- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 30 mai 2022
- Publication : 25 mars 2015
- Affichages : 9662
CHERBOURG
Jean-Claude SEGUIN
Cherbourg, ville du département de La Manche (France), compte 38 554 habitants (1894).
1896
La Loterie Grenier (Place Divette, [7] juin-12 juillet 1896)
Le forain Ernest Grenier est un habitué de la foire de Cherbourg, mais cette année, il présente une nouveauté, le kinetoscope Edison :
Loterie Grenier
Nous annonçons l'arrivée à Cherbourg de la Loterie Grenier.
Cet établissement n'est pas inconnu pour le s Cherbourgeois. En effet, tous les ans, à pareille époque, la Maison Grenier vient nous apporter quelque divertissement nouveau.
Outre la part qu'on pourra prendre à la loterie alphabétique, on aura le plaisir d'entendre les phonographes, dont le répertoire, complètement renouvelé, se compose de plus de 200 morceaux d'opéras, chansonnettes, monologues, etc.
Les vues animées du Kinétoscope, feront également la récréation du public.
L'établissement est entièrement éclairé à la lumière électrique. — Un moteur de la force de 4 chevaux actionne un dynamo qui dégage une lumière dont l'intensité fera contraste avec les becs de gaz de la place Divette.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 4 juin 1896, p. 3.
Du répertoire du kinétoscope, nous ne connaissons qu'un seul titre, paru dans la presse :
Loterie Grenier
Tous les soirs, grande tombola gratuite.
Nouveau répertoire de 100 morceaux aux phonographes, 0 fr. 10 l'audition.
Pour voir le Kinétoscope-Une scène dans un bar-0 fr. 15.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 25 juin 1896, p. 3.
La presse relaye fréquemment la présence de la loterie Grenier et de ses appareils :
PLACE DIVETTE
Kinétoscope, Phonographes et loterie Grenier
Parmi les jolis établissements forains qui pendant ce mois de juin égayaient notre place Divotte celui de M. Grenier est sans contredit l'un de ceux qu'on regrettera le plus de voir nous quitter.
En effet rien de plus charmant tous les soirs que le brillant éclairage électrique de cet établissement important qui comprend trois genres de divertissement» bien distincts et dont chacun rencontre chaque jour un vif et légitime.
La loterie alphabétique si intelligemment tenue par l'aimable Mme Grenier est remarquable par le nombre et la beauté de ces lots dont un nouveau choix est sur le point d'arriver.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 7 juillet 1896, p. 3.
C'est finalement le 12 juillet 1896 que la loterie Grenier présente pour la dernière fois son kinétoscope (La Vigie de Cherbourg et de la Manche, 11-12 juillet 1896, p. 3).
Le Cinéphotographe de Lagneau et Vernassier (Place Divette, [27] septembre-18 octobre 1896)
C'est M. Lagneau - secondé par Louis Vernassier - qui est le premier forain à offrir aux Cherbourgeois des images animées. Le Théâtre-Salon des Sciences, nom de son établissement, ouvre ses portes vers le 27 septembre 1896 sur la Place Divette. La Vigie de Cherbourg publie un article qui s'attarde sur le cinéphotographe, appareil cinématographique commercialisé à Paris, par C.J. Lépée :
PLACE DIVETTE
Le Cinéphotographe
Nous apprenons qu'un théâtre vient de se monter sur la place Divette, où les Cherbourgeois vont enfin pouvoir admirer le Cinéphotographe, cette dernière merveille de la Science moderne, qui fait en ce moment courir tout Paris.
Disons quelques mots de ce qui est le Cinéphotographe ou photographie animée : c'est la présentation de scènes parisiennes ou autres, photographies sur le vif en grandeur naturelle, mais qui sont animées par l'électricité, de façon à représenter aux spectateurs l'illusion de la réalité dans ses moindres détails.
ainsi, pour ne citer qu'un exemple, un train arrive en gare à toute vitesse avec vapeur locomotive et wagons, les employés courent, les voyageurs descendent, d'autres se disputent les places, les signaux, le chef de gare, tout y est et au naturel. C'est, comme on voit excessivement curieux.
