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- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 10 juin 2023
- Publication : 24 mars 2015
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Jeux d'enfants dans une rue
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1 | Lumière | |
2 | Louis Lumière | |
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3 | >26/12/1894-<22/03/1895 | |
4 | France, Lyon |
Les bandes papier 1894-1895
Les bandes "papier" (1894-1895)
Anne GAUTIER
Jean-Marc LAMOTTE
La première mention d'un appareil Lumière apparaît en décembre 1894 :
Ajoutons enfin, au risque de commettre une indiscrétion que nos deux savants compatriotes les frères Lumière, auxquels la science photographique est particulièrement redevable d'un grand nombre d'ingénieuses inventions, travaillent actuellement à la construction d'un nouveau kinétographe, non moins remarquable que celui d'Edison et dont les Lyonnais auront sous peu, croyons-nous, la primeur.Lyon-Républicain, Lyon, 26 décembre 1894.
Un autre témoignage, beaucoup plus tardif, nous livre les premières expériences :
Les premiers essais de l'appareil de prise de vue réversible eurent lieu en janvier 1895, avec une bande de papier sensibilisé au bromure, qui mesurait dix-sept mètres de long. On avait commencé à prendre une jeune fille sautant à la corde,
puis on fit venir deux ouvriers de l'usine, MM. Guilvard et Claude Donat, pour jouer une scène d'altercation et de pugilat.Le Progrès, Lyon, 8 septembre 1929.
De ces deux bandes, seule la seconde est encore conservée sous forme d'un fragment (Scène de pugilat). Une troisième bande presque complète, non mentionnée dans ce témoignage, représente un groupe d'enfants faisant une ronde dans une rue enneigée (Jeux d'enfants dans une rue). Ces deux documents préservés sont des négatifs auxquels nous avons attribué les titres arbitraires de [Scène de pugilat] et [ Jeux d 'enfants dans une rue]. Le tournage a-t-il été effectué en janvier 1895 ou plutôt en 1894 comme l'indique une étiquette collée sur le support d'une de ces bandes ? Dans tous les cas, ces premières chronophotographies présentent des photogrammes parfaitement équidistants, preuve de la parfaite régularité de l'entraînement. Leur particularité est qu'elles présentent des images aux coins carrés, collées les unes aux autres, sans espacement, et, contrairement à toutes les autres vues, la perforation ronde (très petite) se trouve au milieu de la hauteur de l'image et non à son tiers inférieur. Les dimensions des photogrammes sont également différentes des autres, et ont permis de faire la relation entre ces bandes et un des différents appareils Lumière que nous connaissons. En effet, l'un d'eux présente une fenêtre de prise de vue dont les cotes sont similaires à celles des images sur papier. Cet appareil non estampillé, est pourvu d'un système d'entraînement de la pellicule par pinces, et le mouvement de la manivelle est transmis à l'aide d'une courroie extérieure au boîtier. Si le schéma de l'appareil décrit dans le brevet du 13 février 1895, présente également un système de courroie et de poulie placée à l'extérieur du boîtier, ce prototype lui est certainement antérieur, puisque dépourvu de griffes pour l'entraînement de la pellicule. Deux questions restent toutefois sans réponse: d'une part pourquoi cet appareil possède-t-il une came triangulaire alors qu'elle sera brevetée le 30 mars de la même année pour améliorer un appareil à griffes; d'autre part, s'il n'entraîne pas la bande au moyen de griffes, pourquoi les bandes sont-elles perforées? En tout état de cause, ces images sont certainement tournées avant le 22 mars 1895, date à laquelle l'utilisation d'un support papier devient obsolète dès lors qu'une vue sur support Celluloïd a pu être projetée.
Anne Gautier et Jean-Marc Lamotte, "L'année 1895 et ses jalons" dans Michelle Aubert et Jean-Claude Seguin (dir.), La Production cinématographique des frères Lumière, Paris, BIFI. Éditions Mémoires de cinéma, 1996, p. 15.