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- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 29 septembre 2024
- Publication : 25 mars 2015
- Écrit par Jean-Claude Seguin
- Affichages : 12724
SAINT-QUENTIN
Jean-Claude SEGUIN
Saint-Quentin, commune du département de l'Aisne (France), compte 47 000 habitants (1894)
1896
Le Cinétographe de M. Arnould (28 août-7 septembre 1896)
L'annonce de l'arrivée d'un cinétographe à Saint-Quentin, à la fin du mois d'août 1896, montre déjà que le cinématographe s'est rapidement diffusé sur le territoire français. L'appareil s'installe dans une salle spécialement aménagée sur la rue de la Sellerie :
Photographies animées
On nous annonce l'arrivée à Saint-Quentin du Cinétographe-la dernière création de la science moderne.
Ce spectacle, le plus séduisant et le plus merveilleux du siècle, fait courir tout paris en ce moment et cette vogue est réellement justifiée.
Luxueusement installé dans un local spécialement aménagé à cet effet - le Cinétographe ne pourra nous donner qu'un nombre restreint de représentations- les séances auront lieu à partir de vendredi 28 courant, à 8 heures 1/2 du soir.
Nul doute que le public ne se porte en foule, 18, rue de la Sellerie, pour assister à un spectacle aussi attrayant qu'artistique.
Les séances durent environ 20 minutes et se succèdent sans interruption toute la soirée.
Prix d'entrée : 0 fr. 50 ; places réservées : 1 franc.
Journal de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 28 août 1896, p. 2.
Les projections vont avoir lieu juste à côté du Grand Bazar - situé aux 20-22, rue de la Sellerie - et le nom de l'appareil, cinétographe, n'est pas une coquille de journaliste, mais bel et bien un modèle vendu par les frères Werner, en fait l'un des tous premiers à être mis en vente en 1896.
Les projections ont lieu dans l'édifice qui se trouve juste à droite du Grand Bazar
Saint-Quentin-Rue de la Sellerie (Début XXe siècle)
Très peu de jours sont prévus - sans doute aussi à cause du nombre limité de vues dont dispose M. Arnould - et nous n'avons aucune information relative à la réception de l'appareil auprès des Saint-Quentinois. Un nouvel avis vient simplement confirmer le départ imminent du cinétographe et de son propriétaire :
Le Cinétographe
Cette curieuse invention qui fait courir tout Saint-Quentin au 18 de la rue de la Sellerie, annonce la clôture de ses représentations pour lundi soir. Il sera donc donné trois nouveaux spectacles, Samedi 5, Dimanche 6 et Lundi 7 courant, avec un programme nouveau, dont deux trains de chemin de fer et l’inauguration, en province, de la photographie animée en couleurs, - une pure merveille. M. Arnould, l’impresario, devant se rendre au palace théâtre de Londres, le 9, la clôture à Saint-Quentin aura lieu irrévocablement Lundi soir.
Journal de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 6 septembre 1896, p. 2.
La nouveauté, si l'on en croit cet entrefilet, ce sont les vues en couleurs, dont on semble dire qu'elles n'ont jamais été présentées en province. Difficile de le confirmer compte tenu du nombre important de cinématographes qui circulent depuis quelques mois. Le départ en catimini de M. Arnould est probablement dû à son empressement à rejoindre Londres, mais il faut également signaler que le cinétographe est loin d'être un appareil de bonne qualité, le témoignage du forain espagnol Eduardo Gimeno est là pour nous en convaincre.
Le Cinématographe de la place de l'Hôtel-de-Ville (septembre-octobre 1896)
Alors que les séances du cinétographe n'ont pas encore pris fin, les Saint-Quentinois peuvent lire dans la presse l'annonce d'une prochaine arrivée d'un cinématographe. Tout est mis en oeuvre pour que les séances se déroulent au mieux :
Nous apprenons avec plaisir qu'un véritable cinématographe va bientôt fonctionner dans notre ville, place de l’Hôtel-de-Ville, 42, dans l’ancien local du Crédit Lyonnais. Cet appareil, véritable merveille, fera certainement fureur à Saint-Quentin. Du reste la direction ne néglige rien pour qu’il en soit ainsi. L’installation électrique, confiée aux soins de M. Corbeaux, notre sympathique concitoyen, fait présager les plus surprenants résultats. Les projections obtenues feront certainement l’admiration de tous.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 30 août 1896, p. 2.
L'appareil fonctionne à l'électricité ce qui est loin d'être le cas général à ce moment-là. On peut aussi se demander pourquoi le journaliste parle de " véritable " cinématographe car il ne s'agit pas d'un Lumière, sans doute fait-il allusion aux multiples appareils qui existent déjà et qui donnent l'illusion d'un mouvement. Quelques jours plus tard, le journaliste rend compte d'une séance au cours de laquelle il a eu le plaisir de découvrir la nouvelle invention :
LE CINÉMATOGRAPHE de la place de l’Hôtel-de-Ville (Ancienne maison du Crédit Lyonnais)
C’est un spectacle peu ordinaire que celui auquel il nous a été permis d’assister samedi soir. La cinématographie, inconnue jusqu’à ce jour à St-Quentin, tient ni plus ni moins du prodige.
Nos lecteurs nous sauront gré de leur donner quelques renseignements sur cette intéressante nouveauté.
Disons tout d’abord que les auditeurs ont devant eux un cadre sur fond blanc d’une hauteur de deux mètres sur deux mètres cinquante de largeur. Derrière est placé l’appareil cinématographique qui lance, au milieu de l’obscurité, ses reflets électriques sur le cadre. Immédiatement apparaissent des objets qu’on fait mouvoir et des personnages qui agissent de façon à faire croire que vous avez devant vous la réalité la plus complète.
Parmi les nombreux tableaux qui ont défilé devant nous, nous citerons notamment: Une place de Paris avec des tramways roulant au milieu d’une foule compacte de piétons attendant le moment favorable de saisir une place sur l’impériale; l’arrivée d’un tram ; la sortie d’un nombreux personnel d’une usine quelconque ; la décapitation d’une femme ; le jeu dit de saut de mulets par cinq ou six garçonnets, etc., etc., le tout rendu d’une façon parfaite et permettant au public de croire qu’il a devant lui des personnages agissant réellement.
La Cinématographie est un spectacle assez rare et qui mérite d’être connu du public Saint-Quentinois. Ajoutons que l'aimable impresario du Cinématographe donne des séances privées pour les familles.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 8 septembre 1896, p. 2.
Le style approximatif - les auditeurs doivent surtout avoir de bons yeux - et la description imprécise trahissent peut-être la difficulté du journaliste à décrire ce qu'il découvre, lui aussi sans doute, pour la première fois. Nous n'avons aucune information sur le type d'appareil, ni sur l'imprésario, mais en revanche quelques titres du programme sont indiqués. Malheureusement, la plupart d'entre eux n'offrent pas d'information suffisante qui permette de les identifier. Exception toutefois : La Décapitation d'une femme qui correspond, sans équivoque, au seul film sur ce thème en 1896, The Execution of Mary, Queen of Scots, une bande Edison. Trop peu d'indices pour savoir qui distribue cette vue en France. Un autre journal saint-quentinois offre pour sa part une description bien plus enlévée où le journaliste évoque avec un enthousiasme non dissimulé le plaisir qu'il a pris :
J’ai assisté hier soir à une séance du Cinématographe et vraiment j’en suis sorti émerveillé. Que c’est donc bizarre ! Mais il faut le voir pour s’en rendre compte ; les prospectus, le public vous disent qu’on y voit des photographies animées ; mais, moi, je dis qu’elles paraissent non seulement animées, mais, on croit véritablement les voir en chair et en os : on les voit marcher doucement ou vite, rire, tomber, pleurer, c’est surprenant ! Cette sortie de fabrique, n’est-ce pas la sortie réelle que nous voyons tous les jours à Saint-Quentin ? Ces jeunes filles, ces darnes, ces messieurs, jeunes et vieux, qui sortent les uns riants, gambadant, les autres plus sérieux marchant plus lentement ; et toutes ces vues sont de grandeur naturelle !
Du reste, tout y est magnifique : l’arrivée du train, par exemple, on se croirait à la gare de Saint-Quentin, on dirait que MM. les employés de la gare vont vous parler ... Et le salon de coiffure, on voit cette coquette qui se fait coiffer et qui trouve n’avoir jamais assez de poudre de riz pour ses belles joues !
Et le bal d‘enfant ! Vous voyez tous ces bambins, qui vous envoient des sourires et qui paraissent enchantés de danser la polka ; et le jeu de saut-de-mouton, n’est-il pas le portrait vivant de ces enfants, que nous voyons, tous les jours, sur les trottoirs, sautant les uns sur les autres, en se laissant tomber, de temps en temps, sur le nez ! Vraiment, tout cela est surprenant !
Mais, ce n’est pas tout : pendant tout le temps de la séance, on entend des morceaux de piano, brillamment et savamment exécutés par Mlle Jeanne Latoret, jeune artiste de 15 ans, déjà bien connue dans beaucoup de salons Saint-Quentinnois ; on dirait qu’elle ne voit aucune difficulté, rien ne l’arrête, elle est là au piano, ne paraissant pas plus embarrassée que si elle tournait une manivelle d’orgue de barbarie. Et quelle mémoire musicale a cette jeune personne ! Elle joue jusqu’à des morceaux d’opéra, en entier, par cœur, et avec une mesure et une expression au-dessus de tout éloge ! Allons ! Décidément, Saint-Quentin possède de véritables artistes.
Le Glaneur de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 10 septembre 1896.
Si l'on n'en apprend guère davantage sur le programme et l'origine des vues, l'article nous offre une description particulièrement rare sur l'accompagnement musical du cinématographe. Une jeune fille de quinze ans, qui sans le savoir invente en quelque sorte le cinéma sonore, va offrir aux images silencieuses, un écho musical. Par la suite, la presse ne va plus fournir que quelques encarts indiquant simplement les modalités des séances :
LE CINEMATOGRAPHE de la place de l’Hôtel-de-Ville (Ancienne maison du Crédit Lyonnais)
Séances tous les soirs à 8 heures
MATINÉE LE SAMEDI ET LE DIMANCHE A PARTIR DE 3 HEURES
PROJECTIONS PAR LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
Dix superbes Tableaux
sujets de grandeur naturelle
Séances particulières sur demande
Piano tenu par Mlle Jeanne Latour.
Le Guetteur de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 2 octobre 1896, p. 2.
Le programme se compose de 10 vues, ce qui signifie qu'avec les changements de film, la séance doit durer environ 20 minutes. Au cours des jours suivants, nous n'aurons plus aucune autre information jusqu'au 28 octobre 1896, date de la dernière annonce, identique à celle du 2 octobre (Le Guetteur de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 28 octobre 1896, p. 2).
1897
Le Cinématographe Lumière (février 1897)
C'est sous la houlette de Charles Goux, un des nombreux représentants de la maison Lumière, que les Saint-Quentinois vont découvrir, pour la troisième fois, des images animées. Le directeur a organisé, précédemment, quelques séances de Cinématographe à Moulins. En réalité, dès le mois de mai 1896, Le Journal de Saint-Quentin publie un article " scientifique " signé Émile Duhem, sur le cinématographe Lumière, même si l'arrivée de l'appareil n'a lieu que neuf mois plus tard (Le Journal de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 3 mai 1896, p. 6). À Saint-Quentin, dès le 29 janvier 1897, la presse annonce la venue prochaine du cinématographe Lumière (Le Journal de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 29 janvier 1897, p. 3). Pourtant, la situation va se révéler plutôt complexe, car le directeur ne parvient pas à obtenir la salle qu'il aurait souhaitée et il doit se rabattre sur le cirque de la rue Dachery :
LE CINÉMATOGRAPHE LUMIÈRE
à Saint-Quentin
Cette fois-ci, c’est le vrai, et non pas ces imitations tremblotantes, fatigantes et fumeuses qu’on nous a montrées jusqu’ici.
Malheureusement, M. Goût [sic], le représentant de M. Lumière, n’a pu avoir le local qu’il convoitait en plein centre de la ville et il a dû se rabattre sur le Cirque, où il ne pourra donner que deux soirées et une matinée. Il n’a pas moins de 30 sujets, c’est-à-dire 25 de plus que n’en donnait le cinématographe du boulevard des Italiens, où l’on faisait la queue pendant une heure pour une représentation de dix minutes. Ici l’on en aura pour beaucoup plus que pour son argent.
L‘installation - considérable - est parfaite et véritablement disproportionnée au petit nombre des représentations. Elle suppose un séjour d’un mois, mais comme nous l’avons dit, il n’a pas été possible de trouver à Saint-Quentin, un local où l’on pût s’installer à demeure. Qu’on se hâte donc de profiter de cette courte aubaine.
Voici l'heure ete la date des représentations :
Bureau à 7 h 1/2.-Rideau à 8 h 1/2 pour les soirées qui auront lieu Samedi et Lundi.
Dimanche, matinée enfantine à 3 heures de l'après-midi.
Il y aura des intermèdes musicaux.
Journal de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 6 février 1897, p. 2.
Dès la première annonce, le ton est donné. Il s'agit de faire du cinématographe Lumière, le véritable appareil, les autres n'étant - mais l'on imagine que c'est Charles Goux qui inspire ces lignes - que de pâles imitations. C'est d'ailleurs, à peu de chose près, ce que reprend Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne :
Cinématographe LUMIÈRE
Une bonne fortune pour la population Saint-Quentinoise.
Le Cinématographe Lumière, le véritable, cette fois, que de fort nombreuses et fort mauvaises contrefaçons ont en vain essayé de détrôner, va donner trois représentations au Cirque de la rue Dachery.
Aujourd’hui samedi 6 et lundi 8 février, à 8 heures 1/2, auront lieu deux grandes soirées comportant chacune 30 tableaux animés, projetés au moyen de l’électricité sur un vaste écran de 5 mètres de longueur.
Demain dimanche, 7 février, à 3 heures de l’après-midi, une grande matinée enfantine sera donnée avec un programme aussi important que celui des soirées.
A chaque représentation les vues seront changées, ce qui permettra au public de connaître une partie de la belle collection de la maison Lumière.
Ajoutons qu’un excellent quatuor agrémentera de musique ces séances déjà si intéressantes par elles-mêmes.
Le prix des places, fort modique, est fixé ainsi : Piste et Stalles, 1 fr. 50. — Premières, 0.75 c. — Secondes populaires, 0.25 c.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, Saint-Quentin, 7 février 1897, p. 2.
Le directeur du cinématographe Lumière ne lésine pas puisqu'il propose pas moins de 30 vues pour des séances qui dépassent largement la demi-heure de projection. Si nous connaissons le nom du directeur du cinématographe et celui de l'appareil, nous ne disposons d'aucune indication relative au programme proposé. Mais décidément, Charles Goux joue de malchance, puisque la première, prévue le samedi 6 février, est un fiasco :
Le Cinématographe
Les débuts ont été difficiles. La maison Lumière, représentée par un de ses intelligents et actifs employés, M. Goux, avait été obligée de faire toute une installation de lumière électrique avec moteur au pétrole, et le premier soir un joint ayant manqué de parole, il a fallu rendre l’argent.
Hier tout était au point et le succès a été complet.
Le public était nombreux, très nombreux, et il s’est amusé et instruit pour son argent. A la fin l’on aurait bissé tous les tableaux tant on prenait plaisir à ces reconstitutions muettes mais animées de la vie. A un moment, parce qu’un journaliste (l’indiscret !) s’était hissé dans la cabine du cinématographe pour en étudier le mécanisme, on a crié : " Explication ! ". Eh bien ! oui, on en aura l’explication et la théorie, mais au prochain numéro, car il y faut quelque travail.
Ce soir mardi et demain mercredi, séances à 8 heures du soir.
Nous conseillons à nos lecteurs de se mettre plutôt à droite de l’écran et assez loin, sur les derniers rangs des chaises ou les premiers des bancs. C’est la place la plus favorable.
Le Journal de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 10 février 1897, p. 2.
Le journaliste décrit avec plaisir l'ambiance de la salle, et, chose assez rare, il donne des conseils sur les meilleures chaises et invite les spectateurs à s'éloigner un peu de l'écran. Une remarque loin d'être anondine, car elle sous-entend que la distance est un facteur important pour la bonne réception des images animées. Chose promise, chose due : le lendemain, Adrian Villart va consacrer un très long article informatif sur l'origine et le fonctionnement du cinématographe (Le Journal de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 11 février 1897, p. 2). Mais, décidément, la malchance poursuit Charles Goux, car quelques jours plus tard, suite à une initiative malheureuse, il est à nouveau contraint d'en être de sa poche :
Cinématographe Lumière
Nous recevons la communication suivante :
Nous serions désolés que la population de votre ville, si intéressée par nos séances de cinématographie, pût croire que nous avons voulu la leurrer par la promesse d’une tombola qui n’a pu être tirée par suite des désordres provoqués dans la salle par un certain nombre de spectateurs des secondes qui ont envahi les places réservées.
Ne voulant pas bénéficier de ces regrettables incidents, nous avons l’honneur de vous informer que nous avons versé au Bureau de bienfaisance la somme de 60 fr., valeur des trois bons de l’Exposition qui devaient être tirés en tombola mardi et que ces trois bons seront eux-mêmes tirés à une séance ultérieure.
Ch. Goux,
Directeur du Cinématographe Lumière.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, Saint-Quentin,19 février 1897, p. 2.
On imagine aisément que l'ambiance dans les salles des origines est loin d'être d'un calme olympien et l'incident décrit n'a pas de quoi nous surprendre. Heureusement que la bienfaisance est là pour amortir quelque peu la mauvaise presse que l'affaire fait au cinématographe Lumière. Incident ou pas, Charles Goux quitte vite Saint-Quentin en emportant sans doute quelques mauvais souvenirs...