D'autres tableaux représentent, des rues et boulevard de la Capitale, des scènes comiques, duels, descente de tramway, le Couronnement du Tsar, la Loïe Fuller et ses couleurs, des blanchisseuses lavant leur linge, etc., etc.
Nous ne doutons pas que cette nouveauté ne soit bien présentée, car le Théâtre Salon des Sciences possède une installation électrique modèle, contuie par un ex-contre-maître-mécanicien de Paris, choses indispensables pour le succès et la réussit de cette exhibition.
Ce spectacle, essentiellement scientifique et de haute moralité, sera certainement goûté des familles et apprécié à sa juste valeur.
La Vigie de Cherbourg, Cherbourg, 27 septembre 1896, p. 3.
Le spectacle est nouveau à Cherbourg, comme le laisse entendre le journaliste, et l'ex-contre-maître-mécanicien de Paris n'est autre que Louis Vernassier en personne. Il est de fait le véritable opérateur et responsable du cinéphotographe. Comme souvent, les titres restent difficiles à identifier, car les forains peuvent se servir aussi bien chez les éditeurs que chez des revendeurs comme Mendel où figurent au catalogue des vues de diverses provenances. Seul Le Couronnement du Tsar est plus aisément identifiable car son éditeur est l'Anglo-American photo-import Office, seule maison mettant à la vente un tel film. Mais un autre événément va éclipser pour quelques jours le cinéphotographe, c'est l'arrivée du Tsar de Russie et les fêtes qui vont avoir lieu à Cherbourg pour sa réception, le 5 octobre 1896. Quelque part dans la foule des photographes se trouve d'ailleurs l'opérateur Constant Girel de la maison Lumière. On lui doit deux vues cataloguées : Cherbourg : Débarquement des souverains russes et Cherbourg : Entrée des Souverains russes et du Président de la République sous le hall.
Cliché G.B.P., Cherbourg, Place Divette (c. 1905)
La veille, La Vigie de Cherbourg a publié un article d'un journaliste qui est allé se rendre compte directement du fonctionnement de l'appareil cinématographique, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il a apprécié non seulement le spectacle, mais l'agencement des séances et la qualité technique des installations, hommage indirect au travail de Louis Vernassier :
PLACE DIVETTE
Le Cinéphotographe
Il nous a été donné d'assister à une séance du Cinéphotographe ; nous avons été émerveillés, car c'est vraiment curieux.
Les scènes sont bien choisies et surtout très morales ; tout le monde peut voir et même doit voir ce phénomène scientifique, qui est du plus grand intérêt.
Chose particulièrement agréable, c'est le peu d'entr'acte entre les tableaux : ceux ci se succèdent rapidement et évitent une attente trop longue qui nuirait au charme du spectacle.
L'installation électrique, placée en avant du théâtre, est très coquette et paraît installée dans des conditions irréprochables, car la pluie ayant occasionné un arrêt momentané de la machine, la séance, grâce à l'appoint d'une puissante batterie d'accumulateurs, n'en a pas été moins bien continuée à la satisfaction générale.
Matinées les jeudis et dimanches vers trois heures.
La Vigie de Cherbourg, Cherbourg, 4 octobre 1896, p. 3.
