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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

TROYES

Jean-Claude SEGUIN

Troyes, chef-lieu du département de l'Aube (France), compte 47.551 habitants (1894).

1896

Le Cinétographe (30 mai-14 juin 1896)

Le cinétographe qui arrive à Troyes, au printemps 1896, est un appareil construit par les frères Werner et que présente monsieur Arnould. L'inauguration a lieu le samedi 30 mai sur la rue Thiers :

La photographie animée
Nous apprenons avec satisfaction que nous allons posséder, dans quelques jours, une attraction des plus intéressantes :il s'agit du Cinématographe, qui est la photographie animée. Nous avons eu le plaisir de voir cette merveille, à Paris, il y a quelques jours ; c'est, pour la capitale, un engouement tel que l'on fait queue.
Bon succès ! Les Troyens sont aussi amateurs que les Parisiens de ces découvertes.
11, rue Thiers, en face la rue du Cirque.
Ouverture, samedi 30 courant, à 8 heures.


Le Petit Troyen, Troyes, 29 mai 1896, p. 2

L'appareil n'est pas connu pour être l'un des meilleurs cinématographes du moment. Il est vendu avec un petit nombre de films ce qui limite, en tout état de cause, la durée et le nombre des séances. Un second article - plutôt publicitaire - fait l'éloge du spectacle : 

Photographies animées
Si le succès du Cinématographe dans notre ville est immense, il est justement mérité.
Ce spectacle, en effet, intéresse tout le monde, il fait en ce moment courir la capitale et cet engouement est justifié.
Les scènes représentées donnent l’illusion absolue de la vie réelle. Remarquez les grands boulevards de Paris, on s’y croirait transporté grâce à cette dernière création de la science moderne.
Ses séances ont lieu tous les soirs à partir de 8 h. 1/2 et se succèdent sans interruption toutes les 20 minutes. Jeudi, samedi et dimanche, matinées à partir de 3 heures. Entrée : chaises, 0 fr. 50.
Le Cinématographe est installé, 11, rue Thiers.


Le Petit Troyen, Troyes, 3 juin 1896, p. 2.

Le nombre de vues présenté par séance n'est pas indiqué, mais il ne dépasse guère les 12 vues. Quelques jours plus tard, on annonce une nouveauté, l’arrivée d’un train en gare, un classique des premiers temps : 

Vingt minutes en plein Paris
Grâce au merveilleux instrument que chacun peut admirer 11, rue Thiers, on peut assister au spectacle qu’offre Paris à deux heures de l'après-midi.
Un tableau qui laisse une impression profonde, c’est l’arrivée d’un train en gare, que l’on ne voit que depuis hier.
Le tableau est d’une telle vérité qu’instinctivement, à l’arrivée de la locomotive, les spectateurs se reculent, craignant d’être écrasés par le monstre d’acier.
Le cinétographe n’est plus à Troyes que pour trois jours seulement, qu’on se hâte donc d’admirer cette dernière merveille, ce dernier progrès de la photographie.


Le Petit Troyen, Troyes, 9 juin 1896, p. 2.

Un dernier article nous révèle le nom du propriétaire et semble indiquer, en creux, que des problèmes d'éclairage ont pu avoir lieu puisque désormais, il est plus intense : 

Aux Folies-Bergères
Inutile d’aller rue Richer ; il suffit pour admirer la danse serpentine par la Loïe Fieller [sic] en personne d'aller 11, rue Thiers. 
M. Arnould, cédant aux sollicitations d’un grand nombre de personnes, a bien voulu consentir à rester et à continuer ses intéressantes expériences publiques jusqu’à dimanche soir.
Les images, éclairées par une lumière plus intense, gagnent encore en exactitude ; on se trouve non par la pensée, mais bien réellement au milieu de Paris à l’heure de la grande animation.
Il ne reste plus à souhaiter qu’un phonographe puissant faisant entendre les voix, le brouhaha de la foule, et alors ce sera la perfection même.


Le Petit Troyen, Troyes, 12 juin 1896, p. 2.

Toutefois, si des problèmes techniques ont eu lieu, la presse les a passés sous silence et, en tout état de cause, le tourneur Arnould va poursuivre sa route vers Romilly-sur-Seine.