Les photographies animées du professeur Gérard (Théâtre, 5, 7 et 8 juin 1897)
Le professeur Gérard n'a pas l'air d'être trop inquiet - à peine un mois après la catastrophe du Bazar de la Charité - sur la réception de ses photographies animées. Le théâtre de Saint-Quentin, à l'occasion de la visite présidentielle, organise trois représentations au cours desquelles les Saint-Quentinois vont revoir des vues animées :
Théâtre de Saint-Quentin
Un attrait de plus vient s'ajouter aux fêtes en l'honneur de la visite présidentielle.
Nous avons le plaisir d'annoncer à nos lecteurs que trois représentations seront données au Théâtre par le compositeur-chansonnier parisien H. Neuzillet, avec le concours de M. et Mme Albert Aimée, artistes de la Scala de Paris. Le professeur Gérard, projectionniste, et M. Rugès, baryton.
En outre d'un spectacle très varié où nous relevons les quelques titres suivants : " Les Virtuoses au pavé ", attraction musicale. " Les Illusionnistes pour rire ", scène de prestidigitation, etc., etc.
Le professeur Gérard fera défiler une série de tableaux grandeur naturelle représentant le " Voyage des souverains russes à Paris ", " les tableaux célèbres ", " Épisodes de l'histoire de France ", et enfin les " Photographies animées " dans lesquelles figurent " Le couronnement du Tsar Nicolas ", que l'on nous dit être une merveille.
Afin de rendre le spectacle accessible à toutes les bourses, le prix des places sera diminué.
Les représentations auront lieu le samedi 5 juin, à 8 h. 3/4.
Le lundi 7 juin, à 9 h. 1/4, après le départ du Président, et le mardi, à 8 h. 3/4.
Il n’y aura pas de spectacle le dimanche, ces Messieurs ayant offert spontanément et gracieusement leur matériel d’éclairage électrique pour jeter des feux sur la place de l’Hôtel de-Ville pendant la soirée du dimanche.
Nul doute que tous nos concitoyens tiendront compte de cette délicate attention et se rendront en foule à ces représentations uniques où l’on nous promet des merveilles.
Le bureau de la location est ouvert à dater du vendredi, sans augmentation de prix.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 6 juin 1897, p. 7.
Le professeur Gérard combine en fait des projections d'images fixes et quelques projections de " photographies animées " dont le couronnement du Tsar Nicolas dont le moins que l'on puisse dire c'est qu'il date un peu. Aucune information complémentaire ni sur l'appareil, ni sur le projectionniste dont on imagine qu'il va continuer à présenter ses vues dans d'autres villes.
Saint-Quentin-Le Théâtre (c. 1902) [D.R.]
Le Salon-Lumière d'Alexandre Camby ([9]-[20] octobre 1897)
La foire à Saint-Quentin, celle dite du 9 octobre, va accueillir en 1897, un " Salon-Lumière " dirigé par Alexandre Camby, un élève de M. Lumière et un habitué du Champ-de-Foire. Il annonce dans un courrier posté à La-Fère et adressé à la Mairie d'Alençon qu'il doit se rendre à Saint-Quentin.
Depuis le mois de mai 1897, l'appareil des Lumière est en vente et le système des concessions a été abandonné. Dès lors, il n'y a rien d'étonnant à ce que l'appareil se retrouve parmi d'autres baraques foraines. Les séances sont courtes, puisque chaque représentation ne dure que quinze minutes, autant dire qu'il est peu probable que l'on présente plus de huit ou dix vues.
CINÉMATOGRAPHE |
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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 8 octobre 1897, p. 3. | Journal de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 9 octobre 1897, p. 2. |
Comme cela est très fréquent, les établissements forains ne sont que peu décrits, et l'on ne sait que peu de choses du " Salon-Lumière" qui " fait souvenir de l'affreux incendie du bazar de la Charité " (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 13 octobre 1897, p. 3). La catastrophe de la rue Jean-Goujon a emporté quelque deux cents victimes environ et elle est encore dans toutes les mémoires. Parmi de nombreuses autres attractions, on évoque parfois le cinématographe " représentant entre autres tableaux un effet de neige des plus divertissants. " (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 27 octobre 1897, p. 3). Au bout d'une vingtaine de jours, la foire se termine et les forains partent vers de nouvelles villes. On retrouvera ainsi, quelques mois plus tard le " Salon-Lumière ", à Troyes, toujours dirigé par Alexandre Camby.
Saint-Quentin, Le Boulevard Gambetta (début XXe siècle)
1898
Le Cinématographe Lumière du Grand Bazar (janvier 1898)
C'est encore un cinématographe Lumière qui s'installe au Grand Bazar en ce début d'année 1898. L'établissement appartient à M. Delherme qui, à des fins publicitaires, a aménagé une partie de la galerie afin d'accueillir l'appareil :
CINEMATOGRAPHE LUMIÈRE
AU GRAND BAZAR
Pour être agréable à sa nombreuse clientèle, M. Delherme, directeur du Grand Bazar, rue de la Sellerie, vient de transformer une partie de sa galerie du premier étage en une magnifique salle de fête. Il y sera donné des représentations de Cinématographe Lumière, avec le concours d’une machine chantante accompagnant le Cinématographe.
L’entrée sera de 0 fr. 50 et de 0 fr. 25 pour les enfants.
Les représentations commenceront tous les jours à 4 heures, à partir du dimanche 16 courant.
Jeudi et dimanche, ouverture à trois heures.
Tout acheteur d’une somme au moins de trois francs aura droit à une entrée au Cinématographe.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 13 janvier 1898, p. 3.
Saint-Quentin-Rue de la Sellerie
Grand Bazar et Nouvelles Galeries (débtu XXe siècle)
Même s'il ne s'agit pas d'une première fois, il existe un essai semble-t-il de faire entendre de la musique sur les images des vues animées. Quelques jours plus tard, un nouvel article - finalement très peu informatif et à caractère publicitaire - évoque rapidement la présence du cinématographe Lumière au Grand Bazar.
LE CINÉMATOGRAPHE LUMIERE
Les représentations continuent chaque soir au Grand Bazar, avec grand succès. On passe là vingt minutes très agréablement ; les tableaux sont variés et le concours de deux machines chantantes ajoute encore à l'attrait de ces représentations.
Nous rappelons que demain jeudi, les familles pourront y conduire leurs enfants à partir de 3 heures.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 20 janvier 1898, p. 2.
Quelques jours plus tard, un autre journal nous annonce une partie du répertoire offert aux spectateurs :
Une visite au Grand Razar
Il n’y a pas que de charmants jouets au Grand Bazar de la rue de la Sellerie, il y a aussi un Cinématographe Lumière et un appareil chantant. Les mamans, fatiguées de se,promener dans les grandes galeries, sont très heureuses d’aller se reposer quelques instants avec leurs bébés dans la coquette petite salle où sont installés les divertissements cités plus haut.
Les tableaux représentés par le merveilleux appareil sont des plus réjouissants. Citons : l’arrivée de M. Félix Faure en Russie ; une baignade dans la Somme ; l’arrivée d’un train de chemin de fer ; la danse d’un nègre ; l’homme-serpent ; la bataille de neige, etc., etc.
Le Phonographe, de son côté, chante et joue des airs avec une virtuosité remarquable. Tous les bébés saint-quentinois y conduiront certainement leurs mamans.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 23 janvier 1898, p. 2.
Même si l'on peut identifier les films comme des vues du catalogue Lumière, l'imprécision des titres complique la tâche. Au-delà du 18 février 1898, plus aucune information, ce qui ne signifie évidemment pas que les séances se soient interrompues.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 18 février 1898, p. 4..
Le Cinématographe Joly (Salle Vauban, 27, 28, 30 et 31 juillet 1898)
On peut être surpris de voir un cinématographe Joly, après le drame du Bazar de la Charité, présenter encore des vues animées à un public. Mais il faut croire que le responsable de l'appareil considère que le nom lui-même de l'appareil n'est pas un obstacle pour organiser des séances de projections. L'annonce est brève :
Cinématographe
Le véritable Cinématographe, système Joly avec ses derniers perfectionnements, donnera à la salle Vauban, le mercredi 27 et le jeudi 28 juillet, deux séances comportant 32 tableaux, photographies animées, grandeur naturelle, visible pour tout le monde.
Prix des Places :
Réservées, 2 fr. — Premières, 1 fr. 60. — Secondes, 1 fr.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 26 juillet 1898, p. 3.
Deux autres jours sont prévus, le samedi et dimanche suivants. Nous avons la chance, dans le cas présent, de connaître la totalité du programme :
SALLE VAUBAN
Samedi 30 et Dimanche 31 Juillet 1898
LE VÉRITABLE CINÉMATOGRAPHE
GRANDEUR NATURELLE
Avec ses derniers perfectionnements
PROGRAMME
Place du Gouvernement (Alger) — Assaut de bâton. — La Pavane (danse d'autrefois) — La place de la Bastille. — L'arroseur arrosé. — Débarquement d’un bateau à vapeur. — Un cocher et son client. — Sortie de l'église. — Première leçon de bicyclette. — Un atelier de forgeron. — La mer à Dieppe.-— Charge de dragons. — Leurs Majestés Impériales de Russie au Panthéon. — Arrivée d’un train à Asnières. — Automobiles et cycles (Bois de Boulogne). — Scène de ferme. — Arrivée du csar à Paris (chef-d’œuvre durant 6 minutes). — Sauts d’obstacles, dragons français. — 75 secondes en chemin de fer. — Assaut de boxe française.—Un incendie quai de la Tournelle. — Plongeurs soudanais au Champ-de-Mars. — Famille aux bois. — Place de la République, Paris. — Une scène d’ivrogne. — Danse serpentine en couleur. — M. Félix Faure se rendant à l'ambassade russe. — Départ de Paris de l’Empereur et de l'Impératrice de Russie. — Pays et payse.
Le séance durera une heure et demie.
Bureau à huit heures et demie. Rideau à neuf heures.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 30 juillet 1898, p. 3.
Toutefois, les vues datent un peu et, a priori, elles sont toutes de 1896 ou de 1897. Aucune information par ailleurs sur l'opérateur.
Le Cinématographe Lumière d'Alexandre Camby (Champ de Foire, 9-29 octobre 1898)
Le journaliste du Journal de Saint-Quentin consacre quelques lignes au cinématographe Lumière d'Alexandre Camby, même s'il a du mal avec le nom du forain qu'il nomme " Caby ". La baraque s'installe, à partir du 9 octobre, pour la foire de la Saint-Denis, pendant une vingtaine de jours :
Le Cinématographe Lumière. — On se rappelle l’énorme succès qu'eut, il y a deux ans, un opérateur de MM. Lumière qui vint nous donner au Cirque quelques représentations avec ce curieux enregistreur de la vie courante, agissante et même parlante, car ou voit parler les gens. L’installation de M. Gout était défectueuse et cependant il fit chaque soir salle pleine tant le désir était vif de voir ces " tableaux animés ". M. Caby [sic], lui, a un matériel parfait. Nous passons sur le phonographe et les rayons X, non pas que ces expériences ne paraissent pas plaire au public, mais on est venu surtout pour le cinématographe et on l’attend.
Les tableaux sont bien choisis sauf ceux de convention qui, dans le début, ont amusé mais qui, devant les représentations réelles de la vie, semblent maintenant bien inférieurs. Ce qui paraît provoquer le plus d’admiration, ce sont les évolutions des cuirassiers au camp de Châlons. Il y a une mêlée dans la poussière qui est un tableau de tout premier ordre ; puis, cette mise en marche du régiment avec ce vieux colonel qu’on voit crier les commandements, enfin la charge qui s'arrête net devant le spectateur. Notons comme sujet local la sortie de l’usine Daltroff : " - Tiens, c’est Julie ! Et Adolphe ! Ah ! Le camion ! " voilà ce qu’on entend dans la salle. Hier, la séance était terminée par une bataille à boules de neige qui nous a paru d’un bien joli arrangement et d'un éclairage très juste ; ce sont de ces trouvailles qui sont rares, même en photographie.
M. Caby [sic] est assuré d’un gros succès.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 19 octobre 1898, p. 2.
Décidément fâché avec les patronymes, il évoque M. Gout - en fait, Charles Goux - opérateur Lumière qui a effectué des projections à Saint-Quentin, en février 1897... Mais il oublie que pour la foire de 1897, Alexandre Camby est déjà là avec son cinématographe Lumière. Ce qui est sans doute le plus intéressant dans cet article c'est l'évocation de la réaction du public lorsqu'il aperçoit sur l'écran des figures familières. C'est souvent le but recherché par les cinématographistes lorsqu'ils proposent des vues locales. Il est par ailleurs fréquent que les institutions éducatives ou religieuses assistent à des séances de vues animées. À Saint-Quentin, des membres de l'institution Saint-Jean se rendent sur le champ de foire.
CINÉMATOGRAPHIE Hier, l’Institution Saint-Jean assistait à une représentation de cinématographe chez M. Camby, sur le champ de foire. Quelques rouleaux nouveaux turent projetés à cette occasion, entre autres trois sur Lourdes dont l’un, le débarquement des malades, est de toute beauté et d’un réalisme qui vous étreint le cœur. M. Camby et ses opérateurs ont aussi fait fonctionner les ampoules Crookes pour la production des rayons X et d’intéressantes photographies ont été prises par un membre du Photo-Club... |
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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 9 octobre 1898, p. 2. | Journal de la ville de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 21 octobre 1898, p. 2. |
Quant à Camby, il quitte probablement Saint-Quentin, à la fin de la foire, vers la fin du mois d'octobre ou au début novembre.
Répertoire (autres films) : Les scènes maritimes de la guerre hispano-américaine (Journal de la ville de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 29 octobre 1898, p. 3).
Le Cinématographe-Biographe (Salle Hémonde-Carpentier, décembre 1898)
C'est à l'occasion des fêtes de Noël qu'un cinématographe-Biographe est présenté dans la salle Hémond-Carpentier. Il ne s'agit que d'une attraction qui vient en complément d'un grand bal, dont l'organisateur est M. Cailleaux-Tribouilloy. Sur l'appareil presque aucune information, sauf sa prétendue stabilité d'image, mais il n'est pas le premier à se vanter d'éliminer les trépidations...
En tout cas, il s'agit très probablement d'une séance unique de projection de photographies animées.
1899
Le Cinématographe Lumière d'Alexandre Camby (Champ de Foire, octobre 1899)
À nouveau, Alexandre Camby est présent à la foire de la Saint-Denis de Saint-Quentin. La première annonce dans la presse rappelle que l'inauguration a lieu le 9 octobre, comme il se doit, et propose une liste les principales baraques foraines :
LA FOIRE
C’est lundi prochain, 9 octobre, que doit s’ouvrir la Foire dite de la Saint-Denis.
Comme les années précédentes, nombre de théâtres, musées et autres attractions occuperont la place du Marché Franc et une partie du boulevard Gambetta.
On y verra entr'autres :
Les théâtres Potel, Roussel, Gallais ;
La ménagerie Redenbach ;
Le musée des Bagnes ;
Le cinématographe Camby ;
L’hippodrome Henrotte ;
Le panorama Malden ;
Les Gondoles russes, les Manèges de vélos et chevaux de bois, les tirs, marchands de gaufres, etc., etc.
Sur la Grand’Place, les forains seront aussi nombreux que de coutume. Depuis ce malin, on commerce le montage des loges qui leur sont destinées.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 4 octobre 1899, p. 3.
Par la suite, seules quelques brèves annonces nous permettent de connaître une partie du répertoire d'Alexandre Camby, ainsi que les prix pratiqués :
LE CINÉMATOGRAPHE LUMIÈRE.- Rayon X.-Graphophone.-Directeur : Camby.
Obsèques du Président Félix Faure, etc.
Prix : Premières, 1fr. ; Secondes, 50 centimes ; Troisième, 30 centimes.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 13 octobre 1899, p. 3.
Comme on peut le constater, le cinématographe Lumière n'est pas présenté seul, mais accompagné de deux autres inventions : les rayons X et le graphophone. Mais plus aucune information dans les jours qui suivent, à l'exception du titre Obsèques du Président Félix Faure dont on peut penser qu'il correspond à la série qui figure au catalogue Lumière. Ça n'est pas le cas pour les vues locales qui pourraient avoir été tournées par Alexandre Camby lui-même : La Place du Huit-Octobre, Le Port du Canal, La Sortie de l'usine Daltroff , - celle-ci déjà proposée l'année précédente -, et Redenbach dans la cage des ours blancs (Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 22 octobre 1899, p. 2). Comme tous les ans, la foire dure une vingtaine de jours, même s'il arrive que les forains restent un peu plus longtemps. C'est donc vers la fin du mois d'octobre ou au début du mois de novembre qu'Alexandre Camby quitte Saint-Quentin.
Le Cinématographe de la Vie Parisienne (Champ de Foire, octobre 1899)
Un simple entrefilet nous renseigne sur un second appareil, outre celui d'Alexandre Camby :
LA VIE PARISIENNE.-Vues cinématographiques.-Prix d'entrée : 10 centimes.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 8 octobre 1899, p. 2.
Une information bien maigrichonne... mais le propriétaire casse les prix.
1900
Le tournage de la Cavalcade des Fêtes de Pâques (mars 1900)
C'est au détour d'un entrefilet que nous apprenons le projet de filmer la cavalcade des fêtes de Pâques :
CAVALCADE DES FÊTES DE PÂQUES. — Le Comité de la Cavalcade des fêtes de Pâques a l’honneur de porter à la connaissance du public saint-quentinois que le défilé du cortège devant être pris et reproduit au Cinématographe, par les soins du Comité, toutes les sociétés ainsi que les groupes du la ville sont intéressées à y prendre part ; ils devront apporter la plus grande originalité dans le choix de leurs costumes et le plus grand ordre dans leur groupement, lors du défilé.