Le cinéphotographe, comme tout appareil cinématographique, nécessite un opérateur aguerri capable de prévenir les incidents éventuels. L'alimentation par l'électricité, qui n'est pas généralisée à l'époque, s'avère concluante. En outre, la dextérité de l'opérateur permet de limiter au maximum les temps morts entre les vues animées. Ajoutons à cela la remarque sur la moralité des vues présentées, ce qui sous-entend que ce type de spectacle n'a pas toujours soin de préserver les spectateurs, les jeunes en particulier. Par la suite, les articles que l'on retrouve dans la presse se limitent à répéter ce qui a déjà été dit. Le répertoire des vues est probablement bien limité - peut-être d'ailleurs n'y a-t-il qu'un seul programme - et les quelques titres que l'on retrouve le jour de la fermeture où déjà dû être proposés antérieurement :
PLACE DIVETTE
Le Cinéphotographe
Aujourd'hui dimanche, clôture de ce coquet établissement dirigé par M. Lagneau et qui, sous le nom de Cinéphotographe, met sous les yeux de ses spectateurs des vues photographiques de grandeur naturelle et des groupes dont chaque personnage apparaît animé et présente tous les aspects de l'action et de la vie : les uns marchant, les autres courant, dansant ou luttant.
Tous ceux qui ont vu ces curieux tableaux vont vouloir les admirer encore une fois ; et les retardataires seraient bien mal inspirés s'ils ne profitaient pas de ce dernier jour pour les aller voir.
L'arrivée d'un train, la danse auvergnate, les lutteurs, les blanchisseuses, la Loïe Fuller avec sa danse et sa robe aux couleurs changeantes, sont autant de merveilles que nous exhortons nos concitoyens à ne pas laisser partir sans les avoir contemplés et admirés.
La Vigie de Cherbourg, Cherbourg, 18 octobre 1896, p. 3.
Les Cherbougeois voient partir ainsi ceux qui leur ont proposé les premières vues animées présentées dans leur ville. Les deux forains, quant à eux, vont continuer leur tour en se rendant au Mans quelques jours plus tard.
1897
Le Cinématographe Joly (Hôtel de France, 7-10 janviers 1897)
Le tourneur qui présenter le cinématographe Joly à Cherbourg n'a pas laissé son nom. Il s'installe à l'Hôtel de France, à partir du 7 janvier :
LE CINÉMATOGRAPHE JOLY
Le cinématographe Joly sera visible à Cherbourg, du Jeudi 7 Janvier au dimanche 10 inclus, dans la grande salle des fêtes de l'hôtel de France.
Le clou de la soirée sera certainement le défilé du cortège du czar à Paris, qui ne dure pas moins de 4 minutes et se compose de 4,000 photographies.
Les autres vues animées sont prises parmi les scènes de la rue et formeront un spectacle aussi intéressant pour les enfants que pour les grandes personnes.
Séances à 8 h. 1/2 et 9 h. 1/2. Prix d'entrée : 0 fr. 75 et 0 fr. 50.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 3 janvier 18987, p. 3.
Grâce à un nouvel article, d'autres titres présentés aux spectateurs sont connus :
Le succès du Cinématographe Joly va sans cesse grandissant. Le spectacle est des plus intéressants. Les vues prises parmi les scènes de la rue amusent aussi bien les enfants que les grandes personnes. Nous avons remarqué entr'autres une dispute entre un cocher et son client qui est du plus haut comique, le bain des soudanais, l'arrivée d'un train, une scène de ferme, etc…, en tout 16 tableaux.
Mais le clou de ces intéressantes séances est sans contredit, le défilé du cortège du tzar devant la Chambre des Députés, ce tableau dure cinq minutes.
Le Cinématographe Joly appelé par des engagements antérieurs dans d'autres villes, quittera Cherbourg lundi.
Avis aux retardataires ; les dernières séances ont lieu ce soir dimanche, à 5 h. ½, 8 h. ½ et 9 h. ½ dans la grande salle des fêtes de l'Hôtel de France, rue du Bassin.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 10 janvier 1897, p. 3.
Après quatre jours, le tourneur quitte Cherbourg.
