de l'Américan Electric Palace. On aura attendu, mais on n'aura rien perdu : tout au contraire.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 26 octobre 1900, p. 2.
Et c'est finalement Place Gambetta - également appelée place Saint-Louis - qu'ont lieu les séances de projections de vues animées :
American Electric Palace (place Gambetta). — Aujourd’hui jeudi, fête de la Toussaint, grandes matinées à 2 heures et à 4 heures, à prix réduits.
Au programme : La Passion de N.-S. Jésus-Christ, grand drame biblique du Théâtre d’Oberarnmergau.
La guerre au Transvaal.
Voyage à l’Exposition.
L’agent plongeur, la plus jolie scène comique à ce jour.
Voyage au port du Hâvre.
Le soir, grande soirée à 8 heures.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 1er novembre 1900, p. 2.
Les films proposés aux spectateurs proviennent, en particulier, de chez Pathé. Comme il le fait habituellement, le tourneur propose des séances pour les écoles ainsi que des soirées dites " mondaines " où sont présentées également des vues plus audacieuses, même si elles n'apparaissent pas dans la presse :
L'American Electric Palace poursuit le cours de ses légitimes succès. Bien que très vaste, la salle est encore insuffisante pour contenir toutes les personnes qui voudraient assister au spectacle à elles offert. Hier après-midi, c’étaient les élèves du pensionnat Sainte-Marie qui s’émerveillaient à la matinée, demain c’en seront d’autres — sans que pour cela soit oublié le grand public : c’est ainsi que, ce soir, aura lieu une grande soirée mondaine, avec programme spécial.
Succès, succès.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 9 novembre 1900, p. 3.
Les dernières séances connues ont lieu le 17 novembre 1900 :
American Electric Palace. — Ce soir et demain soir, à 8 heures 1/2, l’American Electric Palace donnera ses deuxième et troisième soirées mondaines. Outre les numéros habituels, le programme comprendra des vues toutes nouvelles. C’est un gros succès en perspective — d’autant plus que le prix des places ne sera nullement augmenté.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 16 novembre 1900, p. 2.
1901
Le Phono-Cinéma-Théâtre (Grand-Théâtre/Eden Théâtre, 22 avril-8 mai 1901)
Après avoir connu un succès relatif à l'Exposition Universelle de Paris, le phono-cinéma-théâtre va être présenté en France comme à l'étranger. Si les films ont été tournés, pour l'essentiel, par Clément-Maurice, l'inspiratrice de ce spectacle novateur est Marguerite Vrignault, directrice artistique. Lors de ces tournées, elle est accompagnée de l'opérateur Félix Mesguich. En provenance de Chalon-sur-Saône, l'inauguration a lieu le 22 avril :
Le Phono-Cinéma-Théâtre installé au Grand-Théâtre a attiré hier soir un nombreux public qui n'a pas ménagé ses applaudissements, mérités du reste,car le résultat obtenu par la combinaison du phonographe et du cinématographe est tout simplement merveilleux. L'illusion est complète. Les personnages se dessinent sur l'écran avec une netteté extraordinaire, et, quand Cossira attaque le Ah ! lève-toi, soleil de Roméo et Juliette, on se demande en toute sincérité si le ténor n'est pas vraiment là en chair et os. On applaudit, Cossira reparaît, sourit, salue et rentre dans la coulisse.
Puis voici Félicia Mallet qui mime avec une émotion poignante l'Enfant prodigue, de Michel Carré. C'est ensuite Sarah Bernhardt dans le duel d'Hamlet, la scène est admirablement saisie ; Coquelin aîné dans un acte des Précieuses ridicules ; Little Tich, le célèbre comique anglais ; Footitt et Chocolat, les fameux clowns ; enfin Mlles Mante, Rosita Mauri, de l'Opéra, Chasltes, de l'Opéra-Comique, dans des danses variées,etc.
Tels sont les principaux sujets de la troupe hors de pair que nous présente le Phono-Cinéma-Théâtre. Tout Saint-Etienne voudra voir, ces visions animées, jouant et chantant tout comme les artistes dont elles reproduisent fidèlement la voix et les gestes
Le Stéphanois, 23 avril 1901, p. 3.
