- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 9 mai 2023
- Publication : 25 mars 2015
NOGENT-SUR-SEINE
Jean-Claude SEGUIN
Nogent-sur-Seine, commune du département de l'Aube (France), compte 3.704 habitants (1894).
1896
Le Cinématographe de M. Armand (Salle du Chalet, 6->6 novembre 1896)
Nogent-sur-Seine, rue des Ponts
(à gauche café du Châlet) (c. 1905)
Les Nogentais vont découvrir le cinématographe dans les premiers jours du mois de novembre. L'appareil vient de Romilly-sur-Seine. L'inauguration est prévue pour le jeudi 5 novembre au théâtre de la ville :
Au théâtre Ce soir et jours suivants, au théâtre, grande Soirée de Cinématographie ou photographies animées. Qu'on se le dise.
Le Petit Troyen, Troyes, 5 novembre 1896, p. 3.
Il semble, cependant, que la première n'a lieu que le vendredi 6 novembre, dans la salle du Chalet, comme l'atteste le compte-rendu de l'inauguration :
Le cinématographe à Nogent
Le cinématographe, cette merveilleuse invention dont on parle tant en ce moment, et qui partout fait courir tout le monde, est installé à Nogent, salle du Chalet. Hier soir vendredi, pour la première fois, nos concitoyens ont pu voir la plus nouvelle, la plus importante invention de notre époque, la photographie animée. Ils ont été véritablement émerveillés par les scènes vivantes qui se sont déroulées sous leurs yeux : Ce coin de marché n’est-il pas saisissant de réalisme. Que d’études dans ce seul tableau depuis le pauvre lapin qui frétille dans les mains de son bourreau, attendant le coup de poing final, jusqu’à cette vieille coquette qui, remarquant les apprêts du photographe, se carre, fait la belle, refrise ses cheveux, si bien qu’elle est encore en train de se requinquer quand c’est fini. Que de mouvement et de variété dans la scène de la gare Saint-Lazare ; à la vue de tout ce fourmillement de piétons, de fiacres, d’omnibus, de tramways, l’illusion est si complète que l’on croit entendre le bruit de toute cette foule. Et le régiment d’artillerie qui défile, et le chemin de fer qui s’arrête en gare avec ses voyageurs affairés, et l’arrivée du Tsar et de la Tsarine. à Paris, avec leur brillant cortège ; nous n’en finirions pas, si nous voulions parler de tous ces tableaux vraiment admirables.
Ajoutons que la représentation était agrémentée d’excellents morceaux de musique, joués par six artistes de Nogent.
Nous engageons vivement nos concitoyens à ne pas manquer à la dernière séance qui sera donnée ce soir samedi, au Chalet, à 8 h. 1/2 Les directeurs du cinématographe, rappelés à Romilly où ils ont déjà donné plusieurs représentations, ne peuvent pas rester parmi nous demain dimanche. Sachons donc profiter de l’unique occasion qui nous est offerte d’admirer la plus curieuse invention de notre époque.
L'Écho nogentais, Nogent-sur-Seine, 8 novembre 1896, p. 2.
Le responsable de l'appareil est probablement M. Armand. Les vues, pour certaines au moins, pourraient provenir du catalogue de l'Anglo-American Photo-Import Office. Le tourner et son cinématographe repartent à Romilly-sur-Seine.
1901
Le Cinématographe de M. Giel (Salle du Chalet, 2 septembre 1901)
M. Giel est un tourneur très actif au cours des années 1900 et 1901 qui parcourt la France en présentant son programme dans de nombreuses villes où il ne reste, en général, qu'un seul jour. Il a un rôle essentiel dans la pénétration du cinématographe dans de petites communes. À Nogent-sur-Seine, il donne une séance dans la salle du Chalet :
Salle du Chalet
Lundi prochain, 2 septembre, à 8 heures du soir, dans la salle du Chalet, la Direction Giel donnera une grande séance de cinématographe, dont voici le programme :
La Guerre au Transvaal, en 10 tableaux.
Le Diable au Couvent, grande féerie.
La Lune a 1 mètre, grande féerie.
Scènes à transformations : Luttes extravagantes ; Le Barbier fin de siècle ; Les suites d'une dispute ; L’Homme aux quatre têtes ; Le coupeur de têtes ; L'Homme Orchestre ; La Pyramide de Triboulet.
Scènes diverses : La Ballerine (en couleurs) ; Une méprise (scène comique) ; Une catastrophe de chemin de fer ; Le Prestidigitateur ; Le dessinateur Léo ; L'Agent plongeur (scène comique); Le saut de la haie.
Jeanne d'Arc, grande pièce à grand spectacle, en 12 tableaux, comportant plus de 500 personnages. La plus longue pellicule cinématographique qui ait été faite.
