- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 16 décembre 2019
- Publication : 25 mars 2015
BREST
Jean-Claude SEGUIN
Brest, commune du Finistère, compte 78,854 habitants (1894).
1896
Le Cinographoscope de M. Trésel (septembre-octobre 1896)
C'est sous la responsabilité de M. Trésel que le cinégraphoscope parcourt la Bretagne à l'automne 1896. L'appareil a été présenté, quelques jours auparavant, à Saint-Brieuc. Le cinographoscope est un appareil conçu par les inventeurs Alexandre et J. Pipon. Dès la première annonce, tout le programme de l'inauguration est décliné. Les séances vont avoir lieu dans la baraque installée sur la place de la Liberté :
Spectacles et divertissements
[...]
Le " cinographoscope "
C'est demain samedi, sur la place de la Liberté, que débute le cinographoscope. Le programme, du 5 au 9 septembre, comprend les dix vues suivantes :
1. L'arrivée d'un train en gare de Passy.
2. Voyage de 5 kilomètres express.
3. La sortie de l'usine.
4. Les Montagnes russes nautiques,
5. L'abreuvoir.
6. Place et gare du Havre.
7. Vue de la mer (à Dieppe).
8. Les chiens savants.
9. Le jardinier surpris.
10. Place de l'Opéra.
Les séances ont lieu tous les jours, l'après-midi, à 3, 4 et 5 heures, et le soir, de 8 à 11 heures, de demi-heure en demi-heure.
La Dépêche de Brest, Brest, 4 septembre 1896, p. 4.
Lorsque les vues sont identifiables, elles appartiennent au catalogue Pathé, mais il n'est pas exclu que les propriétaires du cinégraphoscope aient pu présenter d'autres films venant d'un autre éditeur. Les circonstances ne sont pas en faveur du spectacle puisque l'inauguration doit être repoussée pour cause de mauvais temps :
Le cinographoscope
Par suite du mauvais temps, le cinographoscope, qui devait inaugurer, hier soir, la série des représentations qu'il doit donner, à Brest, sur la place de la Liberté, n'ouvrira ses portés qu'aujourd'hui dimanche.
La Dépêche de Brest, Brest, 6 septembre 1896, p. 3.
Dans les jours qui suivent, le temps est plus clément et autorise les projections de vues animées. Le 15 septembre, La Dépêche de Brest consacre un long article au mécanisme du cinématographe, mais n'apporte pas d'information particulière sur le cinographoscope (La Dépêche de Brest, Brest, 15 septembre 1896, p. 2). Quelques jours plus tard, c'est une importante tempête qui va avoir raison de la baraque du cinographoscope :
LA TEMPÊTE
[...]
Sur la place de Liberté, le cinographoscope a eu sa toiture déchirée. Il a été obligé de démonter sa baraque pour faire ses réparations. D'autres baraques foraines ont aussi éprouvé des dégâts.
La Dépêche de Brest, Brest, 26 septembre 1896, p. 2.
Les dégâts sont suffisamment importants - l'appareil lui-même semble avoir été victime de la tempête - pour les propriétaires soient contraints de repousser leur départ :
Le cinographoscope. — La tempête qui s'est abattue ces jours derniers sur Brest a causé des dégâts assez importants au cinographoscope, installé sur la place de la Liberté. La direction, qui avait décidé de quitter notre ville dans le courant de la semaine, se trouve dans l'obligation de rester encore ici une quinzaine de jours.
Aussitôt que les travaux de réparations, qui sont poussés activement, le permettront, le cinographoscope réouvrira ses portes au public, qui a déjà apprécié cette intéressante attraction.
Le Dépêche de Brest, Brest, 29 septembre 1896, p. 3.
