- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 28 février 2023
- Publication : 25 mars 2015
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MAUBEUGE
Jean-Claude SEGUIN
Maubeuge, ville du département du Nord (France), compte 18.329 habitants (1894).
1898
Le Cinématographe Lumière d'Émile Croissant (Champ de Foire, septembre 1898)
La foire ou fête communale commence le troisième dimanche de septembre et dure huit jours. C'est sur le champ de Foire qu'Émile Croissant - un forain peu connu - a installé son cinématographe Lumière. Dans la nuit du 21 au 22 septembre, un incendie ravage son établissement :
MAUBEUGE. — Dans la nuit de mercredi à jeudi, un incendie a failli détruire une partie du champ de foire.
Vers 3 h. 20 du matin, M. Chevillard, commissaire de police, était réveillé par un crépitement qui se produisait sous ses fenêtres. Il regarda et constata que le Théâtre Moderne, installé Grand’Place, et où M. Emile Croissant, âgé de 45 ans, exploitait le cinématographe Lumière, était en flammes.
L'alarme fut immédiatement donnée. M. Camart, lieutenant des pompiers, fit sonner le clairon et, quelques instants plus tard, deux lances étaient amorcées par les bouches d'eau voisines. Il fallut une demi-heure pour se rendre maître du sinistre. Mais, depuis un quart d'heure au moins, du bel établissement de M. Croissant, long de 18 mètres sur 6, il ne restait plus que des ruines, tant avait été rapide la propagation du fléau.
M. Croissant évalue ses pertes à 15.000 francs. Elles comprennent, outre la loge, les banquettes, les tentures, etc., le matériel électrique, un piano mécanique, un orgue de 3.500 fr. La machine électrique, la lanterne du cinématographe et la locomobile n'ont rien eu.
Le feu s'est communiqué à l'établissement de M. Dehaynin, bijoutier à Lille, qui estime ses pertes à 60 fr., et à celui de M. Montigny, confiseur, qui déclare 600 fr.de dégâts causés, tant par la fumée que par l'eau d’arrosage.
Le Guetteur de Saint-Quentin et de l'Aisne, Saint-Quentin, 28 septembre 1898, p. 3.
En réalité, il s'agit d'un incendie criminel et le cinématographe n'est nullement en cause, comme l'indique Histoire comparée du cinéma :
Et le 22 septembre 1898, le feu ayant détruit le cinéma d'un nommé Croissant, qui a fermé boutique cinq heures plus tôt, on découvre qu'un employé de l'établissement a disparu la même nuit ; l'incendiaire présumé, c'est lui. La vapeur d'éther et l'acétylène sont innocents.
Jacques Deslandes et Jacques Richard, Histoire comparée du cinéma, Paris, Casterman, 1968, p. 198.
Autant dire qu'Émile Croissant est au chômage pour quelque temps.