Prix des places ; premières 1 fr., secondes 0.75, troisièmes 0.50. Les enfants paient demi-place.
L'Écho nogentais, Nogent-sur-Seine, 29 août 1901, p. 3.
Le répertoire de M. Giel est essentiellement composé de vues des éditeurs Pathé et Méliès.
1902
Le cinématographe de Louis Bracco (Place de la Halle, <26> janvier 1902)
Louis Bracco présente le cinématographe au public nogentais sur la place de la Halle :
Le Cinématographe à Nogent.
Un établissement de cinématographie électrique vient de s'installer sur la place de la Halle. La tente est spacieuse et confortable. Grâce à un agencement intelligent, les vues animées offertes en spectacle, sont nettes et sans la moindre trépidation.
Dès la première représentation, donnée jeudi soir, devant une salle comble, M. Louis Bracco, le directeur a conquis le public Nogentais qui s'est retiré littéralement émerveillé. L'admirable invention du cinématographe dépasse vraiment l'imagination: Voir sur un rideau évoluer en grandeur naturelle des armées, des chemins de fer, des chevaux, des personnages historiques, etc., tient presque du prodige. Comme finale, des scènes comiques ont soulevé des éclats de rire.
En somme, on n'a pas encore vu aussi bien à Nogent, et nous engageons nos lecteurs à ne pas manquer l'occasion d'aller voir cette belle découverte de la science, montrée cette fois dans toute sa splendeur et variée à l'infini dans un programme qui change tous les soirs.
Ce soir samedi, séance à huit heures, ainsi que dimanche et lundi. L'établissement n'est que pour huit jours à Nogent.
L'Écho nogentais, Nogent-sur-Seine, dimanche 26 janvier 1903, p. 3.
1905
Le cinématographe Lumière de Louis Bracco (Place de la Halle, 25->25 mars 1905)
Louis Bracco présente son cinématographe Lumière sur la place de la Halle à l'occasion de la foire :
La Foire de Nogent
La foire du 25 mars qui bat son plein, au moment où nous mettons sous presse, est assez animée, plus peut-être que celle de l'an dernier à pareille époque. Le brouillard froid de la matinée a certainement retenu plus d'une de nos jolies frileuses. Cependant l'après-midi est superbement ensoleillée et beaucoup de nos intrépides compatriotes n'ont pas craint d'exhiber de fraîches toilettes printanières qui jettent autant de notes gaies dans la cohue très mélangée.
[...]
Le grand Cinématographe Lumière, dirigé par M. Louis Bracco, est certainement la plus belle attraction de la foire. Son immense et luxueux salon, encore agrandi cette année, offre un confort très agréable. A chaque séance, la foule se presse, enlève d'assaut toutes les places. Chacun veut assister à la Guerre russo-japonaise, qui se déroule merveilleusement avec toutes ses horreurs; chacun veut revoir la féerie de Petit-Poucet, admirer la longue série de scènes fantaisistes de chez Barnum, et rire d'une foule de tableaux tous plus comiques et amusants les uns que les autres, tous rendus avec une réelle perfection.
L'Écho nogentais, Nogent-sur-Seine, dimanche 26 mars 1905, p. 2.
Un nouvel article complète l'information :
Cinématographe Lumière
Le Cinématographe Lumière, sous la direction de M. Louis Bracco, continue ses séances avec un succès qui ne s’arrête pas : C’est que chaque spectacle est habile ment varié et composé de numéros inédits et tout d’actualité.
Cet établissement de premier ordre est monté avec tout le perfectionnement moderne : Une machine très puissante produit le magnifique éclairage du salon et de son entrée si artistement décorés, et la vive lumière nécessaire aux projections animées, si nettes et si bien rendues. Les meilleures cinématographes de la Capitale ne font pas mieux.
Nous savons que cet établissement de premier ordre, attendu dans d'autres villes, donnera encore des représentations demain jeudi et dimanche prochain Qu’on se hâte donc de profiter de ce rare spectacle de famille, aussi attrayant qu’instructif.
L'Écho nogentais, Nogent-sur-Seine, 30 mars 1905, p. 2.
Quelques jours plus tard, on annonce quelques titres du programme :
Le cinématographe Lumière
Le grand salon de M. Louis Bracco est toujours bondé de spectateurs à chaque représentation, c’est ce qui décidera sans doute cet habile directeur à prolonger son séjour à Nogent, pour donner quelques nouveaux spectacles de plus.
Ce soir samedi, on rééditera plusieurs numéros redemandés : Un coup d’œil par étage, le Taboggan et la Belle au Bois Dormant.
Demain dimanche, matinée à 3 heures, avec la Guerre Russo-Japonaise pour la dernière fois.
Le soir, à 8 heures : Le Petit Poucet, grande féerie en 20 tableaux.
L'Écho nogentais, Nogent-sur-Seine, 2 avril 1905, p. 2.