C'est finalement le 8 octobre, après un peu moins de quinze jours, que les séances vont reprendre (La Dépêche de Brest, Brest, 8 octobre 1896, p. 3). En ce qui concerne la programmation des vues, l'événement est constitué par la projection des films des Fêtes franco-russes (La Dépêche de Brest, Brest, 17 octobre 1896, p. 3). Alors que le départ du cinographoscope se rapproche, les propriétaires, agissant en cela comme bien des pionniers, annoncent une réduction du prix des entrées. Ce qui est toutefois plus original, c'est que cela se fait sous couvert d'une conscience sociale peu fréquente :
Le cinographoscope
Le directeur du cinographoscope, voulant faire profiter la population laborieuse de Brest du spectacle offert tous les soirs en son établissement installé place de la Liberté, a décidé de donner, pendant quelques jours seulement, des soirées populaires à moitié prix.
En conséquence, aujourd'hui mardi et jours suivants, le prix des places sera de : les premières, 0 fr. 50 ; les secondes, 0 fr. 25.
Tous les soirs, de six à sept heures, il sera donné des séances spéciales pour les ouvriers du port, aux prix indiqués plus haut.
Programme des soirées populaires :
La descente de l'omnibus, les danseurs de corde, la corvée des paillasses, une partie de cartes, sortie de l'arsenal, les fêtes franco-russes à Paris, le boniment.
La Dépêche de Brest, Brest, 20 de octobre de 1896, p. 4.
Le renouvellement des vues semble alors très limité. Il faut dire que le cinographoscope va bientôt quitter Brest pour Morlaix et l'heure n'est plus aux découvertes cinématographiques. En ce qui concerne le répertoire, certaines vues semblent avoir une couleur locale - voir ci-après -, mais les pratiques incitent à la prudence. Il arrive que les opérateurs modifient légèrement leur titre pour laisser croire qu'elles ont été tournées dans la région. En tout état de cause, lorsque des vues locales sont filmées, elles sont mises en avant, car il s'agit d'un argument publicitaire efficace... Or, ça n'est pas le cas à Brest. Quelques jours plus tard, M. Trésel et son cinographoscope se retrouvent est à Morlaix.
Répertoire (autres films) : Le coup de collier, Les Clowns excentriques, Le Défilé des hussards (La Dépêche de Brest, Brest, 11 septembre 1896, p. 3), Miss Bébé et ses chiens (au jardin), En wagon, près Mante, Baignade de Soudanais, Partie de cartes, Foule sur la pelouse de Longchamp, Place de la Bastille (Le Journal de Brest, Brest, 13 septembre 1896), La Soupe des Malgaches, La Corvée des paillasses, La Pêche aux verveux, La Danse du Moulin-Rouge, La Corvée du fourrage, La Place de la République (Rouen) (Le Journal de Brest, Brest, 17 septembre 1896), Sardiniers dans le port de Concarneau, Descente de l'omnibus devant l'hôtel, Une grue à vapeur, Déchargement d'un navire, Sortie de l'arsenal à Rochefort, Le Duel, Embarquement en bateau, Enfants sur la plage, Place de l'Opéra (à Paris) (La Dépêche de Brest, Brest, 25 septembre 1896, p. 4), Enfants jouant à la balle (La Dépêche de Brest, Brest, 8 octobre 1896, p. 3), Les Fêtes franco-russes, Le Cortège officiel (Le Dépêche de Brest, Brest, 17 octobre 1896, p. 3), Baignade de chevaux, Place de la Bastille, Déshabillé d'un clubman, Voyage sur la Seine (La Dépêche de Brest, Brest, 19 octobre 1896, p. 3).
1897
Le Cinématographe Joly (juin 1897)
L'organisation de séances cinématographiques, en juin 1897, avec un appareil Joly-Normandin a de quoi surprendre. L'incendie tragique du Bazar de la Charité, qui a eu lieu le 4 mai 1897, est encore dans toutes les mémoires... mais le public sait-il précisément quel est l'appareil incriminé ? En tout état de cause c'est bien ce cinématographe-là qui s'installe à Brest, au Treillis-Vert :
Le Cinématographe à Brest
Cette semaine s'est installé, dans notre ville, un impresario avec le Cinématographe perfectionné Joly, le merveilleux appareil, qui est actuellement en si grande vogue au Parisiana-Concert, où il obtient un succès incontestable et incontesté ; l'éloge n'est plus à faire.