Cherbourg, Hôtel de France et du Commerce, rue du Bassin (début XXe siècle)
Le Chronophotographe Grenier (Place Divette, 13 juin-4 juillet 1897)
Le forain Ernest Grenier présente des vues animées avec son chronophotographe depuis 1896. À Cherbourg, il arrive pour la foire comme l'année précédente. C'est toujours sur la place Divette qu'il s'installe avec sa nouveauté scientifique
CHRONOPHOTOGRAPHE DE M. GRENIER
M. Grenier, l'Industriel forain bien connu à Cherbourg dont le public admirait encore l’an dernier la belle loterie éclairée le soir à la lumière électrique, ainsi que ses phonographes et son kinétoscope qui ont eu tant de succès, nous revient cette année ; mais, cette fois il va nous présenter un nouveau genre de distraction.
Toujours à la piste des plus récentes nouveautés de notre époque au point de vue scientifique et amusant, il a monté un nouvel établissement qui sous le nom de Chronophotographe représente des photographies de grandeur nature et en couleurs ; ce qu'il y a de plus curieux c'est qu'elles sont animées au moyen de l'électricité. C'est le cinématographe perfectionné, sans trépidation ni scintillement.
Tout le monde voudra voir ce spectacle merveilleux qui s'installera le 8 juin et débutera le dimanche 13 juin.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 3 juin 1897, p. 3.
Dès que l'ouverture est annoncé, un long article est consacré au Théâtre Electrique grâce auquel une part importante du répertoire est connu :
CHRONOPHOTOGRAPHE DE M. GRENIER
Aujourd'hui débute le splendide théâtre électrique Grenier dont nous avons annoncé l'arrivée dans nos précédents numéros.
Ne pas confondre avec les cinématographes présentés jusqu'à ce jour avec des appareils défectueux.
Le chronophotographe constitue le dernier perfectionnement des projections photographiques animées. Il n'est point éclairé à la lumière oxhydrique, mais bien à l'électricité, avec tout un système de précautions qui le place en dehors et infiniment au-dessus de tous les systèmes employés couramment.
Toujours à la piste des dernières curiosités scientifiques et amusantes, M. Grenier nous arrive avec une collection de tableaux d'une variété, d'une richesse et d'un attrait qui feront sensation à Cherbourg.
Les principaux journaux des grandes villes. Saint-Nazaire, Angers, Caen et de toutes les localités où il a passé sont unanimes à en faire les plus brillants éloges.
Il faudrait un long article pour énumérer les nombreux tableaux que le public de notre ville va pouvoir admirer dans cet établissement qui d'après les journaux les mieux cotés est d'une élégance et d'un confortable qui ne laissent rien à désirer.
Voici la nomenclature des huit premiers tableaux par lesquels ce spectacle sensationnel débute aujourd'hui :
Premier tableau, le Fardier. — Deuxième tableau, Arrivée et débarquement d'un navire au vieux port de Marseille.— Troisième tableau, place de l'Opéra à Vienne (Autriche). — Quatrième tableau, une Leçon d’Equitation (Cette scène se passe au bois de Boulogne. — Cinquième tableau, une Partie de campagne (scène comique). — Sixième tableau, Saut des Haies (par un escadron de dragons). — Septième tableau, Chemin de fer de Ceinture (station de Ménlimontont [sic]). Arrivée et départ du train). — Huitième tableau, la Loïe Fuller (danse serpentine). Ce tableau est représenté en couleurs.
Séances aux heures et aux demi-heures.
Tous les soirs de huit h. à dix heures.
Dimanches, jeudis et fêtes grandes matinées de familles.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 13 juin 1897, p. 3.
Un deuxième article, tout aussi conséquent, permet de connaître une nouvelle partie du répertoire d'Ernest Grenier. Il est publié dans le même jour, quatre jours plus tard. Comme on peut le constater, le forain n'a pas renoncer à son ancien kinetoscope malgré la présence du chronophotographe :
CHRONOPHOTOGRAPHE DE M. GRENIER
Le théâtre électrique de M. Grenier a débuté dimanche par un succès qui promet une série de représentations de plus en plus intéressantes sinon plus fréquentées car, dimanche, chaque séance a fait salle comble.