On demande douze hommes robustes rétribués pour la Cavalcade.
Rappelons que tous les cavaliers, piétons, daines, quêteurs, peuvent se faire inscrire dès aujourd’hui chez M. Caillaux, organisateur, 31, rue Jean-de-Caulaincourt.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 20 mars 1900, p. 3.
Mais nous n'avons pas de confirmation de ce tournage.
Le Cinématographe de la Grande Fête de Bienfaisance (17 juin 1900)
La grande fête de bienfaisance organisée pour le dimanche 17 juin est l'occasion d'associer aux autres divertissements, un cinématographe :
GRANDE FÊTE DE BIENFAISANCE
du Dimanche 17 juin
Pour la Pentecôte une grande fête de bienfaisance s'organise sur l’initiative de la Farandole qui a, on s’en soutient, obtenu à cet effet de l'ancien Conseil municipal une subvention de 1.000 fr.
Cette fête aura lieu sur les Champs-Elysées où seront disposées les attractions offertes au public: concerts, ballets, séances de lutte, de physique amusante, de magnétisme, de prestidigitation, de cinématographie, exercices d'acrobatie, etc., etc.
L'exécution de ce programme sera confiée aux professionnels les plus célèbres du monde artistique.
Les intermèdes seront remplis par des divertissements variés, tirs, jeux, comptoirs de vente, etc., confiés à l’amabilité de nos charmantes saint-quentinoises dont le dévouement a été si souvent apprécié dans les fêtes philanthropiques.
Le soir, illuminations, pantomimes, pyramides, bals à grand orchestre, etc.
Le Comité qui n’a d’autre but que de soulager quelques misères, tout en offrant au public les moyens de passer plusieurs heures d'une manière agréable, espère que le concours dévoué de nos concitoyens ne lui fera pas défaut.
Journal de Saint-Quentin, Saint-Quentin, 29 mai 1900, p. 2
Rien d'autre sur ce cinématographe.
Le Cinématographe Lumière d'Alexandre Camby (Champ de Foire, octobre 1900)
Comme à son habitude, Alexandre Camby est présent à la foire de Saint-Denis où il présente son cinématographe. Mais, cette année les informations sont réduites à l'extrême :
LA FOIRE
Les premières planches des loges qu’on élève chaque année sur la place de l’Hôtel-de-Ville, pour la Foire de la Saint-Denis, ont été déposées aujourd’hui sur cette place. Parmi les forains qui ont retenu un emplacement pour leur installation, soit sur la place du Marché-Franc, soit sur le boulevard Gambetta, nous citerons :
Le Cinématographe Camby ;
Le Musée Dieudonné ;
L’Hippodrome Henrotte ;
Le Théâtre Monnoyeur ;
Le Panorama Lindebocher ;
Les Gondoles Steppe ;
Le Théâtre des Lilliputiens ;
La Ménagerie Roussel ;
Le Panorama Thomé ;
— Moruzzi ;
— Jollet ;
Le Cirque Lenoir ;
Les Poissons savants (Carron) ;
Le Lutteur Julius ;
Le Dianorama Cattanéo ;
Et divers marchands de pommes de terre frites, MM. Baudry, Ferrari, Gravelin, le manège Marlier, etc.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 3 octobre 1900, p. 2.
Nous n'avons pas trouvé d'autres informations sur ce passage, mais il a dû être semblable à ceux des années antérieures.
1901
Le Royal Bioscope de Cyprien Lacabane (Théâtre Municipal, 18 avril-12 mai 1901)
L'appareil qui va organiser des projections, en avril 1901, est un cinématographe britannique, le Bioscope - également appelé " Royal Bioscope " de la maison Charles Urban. Nous en connaissons également le propriétaire, Cyprien Lacabane. La presse va suivre, avec un intérêt inaccoutumé, les séances de photographies animées. Plusieurs jours avant, nous disposons d'une description assez précise du Royal Bioscope :
THÉÂTRE DE SAINT-QUENTIN. — Le Royal Bioscope. — On nous annonce la prochaine arrivée au Théâtre de notre ville du Royal Bioscope (cinématographe à grand spectacle) qui paraît-il séjournera parmi nous le temps voulu pour nous faire connaître toutes ses merveilleuses créations.
Cet établissement nous arrive précédé d'une réputation des plus brillantes consacrée par la presse parisienne aussi bien que par celle de province. Cette réputation s’est affirmée dans chacune des villes ou le Royal Bioscope a séjourné notamment à Lyon, à Marseille, à Bordeaux, à Reims, et en dernier lieu à Lille, où nombre de Saint-Quentinois sont allés l'admirer à l'Hippodrome et applaudir à son succès qui fut colossal et mérité.
Le Royal Bioscope, en effet, laisse bien loin derrière lui le cinématographe aux vues courtes et aux tremblotements énervants. Il fait défiler sans fatigue pour les yeux et avec une netteté parfaite, des féeries entières avec trucs, ballets, transformations, apothéoses, des voyages sur mer et sur terre ; les guerres récentes ; le tout absolument grandeur naturelle en relief, avec bruits, voix, musiques, coloris, donnant l’illusion la plus complète de la réalité.
Tous ceux qui l’ont vu en sont émerveillés et nous ne doutons pas qu’il n’obtienne un succès aussi vif auprès de la population saint-quentinoise et qu’elle ne témoigne au Royal Bioscope un enthousiasme semblable à celui qui l'a accueilli dans toutes les villes d’Europe.
Nous attendons les débuts.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 11 avril 1901, p. 2
La nature même de cet article indique que son rédacteur est sans doute le tourneur qui le présente de ville en ville, et tout dernièrement, à Lille. Tout n'est qu'éloges sur les qualités techniques de l'appareil, et l'inauguration a donc lieu le 18 avril 1901.
LE ROYAL BIOSCOPE Après le Nouveau Jeu, c'est à de nouveaux jeux que nous avons assisté hier au Théâtre. Les autorités et la presse avaient été conviées à une répétition générale du Royal Bioscope, dont le journal a entretenu ses lecteurs ; et si les autorités notaient pas nombreuses, il y avait presse, car qui voulait entrait. La représentation, disons-le de suite, a été des plus intéressantes, tant par la diversité des tableaux qui se sont déroulés, deux heures durant, sous les yeux des spectateurs, que par la merveilleuse netteté obtenue par l’appareil. L’écran, qui occupe toute la scène, a été placé à l’arrière-plan. Le cinématographe a été installé dans le couloir des premières, derrière la grande loge de face, et c’est par une minime ouverture ménagée dans la porte que se font les projections. La répétition d’hier n'était, en quelque sorte, qu’une mise au point, et expérience a fourni un excellent résultat. C'est dire que les représentations — dont la première a lieu ce soir—ne manqueront pas de faire courir le Tout-Saint-Quentin. Nous y reviendrons avec plus de détails. C... |
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Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 17 avril 1901, p. 2. | Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 19 avril 1901, p. 3. |
La presse s'en donne à cœur joie d'ailleurs, car rares ont été les cinématographes qui ont fait verser autant d'encre à Saint-Quentin. Le Royal Bioscope est présenté réellement comme une révolution dans le monde de la cinématographie. Ce sont de très longs articles qui lui sont consacrés. Le journaliste "A. V." est réellement enthousiaste en écrivant les lignes qui suivent :
AU BIOSCOPE
J’avoue le plaisir très grand que j’ai pris au Bioscope de M. Lacabane, installé pour l’instant au Théâtre municipal.
C’est un merveilleux instrument qui. vous faisant " regarder la vie ", fait vivre par l’imagination.
Il ne s’agit pas ici des anciennes petites projections rapides, intéressantes à coup sûr, mais qui n’amusent que les yeux. Certains tableaux durent dix minutes, un quart d’heure et plus. On a donc le temps d'être pris, de se transporter où se passe la scène, d’associer des idées, de se rappeler des lectures et de se créer ainsi une réalité très satisfaisante et pleine de charme.
Par exemple la Course de taureaux. Depuis le moment où la quadrille entre dans l’arène jusqu'à l’enlèvement du toro, nous assistons à tous les épisodes. Ceux-ci se déplacent ou plutôt nous nous déplaçons, car il a fallu bouger l’instrument photographique pour suivre le taureau dans le vaste cirque. Il en résulte des perspectives différentes, mais on peut supposer qu’on monte et descend les gradins, qu’on passe du côté de l’ombre à celui du soleil, qu’on se promène enfin pendant la course.
Et cette course, ceux qui ne sont pas allés en Espagne la voient enfin, mieux que dans toutes les descriptions et les images : le pauvre cheval éventré, la pose audacieuse des banderilles, les passes de muleta et enfin le coup d’épée final auquel il faut bien faire attention, car il se donne si près du bord que le taureau tombe en dehors de la plaque photographique : l’opérateur n’a pas eu de chance !
Un rouleau comme celui là coûte près de 800 francs ; il passe dix-huit épreuves de deux centimètres de hauteur sur deux et demi de largeur à la seconde, calculez combien il en faut pour que le spectacle dure dix minutes et quelle est la largeur du rouleau...
L’appareil de projection est très simple mais très précis. Une lampe à arc de cinquante ampères donne la lumière nécessaire qui passe dans un condenseur ou lentille qui lance le rayon lumineux à travers la mince pellicule où la scène a été photographiée, comme elle est projetée assez vite pour que la rétine reçoive une impression qui continue le mouvement au lieu de le décomposer. Il y a malgré tout un peu de papillotage, bien moins avec cet appareil perfectionné qu’avec les autres, mais il existe cependant. Pour éviter que le bas d’une projection n’apparaisse quand le haut de l'autre est déjà en train (c'était là un gros défaut des cinématographes primitifs), un escamoteur à ailettes vient obturer chaque tableau pendant une fraction infinie de seconde : le temps de passer d’un tableau à l’autre et il y en a dix-nuit à la seconde, comme je l’ai dit tout à l’heure.
Les scènes à transformations déroutent un peu le public. Comment cela peut-il se faire ? Et bien, c’est très difficile d’autant plus que quelques-unes sont merveilleusement combinées, comme celles par exemple des miracles du vieux bramine. Ce serait bien long à expliquer et je préfère vous le laisser deviner. Ou vous le ferez le plus facilement c’est devant l’histoire de l’homme qui ne peut parvenir à se décoiffer ni à se déshabiller : chapeau et redingote reprennent furieusement leur place sur son chef et autour de son torse. Regardez bien, vous ne les voyez pas revenir. Donc, l'acteur s’est rhabille et recoiffé mais on a coupé cette action pour n’en faire voir que le résultat, de la série des photographies. Mais c’est mimé avec une habileté sans pareille !
J’avoue que mes préférences vont aux scènes de la vie réelle. Ces jeunes volontaires anglais débarquant à Durban, lestes, élégants, jolis garçons et qu’attend l’enthérite ou la balle des Boers... Inutile de dire que la bataille sur le kopje est simulée. Cependant le bioscope a déjà eu son martyr.
A Ladysmith, un cinématographiste enragé a voulu assister à une sortie d’artillerie et il est allé se mettre à côté d’une pièce qu’on pointait comptant bien qu’il allait saisir là, la guerre sur le fait. Les tirailleurs boers, en voyant notre artiste installer un appareil aussi compliqué, se sont dit que c’était là sans doute un " Maxim " quelconque, et d’une balle bien adressée, comme c’est leur habitude, ils ont envoyé le photographe ad patres.
Bref, je me suis beaucoup amusé au bioscope de M. Lacabane et je vous conseille de ne pas négliger l’occasion d’aller vous y divertir. Petits et grands y trouvent leur compte.-A..V.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 24 avril 1901, p. 2.
Mais en outre le Royal Bioscope ne se limite pas à projeter des vues dans le théâtre municipal, il participe également à l'inauguration de la toute nouvelle Bourse du Travail, le 1er mai 1901. Une séance extraordinaire de cinématographe est offerte aux Quentinois sur la Place de l'Hôtel-de-Ville :
Le clou de la soirée pour la majeure partie du public qui s'entassait à étouffer sur la place de l'Hôtel-de-Ville, a été sans contredit la séance de cinématographie en plein air donnée par le Royal Bioscope.
L’installation était des plus simple.
Sur la Place, une estrade assez élevée qu’on aurait pu croire destinée à un orchestre. C’est là qu'a été installé l’appareil que deux câbles électriques relient au Théâtre. Sur la façade de la maison E. Flinois, tailleur, une immense toile servant d’écran.
Et c‘est tout.
Ou aurait pu dès le début éteindre les lampes à arc de la Place, ce qui aurait donné plus de netteté aux projections. Enfin on y a pensé après une heure. Ne nous plaignons donc pas trop.
L essentiel est, qu’à l’encontre des exercices de gymnastique que les neuf dixièmes du public n’ont pas vu, les projections animées ont pu être admirées par tous.
Le plus grand nombre des assistants n’avaient évidemment point encore vu ce spectacle.
Aussi des cris d’admiration accueillent-ils chacun des premiers tableaux qui se succèdent sur la toile.
Puis peu à peu le bruit cesse pour faire place à un silence extraordinaire qui ne peut s’expliquer que par l’attention et par l’intérêt intenses qui captivent cette foule. De temps à autre seulement une réflexion de Gavroche, inspirée par le tableau qui passe, ou bien un accès de fou rire qui s’empare de tous, devant une scène inattendue et plus drôle, plus cocasse...
Mais il est 10 h. 1/2 : le cinématographe fait entr’acte.
Tout le monde se dirige vers les Halles où a lieu le bal.[...]
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 3 mai 1901, p. 2.
L'article nous permet de connaître avec une assez grande précision les préparatifs de cette séance en plein air, mais aussi l'atmosphère qui règne ce jour-là et les réactions des spectateurs. La dernière annonce trouvée dans la presse date du dimanche 12 mai 1901 qui marque un terme à ces représentations du Royal Bioscope.(Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 12 mai 1901, p. 2).
Saint-Quentin, La rue Saint-Jacques-Le beffroi
(à gauche, le tailleur E. Flinois) (c. 1904)
Le Cinématographe (Château et parc Monplaisir (mai-septembre 1901)
Le château de Monplaisir, à plusieurs reprises, va proposer à partir du mois de mai des projections cinématographiques. Nous n 'en connaissons pas le contenu. Le cinématographe ne représente cependant qu'une partie des spectacles, parfois grandioses, de pyrotechnie ou de grands bals.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 23 mai 1901, p. 3. | Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 28 juillet 1901, p. 2. | Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 29 septembre 1901, p. 5. |
Il s'agit en tout état de cause de spectacles estivaux qui ne semble pas se prolonger au-delà du mois de septembre.
Le Cinématographe Camby-Bracco (Champ-de-Foire, octobre 1901)
Comme à son habitude, le cinématographe d'Alexandre Camby est fidèle au rendez-vous de la foire de Saint-Quentin. Cette fois-ci, il se présente sous le nom de cinématographe Camby-Bracco, Bracco étant le nom de famille de son épouse. Cette année, il est question d'un " cinématographe électrique " :
Cinématographe électrique. — Le Cinématographe électrique A. Camby, qui obtint, nos lecteurs s’en souviennent, un gros succès l’année dernière, est de nouveau installé au Champ de Foire.
Les dernières créations de MM. Lumière et fils, comprennent plus de 200 nouveautés.
Un outillage d’appareils spéciaux permet à M. Lumière de prendre sur le vif non seulement des scènes ou vues locales, mais aussi les grandes pièces féeriques avec changements à vue, transformations, apothéose, etc., etc.
Voici quelques-uns des principaux tableaux inscrits au programme :
Visite du Tsar en France ; la revue de Bétheny.
Cendrillon, grande pièce féerique, avec changements à vue, transformations, apothéose.
Réception du président Krüger à Marseille.
Les funérailles de la reine Victoria.
Plusieurs vues locales, en plus une série de photographies présentées pour la première fois à Saint-Quentin.
Le Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 11 octobre 1901, p. 3.
La référence insistante aux frères Lumière a de quoi surprendre, à un moment où les Lyonnais ont délaissé leur cinématographe et où le catalogue ne se nourrit plus que de quelques séries de vues d'actualités. Le programme d'ailleurs comporte d'ailleurs des films qui ne font pas partie de leur production, comme dans le cas de Cendrillon, la féerie de la maison Méliès. Ce qui est vrai c'est que " Lumière " reste une image de marque, au moins dans le monde des forains, et que l'évocation des inventeurs apparaît encore comme un argument commercial et publicitaire. Ce qui participe également de cette communication, ce sont les vues locales qui remportent toujours un franc succès auprès des habitants
1902
Le Cinématographe (Salle du Cirque, mai 1902)
Pendant quelques jours de mai, la salle du Cirque va proposer des projections cinématographiques. L'inauguration a lieu le jeudi 8 :
CINÉMATOGRAPHE.
Des Séances de Projections Animées doivent avoir lieu le Jeudi 8 Mai et jours suivants, à 8 heures et demie du soir, Salle du Cirque.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 2 mai 1902, p. 3.
Les vues proposées sont des classiques du moment provenant de différentes maisons de produit, mais tout particulièrement de chez Méliès, comme le montre le programme suivant :
CINÉMATOGRAPHE.
Des Séances de Projections Animées doivent avoir lieu le Jeudi 8 Mai et jours suivants, à 8 heures et demie du soir, Salle du Cirque.
Le Cirque en 5 tableaux.
Le Diable au Couvent, grande féerie.
La Lune à 1 mètre, grande féerie.
La Guerre au Transvaal, en 10 tableaux.
Jeanne d’Arc, pièce en 12 tableaux.
Scènes à transformations et diverses.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 6 mai 1902, p. 3.