Le Cinématographe Lumière (Ancien café des Boulevards, Boulevard Gambetta, nº 24, 3 octobre-2 novembre 1896)

Le Cinématographe Lumière, encore sous le système des concessions, s'installe à Troyes dans les premiers jours d'octobre. L'opérateur - dont le nom ne nous est pas connu - est directement sous l'autorité de la maison de Monplaisir. La salle qui accueille l'appareil se trouve sur le boulevard Gambetta. Dès la première annonce, le programme est décliné et nous y retrouvons des classiques du catalogue :

Le Cinématographe-Lumière
Le magnifique appareil installé boulevard Gambetta, dans l’immeuble de l'ancien café des Boulevard, est le même qui, depuis plusieurs mois, fait courir tout Paris.
Le spectacle offert, car grâce à la photographie dit mouvement, on assiste à un véritable spectacle, est la cérémonie du couronnement du tzar, en 5 tableaux, d’un réalisme absolu.
Cosaques de l’escadre du tzar, le comte de Montebello et le général de Boisdeffre se rendant au Kremlinle carrosse de la Tzarine et de la grande-duchesse Eugéniele tzar et la tzarine se rendant à l’église de l’Assomptiondéputation asiatique.
Puis quelques compositions et reproductions de genre :
Arrivée en voiturecyclistes et cavalierscuirrassiers fourrageurs, jardin d’acclimatation. querelle enfantinebain à Milan, arrivée d’un train en gare, écriture à l’envers ; d’un effet à la fois merveilleux et surprenant.
Tous les jours, il y a séance de 3 à 5 heures et de 8 heures 1/2 à 9 heures 1/2 ; le dimanche la salle sera ouverte à partir de 2 heures. 
Nous engageons les promeneurs à visiter le cinématographe, certain qu’ils en sortiront émerveillés.


Le Petit Troyen, Troyes, 3 octobre 1896, p. 2.

Le poste Lumière va continuer à fonctionner durant un mois environ. Les fêtes franco-russes constituent le plat fort de ces projections qui permettent à l'opérateur de présenter des vues d'une actualité très récente :

Les fêtes franco-russes par le Cinématographe lumière
Ancien Café des Boulevards (Boulevard Gambetta, nº 24).
1. Cherbourg, entrée des souverains russes et de M. Félix Faure sous le hall. - 2. Paris, Souverains et M. Félix Faure. — 3. Tzarine revenant de l’église russe; pont de la Concorde. — 4. Voiture de gala. — 5. Cortège de chasseurs et spahis. —6. Défilé de turcos se rendant à la revue.
NOUVEAUX TABLEAUX
7. Abreuvoir. — 8. Jeux de boules. — 9. Démolition. — 10. Cuirassiers français (la mêlée). — 11. Le Repas de bébé. — " 12. Cortège anciens Germains (Budapest). — 13. Danse au bivouac (armée espagnole). - 14. Un prêté pour un rendu. — 15. La baignade en mer. — 16. Pigeons de Saint-Marc (Venise).— 17. Cuirrassiers fourrageurs (Français). — 18. Bain à Milan.
Dernière semaine. Clôture irrévocable. —Dernière séance, lundi 2 novembre, à 9 h. 1/2 du soir.
Séances tous les jours à 3 heures et 5 heures après midi; le soir, à 8 heures 1/2 et à 9 heures 1/2.
Le dimanche, séances à 2, 3, 4 et 5 heures après-midi. Le soir à 8 h. 1/2 et 9 h. 1/2, ancien café des Boulevards, 24, boulevard Gambetta.
Prix des places, 1 fr.; les enfants et les militaires, paieront demi-place.


Le Petit Troyen, Troyes, 28 octobre 1896, p. 2.

Le prix des places et les conditions faites aux enfants et aux militaires sont celles que pratiquent généralement les opérateurs de la maison lyonnaise. C'est finalement au bout d'un mois que le cinématographe Lumière quitte Troyes.

Répertoire (autres vues) : Les fête- franco-russesCherbourg, Paris, Camp de Châlons (Le Petit Troyen, Troyes, 18 octobre 1896, p. 3), Les fêtes franco-russesCherbourg, entrée des souverains russes et de M. Félix Faure sous le hallSouverains et M. Félix FaureCortège de la tzarineretour de l'égliseplace de la ConcordeCortège des chasseurs et spahisDéfilé des turcos (Le Petit Troyen, Troyes, 23 octobre 1896, p. 2).

Le Cinématographe parisien de M. Lailler (Annexe des Magasins Réussis, Ancien café des boulevards, 20 décembre 1896)

Le cinématographe parisien - peut-être s'agit-il de l'appareil breveté par Georges Mendel - est la propriété de M. Lailler, un possible tourneur local, qui après l'avoir présenté dans la salle Fraillery, compte le faire à Troyes :

Le cinémnatographe
M. Lailler vient d'installer à Sainte-Savine, salle Fraillery, un cinématographe parisien
Séances aujourd’hui jeudi et dimanche prochain. de 9 à 11 heures du soir.
M. Lailler se propose de venir la semaine prochaine à Troyes.


Le Petit Troyen, Troyes, 17 décembre 1896, p. 2.

Quelques jours plus tard un entrefilet confirme la présence du cinématographe parisien : 

Le cynématographe
C'est dans l'annexe des Magasins Réunis, ancien café des boulevards, qu'est installé le cynématographe parisien.
Séances à 5 heures, 8 h. 1/2 et 9 h. 1/2 du soir.


Le Petit Troyen, Troyes, 20 décembre 1896, p. 2.

Nous ne disposons d'aucune autre information sur ce cinématographe parisien.

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