Et quelle salle ! Rien de plus coquet, de meilleur goût et de plus confortable. Un ventilateur électrique tempérait la chaleur qui dimanche a été excessive puisque le thermomètre marquait plus 26 degrés centigrades à l'ombre.
Parmi les tableaux de la séance de 8 heures ½ du soir, citons particulièrement le ballet du Châtelet en couleur, peint par M. Grenier lui-même qui est d'un effet merveilleux. L'illusion est complète et la vue des ballerines sortant d'une trappe au milieu d'un feu de Bengale suivi d'une petite explosion pour rire a soulevé les bravos et les applaudissements. Tous les tableaux d u Chronophotographe d'ailleurs étaient parfaitement réussis et laissaient bien loin derrière eux tout ce que donne les cinématographes.
Parmi les nombreux tableaux qui feront suite au programme nº 1, que nous avons publié dimanche, nous devons mentionner les nouveaux dont voici la nomenclature :
Premier tableau, Quadrille Parisien (photographie en couleurs). — Deuxième tableau, Les Soudanais (au Champ-de-Mars). — Troisième tableau. Une affaire d’honneur entre Dames. — Quatrième tableau, La Réconciliation (sur la terrasse d’un café). — Cinquième tableau, les Fêtes Franco-Russes (l'arrivée du Tsar à Paris). — Sixième tableau, la Mi-Carême à Paris (le char de la reine des reines et le cortège des étudiants). — Septième tableau, Suite de la Mi-Carême (musique et char du pôle nord).— Huitième tableau, le Ballet du théâtre du Châtelet à Paris (dans la belle féerie de La Biche au Bois).
Séances aux heures et aux demi-heures.
Tous les soirs de huit h. à dix heures.
Dimanches, jeudis et fêtes grandes matinées de familles.
***
Nous avons le plaisir d'annoncer que M. Grenier tout en nous donnant le nouveau spectacle du Chronophotographe nous a conservé encore cette année la bonne fortune de profiter de ses phonographes, chansons, airs d'opéra, monologues, etc., et de son Kinétoscope qui donne en petit ce que produit le Chronophotographe, c'est-à-dire la vue de photographies dont les personnages sont doués de mouvement. Les scènes les plus animées telle que rixes entre buveurs, animaux dressés dansant à la corde, capture d'un pick-pocket, font l'admiration de tous ceux qui s'offrent ce spectacle à prix modique.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 17 juin 1897, p. 3.
Les films utilisés dans le kinétoscope semble déjà dater un peu et l'on imagine qu'Ernest Grenier continue d'utiliser le stock dont il dispose. Pour les films du chronophotographe, leur nombre est assez limité, puisqu'au total, ils ne dépassent la vingtaine de vues animiées, chiffre que l'on retrouve d'ailleurs dans les autres villes par où il passe. C'est finalement dans les premières jours de juillet que le chronophotographe annonce son départ :
CHRONOPHOTOGRAPHE DE M. GRENIER
Aujourd'hui dimanche, clôture définitive du splendide théâtre électrique.
Aussi pour que tout le monde puisse en profiter, la direction a mis ses représentations à prix réduits : 40 centimes aux premières ; 25 centimes aux secondes.
Les nouveaux et derniers tableaux de scènes animées, mouvementées grandeur naturelle et en couleurs, sont d'un effet si saisissant si merveilleux que les retardataires qui n’ont point encore vu ce curieux et inoubliable spectacle s'y porteront en foule pour l'admirer et profiter en même temps du bon marché.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 4 juillet 1897, p. 3.