La dernière séance est prévue pour le 26 avril (Le Stéphanois, Saint-Étienne, 26 avril 1901, p. 3), mais le succès public conduit à donner de nouvelles projections, mais dans une nouvelle salle, le Grand-Théâtre commençant sa saison artistique :
Phono-Cinéma-Théâtre. — En raison du succès considérable que le Phono-cinéma-théâtre vient de remporter et par suite de l’impossibilité de continuer au théâtre ses représentations, la saison d’opéra commençant samedi, la direction du Phono-cinéma-théâtre a l’honneur de prévenir le public stéphanois qu’elle donnera ses représentations du 1er au 8 mai, à l’Eden-Théâtre aux prix habituels de cet établissement : 2 fr., 1,50, 0,60.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 27 avril 1901, p. 2.
C'est donc à l'Eden-Théâtre, plus populaire, que les projections vont reprendre à partir du 1er mai 1901. La presse en profite pour décrire à nouveau la nature du spectacle et le programme qui est proposé :
Phono-Cinéma-Théâtre
Le Phono-Cinéma-Théâtre,installé à l'Eden;a été l'une des attractions les plus goûtées de la rue de Paris à l’Exposition universelle ; son succès, dû à l'ingénieuse adaptation du phonographe au cinématographe,obtenue par Mme Vrignault, permet d'assister à un spectacle absolument nouveau.
C'est ainsi qu'au Phono-Cinéma-Théâtre, on peut voir et entendre tout à la fois les plus grands artistes ; par exemple, Sarah Bernhardt, dans le duel d'Hamlet, est d'un effet saisissant ; Coquelin aîné joue les Précieuses ridicules, comme lui seul a su les jouer à la Comédie-Française,et il en est de même de Mily Meyer dans ses chansons anciennes ; du ténor Cossira, si apprécié de l'Opéra dans Roméo et Juliette ; de Mlle Hatto, dans Iphigénie ; de Polin, le joyeux tourlourou, et des danseuses réputées : Zambelli, Rosita Mauri, Cléo de Mérode, des sœurs Mante,etc.,etc.
Le spectacle, que nous offre le " Phono-Cinéma-Théâtre " est donc une véritable merveille artistique,et il a de plus cet attrait inappréciable de faire applaudir, dans une seule représentation, toutes les étoiles des grandes scènes parisiennes.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, 1er mai 1901, p. 2. (article similaire : Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 30 avril 1901, p. 3.
Il ne semble pas que le changement de salle de spectacle ait fait évoluer globalement le programme qui est probablement très voisin d'un lieu à un autre. Mais le public stéphanois répond toujours présent et il semble même que les séances se soient prolongées au-delà de la date annoncée, le 8 mai :
Eden-Théâtre. — Les représentations du Phono-Cinéma-Théâtre se continuent tons les soirs avec le même succès. L’assistance encore plus nombreuse de jour en jour applaudit chaleureusement ce spectacle à la fois artistique et amusant. Nous savons gré à la Direction de nous avoir fait chaque jour la surprise de nous donner des numéros nouveaux. Le Phono-Cinéma-Théâtre devant terminer ses représentations vendredi soir, nous ne saurions trop engager les retardataires à venir entendre et applaudir nos artistes célèbres.
Jeudi matinée à 2 h. 1/2. Les élèves des écoles conduits en groupe à cette matinée seront admis à toutes les places au prix de 0 fr. 25 ; entrée gratuite pour le personnel enseignant les accompagnant.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, jeudi 8 mai 1901, p. 2.
La présence d'un autre Phono-Cinéma-Théâtre, à Reims, à partir du 3 mai 1901, laisse à penser qu'il y a deux équipes différentes qui ont tourné à ce moment-là.
Répertoire (autres films) : Un étourdissant ballet espagnol avec accompagnement de tambours de basque (Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 23 avril 1901, p. 2), La Poupée (Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 24 avril 1901, p. 2), Ma Cousine (Le Stéphanois, Saint-Étienne, 26 avril 1901, p. 3).