Grâce à un dispositif spécial, qui permet d’obtenir des vues de la plus grande netteté, il est donné à chacun des spectateurs d’assister à des scènes du plus haut comique ou des plus poignants, ainsi qu’aux plus réelles de la vie quotidienne. C'est, en un mot, la reproduction saillante de la nature, prise sur le vif, dans ses moindres détails. Tout s’agite, vit, se meut. Nous ne saurions donc trop engager nos lecteurs à aller visiter le coquet établissement du Treillis-Vert, et à se rendre compte par eux-mêmes de ce spectacle absolument unique, scientifique et divertissant, qui résume les tout derniers progrès accomplis par la science et l'art.
Les représentations seront données, chaque soir, d’heure en heure, au Treillis-Vert, Place de la Liberté. Ajoutons qu’avec le Cinématographe, le public pourra obtenir des auditions des meilleurs artistes de la capitale, par le célèbre haut-parleur Edison.
Prix des places : 1res, 0 fr 50;2es,0fr.30.
L'Étoile de la Mer, Brest, 19 juin 1897, p. 4.
On remarquera une allusion au Parisiana où, en effet, un cinématographe Joly présente alors, avec succès, des vues animées. Aucun autre article ne vient apporter de nouvelles informations sur ces projections. Quel est l'opérateur audacieux qui n'hésite pas à braver ainsi l'actualité pour proposer des séances de cinématographe avec un appareil Joly ? Il ne serait pas incensé de penser que le propre Ernest Normandin, qui vend les cinématographes Joly, est derrière ces séances. N'a-t-il pas déjà présenté l'appareil, en Bretagne, dans les premiers mois de l'année 1897 ?
1901
The Royal Viograph de Constantin Daue (20 juillet-> 15 août 1901)
Constantin Daue arrive à Brest à l'occasion de l'Exposition Internationale de Brest avec The Royal Viograph, l'appareil cinématographique avec lequel il parcourt le territoire français. Un première séance, réservée aux autorités et à la presse, est donnée le samedi 20 juillet 1901 :
L'Exposition internationale de Brest
« The Royal Viograph »
M. de Daue, le sympathique directeur du Royal Viograph, a pour principe de faire les choses grandement. C'est pourquoi, son installation étant terminée, il donnera ce soir, à neuf heures, une représentation de gala en l'honneur des autorités civiles et militaires brestoises.
Cette représentation sera, en quelque sorte, l'ouverture officielle de cette merveilleuse attraction.
Pour cette circonstance, le programme suivant a été composé par M. de Daue :
1. Le Pêcheur récalcitrant (scène de genre).
2. Manœuvre des pompiers qui ont remporté la 1re médaille d'or à l'Exposition de Paris.
3. Le Bain du chien (récréation en famille).
4. Cavalcade du cirque de lord Sanger, le plus grand et le plus luxueux du monde.
5. Le Chapeau récalcitrant (scène de spiritisme abracadabrant).
6. Les Funérailles de la reine Victoria : passage du cercueil de Sa Majesté entre toutes les flottes des puissances réunies ; transport du cercueil à la gare de Windsor-Castel ; défilé du cortège à Hyde-Park, à Londres ; la foule après le cortège.
7. La Tentation de saint Antoine (très amusant).
8. Le chevalier Mystère (la dernière création du théâtre Robert Houdin).
9. Le Diamant noir express, 120 kilomètres à l'heure (voyage en Amérique).
10. La Dislocation fantastique.
11. Poursuite d'un navire par des torpilleurs.
12. Les Krémos, les plus forts acrobates du monde.
13. Le Diable au couvent (grande féerie, merveille de coloration), suivie d'une vision mystique sur les flots, prise sur mer véritable.
14. Les remerciements de la direction.
Nul doute que l'élite de notre société ne se rende à la courtoise invitation de M. de Daue.
La Dépêche de Brest, Brest, samedi 20 juillet 1901, p. 2.
Le même journal publie le compte rendu de la soirée dans son numéro du mardi 23 juillet :
« The Royal Viograph »
L'abondance des matières nous a fait remettre à aujourd'hui le compte rendu de la soirée de gala de samedi, offerte aux autorités civiles et militaires de Brest par M. de Daue, le sympathique directeur du Royal Viograph.
