- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 3 septembre 2019
- Publication : 25 mars 2015
KITCHINEV
Jean-Claude SEGUIN
Kitchinev est une ville de Russie (aujourd'hui en Moldavie).
1896
Le cinématographe Lumière d'Arthur Grünwaldt (Salle de la Noblesse, [25] ¦ 26 décembre 1896)
L'équipe du cinématographe Lumière dont est responsable Arthur Grünwaldt va organiser des séances à Kitchinev. Dans un premier temps, Marius Chapuis n'est pas prévu comme il l'évoque dans son carnet :
Nous n'allons pas à Kitchineff qui pourtant se trouve sur la route de Kiev parce que nous avons reçu une lettre de nos collègues de Pétersbourg sur laquelle ils disaient que les types de Riga s'ennuyaient à ne rien faire et demandaient à partir quelque part. Voilà pourquoi le bel Arthur leur a téléphoné de venir à Kitchineff pour y donner trois ou quatre séances.
Marius Chapuis, Lettre, Odessa 21 décembre 1896.
Les deux opérateurs attendus sont [Perruissaud] et Charles Klein, mais en leur absence, c'est Grünwaldt et l'opérateur occasionnel Edmond [Breth] qui se rendent à Kitchinev :
Nous devrions quitter Odessa le 13/25 décembre, vendredi soir, pour se rendre à Kiev. Mais Arthur était parti deux jours à Kitchineff. Edmond y avait organisé une séance à la salle de la noblesse, que devaient faire [Perruissaud] et Klein. Mais ceux-ci n'arrivaient et ne télégraphiaient. J'ai donc été obligé de partir seul le matin à 9 h, tourmenté par Edmond qui avait peur que je manque le train en emballant mes affaires. J'arrive le soir à 4 h à Kitchineff et je fais ma séance à 8 h. [Perruissaud] et Klein arrivent le même soir à minuit. Je vais les voir à l'hôtel impérial, moi j'étais à l'hôtel de Londres. Le lendemain je dois reprendre le train pour Kiev où Decorps m'attendait, j'ai failli manquer le train à 2 h, il était temps et ce n'est pas sans peine que j'y suis arrivé. Je pars donc de Kitchineff le samedi 26-14 décembre à 2 h.
CHAPUIS, 1896-1897.
1897
Le cinématographe Lumière d'Arthur Grünwaldt (< 9 juin 1897)
L'équipe du cinématographe Lumière, dirigée par Arthur Grünwaldt, revient à Kitchinev au mois de juin 1897. Il est accompagné par Paul Decorps :
Le 28 mai/9 juin Arthur arrive. Il venait d'Odessa, il avait travaillé avec Decorps à Kitchinev Nicolaïev. Decorps.
CHAPUIS, 1896-1897.
Le cinématographe Lumière d'Arthur Grünwaldt (15 ¦ 21 septembre 1897)
De retour en septembre, l'équipe du cinématographe Lumière offre quelques séances. Marius Chapuis, qui tombe malade, ne peut pas assurer toutes les séances et c'est Paul Decorps - amicalement surnommé " Dekopa " qui assurent les séances :
Le mercredi suivant 3/15 septembre à 10 h du matin pour Kitchinev et y travailler le soir. Nous en repartons le lendemain jeudi et travaillons à Odessa.
[...]
Le lendemain lundi 9/21 septembre Dekopa revient de Kitchinev à une heure. Et il fallait partir pour Sébastopol.
CHAPUIS, 1896-1897.
Le Cinématographe de Félix Mesguich ([décembre 1897])
Sous contrat avec Arthur Grünwaldt, Félix Mesguich, dans ses mémoires, évoque un séjour à Kitchinev sans préciser la date, sans doute à la fin de l'année 1897. C'est l'occasion pour lui de tourner des films et de les présenter le soir même :
À Kichineff, je cinématographie un matin les exercices de plusieurs escadrons placés sous le commandement d'un général d'origine française : le prince Louis-Napoléon. Charge finale : les cavaliers, lance en main, arrivent au galop sur l'opérateur. À quelques pas, un commandement du prince, le sabre haut, les arrête net.
Le soir même, gala au club de la Noblesse. Je "passe" cette scène impressionnante ; le prince Louis-Napoleón m'en félicite : "Notre manœuvre de la matinée reproduite dans la même journée, me dit-il, vous faites de miracles avec votre boîte à malice."
MESGUICH, 1933: 20.
1898
Le Cinématographe de Francis Doublier (> août 1898)
Sous contrat avec Arthur Grünwaldt, Francis Doublier fait un nouveau tour en Ukraine. À Kitchinev, il a l'idée d'utiliser des films divers pour abuser le public en les faisant passer pour des épisodes de l'affaire Dreyfus :
During the two days spent in Kishinev, remarks were made about the absence from the programme of pictures of Dreyfus. This gave Doublier an idea that, in its circumstances and its realization, was a forecast of the ingenuity of film theories that were to arise in this same country twenty years later. By the time the show was set up in the next city, Zhitomir, the programme included a new item. Out of the three dozen film subjects they carried with them, Doublier put together a scene of a French army parade led by a captain, one of their street-scenes in Paris showing a large building, a shot of a Finnish tug going out to meet a barge, and a scene of the Delta of the Nile. In this sequence, with a little help from the commentator, and with a great deal of help from the audience's imagination, these scenes told the following story: Dreyfus before his arrest, the Palais de Justice where Dreyfus was court-martialled, Dreyfus being taken to the battleship, and Devil's Island where he was imprisoned, all supposedly taking place in 1894. The new subject was enthusiastically acclaimed, and their two-day stands were jammed as word got around. Doublier banked on an ignorance of dates and a swift departure from each success, before anyone had time to become suspicious. At that, there were occasional embarrassing questions about Dreyfus' height and the lack of foliage on Devil's Island, which the ingenious spiritual ancestor of the experimenting Kuleshov explained away. The trick had to be discarded when they arrived at more metropolitan centres.
LEYDA, 1960: 23.