1902
Le Biographe français (Place Gambetta, [15] février 1902)
La seule information dont nous disposons, relative au Biographe français, concerne le tournage de deux vues le 9 février 1902 :
Stéphanois cinématographiés
Les fidèles qui ont assisté à la grand-messe, Dimanche dernier à l'église St-Louis, ont été cinématographiés à leur insu au moment de la sortie à midi.
Ont été pris également par l'opérateur les promeneurs qui passaient à ce moment-là, parmi eux se trouve la fédération des joueurs de boules, marchant musique en tête.
D'autre part il a été fait une sortie des ouvriers de la Manufacture d'armes.
Nos concitoyens pourront donc se voir projeter sur l'écran du Biographe Français, place Gambetta.
Avis aux amateurs du sensationnel.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, 15 février 1902, p. 3.
Il semble bien que les vues aient existé, mais la presse ne signale pas de projection dans les jours suivants...
1903
Le Royal Vio (Cours Victor-Hugo, 29 août-11 octobre 1903)
Cherí-Rousseau, Saint-Étienne.-Le Cours Victor-Hugo (1904)
Le Royal Vio, qui est déjà venu à Saint-Étienne, annonce son arrivée prochaine dans la presse locale :
Le « Royal Vio » — Nous apprenons l’arrivée dans notre ville du célèbre « Royal Viograph », que nous avons déjà eu l’occasion d’admirer en 1899 et en 1900 au théâtre de notre ville où il obtint un succès que les Stéphanois n’ont certainement pas encore oublié.
Le « Royal Viograph » qui installe en ce moment son coquet établissement cours Victor-Hugo, nous arrive, paraît-il, avec de véritables merveilles et des nouveautés absolument inédites.
Ce cinématographe est le plus parfait de ceux qui existent et nous donne la perspective de soirées charmantes organisées surtout avec le plus grand soin pour les familles.
A bientôt les débuts.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, vendredi 21 août 1903, p. 2.
Finalement, l'inauguration est repoussée de quelques jours :
THE ROYAL VIO.-L'ouverture de cet intéressant spectacle, annoncée pour hier soir samedi, est renvoyée, par suite de diverses circonstances, à samedi prochain 29 courant.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, dimanche 23 août 1903, p. 4.
La première a donc lieu, cours Victor-Hugo, le samedi 29 août, en soirée :
Le Royal-Vio. — Le Royal-Vio, si bien aménagé et dont les débuts sont attendus avec tant d’impatience, nous prie d’annoncer qu’il donnera, ce soir samedi, sa première représentation, avec un programme exceptionnel, tableaux absolument merveilleux de netteté, d’actualité et d’originalité. Aussi prédisons-nous à ce spectacle, comme les années précédentes, un énorme succès, très compréhensible, du reste.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, samedi 29 août 1903, p. 2.
Le compte rendu de la soirée, publié le surlendemain, souligne le succès retentissant du Royal Vio :
Le Royal Vio
C'est devant une salle archi-comble -on a refusé du monde— que la direction du Royal-Vio a procédé hier aux projections cinématographiques annoncés depuis plusieurs jours et dont l'énumération avait certainement provoqué l'empressement qu'il nous a été donné de constater.
Le public n'a pas été déçu, chacune des scènes sont d'un réel intérêt.Citons parmi celles qui ont produit le plus d'impression, à un degré différent, il est vrai : la vie d'un jouer [sic] où on assiste à une exécution capitale d'un réalisme effrayant ; les exercices de cavalerie la course pédestre, les omers, cambrioleurs acrobates ; voyage en mer, les miracles de Brahmines et nombre d'autres qu'il serait trop long d'énumérer ici.
Ajoutons, que la projection est, irréprochable, le papillotement constaté trop souvent au cours des séances cinématographiques qui nous ont été présentées, n'existent pas au Royal-Vio, on a donc l'illusion complète de la vie, illusion d'autant plus grande que dans nombre, de production, les couleurs. réelles remplacent la grisaille de la photographie.
Nous pouvons donc prédire, au Royal-Vio une longue suite de succès.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, lundi 31 août 1903, p. 3.