Celte soirée, à laquelle les personnalités les plus en vue de notre ville étaient représentées, a été des mieux réussies. La salle, tendue de draperie noire, pour rendre plus apparentes les projections, et décorée avec soin, présentait un aspect tout particulier, vraiment digne de cette attraction.
Les diverses scènes qui composaient le programme, choisies par M. de Daue, ont été toutes fort applaudies, entre autres : La guerre de Chine, où l'on voit défiler devant l'empereur et l'impératrice d'Allemagne toutes les troupes destinées à cette expédition, ainsi que l'embarquement et le départ du bateau qui les a transportées en Chine ; ensuite, ce sont des vues de Pékin, Hong Kong, etc. ; le siège de Tien-Tsin par les escadres des alliés réunies, le massacre d'un missionnaire français par les Boxers etc. Tous ces tableaux qui sont la reproduction de la réalité sont d'une netteté extraordinaire. Ils ont impressionné l'assistance,qui a applaudi frénétiquement. Les funérailles de S. M. la feue reine d'Angleterre, la féerie du Chevalier mystère suivie de la Vision mystique du Christ marchant sur les flots, mit mis les spectateurs au comble de l'admiration.
Celte représentation qui a duré plus de deux heures, fait le plus grand honneur a M. de Daue, qui a donné une fois de plus une preuve de la valeur et de la supériorité incontestable et incontestée du Royal Viograph, ce qui atteste sa renommée tant vantée.
La Dépêche de Brest, Brest, mardi 23 juillet 1901, p. 2.
On retrouve ici non seulement les titres déjà annoncés, mais quelques vues complémentaires du répertoire du Royal Viograph de Constantin Daue. Désormais, La Dépêche de Brest, avec une grande régularité va publier des articles - dont l'origine pourrait être le responsable du cinématographe lui-même - qui constituent une sorte de chronique. Les textes sont enlevés, parfois lyriques, toujours favorables au spectacle :
The Royal Viograph
S'il est un spectacle aussi instructif qu'intéressant, c'est bien celui de cette merveilleuse attraction ; on demeure réellement stupéfait devant la régularité, la précision, des mouvements les plus compliqués. On a dit souvent que la science était l'antagonisme de l'esthétique. La photographie animée vient démentir péremptoirement cette opinion : Quoi de plus gracieux que la reproduction exacte d'un corps de ballet ! quoi de plus suggestif que la traversée d'une riante vallée par un train de chemin de fer ! Quoi de plus poignant que les épisodes de la guerre, où l'on voit les hommes dans leurs positions les plus vraies, les plus vécues, défendant ou attaquant leur position !
Grâce au cinématographe, rien ne se perd des épisodes, des manifestations de la vie.
Aller au Royal Viograph, c'est aller vivre d'une vie intense, forte, c'est assister au plus merveilleux spectacle qu'on ait imaginé.
La Dépêche de Brest, Brest, vendredi 26 juillet 1901, p. 2.
Tout en annonçant le programme des prochains jours, l'auteur des lignes qui suivent met l'accent sur la qualité morale des vues présentées par le Royal Viograph :
The Royal Viograph
Les quelques représentations données par M. Daue, depuis l'ouverture du Royal Viograph, ont suffi à en faire apprécier la valeur, aussi n'est il pas étonnant de voir, chaque soir, un public nombreux et choisi assister à ce spectacle extraordinaire.
Ce qui fera toujours prévaloir le Royal Viograph sur toutes les attractions similaires, c'est qu'il s'est attaché à ne présenter que des tableaux irréprochables, d'une moralité au-dessus de toute critique, le rendant visible pour les familles. C'est la raison pour laquelle le Royal Viograph est et sera toujours le rendez vous préféré des amateurs et admirateurs de cette grande et belle invention.