Ces projections opportunistes constituent souvent un mystère, les tourneurs concernés n'étant que très rarement nommés et l'appareil lui-même, simplement désigné comme " cinématographe ", ne permet pas d'en savoir davantage.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 13 mai 1902, p. 3. | Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 16 mai 1902, p. 3. |
Le Cinématographe (Place Babeuf, 14 juillet1902)
C'est au cours de la séance du 20 juin du Conseil municipal de Saint-Quentin que la décision est prise de remplacer - pour des raisons économiques - le feu d'artifice par une séance de cinématographie ouverte à tous :
[...]
Le devis précédent de la fête du 14 juillet s’élevait à 11.000 fr. Il comportait notamment un feu d’artifice de 1.400 fr.
La commission des finances propose au Conseil de faire l'achat d’un matériel qui permettrait à la Ville de faire faire les décorations et illuminations par ses agents.
L’achat de ce matériel coûtera 4.000 francs.
La commission propose également de supprimer le feu d’artifice qui coûtait bien cher, durait peu et se tirait dans de mauvaises conditions, et de le remplacer par une séance de cinématographe qui serait donnée sur la place Babœuf.
La foule pourrait se masser sur les 8.000 mètres carrés de terre-plein qui se trouvent derrière Fervaques. Cette séance est estimé 1.000 fr.
Les illuminations et le bal des Champs-Elysées seraient également supprimés...
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 22 juin 1902, p. 2.
Las projection ont lieu finalement sur la place Babeuf, devant le Palais de Fervaques. L'idée pourtant ne semble pas avoir été particulièrement judicieuse et le compte rendu du Journal de Saint-Quentin est pour le moins sévère :
LE 14 JUILLET
[...]
La soirée comportait une séance de cinématographe et des bals.
La séance de cinématographe fut donnée sur la place de Fervaques. L'écran avait, été dressé sur le fond de la place. La foule se trouvait massée sur les places de Fervaques et Coligny, dans un entassement extraordinaire.
Quant aux projections, elles furent quelconques. Le public fut assez désappointé qu’on lui servit ce que déjà il avait vu et revu.
La plupart des projections, en effet, étaient déjà passées l'an dernier. Ajoutez à cela que la moitié des assistants ne virent rien, absolument rien. Puis, c’est carrément ennuyeux.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 16 juillet 1902, p. 2.
Il faut dire que les cinématographes ont présenté déjà bien des films à Saint-Quentin et que l'événement que représente le 14 juillet aurait sans doute mérité un effort de la mairie, plus intéressée, semble-t-il, par des questions budgétaires que par la satisfaction de ses administrés.
Ed. C. Blach, Galeries du Progrès
Saint-Quentin, La Place Babeuf (c. 1906)
Le Cinématographe Camby (octobre 1902)
C'est à l'occasion de la foire du 9 octobre qu'Alexandre Camby installe sa baraque à Saint-Quentin. Il n'est pas le seul à présenter un appareil cinématographique puisque le forain E. Péchadre est là lui aussi. Selon les informations relatives au répertoire de Camby, il semble privilégier les vues d'actualités :
Le cinématographe Camby.
Celui là est connu des Saint-Quentinois. Car il nous revient régulièrement chaque année. Bien entendu M. Camby nous arrive un programme de tableaux nouveaux tels que : Barbe-Bleue ; la Catastrophe de la Martinique ; le Voyage de M. Loubet en Russie ; le Couronnement d’Edouard VII ; les Souverains Russes en France ; le Tsar quittant le château de Compiègne. À ces tableaux il convient d’ajouter un certain nombre de vues locales anciennes et nouvelles.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 12 octobre 1902, p. 2.
Le corpus connu renvoie de façon presque homogène à la production Pathé. Il faut remarquer également la présence de vues locales - dont on peut penser qu'elles sont l'oeuvre du forain lui-même - qui ont toujours une résonance particulière dans le public local. Il faut toutefois remarquer que le forain insiste et rappelle qu'il utilise un cinématographe Lumière, même si le corpus des vues provient d'autres éditeurs de films :
LE CINÉMATOGRAPHE LUMIÈRE.
Comme les années précédentes, le cinématographe Lumière, sous la direction de M. Camby, émerveille chaque soir les nombreux visiteurs qui se pressent dans l’élégant établissement du boulevard Gambetta.
Le choix des vues, la netteté des tableaux, l'intérêt suscité par les dernières actualités, notamment la catastrophe du ballon dirigeable " Le Bradsky ", classent ce théâtre au premier rang de nos attractions foraines.
Ajoutons que l’inimitable Fregoli Laurencio, dont le succès a été retentissant il y a quelques mois à Paris, dans ses transformations incompréhensibles, donne une représentation au cinématographe où il paraît dans l’amusante opérette Paris la nuit, remplissant à lui seul vingt-quatre rôles différents. — Bref, gros succès.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 31 octobre 1902, p. 3.
La foire dure 20 jours, mais il est fréquent que les forains restent quelques jours de plus. Alexandre Camby n'est peut-être parti que dans les premiers jours de novembre.
Le viographe d'E. Péchadre (octobre-novembre 1902)
C'est à l'occasion de la foire du 9 octobre qu'E. Péchadre installe son établissement à Saint-Quentin. Il n'est pas le seul à présenter un cinématographe, car Alexandre Camby, un autre forain, offre également des séances de projections de films. Son répertoire est plus orienté vers la fantaisie et la fantasmagorie :
LE VIOGRAPHE PÉCHADRE.
Le viographe Péchadre, sur un écran qui ne mesure pas moins de 20 mètres carrés, offre au public, outre des tableaux animés ordinaires, de belles féeries en couleurs, telles que : Les sept châteaux du diable, Le petit chaperon rouge, La Barbe bleue, L'enfant prodigue, Quo vadis, etc., des vues animées locales prises ces jours-ci.
Mais il convient de noter tout spécialement les projections du Royal biophone qui résoud un problème longtemps cherché : faire parler les sujets projetés, c’est-a dire donner au tableau non seule ment la vie, niais la parole 1 Le Royal biophone ne peut manquer d’avoir un grand succès.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 12 octobre 1902, p. 2.
Le forain propose en réalité deux appareils distincts. Un viographe - dont on a du mal à trouver l'origine - qui offre simplement des vues animées. À noter malgré tout, la présence de vues locales - prises peut-être par le forain lui-même - dans un répertoire qui comprend, essentiellement, des films Pathé ou Méliès. Par ailleurs, il présente - peut-être pour la première fois à Saint-Quentin, une nouveauté : le Royal biophone. Cet appareil - s'agit-il du " biophone " dont la marque a été déposée par Edgard Normandin ? - permet d'associer l'image et le son. Ici, en revanche, il faut attendre quelques jours pour avoir des informations relatives au répertoire :
VIOGRAPHE PÉCHADRE
Le Viographe Péchadre donnera sa première soirée de gala demain soir à 8 h. 1/2.
Au programme figureront : Le Petit Chaperon rouge, grande féerie en 12 tableaux en couleur.
Le Diable géant.
L’Homme-Mouche, etc.
Le Royal Biophone, cinématographe parlant se fera entendre au cours de cette belle soirée.
1. La présentation de l’appareil.
2 Une sérénade espagnole, d’O.M.
3 Le Buffet.
4 Une réunion électorale.
5 Commerce en plein vent.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 15 octobre 1902, p. 3.
La presse saint-quentinoise non seulement offre ce programme, mais elle va consacrer un long article pour expliquer le fonctionnement de cet appareil, manifestement récent, au public qui le découvre sans doute pour la première fois :
Cérémonies, Fêtes, Concerts, etc.
LE " BIOPHONE ".
Le Viographe a donné hier, devant une salle assez bien garnie, sa première représentation de gala.
Le spectacle valait le voyage et les Saint-Quentinois qui s’y sont rendus malgré le temps menaçant n’ont pas eu à le regretter.
Le programme de la représentation comportait deux parties : l’une consacrée au cinématographe, l’autre au biophone.
Tout le monde connaît le cinématographe. Inutile donc de nous y arrêter. Disons seulement que parmi les nombreuses projections données hier, il en est quelques-unes qui sont autant de " clous ".
Notons tout particulièrement : une séance de prestidigitation, par Robert Oudin ; La Flûte enchantée ; les cauchemars d’un professeur de mathématiques, d’un comique désopilant ; Lahury réserviste, qui eut le don de faire trépigner la salle de rires ; Roméo et Juliette, et le petit Chaperon rouge, grande féerie en couleur, qui, notons-le en passant, donne au spectateur une impression beaucoup plus gaie que le conte de Perrault.
Voilà pour le cinématographe.
Ajoutons que les projections sont bonnes et à peu près exemptes de ces insupportables trépidations qui rendent tant d'appareils du même genre si fatigants à la vue.
Le biophone est moins connu. Nous pensons du moins que la plupart de nos lecteurs n’ont pas eu encore l’occasion d’admirer cette curieuse et charmante réunion de deux autres inventions bien connues, elles : le cinématographe et le graphophone.
Le biophone n’est en effet autre chose que l’accouplement de ces deux instruments populaires.
Dès la découverte du cinématographe on avait pensé à unir dans les projections, la parole au geste, à donner aux personnages projetés sur l’écran toutes les apparences de la vie.
Les essais ont été longs. Il a fallu procédé par tâtonnements.
On conçoit que le plus difficile à trouver était l’exactitude absolue dans l’adaptation de la parole au geste ou plutôt du geste à la parole, exactitude sans laquelle on tombait forcément dans le grotesque.
La difficulté a été résolue d’une façon heureuse au moyen d’un appareil électrique trop compliqué pour être décrit ici, et qui donne au cinématographe et au graphophone un mouvement d’un synchronisme parfait.
Le résultat est surprenant.
Rien n'est curieux et agréable comme la vue de ces ombres gesticulant, dansant, pérorant, chantant : tels ces candidats députés que M. Péchadre nous faisait apparaître hier soir dans une scène de réunion électorale.
Seulement, la conduite du biophone est excessivement délicate et difficile, parait-il.
Et c'est ce qui fait que très rares sont les établissements qui le possèdent.
Aussi engageons-nous fort nos lecteurs à aller voir aux séances de gala, le Viographe Péchadre, ce spectacle qu!ils n'auront pas souvent l’occasion de rencontrer.
Le Viographe Péchadre est installé sur le Marché Franc donnera une nouvelle soirée de gala demain soir vendredi.
Notons le clou de la soirée : Les sept châteaux du diable, grande féerie en 40 tableaux et en couleur.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 17 octobre 1902, p. 3.
Le journaliste nous apporte plusieurs informations significatives, en particulier sur la difficulté à résoudre la question délicate de la synchronisation. Il est dommage, en revanche, que le nom de l'inventeur ne soit pas indiqué. La situation de concurrence due à la présence d'un autre cinématographe, celui d'Alexandre Camby, semble avoir créé une confusion auprès du public, ce qui explique la mise au point qu'E. Péchadre fait publier dans la presse :
LE BIOGRAPHE PÉCHADRE.
Nous recevons la communication suivante :
Ne confondez pas !
Nombreuses sont les personnes qui font erreur.
Par suite de certains reproches qui me sont parvenus, je tiens à faire remarquer au sympathique public saint-quentinois, que toujours, je donne ce que j’annonce. Toutes mes féeries et bien des scènes d’une importance secondaire, sont en couleur. Je ne puis donc les montrer en noir, comme on m’en fait le reproche.
Évitez donc toute confusion d’établissements et remarquez bien que le Viographe Péchadre et son Royal Biophone, se trouve dans la deuxième allée du Marché-Franc.
En vous rendant au Viographe Péchadre, vous pouvez être assurés d’avance que vous vous y amuserez franchement, grâce au choix de nos scènes et à la perfection de nos appareils qui ne laissent rien à désirer sous aucun rapport.
Avis donc aux amateurs, et surtout ne confondez plus.
Séance tous les soirs à 8 heures 1/2.
Les jeudis et dimanches à partir de 3 heures 1/2.
Tous les mercredis et vendredis, grandes soirées de gala avec le Royal Biophone, cinématographe parlant.
E. Péchadre, Directeur.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 22 octobre 1902, p. 3.
La foire dure une vingtaine de jours, mais E. Péchadre ne donne sa dernière représentation que le 9 novembre 1902. (Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 8 novembre 1902, p. 3.)
1903
Le Cinématographe des Fêtes des 13 et 14 septembre (13-14 septembre 1903)
" L'origine de ces fêtes sans raison se perd dans l'ennui du temps. On s'est amusé sans savoir pourquoi, mais l'on s'est amusé, c'est incontestable " écrit le Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne dans son édition du 16 septembre... Pour le reste, bien peu d'informations sur le cinématographe convoqué pour la circonstance, ni son origine, ni son propriétaire, ni son répertoire ne nous sont connus... Une séance par ailleurs assez déficiente :
[...]
Le soir, à 9 heures, la place de l'Hôtel-de-Ville fut encore envahie par la foule venue pour assister aux séances du cinématographe annoncé. Là, on a éprouvé quelque désillusion, car à part quelques projections assez bien réussies, beaucoup d'autres laissèrent à désirer, et le public l'la fait comprendre à l'opérateur...
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 16 septembre 1903, p. 2.
On comprend le public qui n'en est pas à son premier spectacle cinématographique et qui attend sans doute des projections un peu plus professionnelles. L'autre journal local en rajouter d'ailleurs une couche bien salée :
[...]
La soirée du lundi a été particulièrement froide. Aussi grelottait-on sur la place de l’Hôtel-de-Ville pendant qu’un cinématographe digne de la fête patronale de Gauchy lançait ses projections mal mises au point en dehors de l’écran devant quinze mille personnes qui s’amusaient tout de même à siffler et à huer.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 16 septembre 1903, p. 2.
Cela montre bien que plusieurs années après son invention, le cinématographe reste un appareil délicat à mettre au point que seul un technicien chevronné est susceptible de faire fonctionner correctement. Quelques semaines plus tard, la presse publie les comptes des fêtes : la séance de Cinématographe a coûté 500 francs, auxquels il faut ajouter les frais d'installation et d'éclairage qui s'élèvent à 59,45 francs, soit un total de 559, 45 francs. (Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 10 novembre 1903, p. 2).
Le Cinématographe Camby (octobre 1903)
Même si, comme à l'accoutumé, la foire d'octobre accueille de nombreux forains dont, bien entendu, Alexandre Camby et son cinématographe, la presse, cette année, est très avare d'information et seule la mention de la baraque figure en page 2 de l'édition du 3 octobre 1903 du Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne.
1904
Le Royal Cinéma (19-27 mars 1904)
Un nouveau cinématographe s'installe à Saint-Quentin au moins de mars. Nous connaissons son nom, " Royal Cinéma ", mais pas son propriétaire. La première a lieu le samedi 19 mars. Toutefois, des problèmes techniques vont émailler cette séance inaugurale :
CINÉMATOGRAPHE.
Les débuts du Royal Cinéma ont eu lieu samedi. Dimanche soir, il s’est produit un accident de grippage au projecteur qui a forcé d’interrompre le spectacle au milieu de la dernière partie.
En présence de cet accident, la Direction fit échanger an contrôle les tickets distribués contre de nouveaux valables aujourd’hui et les jours suivants.
Ce soir à 8 heures 1/2 représentation. Au programme :
L’assassinat de la Famille royale de Serbie ;
L’incendie du Théâtre de Chicago (effet de nuit) ;
Grande Course de Taureaux à Barcelone ;
Guerre Russo-Japonaise (attaque nocturne), et quantité d’autres vues.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 22 mars 1904, p. 3.
Le programme est essentiellement composé de vues Pathé qui domine alors le marché cinématographique. Les ennuis techniques de la séance inaugurale ne vont pas disparaître au cours des projections suivantes. C'est ce que rapporte le Journal de Saint-Quentin dans son édition du lendemain :
CINÉMATOGRAPHE
Patience et longueur de temps.... !
Le Cinématographe joue de malheur ; une série d’accidents de machine a entravé la marche de la première série.
Néanmoins la soirée d'hier marque un progrès sur les précédentes. Espérons que les efforts des organisateurs, et leur désir ferme de se montrer tels et aussi impeccables qu’ils doivent et peuvent l’être, nous permettront de revenir bientôt sur ce sujet, pour n’avoir sous la plume que de purs éloges à leur adresser.
Quelques vues atteignent à cette fixité et netteté d’images que nous promettaient et le programme et la réputation du " royal Cinéma ". Il est certain que le reste doit et peut être de même.
Le public, au début, s’est trouvé, à n’en pas douter, désillusionné. Mais déjà hier, nous avons eu la preuve que s'il est enclin à perdre vite patience, il est prêt aussi à rire et applaudir.
Je suis persuadé qu’avec moins de longueurs entre chaque vue, un programme soigneusement diversifié, et suivi de même, un orchestre moins... fantaisiste et révolutionnaire, tous se plairaient au " Royal Cinéma " et y reviendraient.
Un petit détail de technique : Sait-on quelle est la longueur des pellicules employées (par exemple dans l’Assassinat du roi de Serbie, ou l’Incendie du Théâtre de Chicago), qui sont deux des meilleures ?
Eh bien, ces bandes de petits instantanés innombrables, décomposant une scène qui nous semble s’envoler si vite, atteignent jusqu’à 115 et 120 mètres de long.
Voilà qui serait embarrassant à mettre en cadre, n'est-il pas vrai ?
PLICK.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 23 mars 1904, p. 3.
La mise au point des cinématographes reste un problème surtout si l'opérateur n'est pas un technicien hors pair capable de compenser les carences de l'appareil. La presse ne fait plus référence à ces projections... mais les ennuis techniques se sont-ils pour autant dissipés ? Toujours est-il que la dernière séance a lieu le dimanche 27 mars (Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 27 mars 1904, p. 5.