L'un des points forts du Royal Vio - qui est souligné régulièrement -est la qualité de la projection sans "papillotement", un défaut très fréquent dans les premiers temps du cinématographe. Peu après, un article du même journal complète les informations relatives au répertoires de vues projetées :
The Royal VIo
Le Royal Vio installé cours Victor-Hugo ne vous a pas fait mentir ; comme nous le lui avions prédit il a obtenu un succès colossal. Il faut reconnaître aussi que le programme qu'il donne mérite en tout point des éloges.
Jamais semblable spectacle cinématographique n'a été vu à Saint-Etienne. Cet établissement nous a déjà émerveillé en 1899 et 1900. Aujourd'hui, il se surpasse. Le voyage aux Indes, la vie d'un joueur, les Omers, les sept péchés capitaux, la poule enchantée, la fée aux choux, le Cake-Walk dansé par les Elks, etc., etc, sont des tableaux plus intéressants les uns que les autres.
Ce programme ne sera donné que jusqu'à jeudi soir inclusivement. — Avis aux retardataires. — Jeudi matinée à 3 heures.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, mercredi 2 septembre 1903, p. 3.
De nouveaux titres sont indiqués dans une édition postérieure du même journal :
The Royal Vio
Le succès obtenu par le Royal-Vio est toujours aussi vif que les premiers jours. Le programme est du reste, cette semaine, des plus attrayants signalons parmi les projections toutes intéressantes : Le voyage de M. Loubet en Algérie, l'expédition de Chine, les glishères nautiques ; ces trois numéros à eux seuls constituent une attraction.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, mardi 15 septembre 1903, p. 3.
Le programme est régulièrement renouvelé, mais l'intérêt principal est constitué par des vues locales dont on ne nous dit pas grand-chose :
The Royal Vio
Le succès obtenu par cet établissement va grandissant; chaque soir on fait salle comble, et les samedi et dimanche on doit donner deux représentations pour satisfaire les curieux.
En ce moment le programme est de nature à justifier cet empressement; indépendamment des courses de taureaux et du voyage en chemins de fer qu'on a dû redonner, on assiste à l'arrivée à Marseille du président Kruger, à cinq scènes locales au défilé desquelles on reconnaît maints personnages du cru, quelquefois un intime, et enfin, brochant sur le tout, quantité d'autres tableaux aussi intéressants.
Il n'est pas besoin d'être grand prophète pour émettre l'opinion que le succès du Royal Vio n'est pas prêt de s'éteindre.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 27 septembre 1903, p. 3.
Le cake-walk, danse à la mode, constitue un excellent argument commercial pour inciter les Stéphanois - surtout les jeunes - à se rendre au Royal Vio pour voir les Elks qui se sont fait une réputation en dansant le cake-walk :
The Royal Vio
C'est toujours devant une salle comble qu'ont lieu les séances du Royal Vio. Le programme est du reste toujours aussi intéressant, tant par la perfection des projections que par leur variété.
En ce moment, ce sont les Elks, les créateurs du cake-walk, qui sont les favoris. Ceux et celles qui se sentent le désir d'exécuter cette danse fameuse au cours des soirées de l'hiver prochain ont une excellente occasion de venir prendre des leçons.
Indépendamment de cette production chorégraphique, il y a celles non moins intéressantes des scènes locales, des glissoires nautiques, de la chasse à l'homme, le voyage au Mexique, Jeanne d'Arc et d'autres qu'il serait trop long d'énumérer.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 4 octobre 1903, p. 3.
Au bout de six semaines environ, le Royal Vio annonce son prochain départ :
The Royal Vio
La variété est le secret de plaire; s'inspirant de ce principe, le Royal Vio a su s'acquérir le plus grand succès. Il est, au fait, incontestable que l'accueil fait par le public stéphanois à cette série de représentations est dû, pour une très grosse part, à la savante composition du programme, où chacun trouve le numéro de prédilection, intéressant, poignant, ou comique.
Aussi engageons-nous les retardataires à se presser s'ils veulent voir le programme actuel qui est l'un des plus beaux de sa riche collection, car la Direction annonce, ainsi que la dernière affiche, la clôture pour dimanche soir.