Voici le programme qui sera présenté, aujourd'hui et jours suivants, en matinée et en soirée :
1º La maison que Jacques a construite ; 2º les glissoires au Canada; 3º les pick-pockets américains ; 4º les éléphants du professeur Maximilian ; 5º l'homme orchestre; 6º la chasse de la duchesse d'Uzès; 7º le livre magique; 8º proclamation et funérailles ; 9º sortie sans permission; 10° miracles du brahmine ; 11º danse espagnole ; 12º grande charge de cavalerie ; 13º la cigale et la fourmi ; 14º le prince, le sorcier et le bon génie ; 15° jeu de la couverture ; 16º guerre du Transvaal ; 17º les sept péchés capitaux ; 18º un cas embarrassant au Grand Hôtel ; 19º Jeanne d'Arc (pièce à grand spectacle en 12 tableaux).
Ce programme, composé de numéros extraordinaires, obtiendra, nous en sommes certains, un immense succès.
La Dépêche de Brest, Brest, dimanche 28 juillet 1901, p. 2.
Le succès des vues d'actualité est manifeste et il ne fait pas de doute que le public est particulièrement saisi par les vues relatives à la Guerre du Transvaal dont Charles Urban s'est fait une spécialité :
The Royal Viograph
M. de Daue continue le cours de ses succès avec le merveilleux appareil qui lui permet de nous montrer à Brest les événements dont l'Afrique du Sud est le théâtre.
L'on a remarqué et applaudi d'une façon toute particulière deux scènes de la guerre du Transvaal : l'arrivée du train blindé contenant les Anglais blessés à la suite d'une escarmouche et le passage de l'un des gués de la Tugela, près de Ladysmith, avec de longs attelages de bœufs, bien difficiles à conduire.
Grâce à la perfection de l'appareil de M. Urban, si bien manœuvré par M. de Daue, le public a l'illusion complète du spectacle auquel il assiste.
La Dépêche de Brest, Brest, mardi 30 juillet 1901, p. 2.
Les éloges pleuvent et ils concernent cette fois-ci, directement, Constantin Daue... Si l'on imagine qu'il n'a peut-être rédigé lui-même ce texte, on peut malgré tout penser que l'un de ses collaborateurs n'est pas loin. Quelles que soient les qualités intrinsèques du Royal Viograph, on est en droit d'imaginer que le chroniqueur en rajoute un peu :
La quantité, inépuisable de tableaux que possède M. de Daue lui permet de changer aussi souvent qu'il lui plaît le programme de ses représentations.
C'est ce qui fait que chaque semaine il nous présente toujours du nouveau, sans craindre de se voir obligé de donner des scènes ayant déjà servi à composer ses précédents programmes des représentations données dans la même ville.
Nous pouvons donc être assurés que si M. de Daue et son Royal Viograph restent encore deux mois dans notre ville, de pouvoir aller au moins une fois par semaine assister à ses splendides représentations sans crainte de voir des tableaux déjà vus précédemment.
Cet avantage, tout particulier au Royal Viograph, atteste une fois de plus encore la supériorité de cette attraction vraiment unique.
Aujourd'hui, matinée à quatre heures, moitié prix pour les enfants au-dessous de dix ans.
La Dépêche de Brest, Brest, jeudi 1er août 1901, p. 2.
Alors que les projections ont commencé, il y a déjà une dizaine de jours, il est question d'apporter une amélioration aux projections, mais rien n'est clairement dit sur sa nature :
The Royal Viograph
Une indiscrétion nous permet d'informer nos lecteurs que M. de Daue, toujours à l'affût des derniers perfectionnements apportés au cinématographe, va recevoir le dernier cri de cette invention.
Sous peu, il se propose de le présenter au public, qui reconnaîtra facilement sa supériorité sur celui actuel.
La matinée d'hier a été des mieux réussies. Public sélect et nombreux.
Nous publierons demain le détail du programme qui sera donné samedi.
La Dépêche de Brest, Brest, vendredi 2 août 1901, p. 2.
Dans l'édition du dimanche 4 août, le journaliste décline les différents tableaux présentés, dont certains ont déjà fait partie des programmes antérieurs :
The Royal Viograph
M. de Daue, qui ne se départit pas de sa promesse, continue à nous donner chaque semaine une série de tableaux les plus divers et des plus beaux.