Le Cinéphotographe du théâtre Cocherie (Place Divette, 8-11 juillet 1897)
Propriétaire du célèbre théâtre Cocherie, Robert Colin s'installe à Cherbourg sur la place Divette dès les premiers jours de juin (La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 3 juin 1897, p. 3. Pourtant, il faut attendre le mois de juillet pour que soit annoncé un cinématographe parmi les attractions proposées, en particulier, les féeries comme Le Pays de l'or en 3 actes et 12 tableaux. C'est précisément entre les actes 2 et 3 que vient s'intercaler un cinéphotographe :
Entre le deuxième et le troisième acte, la Direction vient d'inaugurer une attraction nouvelle appelée à un très vif succès depuis jeudi.
UN CINÉPHOTOGRAPHE
mû par l'électricité projette sur un écran de 16 mètres carrés des vues animées et en couleurs et dont les personnages sont réellement en grandeur naturelle.
Par suite des dispositions spéciales du moteur, trépidation presque nulle dans les scènes représentées.
La sécurité des spectateurs est également assurée par l'emploi de l'électricité.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, samedi 10-dimanche 11 juillet 1897, p. 3.
L'appareil dont il est question pourrait provenir du constructeur Lépée qui commercialise un cinématographe sous ce nom. Mais plus rien dans les jours suivants, ce qui laisse à penser que l'expérience n'a pas donné entière satisfaction.Alors que le théâtre Cocherie est sur le départ, une nouvelle loge arrive sur la place Divette, il s'agit du théâtre de Clam :
Le théâtre de Clam
Un nouveau théâtre forain vient du s'installer sur la place Divette. C'est celui de Clam dit le roi des Pitres.
Ses débuts ont lieu aujourd'hui, nombreuses sont les attractions annoncées :
Danse serpentine — Voyage autour du monde avec le Clnéclamographe. — Le jongleur Gabriel. — Miss Ledia et sa danse. — Le Tzar et la Tsarine à Paris. — Mlle de Ouiska et son chant du grand air de Galathée.
Prix des places. — Premières 75 cent. ; secondes : 50 cent. ; troisièmes : 30 cent.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, dimanche 18 juillet 1897, p. 3.
Parmi les attractions annoncées, le Cinéclamographe dont le nom lui-même suggère davantage une parodie - ou un simple numéro - qu'un appareil cinématographique, mais sait-on jamais.
Le Cinématographe de M. Clatot (Café de Foy, 22-[26] décembre 1897)
C'est premier étage du café de Foy, sur le quai Caligny, en face du port, que s'installe le tourneur Clatot avec son cinématographe. La première a lieu le mercredi 22 décembre 1897 :
Le Cinématographe combiné avec le Graphophone
Depuis mercredi soir (pour rester quelques jours encore), M. Clatot donne au café de Foy, en face du port, d'intéressantes représentations de cinématographe combinées avec le graphophone.
Pour traduire en langage courant ces deux mots scientifiques où le public ordinaire ne voit généralement pas très clair disons qu'en même temps qu'il vous montre de magnifiques tableaux animés, tels que la Mort du clairon l'on entend les paroles et le chant de la belle pièce de Paul Déroulède de sorte qu'on croirait entendre parler ce troupier qu'on voit mourant.
De même du défilé d'artillerie au son des trompettes. On voit les chevaux en marche et en même temps, l'on entend les trompettes. C'est merveilleux.
Entrée par le couloir à droite.
Séance au 1er étage.- Prix 50 Centimes.-Demi-place pour les enfants et les militaires.
La Vigie de Cherbourg et de la Manche, Cherbourg, 25-26 décembre 1897, p. 3.
Même si M. Clatot n'est pas le premier à proposer des projections de vues animées accompagnées d'un graphophone, la démarche est précoce. En ce qui concerne le film lui-même, il s'agit très certainement de La Mort du clairon de la maison Pathé. Il est en revanche plus délicat de connaître l'origine du second. Plus aucune autre information, ce qui laisse supposer que le tourneur a quitté Cherbourg.