Un dernier conseil: s'y rendre ces derniers jours de la semaine, car il y aura foule dimanche et tout le monde n'aura pas de place.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, mercredi 7 octobre 1903, p. 3.
Répertoire (autres titres) : La Course de taureaux, Les Chevaux plongeurs (Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 20 septembre 1903, p. 3.)
1904
Le Cinématographe Lumière Perfectionné (12 juin-> 17 octobre 1904)
À l'occasion de l'Exposition Internationale, un cinématographe Lumière perfectionné propose des projections animées :
Exposition Internationale de Saint-Étienne
Dimanche 12 juin:
[...]
A 10 h.
[...]
Attraction Garden, M. Gravier, concessionnaire.-La Tarentelle Italienne, musique, chants, danses (16 personnes). Le Mystérieux Labyrinthe. Le Canadian Slide. Le Cinématographe Lumière, perfectionné. Section zoologique, lions, tigres, panthères, ours, hyènes, chacals, singes géants, etc.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 12 juin 1904, p. 3.
En août, l'Exposition devient accessible à tout le monde :
Désormais, l'exposition est accessible à tous, étant donné que le ticket remis à l'entrée donne droit aux attractions (Casino, Labyrinthe, un voyage sur Canadien Slide et Cinématographe). Telle est la la bonne nouvelle qui a fait rapidement le tour de Saint-Étienne et à laquelle on s'est empressé d'applaudir.
Le Stéphanois, Saint-Etienne, lundi 1er août 1904, p. 3.
Les séances se prolongent jusqu'en novembre.
Le cinématographe de M. Anderson (Cours Victor-Hugo, 9-15 octobre 1904)
En octobre, le Cirque Féérique d'E.D. Anderson s'installe pour quelques jours cours Victor-Hugo :
Cirque féérique Anderson
Ce soir, , pour 6 jours seulement, auront lieu, cours Victor-Hugo, les débuts du cirque Anderson.
Cet établissement, fort intelligemment installé, est des plus confortables et superbement éclairé, et tous les spectateurs peuvent jouir des exercices toujours intéressants de la troupe.
La soirée débute par un travail souriant (jusqu'à la mort) exécuté par Miss Jenny au trapèze de salon et bientôt suivi par les jongleries indoues de M. Niandon.
Avec les frères Wil-Hoscar, les applaudissements du public, déjà très chaleureux, redoublent d'intensité.
Les acrobates mondains dénommés Mlle Louise et M. Rodolphe, puis les frères et les sœurs Niard complètent l'ensemble des numéros municipaux et acrobatiques.
M. Anderson, un merveilleux prestidigitateur, et le cinématographe terminent le spectacle.
Lorsque vous sortez du cirque féérique il vous reste une impression excellente, parce que les numéros sont variés, rapides, hors de pair.
Le prix des places est le suivant:
Réservées: 2fr. premières: 1fr. 50 ; secondes: 1fr.; troisièmes: 50 centimes.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, dimanche 9 octobre 1904, p. 3.
Le Cinématographe américain (Bourse du Travail, 17 novembre 1904)
La Société des Attractions Réunies donne une représentation dans la salle de Conférences de la nouvelle Bourse du Travail :
Salle des Conférences de la Nouvelle Bourse du Travail
Demain jeudi 17 novembre à 3 h. très précises du soir, avec la permission de M. l'inspecteur d'Académie du département, et l'autorisation municipale, grande représentation donnée par la Société des Attractions réunies, pour les élèves des écoles primaires, supérieures et professionnelles de notre ville, ainsi que pour les élèves des lycées. On recevra également les parents accompagnant leurs enfants.
Au programme Door-Leblanc, le fameux magicien international; K. Calvini's, illusionniste fantaisiste, Da Maria Fay, la fameuse charmeuse d'oiseaux, et enfin la Visionnaire la plus étonnante devineresse du monde. Le spectacle sera terminé par le merveilleux cinématographe américain avec ses dernières créations et notamment les scènes animées et absolument inédites de la guerre russo-japonaise.
Le Stéphanois, Saint-Étienne, jeudi 17 novembre 1904, p. 3.