Voici le programme inauguré hier et qui sera présenté pendant toute la semaine :
Le Grand Prix de Paris, ce que l'on voit dans un télescope, baigneurs et plongeurs, promenade au Jardin d'acclimatation, l'homme aux têtes, l'incendie des docks de New-York, Chicot dentiste, la tentation de saint Antoine, triste voyage de noce, pyramides humaines, danses de nègres à Fachoda, un cas embarrassant dans un hôtel, quelques épisodes de la guerre de Cuba, scènes de boxe américaine, la loupe de Grand Maman, scaphandriers à la recherche des restes de la Bourgogne, arrivée du président Kruger à Marseille et à Paris, dans un club de Paris, etc.
Aujourd'hui, matinée à quatre heures, avec prix réduits pour les enfants au-dessous de dix ans. Le soir, à cause de la fête de la Pomme les visiteurs du Royal Viograph ne seront admis que par son entrée particulière du cours d'Ajot.
La Dépêche de Brest, Brest, dimanche 4 août 1901, p. 2.
Le dimanche suivant, un dernier programme est publié dans La Dépêche de Brest :
The Royal Viograph
Le succès du Royal Viograph n'a fait qu'augmenter et, chaque soir, c'est au milieu d'une assistance aussi nombreuse que choisie qu'ont lieu les représentations.
Voici le programme qui sera donné en représentation aujourd'hui et les jours suivants :
Entrée et sortie dans un collège, voyage de Calais à Douvres, le mari surpris, course de la Petite Gironde, l'engagement d'une soubrette, le mangeur de sandwichs, pont transbordeur de Rouen, bataille de matelassières, la mission Marchand aux montagnes russes, les farces dans une cuisine, voyage aux Indes, les chevaux plongeurs, laissez-moi rêver, etc., etc.
Aujourd'hui, matinée à quatre heures. Prix d'entrée des enfants au-dessous de dix ans ; 1re, 0 fr. 50 ; 2e,0 fr.40; 3e,0 fr.30.
La Dépêche de Brest, Brest, dimanche 11 août 1901, p. 2.
Le chroniqueur se lance alors dans de savants calculs pour épater le lecteur brestois en lui offrant une comparaison locale :
The Royal Viograph
Sait-on quelle longueur représentent les files des divers tableaux que le public voit défiler devant ses yeux à chaque séance ?
La longueur phénoménale de 900 à 1000 mètres suivant le programme, c'est à-dire la distance du grand pont à la place des Portes. Certains tableaux, comme ceux de la course de taureaux, du Diamand Express atteignent jusqu'à 300 mètres.
On se fera donc facilement une idée de l'importance que peut avoir un cinématographe qui, comme le Royal Viograph, présente chaque semaine un programme nouveau.
La Dépêche de Brest, Brest, mercredi 14 août 1901, p. 2.
C'est finalement à la mi-août que Constantin Daue reçoit le nouvel appareil censé régler tous les problèmes de scintillement de l'image - problème assez constant tout au long des premières années du cinématographe - et, beaucoup plus surprenant, projeter des vues en relief. Il ne reste plus qu'à faire des essais :
The royal Viograph
Le nouvel appareil que vient de recevoir M. de Daue, dont nous avons déjà parlé dans un de nos précédents numéros, est le plus perfectionné existant à ce jour. Il supprime complètement toute vacillation, de telle sorte que les tableaux sont présentés dans une fixité absolue, qualité essentielle du cinématographe ; de plus, par suite d'un nouveau dispositif de l'objectif, les tableaux sont projetés en relief, ce qui leur donne de la vigueur et les fait ressortir à leur juste valeur.
Si les essais confirment ces qualités, nous pouvons nous attendre à voir tout ce qu'il y a de plus perfectionné en fait de cinématographe.
Aujourd'hui, matinée à quatre heures, moitié prix pour les enfants au-dessous de dix ans.
La Dépêche de Brest, Brest, jeudi 15 août 1901, p. 2.
Les essais ont-ils été fructueux ? Difficile de le savoir. Toujours est-il que le Royal Viograph disparaît des colonnes de La Dépêche de Brest.