Le Cinématographe américain de Lucien Hermand (Théâtre, 14-17 mai 1904)
Le cinéma américain qui arrive à Saint-Quentin à la mi-mai est la propriété de Lucien Hermand. Il semble avoir organisé des séances de projection à Châlons-sur-Marne quelques jours auparavant. L'inauguration a lieu au Théâtre - l'une des deux salles qui a l'habitude d'accueillir les vues animées - le 14 mai :
THÉÂTRE
Cinématographe Américain
On annonce pour samedi prochain, 14 mai, les débuts au théâtre de Saint-Quentin du grand Cinématographe Américain, qui donnera cinq représentations : le samedi soir 14 mai, le dimanche 15 (matinée et soirée), le lundi 16 et le mardi 17 (en soirée).
On dit le plus grand bien de ce cinématographe qui a dû prolonger son séjour à Châlons-sur-Marne, pour contenter le public de cette ville.
Un de nos confrères châlonnais fait son éloge en ces termes : Le public, dit l’Union Républicaine de la Marne, n'a pas été trompé, loin de là ; le Cinématographe Dnamré est parfait, tant du point de vue de l'intérêt que de l’exécution ; les vues sont originales, neuves, d'actualité sensationnelle, très nettes, et ne tremblant presque pas.
Nous avons vu défiler les peuplades du Maroc dans leurs costumes les plus typiques ; de Fez, nous sommes tombés en Turquie, aux mains des Albanais ; de là, en Serbie, pour assister à la scène du meurtre du roi Alexandre et de la reine Draga ; série de scènes vraisemblablement exactes, reconstituées avec un raffinement de réalisme surprenant.
Les photographies rapportées par M. Dnamré lui-même, lors de son séjour à la cour du Maroc constituent des documents uniques ; cependant la partie du spectacle qui enthousiasme le plus le public paraît être un Voyage dans la Lune (en couleur comme la plupart des projections), c'est un tour de force fantastique non de la part des opérateurs en chambre noire. Photographier la réalité est devenue une chose banale ; photographier l'imaginaire, est resté une chose au moins difficile. C'est pourtant ce qu'a fait M. Dnamré dans la série très curieuse de ses projections sur la Lune et les sellénites.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 12 mai 1904, p. 3.
On reconnaît dans le programme annoncé des films Pathé et Méliès, mais la singularité de ces séances réside dans la combinaison de photographies fixes - prises semble-t-il par le propriétaire lui-même - avec des photographies animées, dont certaines ont pu être tournées également par M. Dnamré. Ce qui est sans doute remarquable - comme le signale d'ailleurs le journaliste dans l'article suivant - c'est que le spectacle dure plus de deux heures. On peut ainsi mesurer la différence avec les débuts où les séances n'excédaient guère une demi-heure. La dernière a lieu le lundi 17 mai :
THÉÂTRE
Grand Cinématographe Américain
Nous rappelons à nos lecteurs que la dernière représentation du cinématographe américain aura lieu ce soir mardi, à 8 heures 1/2.
Ce cinématographe s'est distingué de ses devanciers en ce sens qu’il comprend une grande variété de vues et de tableaux qui sont reproduits avec une netteté irréprochable. De plus, le spectacle a une durée de 2 heures et demie pendant lesquelles les spectateurs sont vivement intéressés. Ceux de nos concitoyens désireux de passer une agréable soirée ne doivent pas hésiter à se rendre au Théâtre ce soir.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 18 mai 1904, p. 1.
Après cette dernière séance, le tourneur a dû repartir vers une nouvelle destination pour offrir de nouvelles projections.
Le Cinématographe de la Kermesse de St-Gobain (29 mai 1904)
Peu après le départ du Cinématographe américain, à l'occasion de la kermesse de Saint-Gobain donnée au profit des blessés russes, un nouvel appareil présente des vues animées :
DIMANCHE 29 MAI 1904
Kermesse de St-Gobain
AU PROFIT DES BLESSÉS RUSSES
[...]
A 4 heures, Concert par la Société Philharmonique de la Manufacture.-Attractions diverses : Cinématographe, Guignol, Massacre, Fontaine pétrifiante, Célèbre Sonneur breton, Bal souterrain dans la carrière...
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 25 mai 1904, p. 3.
Aucune autre information ne permet d'en connaître davantage.
Le Cinématographe Imperator (02-19 juillet 1904)
Le Cinématographe Imperator, aussi appelé dans la presse " cinématographe parlant ", n'est pas encore arrivé que la presse ne tarit pas d'éloge à son sujet. La particularité - même si cela n'est pas vraiment nouveau - consiste à combiner l'image et le son pour donner l'illusion de films sonores :
Attraction nouvelle
On annonce la venue prochaine, au Théâtre municipal, d’un cinématographe parlant, ce qui constituera pour le public saint-quentinois un spectacle nouveau et inconnu jusqu’alors.
Le merveilleux Imperator, tel est son nom, cueille en ce moment des lauriers à Rouen et ce succès colossal l’empêche de fixer le jour de ses débuts ici. Dès que nous en connaîtrons la date, nous le ferons savoir à nos lecteurs.
L’emploi du phonographe en même temps que le cinématographe sera certainement intéressant, car avec un semblable spectacle nous aurons la complète illusion : admirer le geste, goûter les paroles, n’est-ce pas là le rêve !!!
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 26 juin 1904, p. 6.
Finalement, c'est le 2 juillet que la première a lieu au Théâtre Municipal. Le Guetteur de Saint-Quentin nous en dévoile un peu plus :
Le Cinématographe
Le spectacle inédit que nous attendons avec impatience, nous sera donné ce soir samedi, à 8 h. 1/2, au Théâtre municipal.
Le merveilleux IMPERATOR nous annonce un programme varié et sensationnel. Bonne raison pour prédire à cette première représentation le succès énorme qu’elle mérite, puisque le Cinématographe IMPERATOR ne cueille, dit-on, dans toutes les villes où il séjourne, que des lauriers glorieux. Avis aux amateurs du nouveau et du beau.
La Direction nous informe que la salle étant entièrement éclairée à l'électricité, la température sera supportable pendant la durée du spectacle.
Dimanche Matinée à 3 heures.
Tous les soirs, représentation à huit heures et demie.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 3 juillet 1904, p. 2.
Un premier compte rendu va nous fournir davantage d'informations, en particulier sur les films présentés, dont les vues sonores. Les attentes du public et de la presse ne semblent pas déçues si l'on en croit les lignes suivantes :
Le Cinématographe
La salle du Théâtre était comble, samedi, pour les débuts du Cinématographe Imperator, qui, disons-le de suite, a obtenu le succès le plus vif.
C’est un spectacle très intéressant et très amusant. Les vues sont très nettes ; on a applaudi un programme d’une abondance rare et duquel nous signalerons : l’Epopée complète de Napoléon, le Voyage en Italie, les scènes du cinématographe parlant qui nous ont permis d’applaudir Galipaux et Mercadier, deux célébrités artistiques, une grande pantomime par les " Omers ", l’illusionniste mondain, la statue et l’ivrogne, les masques et grimaces, une bonne histoire, etc., etc.
Bref, pendant 2 h. 1/2, ça été un défilé ininterrompu de vues toutes très intéressantes. Nous prédisons à ce cinématographe un succès persistant.
Les représentations vont se poursuivre tous les soirs à 8 heures 1/2, et ajoutons que le prix des places est à la portée de toutes les bourses.
La Direction nous prie d’annoncer que les cartes d’invitation à la soirée du samedi 2 juillet, qui n’ont pas été utilisées, seront valables à la soirée du Vendredi 8 courant.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 5 juillet 1904, p. 2.
L'essentiel du programme a le sceau de la maison Pathé qui domine alors le marché du cinématographe. Elle dispose d'ailleurs d'une série de vues animées sonores d'artistes de music-hall de l'époque comme Félix Galipaux ou Émile Mercadier. Georges Parmentier, un chroniquer local va consacrer un long article élogieux sur cet appareil alliant photographie animée et son :
Le Cinématographe
" IMPERATOR "
Depuis samedi dernier, le Cinématographe " Imperator " attire chaque soir une foule considérable au Théâtre. Grâce à un système ingénieux et nouveau, le Cinématographe "Imperator " réalise un immense progrès sur ses devanciers. Les tableaux se succèdent avec une rapidité telle que l’œil charmé suit avec une curiosité sans cesse renouvelée les scènes les plus variées et les plus inattendues. Jamais l’illusion ne fut si parfaite. C’est un monde fantastique qui s’agite sur cette vaste toile où les ligures passent comme des éclairs, se multiplient comme par enchantement, disparaissent, reparaissent, dansent, grimacent, gesticulent, vivent en un mot d'une vie si intense, si agitée, si pressée, qu’elles nous entraînent délicieusement dans l’éblouissant tourbillon de leurs métamorphoses.
A côté de la féerie et de la magie, des scènes, artistement groupées de manière à faire revivre soit l’épopée napoléonienne, soit le drame de toute la vie d’un joueur, sont des merveilles de réalité saisissante.
Les voyages que l’on fait dans un fauteuil, sans fatigues, obtiennent toujours un grand succès. " Le Voyage en Italie ", création nouvelle, a été particulièrement applaudi. Le panorama mouvant qui se déroulait de Gênes à Venise, de Naples au Vésuve, avec ses effets de lumière et de couleur, sur des paysages où l’on sentait passer la brise à travers les arbres agités, où l’on voyait glisser des gondoles sur les eaux dormantes, où l’on assistait à une éruption du Vésuve, donnait vraiment l’impression d’un voyage en chemin de fer et en bateau.
Mais la grande innovation du Cinématographe " lmperator " c’est de le faire parler non seulement aux yeux, mais encore à l’oreille et de joindre aux tableaux vivants la parole vivante de Galipaux et Mercadier. " Au téléphone ", " Selon la saison " et " Bonsoir, Madame la Lune " ont permis d’applaudir à Saint-Quentin les deux célébrités artistiques dans les meilleurs et les plus amusants morceaux de leur répertoire.
Pour être agréable à son nombreux public, la Direction va donner ce soir, jeudi, un nouveau programme, aussi riche, aussi varié, aussi pittoresque, aussi attrayant en un mot que le premier.
Parmi les projections nouvelles, nous citerons les suivantes : le Voyage du Président de la République en Algérie, Marie-Antoinette (grande reconstitution historique), les Courses de taureaux, Au Feu ! (incendie d'une maison), la Marchande de bébés, Rires et Pleurs, le premier Cigare d'un collégien, Chien et Rats, des épisodes nouveaux delà Guerre russo-japonaise, etc.
De plus on entendra : " La Lettre ", monologue dit par Galipaux ; " la Femme est un jouet ", et " Bonsoir Madame la Lune ", chantés par Mercadier. — La soirée se terminera par " Les Omers ", pantomime qui a obtenu un si grand succès.
Tout le monde voudra venir ce soir au Théâtre pour se divertir l'esprit et se récréer les yeux !
Georges Parmentier.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 8 juillet 1904, p. 3.
Quelques jours plus tard, à l'occasion des festivités du 14 juillet, l'Imperator va proposer des projections en plein air offertes à la population :
Mercredi soir, l’ouverture de la fête a été annoncée par la voix joyeuse du carillon de l'Hôtel de Ville à laquelle se mêlaient les sonorités graves de la cloche du Beffroi.
La place de l'Hôtel-de Ville regorgeait de monde. La foule, calme, s’était réunie pour entendre le magnifique Concert donné par le 87e et pour suivre la Retraite aux flambeaux du 87e qui a été très réussie.
Enfin, de 10 heures à minuit, le Cinématographe Impérator a donné en plein air, sur la Grand'Place, une représentation, supérieure par la variété des sujets et l'habileté de l'exécution à tout ce qu'on avait pu voir jusqu’alors. Les grandes scènes historiques de l'épopée napoléonienne et les scènes comiques des " Omers " ont été particulièrement applaudies. Toute la ville de Saint-Quentin a consacré par ses bravos le succès du Cinématographe Impérator.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 17 juillet 1904, p. 2.
Ce type de spectacle public et gratuit est évidemment financé par la mairie de Saint-Quentin, mais cela montre, en tout état de cause, la disponibilité de l'opérateur et ses qualités techniques, puisque ce type de projection est autrement plus compliqué que dans une salle de théâtre. Un nouveau programme est proposé pour les derniers jours, mais également deux soirées réservées aux adultes :
CINEMATOGRAPHE.
Le Cinématographe Impérator nous annonce ses quatre dernières représentations dans notre ville.
En conséquence, samedi et dimanche, grandes séances de gala, programme absolument nouveau, vues inédites ; entre autres : Christophe Colomb, grande scène en 10 tableaux ; Chasse au sanglier, Les six sœurs Daïnef dans leurs intéressants exercices acrobatiques, Chiens savants, Les tables tournantes (séance de spiritisme), etc., etc.
Prix ordinaires des places.
Lundi et mardi, séances de clôture. Théâtre libre.
Pour ces deux dernières représentations, les enfants et jeunes gens au-dessous de 18 ans ne seront pas admis.
En raison de l’importance du spectacle, le prix des places sera réparti comme suit :
Premières, baignoires et stalles, 2 francs ; parquets, 1 fr. 60 ; avant-scènes des secondes et secondes de face, 1 fr. 50 ; pourtours, 1 fr. 25 ; par terre, 1 francs ; secondes de côté, 0 fr. 75 ; avant-scènes des troisièmes et troisièmes, 0 fr. 60 centimes.
Bureaux à 8 heures, rideau à 8 h. 1/2.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 17 juillet 1904, p. 2.
Doux euphémisme, l'expression " théâtre libre " n'est là que pour évoquer " les scènes grivoises (genre théâtre libre) obtenant partout un très grand succès " (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 19 juillet 1904, p. 3). Depuis ses origines, le cinématographe a produit bon nombre de vues animées destinées à un public adulte, mais, ne nous y trompons pas, ces films présentés dans des salles, comme dans le cas présent, relèvent souvent du " déshabillé ", genre théâtral en vogue dès la fin du XIXe siècle. Le responsable du cinématographe met malgré tout quelque peu de l'eau dans son vin afin de ne pas effaroucher la gent féminine :
[...]
Lundi soir et mardi soir, à 8 heures et demie, pour la clôture définitive, l’Imperator donnera deux séances genre Théâtre libre, c’est-à-dire d’un ordre plus léger que les soirées ordinaires et auxquelles les enfants ne seront pas admis ; néanmoins toutes les dames pourront y assister, la direction s’engageant à ne pas trop les faire rougir.
Les vues composant cette série très rare et très artistique sont d’un prix énorme...
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 19 juillet 1904, p. 3.
Il ne faut tout de même pas se couper de la moitié du public... Il est regrettable que les titres ne soient pas connus, mais la maison Pathé dispose de films grivois et il est très probable que l'opérateur ait choisi dans le catalogue ces vues coquines. En tout cas, pas de scandale, semble-t-il, pour ces projections spéciales.
Répertoire (autres films) : La Guerre russo-japonaise (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 6 juillet 1904, p. 3).
Le Cinématographe Camby (Champ de Foire, octobre-novembre 1904)
Bien plus que le cinématographe Lumière qu'Alexandre Camby présente depuis des années, en octobre 1904, ce qui attire l'attention du public et des journalistes, c'est le numéro d'hypnose par la mystérieuse Blanche de Paunac. Plick y consacre un long article dans l'édition du 4 novembre 1904 du Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, en page 2. L'appareil de projections est ainsi renvoyé à un simple rôle de faire valoir :
CHAMP DE FOIRE
Cinématographe Camby
La mystérieuse Blanche de Paunac, du Nouveau Cirque de Paris.
Les forces inconnues. — La télégraphie. — La moderne Pythonisse.
L'inimitable Frégoly, acteur, chanteur, comédien dans ses scènes à trans formations.
Programme entièrement nouveau : Les Omer's, les cambrioleurs modernes.
Séances tous les jours à partir de 2 heures. — Prix ordinaire des places.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 9 octobre 1904, p. 2.
Comme à son habitude, la foire se prolonge un peu dans les premiers jours de novembre pour permettre aux forains de faire encore quelques affaires.
Le Cinématographe Excelsior de M. Debaisieux (Cirque, rue Dachery, novembre 1904)
Le cinématographe Excelsior, propriété du tourneur Debaisieux, s'installe au Cirque de la rue Dachery en novembre 1904. Il s'agit d'un appareil " parlant " qui fait ses débuts le dimanche 23 novembre :
Cinématographe Excelsior
On annonce les débuts pour demain Dimanche 23 Novembre, à 8 h. 1/2 du soir, au Cirque de la rue Dachery, du merveilleux Cinématographe parlant " Excelsior ".
Prix des places : Stalles et Chaises, 1 fr. 50 ; Premières, 1 fr. ; Secondes, 0 fr. 75 ; Troisièmes, 0 fr. 40.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 20 novembre 1904, p. 2.
Quelques jours plus tard, le même journal offre un compte rendu élogieux de la soirée inaugurale :
Cinématographe Excelsior
C'est devant une salle absolument comble qu’a eu lieu dimanche soir la première du célèbre Cinématographe Excelsior.
La Direction avait envoyé quelques invitations afin de bien démontrer par une première soirée la supériorité de l'Excelsior sur tous les cinématographes qui circulent en province.
Le programme, aussi varié qu'intéressant, a reçu l'approbation unanime du public et les applaudissements des grands et des petits n’ont pas cessé pendant cette excellente soirée.
Il est à souhaiter que tous les saint-quentinois puissent assister à ces belles représentations et nous ne doutons pas que M. Debaisieux, l'aimable directeur de l'ExceIsior, n’organise quelques matinées à prix réduits, pour les écoles et les militaires. Il obtiendra tous les concours et la presse se fera un plaisir de l’aider.