Ed. du rendez-vous des touristes, Cherbourg.-Quai de Caligny (début XXe siècle)
1899
Théâtre électrique Grenier (Place Divette, [3]-[7] juin 1899)
Dès la fin du mois de mai, la presse annonce le prochain retour du Théâtre électrique Grenier, qui n'est pas revenu à Cherbourg depuis deux ans :
Théâtre électrique Grenier
Enfin, nous allons donc revoir, admirer et applaudir le splendide théâtre électrique de M. Grenier. Toute la ville de Cherbourg se rappelle le succès énorme que M. Grenier a obtenu avec toutes ses vues animées en couleur et grandeur naturelle, il y a 2 ans, place Divette. Cette année, le théâtre électrique revient à Cherbourg avec le biographe ! qui ne faudra pas confondre avec les quelques vues cinématographiques, que les cherbourgeois ont vu voir déjà. Non ! le biographe de M. Grenier donne tout ce que l'art des trucs animés et des projections électriques avec son moteur-bijou, dernière invention peut offrir de nouveau.
Par ses transformations tout ce que la mer, la terre, le ciel possèdent de secrets, tout est rendu avec une vérité absolue : tableaux artistiques, comiques humoristiques sont offerts d'une façon charmante.
Les Rayons X du docteur Roentgen avec expériences palpables et dissertation à l'intérieur par Mlle Adrienne et M. Edouard Grenier.
Le succès éclatant obtenu par M. Grenier fait qu'il revient à Cherbourg au bout de 2 ans avec la certitude d'être accueilli avec enthousiasme.
Donc plus de Cinématographe, mais le Biographe-Grenier. Tout Cherbourg viendra voir ses représentations qui n'ont pas leurs pareilles.
La Vigie de Cherbourg, Cherbourg, 25 mai 1899, p. 3.
Malgré ce que prétend l'article, le forain Ernest Grenier a déjà intégré un biographe à son spectacle depuis longtemps, mais il est sans doute vrai que les Cherbourgeois n'en on pas pas eu la primeur. En revanche, l'exploitant semble bien avoir abandonné son chronophotographe. Un deuxième article va nous livrer une part du programme proposé tout en nous rappelant qu'aucune foire particulière n'explique la présence de toutes les loges et baraques :
PLACE DIVETTE
La place Divette présente en ce moment l'aspect d'un véritable champ de foire, tel que ceux du nombre de villes qui pour se peupler en si grand nombre, ont pour prétexte un patronage spécifié et une date officiellement déterminée. Ainsi de la Foire de Caen, de la foire de Falaise, la St-Taurin à Evreux, la St-Ursin à Lisieux, etc.
Il est assez curieux de voir qu'un si grand nombre d'établissements forains se soient donné rendez-vous sans être prévenus d'avance par aucun prétexte fourni par le calendrier.
En cela d'ailleurs, ils no font que consacrer une habitude prise depuis plus d'une dizaine d'années.
Le soleil et la chaleur de juin les a rappelés parmi nous et nos concitoyens vont avoir d'ici quelque temps un lieu de récréation très varié.
Il n'était pas trop tôt, car notre ville était depuis longtemps bien trop calme, bien trop morose.
Voici une nomenclature des diverses attractions offertes a la curiosité publique :
[...]
Théâtre électrique Grenier
M. Grenier vient de nous adresser le programme de sa première soirée d'aujourd'hui samedi 3 juin.
Comme la composition de ce beau programme nous paraît particulièrement attrayante, nous nous empressons de le mettre sous les yeux de nos lecteurs qui, nous n'en doutons pas, y partiront en foule.
PROGRAMME
Le Biographe Grenier avec ses vues à transformations
Prix du concours de grimaces
La sortie des étables
La moissonneuse
Les farces de Jocko
Le saut d'un mur par les chasseurs alpins
L'ours et la sentinelle
Duel politique
Biographe : ses vues à transformations
Grande lutte extravagante
L'auberge ensorcelée
Le cauchemar (scène fantastique)
Tous les 2 jours, changement de série.