1905
Cinématographe Royal Vio de Cyprien Lacabane (Place Saint-Louis, 14->29 juillet 1905)
Cyprien Lacabane installe son Royal Vio sur la place Gambetta à l'occasion de la foire du 14 juillet:
Saint-Etienne.-Fête du 14 juillet, cours Victor-Hugo, la plus importante, considérée comme foire pour les forains.
Etablissements présents:
Place Gambetta: Cinématographe Royal Vio, directeur Lacabanne.
La Comète belge, Bruges, 1er août 1905, p. 6.
Dans un autre article, quelques titres de films sont annoncés :
The Royal-Vio.-Le coquet établissement de la place Saint-Louis ne désemplit pas. Aussi bien le spectacle est-il fort intéresant.
Ce soir, samedi, soirée de gala avec un nouveau programme, où les numéros curieux abondent. Citons: Dix femmes pour un mari, Un bébé embarrassant, Un steeple-chase avec la mort d'un jockey; Brigandage moderne et enfin la Coupe Gordon Bennett, redemandée.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, samedi 29 juillet 1905, p. 2.
Le cinématographe (Rue du Palais-de-Justice nº 2, 18-19 novembre 1905)
Un cinématographe s'installe pour deux soirées dans la rue du Palais-de-Justice à la mi-novembre :
Grandes séances de cinématographie.
— Nous donnons le programme des deux séances extraordinaires de cinématographie qui auront lien le samedi 18 novembre, à 8 heures du soir, et le dimanche 19 novembre, à 3 heures (rue du Palais-de-Justice, 2.)
PROGRAMME
Alcoolisme et tuberculose. — Ceylan pittoresque et vécu. — Au pays noir. — Le Petit Poucet. — Toto gâte-sauce. — Brigandage moderne. — Dix femmes pour un mari. — La poule aux œufs d’or. — La ruche merveilleuse. — Fée aux fleurs.
Feu d’artifice. — Dénicheurs d’oiseaux.— Incendie à bord. — Le Creusot. — Vot’permis. — Rêve à la lune. — Cache-toi dans la malle. — Odyssée d’un paysan à la ville. — Les petits vagabonds. — Etrennes du facteur.
Les ours savants. — Album merveilleux. — Coiffes et coiffures. — Métamorphoses d’un papillon. — Loïe Fuller. — Steeple-chase. — Une fête hindoue à la cour du rajah. — Défilé des princes sur les éléphants.
Ce programme ne donne qu’un aperçu des tableaux représentés et un grand nombre de numéros inédits y seront ajoutés.
Comme on peut s’en rendre compte, ce spectacle est de nature à intéresser les familles et les enfants, comme les grandes personnes.
Il est, d’autre part, absolument nouveau dans notre ville où l’on ne connaît pas encore les merveilles auxquelles on est arrivé, ces temps derniers, au point de vue cinématographique.
Il serait bon de s'y prendre à l’avance pour avoir des billets, qui sont déjà très demandés.
On trouvera des billets chez MM. Chevalier, libraire, rue du Général-Foy, 2 ; Cunit, libraire, rue Camille-Colard, 2 ; à la Bonne Presse, rue des Jardins ; Offray, rue de la Préfecture, 4 ; Perrachio, place de l’Hôtel-de-Ville, 4 ; Chambion, coiffeur, place de l’Hôtel-de-Ville, 15; Pasteur, libraire, 6, rue Sainte-Catherine.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, 12 novembre 1905, p. 3.
1906
L'Étoile du Soir du docteur Dobler (Eden-Théâtre, 28->28 avril 1906)
Le docteur Dobler présente son Étoile du Soir à l'Eden-Théâtre à la fin du mois d'avril :
Eden-Théâtre. — On nous annonce pour samedi prochain, les débuts de l'Etoile du Soir, le grand Cinématographe Américain, qui vient de faire courir tout Lyon aux Folies Bergères.
Le grand renom de l’Etoile du Soir (The Evening Star Cinéma), nous promet de magnifiques soirées. Nul doute que tous les Stéphanois n’aillent admirer chacun de ses programmes qui changeront chaque semaine et sont tous aussi jolis l’un que l’autre.
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, jeudi 26 avril 1906, p. 3.