Ce soir Mardi, programme nouveau et inédit.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 23 novembre 1904, p. 3.
Pourtant, on reste sur notre faim. Aucune information sur les vues animées, ni sur les films sonores. Comment et en quoi l'Excelsior est-il un cinématographe parlant ? La presse n'en dit mot. Pourquoi le public ne répond-il pas avec intérêt à ces nouvelles projections ? Le Guetteur de Saint-Quentin s'en désole :
Cinématographe Excelsior
Il est bien dommage que le public Saint-Quentinois ne réponde pas aux appels des intelligents directeurs du Cinématographe parlant " Excelsior ", car les soirées qu’on y passe sont délicieuses.
La soirée d’hier mercredi a eu un succès étourdissant et bien mérité. Le programme, des mieux composés, a été exécuté d’une façon parfaite, et sans aucune interruption de lumière, chose remarquable.
Les scènes mouvementées et tragiques des Indiens et Cow-Boys valent a elles seules le dérangement et seront sûrement redemandées.
La salle est parfaitement chauffée, les programmes distribués gratuitement par un personnel aimable et prévenant, enfin, tout engage le public à faire un petit effort pour se rendre au Cirque.
Il sera pleinement satisfait.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 25 novembre 1904, p. 3.
Le journaliste multiple les compliments, mais rien n'y fait, semble-t-il. Le programme, dont on soupçonne qu'il est composé, pour l'essentiel de vues Pathé, n'attire guère le public quentinois... et l'Excelsior, cinématographe parlant de M. Debaisieux, quitte Saint-Quentin sans faire de bruit.
1905
Le cinématographe du R. P. Chevalier (la Bourse, 20 janvier 1905)
Les pères Chevalier et Mulsant parcourent la France depuis des mois pour présenter des films tournés lors d'un séjour en Palestine et en Égypte. Il s'agit, pour les religieux, d'offrir une vision plus réaliste de la vie du Christ. Leurs conférences s'articulent sur une demi-douzaine de thème. À Saint-Quentin, la conférence et les projections portent sur Le Caire pittoresque :
La Vie pittoresque en Orient
La conférence que nous promet, pour le vendredi 20, à la Bourse du Commerce, la Société de Géographie s’annonce comme devant être particulièrement intéressante.
L’explorateur qu’a invité la Société est, cette fois, un missionnaire dont les explorations sont d’un caractère très moderne, puisqu’il y a emporté un cinématographe. Le R. P. Chevalier peut ainsi faire revivre à nos yeux cet immobile Orient, encore semblable à lui-même après deux mille ans. Il promène son auditeur à travers la Syrie et l’Egypte, et, si typiques sont les scènes qu’il a su saisir et grouper avec art, qu'elles nous donnent l’illusion de revivre les temps des pharaons et de la Bible.
Le " Caire pittoresque ", tel est le sujet choisi pour cette conférence de vendredi, à 8h. 1/2 du soir, à la Bourse. Nul doute que la société saint-quentinoise ne s’y presse au grand complet.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 18 janvier 1905, p. 2.
La conférence va connaître un remarquable succès, et nous avons la chance de disposer d'un très long compte rendu de cette séance tout à fait exceptionnelle, avec toute une série de détails sur les vues fixes ou animées qui sont présentées :
À LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE
La conférence d’hier soir a été un gros succès et nous voudrions bien prier la Société de Géographie de nous en faire entendre la suite, car il y a une suite.
Le R. P. Chevalier et son compagnon, jésuites, connaissent merveilleusement l’Orient biblique ; ils en parlent les langues et en ont vécu les mœurs. Artistes, ils ont fixé sur la plaque sensible ou les films du cinématographe des scènes caractéristiques et que nul. autre qu’eux n’eût choisies avec plus de connaissance du sujet. Hier, ils nous ont parlé du Caire et montré le Caire, le vrai et non pas seulement celui des touristes ; mais nous ne cachons pas le désir que nous avons de voir leur reconstitution des scènes bibliques dans ce pays immuable où fut le berceau de la foi chrétienne et qui ont enthousiasmé déjà plusieurs auditoires. Donc, à l’automne prochain, nous l'espérons !
Hier soir, le R. P. Chevalier nous a d’abord montré, se côtoyant dans les rues du Caire, dans les institutions, les usages, les costumes, la civilisation et la barbarie. C’est ainsi qu’à la descente du train s'offre à nos yeux le spectacle des longues files de chameaux pesamment chargés et attachés à l’antique mode " tête à queue ", croisant les tramways électriques où se presse une foule de voyageurs vêtus les uns de la longue robe des Égyptiens, du temps des Pharaons, ou de l'habit à l'Européenne coupé sur les patrons des meilleurs faiseurs anglais ou allemands.
Les tramways ne sont pas les seuls véhicules empruntés par l'Orient à notre civilisation. C'est ainsi qu'à côté des chars populaires attelés d'un cheval et où s'entassent jusqu'à quarante-cinq personnes, des ânes qui sont restés la monture très en vogue dans le peuple, on voit sur les places de véritables dépôts de fiacres. Mais le contraste apparaît tout particulièrement dans une projection où le conférencier nous montre, dans le sable du désert, au pied des pyramides, une dame conduisant une automobile.
Continuant le rapprochement entre les deux civilisations, le R.P. Chevalier fait défiler sur l'écran, d'un côté, les porteurs d'eau, chargés de l'outre en peau de bouc, les femmes allant remplir, dans le Nil, les jarres qu'elles emportent sur leur tête, avec autant d'adresse que d'élégance ; de l'autre, les tonneaux d'arrosage de la ville portant leur numéro d'ordre, comme ceux de nos grandes villes européennes.
Mais il est une institution égyptienne qui reflète plus que tout autre la civilisation occidentale : c'est l'armée ; il est bon de noter qu’elle a été créée par des instructeurs français et anglais. Quoi d’étonnant, après cela, que nous assistions à des défilés impeccables d'infanterie ou de cavalerie, musique en tête ; à des tournois militaires qui se déroulent devant le public le plus sélect.
Il reste pourtant un vestige de l’ancienne. armée égyptienne : c'est le corps des douaniers, soldats du désert, vêtus d’uniformes européens, sans doute, mais montés sur des chameaux, vivant de la vie du désert où, sous la conduite du guide arabe, ils font la chasse aux contrebandiers importateurs du haschich.
Avec les usages religieux, nous abandonnons la civilisation moderne, Le R P. Chevalier a pu obtenir le rare privilège de visiter les mosquées et d’y prendre des vues cinématographiques. Ce sont assurément les premiers documents de ce genre qui soient exposés à un public. Ils en sont d’autant plus intéressants.
C’est ainsi qu’après nous avoir donné les plus instructives considérations générales sur la mosquée, sa construction, ses dispositions intérieures, le conférencier nous fait assister aux exercices religieux des fidèles de Mahomet, à leurs ablutions, à leurs prières accompagnées de danses, de gestes, , de balancements du corps dont la raison ne nous apparaît pas bien clairement mais qui, paraît-il, sont une garantie contre les distractions de l’esprit.
Et ces pratiques, nous les retrouvons à l’université qui, à vrai dire, n’est qu’une institution secondaire de la mosquée. Là, sous la direction de vieux professeurs, des milliers de jeunes gens passent, la journée, accroupis sur le sol, à balancer leur buste de l’arrière à l’avant et de l’avant à l’arrière en répétant les versets du Coran qu’ils doivent apprendre : il paraît .que le Coran entre ainsi beaucoup plus facilement dans leur mémoire ; du moins ils le croient.
Mais deux choses, dans la mosquée, évoquent particulièrement à l'esprit des occidentaux l’idée de la vie mystique orientale : le minaret et le chant du muezzin.
Le minaret, c’est cette tour élancée qui s’élève au-dessus de la mosquée et d’où le muezzin entonne son chant, religieux, ce chant célébré par tant d’écrivains, de poètes, et dont tous les voyageurs conservent le plus vif souvenir. Or, nous eûmes, hier soir, la bonne fortune d'entendre ce chant fameux du muezzin, cependant que sur l’écran lumineux défilaient les types les plus curieux ou les plus gracieux de minarets.
Le P: Chevalier, à une jolie voix ; c’est de plus, un admirateur sincère de la musique arabe à laquelle il trouve de grandes beautés, beautés qu’il sait apprécier puisqu’il est — nous allons le faire rougir en dévoilant ses goûts profanes- un compositeur non sans talent.
Après donc s’être un peu, excusé. il nous a chanté ces poétiques modulations par lesquelles le muezzin, cinq fois par jour, du minaret de la mosquée, appelle les croyants à la prière : La illah îla Âllh Mahommed résoul Allah, etc. C'était d’un charme exquis.
Continuant l’étude de la vie publique des Égyptiens, le conférencier nous convie à nous joindre à un cortège funèbre.
Voici d'abord les chameaux portant des caisses de provisions qui, sur la tombe du défunt, seront distribuées au pauvres ; puis les pleureuses, les chanteurs, les derviches ; la vache qu'on sacrifiera sur la tombe, puis la police, si le mort avait une situation officielle ; puis le défunt porté dans une bière non fermée, recouverte seulement d'une étoffe et avec, à l'avant une planche verticale surmontée de la coiffure de celui dont elle renferme la dépouille, ceci pour indiquer son rang ou sa qualité.
Nous suivons le cortège jusqu'au cimetière. Celui-ci s'étend autour de la ville. Les tombeaux se composent de deux parties : un caveau et un monument de pierre qui porte deux colonnes : une au pied, l'autre à la tête, celle-ci portant encore une reproduction de la coiffure du mort pour marquer sa qualité.
Les cimetières sont généralement délaissés. Cependant, à certaines époques, il y règne une animation extraordinaire : le peuple y vient en masse prier pour ses morts. Mais comme il y vient pour y passer parfois plusieurs jours, les cimetières se garnissent de tentes, d’échoppes, de boutiques, de restaurants. En outre, les rues de la ville ne permettant pas, en raison de leur peu de largeur, les rassemblements de foule, c'est dans les cimetières que se font les réjouissances publiques, que s’installent balançoires, chevaux de bois, grandes roues, le tout primitif et bâti à la grosse ; représentations simiesques, danses, etc.
L’Égyptien n’est pas difficile et s’amuse à peu de frais, se nourrissant, pendant les fêtes, de fèves crues ou cuites à l’eau et buvant l’eau tiède du Nil que lui verse le porteur de son outre en peau de bouc.
Voici maintenant une autre des grandes scènes de la vie orientale ; c’est la procession de la fiancée. Elle se fait avec une profusion de décors extraordinaires, avec une pompe majestueuse dans le cortège où sa pressent, coureurs, musiciens, faiseurs de tours de passe-passe, danseurs derrière lesquels vient la fiancée portée sur un char de caractère extrêmement antique, à moins que, délaissant les vieux usages, elle ne se fasse conduire dans le moderne et prosaïque fiacre.
Le conférencier nous fait ensuite assister au moyen de vues cinématographiques à la vie des Égyptiennes, à leurs occupations habituelles, à leurs coutumes. En passant, nous nous arrêtons fort amusés à considérer un barbier occupé à. raser ta tête d’un croyant.
Puis le conférencier nous transportant, dans le jardin de la mission française, évoque devant nous les troublants mystères de l'incarnation et les pratiques des charmeurs de serpents. C’est ainsi que nous voyons un de ces charmeurs, à la demande du Père, découvrir un serpent dans un buisson, prononcer avec force gestes la formule d’incantation, amener la bête à lui, et la prendre à la main, puis tirant d'un sac un cobra, ce terrible reptile qui fait tant de victimes en Orient, faire battre les deux bêtes tenant l'une dans ses dents, l’autre dans sa main, mais toutes deux par le bout extrême de la queue, seule façon de les rendre impuissantes ou tout au moins de leur ôter en partie la liberté de mouvement.
Comment expliquer ces pouvoirs et ces pratiques des charmeurs de serpents ?
Le R.P. Chevalier l'a essayé, et voici l'explication qu'il nous en donne, basée sur des expériences personnelles.
Tout d'abord, comment le charmeur, le vrai charmeur - car le plus grand nombre de ceux qui se donnent ce titre ne sont que des farceurs qui opèrent sur des bêtes dont on a arrache les crocs - comment le charmeur trouve-t-il les serpents ? Par l'odorat, tout simplement. Comment les attire-t-il ? Probablement à la façon des chasseurs de vipères français qui frottent leurs chaussures avec le corps écrasé d’une autre vipère.
Quant à invocation, à la formule d’incantation, il est évident que c’est de la farce. Enfin, comment le charmeur prend-il le serpent ? Là, c’est une simple question d’habileté. Il s’agit de saisir la bête et de la maintenir par le bout tout à fait extrême de la queue. Le R. P. Chevalier en a fait l'essai et a pu ainsi prendre lui aussi un serpent sans aucun inconvénient.
Mais il se fait tard. Le R. P. Chevalier termine donc en disant combien lui et ses confrères ont été flattés de l’appel que leur a fait la Société de Géographie de Saint-Quentin et de l'assistance nombreuse et sympathique qui est venue entendre la conférence.
M. Em. Lemairre, au nom de la Société remercie le conférencier et ses collègues de la façon intéressante dont ils nous ont révélé avec des documents très judicieusement choisis, cet Orient encore si mal connu, mais dont ils viennent de nous montrer avec la compétence de gens qui l'ont vu de tout près, qui y ont vécu et ont pu l'étudier à fond. M. Em. Lemaire exprime l'espoir qu'il nous sera donné d'entendre à nouveau l'éloquent et intéressant conférencier.
Et la séance est levée au milieu des applaudissements.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 22 janvier 1905, p. 5.
Les pères jésuites rencontrent, ici comme ailleurs, un grand succès à la hauteur de leur projet initial. En novembre, c'est le père Mulsant qui reviendra pour une nouvelle conférence.
Le Magical Box (Salle du Cirque, 18-27 mars 1905)
C'est à nouveau la salle du Cirque qui accueille un nouvel appareil, le Magical Box, dont on imagine que le nom est le fruit de l'imagination du tourneur. Pour attirer le spectateur, il faut bien entendu axer la publicité sur un aspect plus ou moins novateur. En l'occurrence, on vante ici la durée exceptionnelle des vues :
Salle du Cirque
Nous apprenons les débuts pour après-demain, Samedi 18 Mars, du célèbre Magical Box, le plus important des cinématographes qui existent dans le monde entier.
Notre ville est couverte de ses superbes chromolithographies et nous remarquons avec plaisir que ses collections ne ressemblent en rien à celles qui circulent habituellement en province. Les appareils de Magical Box donnent l'illusion de la vie et certains de ses tableaux durent 35 à 40 minutes.
Partout où il a passé, Magical Box a obtenu un succès colossal. Il en sera de même à Saint-Quentin.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 17 mars 1905, p. 3.
Mais en réalité, le responsable puise aux mêmes sources que ses concurrents. Une fois n'est pas coutume, les articles publiés dans la presse nous permettent d'avoir une idée du répertoire du Magical Box. Une première série de titres est publiée le surlendemain :
Salle du Cirque
Samedi 18 Mars et tous les soirs, à huit heures du soir, MAGICAL BOX, le plus moderne des Cinématographes.
PRINCIPAUX NUMÉROS :
Le Mousse ou la Pocharde ; La Guerre russo-japonaise ; L’escadre de la Baltique dans le canal de Suez ; Funérailles des héros du Yalou ; Triste Noël ; Courses de taureaux à Saint-Sébastien ; Jardin d’Acclimatation ; L’Abeille laborieuse (fabrication du miel).
La plus grande attraction cinématographique : Voyage à travers l’impossible, pièce fantastique en 40 tableaux.
Prix des places: Stalles, 2 fr. ; Chaises, 1 fr. 30 ; Premières, 1 fr. ; Secondes, 0 fr. 50.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 19 mars 1905, p. 2.
En revanche, certains titres ne sont pas facilement attribuables à un éditeur particulier de films. Toujours est-il que le succès est au rendez-vous et que la direction est même obligée de refuser du monde :
Le cinématographe installé au Cirque de la rue Dachery est appelé à attirer la foule en raison des très belles projections qu'il présente au public. Nous citerons parmi les plus réussies : La démolition de la plus grande cheminée de Paris, L'Abeille laborieuse, La Promenade au Jardin d'acclimatation, La triste nuit de Noël de l'enfant pauvre, Le Mousse, la scène militaire " En Bombe ", le Voyage à travers l'impossible, qui dure à lui seul plus de 25 minutes, etc., etc.
Bref, le spectacle est divisé en trois parties très complètes qui font la joie des petits et ne laissent pas les " grands " indifférents.
Hier dimanche la direction a été obligée de refuser du monde. Près de 500 personnes ont dû remettre à cette semaine le plaisir de voir ces magnifiques tableaux si intéressants et si pleins d'actualité.
Rappelons que les représentations vont se continuer tous les soirs à 8 h. 1/2, sauf le vendredi.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 21 mars 1905, p. 3.
C'est finalement le lundi 27 mars que le Magical Box organise sa soirée d'adieu, mais plus aucun nouveau titre ne sera indiqué dans la presse local :
CINÉMATOGRAPHE
C'est ce soir Lundi que le merveilleux Cinématographe MAGICAL-BOX, donnera sa dernière représentation.
La Direction nous prie de remercier, en son nom, les habitants pour l’excellent accueil qui lui a été fait et de les informer que le " Magical-Box " reviendra dans quelques mois avec de nouveaux et intéressants programmes.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 28 mars 1905, p. 3.
Quant au tourneur, il poursuit probablement sa route dans la région.