Les mercredi et vendredi, soirée de gala
N. B. — Disons en outre que mercredi 7 juin, M. Grenier offrira sa première séance de gala. Les personnes qui désireraient assister à cette jolie séance, sont priées de prendre leurs places à l'avance.
Il ne sera perçu aucun supplément pour la location. La moitié de la salle est déjà retenue, Le programme des séances de gala sera affiché au théâtre électrique dans sa Salle des Dépêches.
Les dernières actualités paraîtront à ces séances.
La Vigie de Cherbourg, Cherbourg, 4 juin 1899, p. 3.
1905
Le Cinématographe Américain (Place Divette, <30> avril 1905)
Le Cinématographe Américain est installé sur la place Divette en avril:
Cinématographe
Le véritable Cinématographe Américain installé sur la place Divette, informe le public qu'il donnera samedi et dimanche, deux grandes représentations de gala avec un chef d'œuvre cinématographique, Drame d'Amour. Scène de la vie parisienne, en 28 tableaux.
Cette scène peut-être vue par tout le monde.
La Vigie de Cherbourg, Cherbourg, dimanche 30 avril 1905, p. 1.
Le cinématographe de Ferdinand Somogyi (Casino, 29-30 avril 1905)
Le tourneur Ferdinand Somogyi installe pour deux jours son cinématographe au Casino :
Casino de Cherbourg
UN SPECTACLE DE FAMILLE
Nous aurons la bonne fortune, samedi et dimanche, de pouvoir assister, au Casino de Cherbourg, à des représentations cinématographiques que donnera le théâtre international scientifique Urania, que dirige le viennois Ferdinand Somogyi, en tournée autour du monde.
Nous avons sous les yeux le programme : donner une liste des tableaux qui seront représentés serait impossible, car il n'y en a pas moins de 222. Disons seulement que le spectacle est des plus variés, et qu'à côté de scènes prises sur les champs de bataille de la Mandchourie, nous verrons se succéder les fantaisies les plus amusantes, les plus originales. Sous nos yeux émerveillés défileront successivement les villes les plus célèbres du monde entier avec leur animation accoutumée. Puis nous assisterons à des danses turques, espagnoles, russes; nous verrons une corrida de toros, etc, etc.
Le spectacle est moral, et petits et grands peuvent le voir sans être offusqués. Ajoutons que la modicité des prix le met à la portée de toutes les bourses.
Séances samedi 29 et dimanche 30 avril, à 8 h. 1/2 du soir.-Matinées à 2 h 1/2.
Prix d'entrée: Fauteuils, 1 fr. 50; Premières, 1 fr.; Secondes, 0 fr. 50.
La Vigie de Cherbourg, Cherbourg, dimanche 30 avril 1905, p. 1.
Le cosmographe Faraud (Casino, <28> septembre 1905)
Les Faraud ou leur représentant propose des projections de vues animées à l'automne 1905 :
CASINO DE CHERBOURG Ce n'est pas «Trois femmes pour un mari» ; la comédie vaudeville de joyeuse mémoire, que nous donne en ce moment le théâtre du Casino-Plage, mais bien « Dix femmes pour un mari » provoquent chaque soir un fou rire auquel il est impossible de résister. La course folle de ces dix trottins après le mari promis par les annonces de mariage du journal est • une chose qu'on ne peut raconter mais qu'il faut voir, c'est fou, mais c'est drôle. Ce soir, le programme annonce « le dompteur Litz et sa ménagerie ». C'est paraît-il, la ; vue la plus longue qui existe actuellement sa durée est de 20 minutes. Voilà un morceau de résistance qui vient s'ajouter au programme déjà si intéressant du Cosmographe Faraud, et que nous recommandons tout spécialement aux amateurs d'attractions mouvementées.
Cherbourg-Éclair, Cherbourg, 28 septembre 1905, p. 1.