1905
Le Théâtre International Scientifique Urania de Ferdinand Somogyi (Casino, 23 mars 1905)
Le Théâtre international scientifique Urania, propriété de Ferdinand Somogyi, effectue une importante tournée en France. Il vient de Quimper, et donne, à Brest, des représentations le 23 mars 1905 :
CINÉMATOGRAPHE POUR FAMILLES
Demain jeudi, deux matinées à deux heures et à 4 h. 1/2 seront données pour les élèves des écoles et les familles, au Casino brestois, par le Théâtre international scientifique Urania, dirigé par M. Ferdinand Somogyi, de Budapest, en tournée autour du monde.
Le programme, des mieux compris, comprend 222 projections polychromes, de la grandeur de la scène.
Parmi ces tableaux, citons : A travers le firmament et des vues des principales villes du monde ; enfin, les principaux épisodes de la guerre russo-japonaise.
M. Somogyi nous a fourni une lettre de M. Berneaux, inspecteur d'académie du Finistère, l'autorisant à donner des représentations devant les enfants des écoles et des attestations de nombreux directeurs d'écoles normales et d'instituteurs et d'institutrices, chefs d'établissements scolaires, etc.
C'est donc en toute confiance que nous recommandons ce spectacle aux enfants et aux familles, car il est absolument distinct des représentations ordinaires du Casino.
Prix des places : premières, un franc ; élèves, 0 fr. 50 ; secondes, 0 fr. 50 ; élèves, 0 fr. 25.
La Dépêche de Brest, Brest, mercredi 22 mars 1905, p. 4.
Le public ciblé, dès le titre de l'article, est celui des familles brestoises et tout particulièrement les enfants des écoles qui constituent un parterre captif pour ce type de représentation dont la durée est assez exceptionnelle malgré tout puisque 222 projections sont annoncées. Les projections cinématographiques font partie d'un spectacle constitué de plusieurs numéros :
CASINO BRESTOIS
Faire le tour du monde en trente minutes ; voir, tour à tour, une rue de Londres, les canaux de Venise, une maison de thé de Shanghaï, la tour de porcelaine de Nankin, etc., etc., n'est pas chose banale, surtout si l'on exécute pareil voyage étant commodément assis dans une salle de théâtre.
Eh bien ! ce tour de force peut être réalisé par tout le monde. Chaque soir, au Casino, le cinématographe de M. Somogyi fait défiler une série de vues animées, absolument hors pair ; toutes sortent de l'ordinaire, tout est inédit et renouvelé chaque soir.
Si, à cette attraction extraordinaire, l'on ajoute la vaillante phalange d'artistes composant la troupe du Casino, l'on est en présence d'un programme d'une supériorité incontestable sur ceux des établissements similaires.
Jeudi prochain, à l'occasion de la Mi-Carême, grand bal costumé après le spectacle ; l'entrée sera absolument gratuite pour les personnes ayant assisté à la représentation qui, ce jour, commencera à huit heures précises.
Ce soir, projections lumineuses sur la façade du Casino.
Prochainement, pièce à grand spectacle.
Le Dépêche de Brest, Brest, lundi 27 mars 1905, p. 2.
Les séances vont se prolonger jusqu'au 30 mars 1905 :
CASINO BRESTOIS
[...]
Pour quelques représentations encore, le cinématographe de M. Somogyi, qui nous prie d'annoncer, pour jeudi prochain, ses deux dernières matinées réservées aux écoles et aux familles.
Ce soir, projections lumineuses sur la façade du Casino, de huit heures à à neuf heures.
Jeudi, à l'occasion de la Mi-Carême, la représentation commencera à huit heures précises, afin d'être terminée pour onze heures précises, afin d'être terminée pour onze heures. Après le spectacle, grand bal. Les personnes travesties seront admises à la représentation, l'entrée du spectacle donnant droit au bal.
La Dépêche de Brest, Brest, mardi 28 mars 1905, p. 4.
Ferdinand Somogyi quitte Brest pour se rendre à Morlaix.