Le cinématographe de la Ménagerie Bidel (Place du Marché-Franc, 28 mai-12 juin 1905)
La très célèbre ménagerie Bidel, du nom de son propriétaire François Bidel, a une initiative pour le moins originale. Non contente de présenter, comme le fait tout ménagerie qui se respecte des animaux du monde entier, elle va associer à son spectacle un cinématographe qui permet au spectateur de connaître également le milieu naturel dans lequel les bêtes évoluent en liberté :
La Ménagerie Bidel
Nous avons annoncé l’arrivée de la célèbre ménagerie Bidel. Son installation sur la place du Marché-Franc est maintenant achevée.
Du 28 mai au 12 juin, petits et grands voudront aller voir la collection unique au monde présentée par le grand dompteur.
Ils y retrouveront l’audacieux dompteur Carrère, bien connu des Saint-Quentinois pour son intrépidité.
Les spectateurs assisteront également à un voyage cinématographié, fait par des explorateurs émérites dans les différentes régions boréales et tropicales, et dont la description sera faite par M. Bidel fils.
Tous les soirs, à 8 h. 12, grandes représentations.
Dimanches et fêtes, représentations à 3 h., 4 h. 1/2 et 8 h. 1/2.
Prix des places : 1 fr. 50, 1 fr. et 50 centimes.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 28 mai 1905, p. 2.
La réalité n'est pas tout à fait celle que nous expose l'article. En réalité, François Bidel a organisé, pour son Théâtre Zoologique, ces tournages dans des décors de Cornil, décorateur de l'Opéra, et avec la participation de plusieurs complices comme le révèlent ces quelques lignes :
Chez Bidel
[...]
Bidel n’est pas seulement un célèbre montreur de bêtes ; c’est aussi un homme d’initiative, soucieux d’instruire son public. Il a imaginé de montrer ses fauves dans leur pays d’origine. Pendant deux heures, les projections géantes de son cinématographe, faites sur un écran de 30 mètres carrés, promènent les spectateurs à travers les glaces du pôle, peuplées d’ours, les déserts de l’Afrique sonores du rugissement des lions, les forêts de l’Inde frémissantes du bond des tigres. De temps à autre, la toile se lève et l’on assiste au travail de divers dompteurs, revêtus de costumes autochtones, esquimaux, sibériens, chinois, indiens, arabes, dans la vaste cage centrale où les ours, les panthères, les loups, les tigres et les lions sont tour à tour réunis.
Cette séance est terminée par les exercices sensationnels qu’un audacieux élève de Bidel, digne d’un tel maître, fait exécuter à des lionnes encore indomptées.
Pendant la représentation, M. Bidel fils explique avec beaucoup de clarté et souvent avec esprit les différentes vues du cinématographe.
Nous sommes l’interprète du journal Le Guetteur pour adresser nos plus vives félicitations à M. Bidel ainsi qu’à ses intrépides collaborateurs et pour lui souhaiter, pendant son séjour à Saint-Quentin, un public de plus en plus nombreux.
Georges Parmentier.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 4 juin 1905, p. 2.
Le célèbre dompteur et homme de cirque n'a pas dû prolonger ses spectacles au-delà de la date prévue à savoir le 12 juin.
The American Viograph (Cirque, 23 juin- 3 juillet 1905)
En cette année 1905, les Quentinois peuvent voir des vues animées presque sans interruption. Quelques jours après le départ de la ménagerie Bidel, c'est The American Viograph qui s'installe au Cirque de Saint-Quentin. La surenchère est de mise, et ce nouvel appareil est immédiatement présenté comme le plus grand et le plus parfait :
The American Viograph
Nous sommes heureux d’apprendre que nous allons posséder au Cirque de Saint-Quentin, du vendredi 23 juin au 3 juillet, le merveilleux cinématographe The American Viograph.
Ce cinématographe est assurément le plus grand et le plus parfait qui se soit vu, et la nouveauté de ses vues assure son succès partout où il passe.
Entre autres actualités, nous pourrons voir la plus merveilleuse reproduction cinématographique qui se soit faite à ce jour : le voyage de S. M. Alphonse XIII en France, absolument complet, depuis son arrivée, ses visites à Chatons, Vincennes, Versailles, etc... jusque son départ de Cherbourg.
Cette série a été prise pour la collection de S. M. Alphonse XIII et sera reproduite à Madrid au Palais Royal devant toute la Cour ainsi qu’à Paris à la Présidence de la République.
Par suite d’engagements ultérieurs " The American Viograph " ne pourra rester à Saint-Quentin que 11 jours.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 18 juin 1905, p. 2.
Même si le nom a une consonance anglo-saxonne, il s'agit très probablement d'un effet publicitaire pour attirer le spectateur. On ne connaît pas d'autre " American Viograph ", il existe en revanche un " American Vitograph ", mais ça ne semble pas être celui-ci. Le film auquel fait référence l'article pourrait avoir été tourné par différents éditeurs. Un nouvel article nous apporte quelques précisions sur les prix et les horaires, mais rien sur l'opérateur de ce mystérieux cinématographe :
The American Viograph
A SAINT-QUENTIN
Il arrive le merveilleux cinématographe " The American Viograph ". La première soirée est pour demain vendredi 23 courant et la direction nous promet pour cette première soirée de gala un excellent programme.
Le très grand succès remporté dans les villes dans lesquelles " The American Viograph " vient de séjourner, lui assure les sympathies du public saint-quentinois et nous ne pouvons regretter qu’une chose, c’est que la direction ne puisse rester que onze jours à Saint-Quentin ; aussi, tous les soirs sans exception aucune, " The American Viograph " donnera sa séance à 8 h. 1/2 afin que tout le monde puisse en profiter.
Nous convions donc les amateurs de spectacle intéressant et amusant à aller au Cirque à partir de demain vendredi 23 juin, où, tous les soirs, sera donnée une séance de trois heures au moins à 8 h. 1/2 précises.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 23 juin 1905, p. 3.
Nous n'aurons pas d'autre information sur cet appareil mystérieux, ni sur son propriétaire.
Le Royal Vio de M. Lacabane (Place Babeuf, 14 juillet 1905)
La municipalité de Saint-Quentin a décidé, en juin, de remplacer le feu d'artifice du 14 juillet par des projections cinématographiques :
Rien n’est changé au programme de la fête habituelle du 14 Juillet, si ce n’est que le traditionnel feu d’artifice sera remplacé par une séance de cinématographie.
Coût de la dépense totale 8.000 fr.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 18 juin 1905, p. 1.
C'est M. Lacabane qui est chargé d'organiser cette projection avec son " Royal Vio " qui ne restera pas dans les mémoires :[...]
La fête a été terminée le soir par une séance de vues cinématographiques très intéressantes, bien que souvent reproduites déjà, donnée sur la place Babeuf par le Royal Vio, directeur M. Lacabane, et par un bal public sur la Place de l’Hôtel-de-Ville qui s’est prolongé fort tard dans la nuit.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 16 juillet 1905, p. 2.
La Société du cinématographe automobile (Cirque, 25-27 août 1905)
La Société du Cinématographe automobile, une initiative originale du cambiste Alfred Bréard, a organisé une tournée dans l'Est du pays afin de présenter son nouveau spectacle au Cirque de Saint-Quentin. La presse annonce sa prochaine arrivée et offre déjà une partie du répertoire :
Cinématographe
Nous sommes heureux d’annoncer à nos lecteurs que la Société du cinématographe automobile viendra donner des représentations au Cirque de Saint-Quentin, les vendredi 25, samedi 26 et dimanche 27 août.
Cette Société, qui exploite à Paris et en province de nombreuses salles de spectacles, représente, à côté des vues de la plus récente actualité, un grand nombre de scènes dramatiques et comiques en couleur du plus vif intérêt.
Voici le programme annoncé : 1° Dénicheurs d’oiseaux ; 2° Drame dans les airs ; 3° Course de taureaux ; 4° Cambrioleurs ; 5° L’incendiaire ; 6° Le Jaune, ballon Lebaudy ; 7º La coupe Gordon Benett 1905 ; 8º Un voyageur peu gêné ; 9° Un rêve de Dranem ; 10° L'amant de la lune ; 11º Le Petit Poucet ; 12° Fausse alerte ; 13° La mine ; 14° Le bain du charbonnier ; 15º La ruche merveilleuse ; 16° Dix femmes pour un mari.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 23 août 1905, p. 2-3.
Le mauvaistemps a contrarié malheureusement les soirées données au Cirque, mais le public claisemé a bien apprécié les films :
CINÉMATOGRAPHE AUTOMOBILE.
Excellente soirée, hier soir, au cinématographe automobile installé au cirque de la rue Dachery, séance à laquelle malheureusement beaucoup de personnes n’ont pas osé se rendre en raison du mauvais temps.
Ce qui n’a pas empêché d’ailleurs à l’administration du cinématographe de donner un programme choisi très applaudi et dont plusieurs numéros ont été redemandés.
C’est dire qu’on peut aller au cirque ce soir et demain soir avec la certitude d’y passer quelques heures agréables.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, 27 août 1905, p. 2.
Le responsable et le Cinématographe Automobile quitte Saint-Quentin pour Laon.
Le Cinématographe " The Idéal " (Cirque, 9-18 septembre 1905)
L'origine du "The Idéal" reste un mystère. Plusieurs appareils se qualifient d' "idéal" et l'américanisation des noms de cinématographes est aussi une tendance publicitaire. C'est au Cirque de la rue Dachery que ce " Cinématographe Parlant " - un qualificatif qui existe depuis les débuts du cinématographe - va offrir quelques séances. L'inauguration a lieu le samedi 9 septembre :
CINÉMATOGRAPHE PARLANT
C’est ce soir samedi, à 8 h. 1/2, au Cirque, rue Dachery, qu’auront lieu les débuts du grand Cinématographe parlant, qui présentera au public des vues sensationnelles et inédites, telle que l’immense succès : Un Voyage à travers l'impossible, grande féerie en 45 tableaux.
Tous les soirs, séance à 8 h. 1/2.
Dimanche et Jeudi, matinée à 3 h. 1/2.
Mardi et Vendredi, relâche.
Orchestre symphonique.
Prix des places : Stalles, 1 fr. 50 ; Chaises de piste, 1 fr. ; Pourtour, 0.75 ; Galerie, 0.40.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 10 septembre 1905, p. 2.
Le compte rendu permet de penser que la réception des vues animées a été plutôt bonne... aucune mention n'est faite des conditions de projections, ce qui n'autorise aucune conclusion :
CINÉMATOGRAPHE
Les débuts du Cinématographe Idéal ont eu lieu samedi, à la salle du Cirque, devant un nombreux public, et la représentation d’hier soir avait attiré également une nombreuse assistance.
Parmi les projections qui ont été les plus appréciées des spectateurs, il faut citer : Un drame dans les airs, l’Histoire d’un crime, les Consommateurs insolvables, le Singe Auguste, le Chien et la pipe, etc. Mais une mention particulière est due au Roman de Jenny l’ouvrière et aux féeries d’Ali-Baba et les 40 voleurs et du Voyage à travers l’impossible ; dans cette dernière féerie les bornes de la fantaisie sont reculées jusqu’aux dernières limites.
Les représentations vont se pour suivre tous les soirs de cette semaine, à 8 h. 1/2, excepté le mardi et le vendredi ; jeudi, matinée à 3 h. 1/2.
***
Un mot, pour finir, sur la demande qui nous en a été faite par quelques personnes. Nous devons dire qu’on se plaint des braillements qui ont lieu durant les projections, alors que la salle est dans l’obscurité, ce dont profitent quelques jeunes gens qui font preuve d’un goût douteux. On nous a prié de signaler le cas à M. le Commissaire central de police.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 12 septembre 1905, p. 2.
Le journaliste donne quelques titres de films ce qui nous permet de savoir que le corpus provient presque en totalité de la maison Pathé qui a alors une position très dominante sur le marché de la production cinématographique. Intéressante la remarque sur l'ambiance qui règne dans la salle où sont projectées les vues animées, une animation par ailleurs presque habituelle lors des projections de films. Un autre élément qui a son importance, c'est la qualité morale des vues présentées. Dans un entrefilet postérieur, le responsable rappelle que son programme est " choisi et irréprochable au point de vue moral ", ce qui n'est pas toujours le cas pour d'autres appareils. Alors que le séjour de "The Ideal" se termine, le propriétaire multiplie les séances de gala, le jeudi 14 septembre, en soirée (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 15 septembre 1905, p. 2.), et en matinée pour les familles, le dimanche 17 septembre (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 17 septembre 1905, p. 2). C'est finalement le lundi 18 septembre qu'est annonce la clôture des séances :
Cinématographe " The Idéal "
Salle comble aux représentations de Samedi et la journée du Dimanche au grandiose Cinématographe parlant, au Cirque, rue Dachery.
Aujourd’hui Lundi, dernière séance à 8 heures 1/2, pour la clôture définitive, avec changement complet du programme.
Prix des places. — Stalles, 1 fr. 50 ; Chaises, 1 fr. ; Pourtours, 0 fr. 75 ; Galeries, 0 fr. 40.
Demi-prix pour les militaires et les enfants.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 19 septembre 1905, p. 3.
Répertoire (autres vues) : Les superbes tableaux de Joseph vendu par ses frères, avec corps de ballet, magnifique vue coloriée (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 17 septembre 1905, p. 2).
Le Cinématographe Camby (Champ de Foire, 9-29 octobre 1905)
Parmi les établissements qui arrivent à Saint-Quentin pour la foire de la Saint-Denis qui commence le 9 octobre et dure vingt jours, nous trouvons un banquiste connu, Alexandre Camby, qui sillonne la France depuis des années :
La Foire
Huit jours seulement nous séparent de la foire de la Saint-Denis. Plusieurs théâtres forains ont retenu des places sur l’emplacement du champ de foire, espérant faire ici une ample provision de " gros sous ". Nous citerons : le théâtre Borgniet, le cirque Delafioure (animaux savants), le théâtre Grandsart-Courtois, la ménagerie Fortunio, l’Hippodrome Henrotte, le théâtre des lilliputiens Roussel, le cinématographe Camby, l’arène de lutte Monnier, le musée Enjalbert, des marchands de pommes de terre frites, des carrousels, etc., et sans oublier " Gugusse ", le marchand de nougat.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 1er octobre 1905, p. 1.
La presse ne parle pas du cinématographe, mais évoque en revanche le don de " double vue " dont " on a beaucoup perfectionné le procédé et l'on atteint les limites de l'invraisemblance avec des sujets comme Mlle Blanche de Paunac qui est précisément à la foire, dans la baraque de M. Camby, et en ce moment. " (Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 11 octobre 1905, p. 2.) Et puis plus rien jusqu'à la fin de la foire.
Le Cinématographe de l'abbé Mulsant (Bourse du Commerce, 17 novembre 1905)
L'abbé Mulsant, compagnon de route du père Chevalier qui est déjà passé à Saint-Quentin en janvier 1905, propose une conférence le vendredi 17 novembre, invité par la Société de Géographie de Saint-Quentin :
Société de Géographie de St-Quentin
Le vendredi 17 novembre, à 8 h. 1/2 du soir, dans la Salle de la Bourse du Commerce, rue de la Sellerie, M. l'abbé Mulsant, missionnaire de Syrie, donnera une Conférence avec projections et vues cinématographiques sous ce titre : " Au pays de l’enfance du Christ. "
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 14 novembre 1905, p. 2.
Les conférences s'organisent en mêlant vues fixes et vues animées, accompagnées des commentaires du conférencier. Cette fois-ci, c'est Au pays de l'enfance du Christ qui est proposé aux spectateurs. La série qui comprend 42 films auxquels il convient d'ajouter les photographies est présentée grâce à un seul appareil.
1906
Le Géant Cinématographe Perfectionné de la Tournée Bénévol (Cirque, 6-8 janvier 1906)
D'origine italienne, mais se faisant passer pour Mexicain, Francesco Benevole est une figure essentielle du monde de la foire et de la variété. Il est connu pour ses numéros particulièrement violents. À l'occasion, il a associé le cinématographe à ses spectacles. L'arrivée de la troupe est annoncée dans les premiers jours de l'année 1906 :
Cirque de Saint-Quentin
TOURNÉE BENÉVOL
Pendant trois jours seulement, samedi 6, dimanche 7 (matinée et soirée), et lundi 8 courant, nous aurons au Cirque une troupe qui arrive pour la première fois ici, mais précédée d’une renommée universelle ; c’est Bénévol, le célèbre médium qui nous présentera ses merveilleuses expériences de spiritisme, expériences qui déconcertent les plus blasés. En outre de cela une troupe choisie avec un soin tout particulier nous fera assister à une pléiade d’attractions inédites :
La Gitane Gypska et le mage Oranoff dans leurs curieuses expériences de transmission de la pensée ; Camill’, l’homme silhouette ; le dresseur émérite Fred Sato, etc., ainsi que le géant cinématographe perfectionné. Toutes ces attractions attireront certainement la foule ces trois jours au Cirque.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 7 janvier 1906, p. 2.
Comme on peut s'en rendre compte, le cinématographe ne représente qu'un adjuvant dans un spectacle qui comporte de nombreux numéros. D'ailleurs, le compte rendu que publié le même journal... on cite à peine le ciniématographe :
BENEVOL
C'est devant un public nombreux, et qui chaque fois s’est retiré vivement intéressé, qu’ont eu lieu, samedi et dimanche, les expériences merveilleuses du célèbre médium Bénévol et celles non moins intéressantes de transmission de la pensée par le mage Oranoff et la gitane Gypska.
Bénévol est véritablement un être surprenant : ses tours de prestidigitation vous laissent rêveurs ; ses expériences de spiritisme déconcertent les esprits les plus forts et les plus blasés : et celles sur la suggestion mentale à l’état de veille sont tout simplement étonnantes, en même temps qu'elles sont des plus concluantes.
Pour ces dernières. Bénévol s’est servi d’un poids de 10 kilogrammes, et il a fait appel au concours des personnes les plus connues de nos concitoyens. L’expérience consiste, pour Bénévol, à suggérer au " sujet " d'un moment, que ce poids de 10 kilos qu’il tient dans les mains pèse 50 kilos, ou 100, ou 1 000 ! ou bien encore, expérience inverse, qu’il est inférieur à 10 kilos. Après avoir vu les plus honorables de nos concitoyens se prêter à l’expérience et faire des efforts surhumains pour l’enlever, et cela sans succès, le public a fait les plus chaleureuses ovations au célèbre médium Bénévol.
On a applaudi également les curieuses expériences de transmission de la pensée du mage Oranoff et de la gitane Gypska, les chiens équilibristes du dresseur émérite Fred Sato, les silhouettes de Camill', et la soirée est terminée par quelques projections cinématographiques.
C’est un spectacle vraiment unique et qui explique la renommée universelle de la tournée Bénévol. Nous ne saurions trop engager nos lecteurs à aller voir ce spectacle des plus curieux et des plus intéressants. Mais qu’ils se bâtent, car Bénévol et sa troupe donnent ce soir leur dernière représentation.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 9 janvier 1906, p. 3.
Après trois jours de spectacle, la troupe de Francesco Benevole repart...
The Royal Spectacle (Cirque 1er-12 mars 1906)
Le " The Royal Spectacle " a fait son apparition l'année précédente et il a organisé des séances à Reims en décembre 1905. À Saint-Quentin, l'inauguration est initialement prévue le 1er mars, au Cirque :
SALLE DU CIRQUE.
The Royal Spectacle ;
On nous communique :
"Nous rappelons que c’est aujourd’hui à 8h 1/2 du soir que commencera au cirque la série des représentations de The Royal Spectacle, ce grandiose et merveilleux cinématographe qui surpasse tous ces devanciers.
"A partir de ce soir, les amateurs de toutes les manifestations artistiques prendront en foule le chemin du cirque.
"Nous ne saurions trop le répéter : c'est le plus joli spectacle qui puisse émerveiller les yeux; jamais il n'a été fait si beau, si grandiose.
Parmi les principaux tableaux, il faut surtout citer : " la poule aux œufs d’or " splendide féerie nouvelle en 14 tableaux ; " la vie du marin ", scènes maritimes du plus vif intérêt ; " la Vendetta ", épisodes de la vie corse, aussi pittoresques dramatiques; "le rêve du Sultan ", "une fête à Versailles ", etc., etc. "
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 2 mars 1906, p. 3.
Mais des questions d'alimentation, un problème récurrent des premiers temps du cinématographe, vient perturber la première soirée :
Cirque de Saint-Quentin
Les débuts de "The Royal Spectacle " ont eu lieu jeudi en matinée et ils ont été couronnés du plus vif et du plus légitime succès, et les merveilles annoncées sur nos murs sont loin d’être de trompeuses promesses.
Le soir, la représentation n’a pu avoir lieu par suite de réparations à l’électricité, et c’est aujourd’hui seulement, à 8 h. 1/2, qu’aura lieu la première soirée officielle de ce grandiose et merveilleux cinématographe qui surpasse tout ce qui a été vu jusqu’à ce jour.
Il ne faut pas être grand clerc pour prédire que ce splendide spectacle fera courir tout les Saint Quentinois au Cirque pendant les quelques jours que "The Royal Spectacle " va rester dans nos murs.
Rappelons qu’il y aura matinée demain à 2 h. 1/2.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 4 mars 1906, p. 2.
Difficile de savoir si le texte de l'article a été ou pas dicté par le directeur du spectacle. Il semble, à le croire, que nous sommes en plein succès. Le texte suivant permet de mieux connaître le fonctionnement de la soirée donnée par The Royal Spectacle :
" The Royal Spectacle " au Cirque
Le cinématographe " The Royal Spectacle " a donné, samedi et dimanche, au Cirque, ses premières soirées devant un public très nombreux. Ses projections sont des plus belles et les vues d'une grande netteté Elles comprennent des numéros très intéressants et d’autres des plus comiques. Nous citerons notamment : la Vie du Marin, la Vendetta corse, un Torpilleur sous la tempête, le Concours de Gourmands, la Guerre enfantine, la Poule aux œufs d’or, très belle féerie en couleurs, en treize tableaux, une Fête à Versailles (les grandes eaux ; les fontaines lumineuses), toutes vues merveilleuses qui ont soulevé les applaudissements des spectateurs.
Entre chaque numéro, un panorama d’une des villes les plus pittoresques de l’Italie ou de Russie, ou une vue des plus beaux monuments du monde, sont offerts aux regards émerveillés du public.
Ce cinématographe va poursuivre ses représentations tous les soirs de cette semaine, le vendredi excepté. Nos concitoyens tiendront certainement à aller applaudir ce très beau spectacle.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 6 mars 1906, p. 3.
Le spectacle combine les vues animées - apparemment des maisons Pathé et Gaumont - et les vues fixes, en l'occurrence des panoramas. C'est une formule qui est parfois utilisée, elle permet de prendre le temps de changer le film. Un nouvel article, tout en offrant de nouveaux titres, vante les qualités de l'appareil de projections :
AU CINÉMATOGRAPHE.
Le nouveau programme du Royal Spectacle ne le cède en rien au précédent, ni comme variété, ni comme intérêt.
Quelques numéros comme les « Débuts d’un collégien », les « Apaches de Paris », et d’autres encore, sont de petits chefs-d’œuvres de mise en scène ou de reconstitution.
Ce cinématographe est, à coup sûr, l’un des meilleurs, et même le meilleur qu'il nous ait été donné de voir à Saint-Quentin.
Il y a là, jusqu’à lundi soir, quelques bonnes heures à passer, autant pour les grandes personnes que pour les enfants.
Nous souhaitons que le public Saint-Quentlnois fasse au Royal Spectacle l’accueil qu’il mérite et l’encourage ainsi à revenir souvent.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 11 mars 1906, p. 2.
. Un dernier article annonce le départ du Royal Spectacle :
CIRQUE DE SAINT-QUENTIN
Aujourd’hui, Lundi 12 Mars, soirée d’adieu de The Royal Spectacle.
Entrée gratuite pour les dames accompagnées d’un cavalier. Deux dames seules ne paieront qu’une place.
Les Martyrs de l'Inquisition,
Episodes dramatiques de l’Histoire d’Espagne, en 12 tableaux, reconstituées d’après Torquemada, le chef-d’œuvre posthume de Victor Hugo.
Tableaux inédits. - Programme varié.
Prix des places : Premières, 2 francs. — Secondes et Chaises, 1 fr. — Troisièmes, 50 centimes.
Moitié prix pour les enfants.
On commencera à 8 h. 1/2.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 13 mars 1906, p. 3.
Après une douzaine de jours de représentations, The Royal Spectacle quitte Saint-Quentin. Quelques semaines plus tard nous le retrouvons à Troyes.
Le Cinématographe automobile (3-6 avril 1906)
Le Cinématographe automobile n'est pas un inconnu à Saint-Quentin, il a déjà donné des représentations en août 1905. En ce mois de mars, ce sont quatre représentations qui vont être données au Cirque, le lieu préféré des séances cinématographiques :
Cinématographe aulomobile
Nous avons le plaisir d'annoncer à nos lecteurs le nouveau passage à St Quentin du Cinématographe Automobile qui va donner quatre représentations extraordinaires, au Cirque, les mardi 3, mercredi 4, jeudi 5 et vendredi 6 avril, à 8 h. 1/2 du soir.
Nous avons la conviction que le succès qui a accueilli la tournée lors de son séjour en notre Ville au mois d'août dernier, ne fera que s'accentuer. Il va sans dire qu'il sera présenté au public un programme entièrement renouvelé.
Nous espérons que nos compatriotes sauront profiter de cette occasion pour aller passer au Cirque deux heures fort agréablement remplies.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 23 mars 1906, p. 3.
Les autres articles publiés dans la presse saint-quentinoise sont répétitifs et très peu informatifs.
Le cinématographe du 1er mai (Place de l'Hôtel de Ville, 1er mai 1906)
À l'occasion du 1er mai, un cinématographe a été prévu pour les festivités et il offre au public gratuitement des vues sur la place de l'Hôtel-de-Ville :
Ville de St-Quentin
FÊTE DU 1er MAI 1906
[...]
Place de l'Hôtel-de-Ville, de 9 heures à 11 h. 1/2 du soir, Cinématographe.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 29 avril 1906, p. 6.
Une seule soirée, par ailleurs particulièrement agitée, où le cinématographe n'a pas été au meilleur de sa forme surtout à cause de la disposition de l'écran sur lequel se déroulent les vues animées :
La séance de cinématographe du soir, à laquelle assistait une foule considérable, fut plutôt médiocre, bien, que les vues et l’appareil nous eussent paru vraiment excellents, en raison de la disposition défectueuse dé l’écran qu'on avait placé sur le théâtre, de sorte qu’il était éclairé, à certains moments surtout, presque autant par les façades des cafés d’en face que par la lampe à projections.
Si bien, que si maintes vues valurent aux opérateurs les bravos du public, d’autres, par contre, furent accueillies par des bordées de sifflets.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 3 mai 1906, p. 3.
En revanche, aucune information ni sur l'appareil, ni sur l'opérateur.
Le Cinéma universel (Théâtre, 8-17 juin 1906)
Il est encore peu fréquent, en 1906, que la forme apocopée de " cinématographe " soit utilisée, en particulier, pour désigner un appareil. Aussi le Cinéma Universel apparaît, par sa dénomination au moins, comme assez original. Nous ignorons l'appareil utilisé et le propriétaire nous est inconnu. En revanche, dès la première annonce, on a droit à quelques titres du programme :
THEATRE. — C’est vendredi 8 juin que débutera le Cinéma Universel. Son programme comporte entre autres jolies scènes : L’honneur d’un père ; Le Derby de Chantilly 1906 ; J’ai perdu mon lorgnon ; La voix de la conscience ; Vendetta, etc.
Jeudi et" dimanche, matinée à 3 heures.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 8 juin 1906, p. 3.
Le Cinéma Universel reçoit un accueil très favorable de la population saint-quentinoise, si l'on en croit la presse. Plusieurs articles en témoignent comme le suivant :
CINEMATOGRAPHE. — La soirée d’hier, dimanche, a confirmé le succès des précédentes cela ne nous étonne pas. Outre que le Cinéma Universel possède l’un des meilleurs appareils que nous ayions déjà vus, son programme très abondant et adroitement varié, justifie le bon accueil que lui font chaque soir les spectateurs, tour à tour intéressés, émus et amusés.
Les amateurs du cinématographe se doivent d'y aller. D'autant que la première série de vues sera terminée ce soir, et que demain, le programme doit être entièrement renouvelé.
Je souhaite au " Cinéma Universel " d’être assidûment admiré, pendant le temps qu’il passe parmi nous, et qu’il ne nous quitte que pour bientôt revenir.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 12 juin 1906, p. 3.
Pour le reste, le responsable du Cinéma Universel organise une séance spéciale pour les enfants, le jeudi 14 juin, en matinée :
CINEMA UNIVERSEL. — Jeudi 14 juin, à 3 heures, au théâtre, grande matinée scolaire avec changement complet de programme.
Prix des places : Premières, stalles, baignoires et parquets, 0 fr. 50 ; pourtours, deuxième de face, avant-scènes, secondes de côté, secondes et parterre, 0 fr. 25 ; troisième 0 fr.20.
Avis. — Les personnes qui accompagneront leurs enfants à cette matinée paieront moitié prix sur le prix ordinaire des places.
Jeudi soir, à 8 heures 1/2 précises, avant dernière représentation du " Cinéma Universel " aux prix ci-dessous : Premières, stalles, baignoires, 1 fr 75 ; parquet, 1 fr. 40 ; pourtours 1 fr, avant-scènes, secondes et seconde de face, 1fr 25 ; parterres, 0 fr 75 ; seconde de côté, 0 fr. 65, troisièmes, 0 fr. 40.
Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 14 juin 1906, p. 3.
Finalement la dernière représentation a lieu le dimanche 17 juin 1906 :
Théâtre de Saint-Quentin
Cinéma universel
Demain dimanche, à 8 heures du soir, dernière représentation de l’universel cinéma avec changement de programme.
PRIX DES PLACES :
Premières, stalles, baignoires, 1 fr. 75 ; Parquet, 1 fr. 40 ; Pourtour, 1 fr. ; Parterre, 0 fr. 75 ; Secondes de côté, 0 fr. 65 ; Troisièmes, 0 fr. 40.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 17 juin 1906, p. 2.
Nous ne savons où se rend le Cinéma Universel après sont départ de Saint-Quentin.
Répertoire (autres vues) : Les Apaches de Paris (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 8 juin 1906, p. 2)
Le Théâtre Camby d'Alexandre Camby (Champ de Foire, <20> octobre 1906)
Alexandre Camby installe son théâtre sur le Champ de Foire en octobre :
La foire
Elle se poursuit, favorisée, du moins jusqu'ici, par le beau temps.
Aussi y avait-il foule hier, aux loges et aux diverses attractions du Champ de foire, où nombre de nos concitoyens ont tenu à faire, le soir, un petit tour de promenade.
La visite des attractions ne manque pas d'intérêt.
Qu'on en juge.
[...]
L'appétit est satisfait ? Oui ! - Alors une visite au théâtre Camby, au populaire Camby: le spectacle y est divers: cinématographe, danses, clown imitateur d'animaux, prestidigitation: prix d'entrée 1 franc, 0 fr. 50 et 0 fr. 30.
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement, Saint-Quentin, 20 octobre 1906, p. 2.
The Stinson Bio de René Fossembas (Cirque, 7-17 décembre 1906)
En provenance du Havre, The Stinson Bio de René Fossembas s'installe au Cirque de Saint-Quentin. Dès les premières annonces, il est signalé la qualité de l'appareil et l'originalité du système d'alimentation :
CIRQUE DE SAINT-QUENTIN
Grand Cinématographe américain
On nous annonce pour vendredi prochain les débuts au Cirque de Saint Quentin du Grand Cinématographe américain " Stinson Bio ", le plus grand succès actuel du Grand Théâtre-Cirque du Havre.
Cette attraction, l*une des p!us grandes voyageant actuellement eu Europe, fait dérouler devant les yeux des spectateurs, sans aucune trépidation, un merveilleux programme pouvant être vu par tout le monde.
Ajoutons que la lumière électrique est fournie par l’automobile du directeur qui par une ingénieuse conception peut produire aussi bien à l’arrêt qu’en marche le courant nécessaire aux projections et à la réclame lumineuse ; nous verrons du reste sous peu circuler cette voiture dans les rues de Saint-Quentin.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, mardi 4 décembre 1906, p. 3.
L'idée d'utiliser l'automobile pour organiser des séances de cinématographie est déjà mis en oeuvre par le "Cinématographe Automobile" d'Alfred Bréard, mais le Stinson Bio lui aussi fonctionne depuis 1905. Avant même l'inauguration, une partie du programme est annoncée au lecteur :
CIRQUE DE SAINT-QUENTIN
Grand Cinématographe américain
Comme nous l'avons déjà annoncé c'est vendredi soir que débutera au Cirque de Saint-Quenlin le grand cinématographe américain " Stinson Bio " dans sa première série de vues cinématographiques.
Au programme : L'antre de la Sorcière. — La femme du Lutteur. — Le petit frère sous les Choux. — La jeteuse de sorts. — Fruit défendu. — Les débuts d'un chauffeur d'automobile. — Les lettres qui parlent, etc...
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, vendredi 7 décembre 1906, p. 3.
Le compte rendu, publié deux jours plus tard, indique que la qualité des projections a été à la hauteur des espérances et que le succès est au rendez-vous. Autre avantage, les vues sont inédites, ce qui est un atout incontestable pour un cinématographe :
CIRQUE DE SAINT-QUENTIN
Grand Cinématographe américain
Pour ses débuts au Cirque, le Grand Cinématographe américain " Stinson Rio " a remporté hier soir un succès colossal devant une salle presque comble.
Ses projections sur l’écran sont d’une netteté remarquable et la trépidation si fatigante pour les yeux semble avoir presque totalement disparu.
Le programme composé avec goût, comportait des vues absolument inédites ; il s’est déroulé sans le moindre à-coup au milieu d’une suite perpétuelle de bravos que le public n’a pas ménagés, emballé qu’il était par la beauté du spectacle.
Notons entre autres vues : Les débuts d’un chauffeur — Fruit défendu — Les Alpes bernoises — Le crime de Jean Marie — La jeteuse de sorts — La femme du lutteur, et enfin le clou de la soirée, un petit frère sous les choux ou les touchantes illusions du jeune âge et le bon cœur d’une petite fille se sont réunis pour ramener le bonheur au foyer familial.
Avec un tel spectacle le succès de " Stinson Rio " est désormais assuré.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, dimanche 9 décembre 1906, p. 2.
Un second programme est proposé quelques jours plus tard (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 16 décembre 1906, p. 2), avant l'annonce de la fin des séances (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 18 décembre 1906, p. 2).
Répertoire (autres films) : Les Chiens contrebandiers, Hallucination musicale, J'ai perdu mon lorgnon (Journal de Saint-Quentin et de l'Aisne, 9 décembre 1906, p. 2), Les Effets du melon, La Vie du marin, Un bain forcé, Un rêve à la lune, Les Chevaux plongeurs (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne (Saint-Quentin, 11 décembre 1906, p. 2), Paysan à Paris, Sauvé par Médor, Les chasses de Rambouillet, La famille à vélo, Voilà mon mari, Le cœur a ses raisons, Les Invisibles, Lettre à la payse (Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 16 décembre 1906, p. 2).